Auteur: Arnaud
Dumouch (---.88.238.141.codenet.be)
Date: 05/09/2003 21:26
Bonjour Jean-Christophe et bienvenu dans ce débat.
La solution
que vous présentez à notre débat et que je peux résumer comme ceci :
« les anciens ont peut-être reçu une vertu de charité présente sous
forme d’une puissance théologale sommeillante et les disciples du Christ
auraient reçu par l’Esprit la possibilité d’exercer leur charité en
acte, à travers une amitié vivante », cette solution est, me
semble-t-il, utilisée par saint Thomas pour les petits enfant baptisés…
jamais pour les adultes. Mais je pense que cette solution est inutile.
En effet,
Sébastien m’a posé un problème et, pour une fois, devant la force des
arguments d’autorité thomiste qu’il citait, je suis allé voir moi-même
dans la Somme Théologique. Or, j’ai trouvé des textes disant exactement
l’inverse de ce qu’il dit.
Cher
Sébastien, je vous envoie en privé la totalité des articles incriminés.
Mais, dans le cadre de ce Forum, pour simplifier le débat, je ne mets
que les passages incriminés.
J’ai eu
d’abord, au cours de ces recherches, la surprise de voir le CATÉCHISME
de L’ÉGLISE CATHOLIQUE utiliser un passage de la Somme pour répondre
non à la question : Les hommes de l’Ancien Testament avaient-ils la
charité et la grâce sanctifiante?
N° 1964
La Loi ancienne est une préparation à l’Evangile. " La loi
est prophétie et pédagogie des réalités à venir " (S. Irénée, hær. 4,
15, 1). Elle prophétise et présage l’œuvre de la libération du péché qui
s’accomplira avec le Christ, elle fournit au Nouveau Testament les
images, les " types ", les symboles, pour exprimer la vie selon
l’Esprit.
« Il y eut certes ..., sous le régime de l’ancienne alliance, quelques
gens qui possédaient la charité et la grâce de l’Esprit Saint et
aspiraient avant tout aux promesses spirituelles et éternelles, en quoi
ils se rattachaient à la loi nouvelle. (…) En tout cas, même si la loi
ancienne prescrivait la charité, elle ne donnait pas l’Esprit Saint par
qui la charité est répandue dans nos cœurs » (Rm 5, 5) (S. Thomas d’A.,
s. th. 1-2, 107, 1, ad 2).
Dans la Somme
Théologique, Ia Iae QUESTION 98: LA LOI ANCIENNE EN ELLE-MÊME
ARTICLE 1: La loi ancienne était-elle bonne?
Réponse:
(…) Le bien comporte plusieurs degrés: il y a un bien parfait et un bien
imparfait. Il peut suffire à la perfection de
la loi humaine qu'elle interdise le péché et le punisse, mais cela ne
suffit pas pour la loi divine qui doit mettre l'homme pleinement en état
de participer à l'éternité bienheureuse. En vérité, pareille tâche exige
la grâce de l'Esprit Saint, par qui « est répandue dans nos coeurs la
charité » qui accomplit la loi. « La grâce de Dieu est vie éternelle »,
dit en effet l'épître aux Romains (6, 23). Or cette grâce, la loi
ancienne ne pouvait la conférer, cela était réservé au Christ: « La loi
a été donnée par Moïse; la grâce et la vérité sont le fait de jésus
Christ » (Jn 1, 17). Il s'ensuit que la loi ancienne était bonne, mais
imparfaite, comme l'indique l'épître aux Hébreux (7, 19): « La loi n'a
rien conduit à la perfection. »
QUESTION 106:
ARTICLE 2: La loi nouvelle justifie-t-elle?
Objections
3 : Justifier, c'est proprement ce que fait Dieu: « C'est Dieu qui
justifie », affirme S. Paul (Rm 8,33). Mais la loi ancienne fut
instituée par Dieu comme la loi nouvelle. Celle-ci ne justifie donc pas
plus que celle-là.
Réponse:
Nous venons de voir qu'il y a deux éléments dans
la loi de l'Évangile. Le premier, le principal, c'est la grâce de
l'Esprit Saint, intérieurement donnée. Ainsi entendue, la loi nouvelle
justifie. S. Augustin le dit bien: « Là (sous l'Ancien Testament), la
loi a été proposée extérieurement, pour faire peur aux injustes; ici
(sous le Nouveau Testament), elle a été donnée intérieurement pour les
rendre justes. »
Solutions:
3. Certes, c'est un seul et même Dieu qui a
donné à l'homme les deux lois, mais il ne les a pas données de la même
façon. Il a donné la loi ancienne gravée sur des tables de pierre, et la
loi nouvelle « gravée sur des tables de chair, sur nos coeurs » (2 Co
3,3). Cette expression paulinienne est ainsi commentée par S. Augustin:
« Cette lettre-là, écrite à l'extérieur de l'homme, l'Apôtre l'appelle
pourvoyeuse de mort et de condamnation; mais celle-ci, la loi de la
nouvelle alliance, il la nomme un ministère de l'esprit et de la
justice, car grâce au don de l'Esprit nous vivons selon la justice et
nous échappons à la condamnation du péché. »
Ma question à
Sébastien : S’il n’y a pas de justification en dehors de la charité, qui
est une amitié répandue par le Saint Esprit après la passion du Christ
(exception faite, par anticipation, de quelques hommes de l’Ancienne
Alliance), comment ces hommes furent-ils sauvés ? Cordialement.
Arnaud
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