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La fin des générations
 
Introduction

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Jésus a lui-même annoncé la fin du monde pour sa génération

Matthieu 24, 34 : « En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela ne soit arrivé. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. » S’est-il trompé ? C’est ce que crurent des générations dès le début de l’Église catholique. Le premier pape Pierre en témoigne (2 Pierre 3, 4) : « Les incroyants diront : Où est la promesse de son avènement ? Depuis que les Pères sont morts, tout demeure comme au début de la création. »

Or Jésus n’est pas le seul à avoir annoncé avec autorité la fin du monde pour son époque. Saint Vincent Ferrier se le permit de manière solennelle. Il fit même de grands miracles pour prouver ses dires. On raconte que, devant le scepticisme des théologiens catholiques de son époque, il ressuscita une femme morte qui confirma ses dires. Pourtant, depuis sa mort en Bretagne en 1419, rien n’est venu. S’est-il trompé ? L’Église ne le pense pas puisqu’elle le canonisa avec le titre d’ange du jugement, en référence à un verset de l’Apocalypse de saint Jean où un ange proclame d’une voix forte : «Plus de délais ! »[1]

L’ambiguïté des textes

Ils sont parole de Dieu et non parole d’homme. Il semble que Dieu regarde en un seul regard trois sortes d’événements qui paraissent distincts pour un regard humain :

1º La mort des individus

2º La fin des sociétés humaines (la fin d’un monde)

3º La fin du monde (les événements de la dernière génération qui vivra sur terre)

On trouve une preuve de ces sens multiples dans un texte de l’évangile de Matthieu 24, 37-42. Il s’agit d’un passage où Jésus parle de son retour dans la gloire, mystère habituellement réservé à la fin du monde. Or il y décrit aussi la mort individuelle d’un homme, puis d’une femme : « Comme les jours de Noé, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. En ces jours qui précédèrent le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, et les gens ne se doutèrent de rien jusqu’à l’arrivée du déluge, qui les emporta tous. Tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme. Alors deux hommes seront aux champs : l’un est pris, l’autre laissé ; deux femmes en train de moudre : l’une est prise, l’autre laissée. »

Jésus et saint Vincent Ferrier se sont-ils trompés ?

L’explication de leur étonnante affirmation est simple. La fin du monde signifie plusieurs choses. On pense d’abord à la fin des fins. Mais Jésus pensait aussi à la mort de chaque individu et à la fin de chaque génération. Tout ceci constitue d’ailleurs un seul et même mystère puisque, cent ans après sa naissance, toute une génération a vu le retour du Christ, individu après individu. Autrement dit, dans cent vingt ans au maximum, nous serons tous morts. Avant que cela n’arrive, dans les jours de sa vieillesse, il n’est pas de génération humaine qui ne récolte les fruits de l’orgueil de sa jeunesse. Il est important, pour le salut, que cela se passe ainsi.

Pourquoi cette croix ?

La croix est le symbole de la souffrance et de la mort. Nul ici-bas ne doit y échapper (les méchants, les justes et mêmes les saints), pas même les réalités voulues par Dieu comme le Temple juif de Jérusalem ou l’Église. Tel est le résumé de toute l’eschatologie catholique. Le but de tout cela est toujours le même : tout ce qui est dans l’homme, depuis son être individuel jusqu’à ses espoirs politiques, doit apprendre l’humilité pour vivre, un jour, de la charité (Agape). Parce que Dieu est par essence humilité et amour, parce qu’il désire proposer la vision de son essence, parce que nul ne peut le voir sans lui ressembler, pour toutes ces raisons, Il a marqué tout ce qui est ici-bas du signe de la croix.

Conclusion

Attention à ne jamais interpréter les textes eschatologiques comme s’ils annonçaient en premier lieu la fin des fins. Curieusement, c’est ce sens (qui n’est pas non plus à exclure, nous le verrons) qui fascine le plus les théologiens débutants, sans doute parce que sa dimension à la fois politique et singulière a tendance à rendre fou le croyant non formé. Il y a deux sens beaucoup plus concrets et éducatifs à considérer :

— « Prépare-toi à la venue de ton Juge. Ta mort est proche. »

— « Ne mets pas trop ton espoir dans ton système politique. Elle passe, la figure de ton monde. »

Arnaud Dumouch, février 2006

 

1. Apocalypse 10, 6. [↩]

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