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Mt  7  12

S. Augustin. (serm. sur la mont., liv. 2, ch. 34.) Une conduite sage et réglée donne à l’homme une certaine fermeté et la force de marcher dans la voie de la sagesse, et le font parvenir jusqu’à la pureté, jusqu’à la simplicité du cœur. Notre-Seigneur conclut tous les développements qu’il vient de donner sur cette matière par ces paroles : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-même pour eux, » car il n’est personne qui voudrait qu’on agît à son égard avec duplicité et dissimulation.

S. Chrys. (sur S. Matth.) On peut encore établir de cette manière la liaison avec ce qui précède. Notre-Seigneur, voulant rendre notre prière plus sainte et plus pure, nous a commandé plus haut de ne pas juger ceux qui nous ont offensés. Or, comme il s’était écarté de ce sujet pour traiter d’autres matières, il y revient et complète l’explication de ce précepte en ajoutant : « Tout ce que vous voudrez, » etc., c’est-à-dire non-seulement vous ne devrez pas juger, mais tout ce que vous voudrez que les hommes fassent pour vous, vous devez le faire pour eux ; c’est alors que vos prières pourront être exaucées. — La glose. Ou bien encore c’est l’Esprit saint qui distribue toutes les grâces spirituelles qui nous font accomplir les oeuvres de la charité. C’est pour cela que Notre-Seigneur ajoute : « Faites aux hommes tout ce que vous vous voulez qu’ils vous fassent. »

S. Chrys. (hom. 24.) Ou bien, enfin, le Seigneur veut établir que les hommes doivent chercher près de Dieu le secours dont ils ont besoin, et faire en même temps tout ce qui dépend d’eux pour assurer le succès de leurs prières. C’est ainsi qu’après avoir dit : « Demandez et vous recevrez, » il enseigne clairement que les hommes doivent s’appliquer aux oeuvres de la charité : « Tout ce que vous voulez, » etc.

S. Augustin. (serm. 5 sur les paroles du Seign.) Dieu nous avait promis de nous accorder les biens que nous lui demanderions ; or, si nous voulons qu’il nous reconnaisse pour ses mendiants, ne rejetons pas les nôtres. En effet, si on en excepte les richesses matérielles, il n’y a aucune différence entre ceux qui demandent et ceux à qui ils adressent leur prière. De quel front osez-vous donc approcher de Dieu pour le prier, vous qui ne voulez point écouter votre frère ? Aussi est-il écrit dans le livre des Proverbes : « Celui qui ferme son oreille au cri du pauvre demandera lui-même, et il ne sera pas exaucé (Pv 21). » Mais que devons-nous accorder à la prière de nos frères si nous voulons que Dieu exauce la nôtre ? Pour répondre à cette question, demandons-nous ce que nous voulons que les autres fassent pour nous-mêmes. « Faites aux hommes tout ce que vous voulez qu’on vous fasse. »

S. Chrys. (hom. 24.) Notre-Seigneur ne dît pas seulement : « Toutes les choses, » mais il ajoute le mot « donc, » comme s’il disait : « Si vous voulez que je vous exauce, joignez cette recommandation à toutes celles qui précèdent. Et remarquez qu’il ne dit pas : « Tout ce que vous voulez que Dieu fasse pour vous, faites-le aussi pour votre prochain, car vous pourriez dire : Cela m’est impossible, » mais : « Tout ce que vous voudriez que vous fît votre frère, faites-le vous-même pour lui. »

S. Augustin. (serm. sur la mont., 2, 34.) On lit dans quelques exemplaires latins : « Faites-leur du bien. » Le mot bien a été ajouté pour plus de clarté. On pouvait en effet se demander si un homme qui désirerait qu’on agît à son égard d’une manière coupable, pourrait, en s’appuyant sur cette maxime, commettre le premier l’injustice dont il désire être lui-même l’objet. Il serait absurde de penser que cet homme accomplit ce précepte. Sans l’addition de ce mot « bien, » le sens de cette maxime est complet. Car ces paroles : « Tout ce que vous voulez, » ne doivent pas être prises ici dans un sens trop général, mais dans le sens propre du mot. Or, la volonté n’existe que dans les bons ; dans les mauvais, la volonté n’est à proprement parler que la cupidité. Sans doute les Écritures ne s’expriment pas toujours de la sorte, mais il faut les entendre ainsi alors qu’elles emploient une expression tellement propre qu’elles ne permettent pas de lui en substituer une autre.

S. Cypr. (de l’Orais. Dom.) Le Verbe de Dieu, le Seigneur Jésus étant venu pour tous les hommes, a résumé comme dans un admirable abrégé tous ses commandements dans ces paroles : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux. » C’est pour cela qu’il ajoute : « Car c’est la loi et les prophètes. » — S. Chrys. (sur S. Matth.) En effet, tous les commandements de la loi et des prophètes disséminés dans les saintes Écritures, sont renfermés dans ce merveilleux abrégé comme les innombrables rameaux d’un arbre sont contenus dans une seule racine. — S. Grég. (Moral. 10, 4 ; cf. Jb 2). Celui, en effet, qui pense à faire aux autres ce qu’il voudrait qu’on lui fit à lui-même s’applique à rendre le bien pour le mal, et le bien au centuple de ce qu’on lui fait. — S. Chrys. (hom. 24 sur S. Matth.) Il est donc évident que tous nous pouvons trouver en nous-mêmes la connaissance de ce qu’il nous importe de savoir et que nous ne pouvons prétexter d’ignorance. — S. Augustin. (serm. sur la mont.) Ce précepte paraît avoir pour objet l’amour du prochain et non l’amour de Dieu, quoique Notre-Seigneur dise dans un autre endroit qu’il y a deux commandements qui renferment toute la loi et les prophètes. Mais ce dernier passage porte : « Toute la loi », ce que Notre-Seigneur ne dit pas ici pour réserver la place à l’autre commandement qui est celui de l’amour de Dieu. — S. Augustin. (De la Trinité, liv. 8, ch. 34.) Ou bien encore, la sainte Écriture ne fait mention que du seul commandement de l’amour du prochain en disant : « Tout ce que vous voulez, » car celui qui aime son prochain aime nécessairement et premièrement l’amour lui-même. Or, Dieu est amour ; donc il aime Dieu lui-même par-dessus toutes choses.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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