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Mt  5  8

S. Ambr. (sur S. Luc.) Celui qui fait miséricorde perd ses droits à la miséricorde divine, s’il n’a point agi avec un cœur pur, car s’il a cherché la vaine gloire dans les œuvres de miséricorde, il ne lui en revient aucun fruit ; aussi Notre-Seigneur ajoute : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur. » — La glose. La pureté du cœur est placée convenablement en sixième lieu, car c’est le sixième jour que l’homme a été créé à l’image de Dieu, image qui avait été obscurcie en lui par le péché, et qui a été réparée par la grâce dans ceux qui ont le cœur pur. Cette béatitude vient parfaitement après les cinq premières, car sans les vertus qui précèdent, Dieu ne peut créer dans l’homme un cœur pur. — S. Chrys. (hom. 45.) Les cœurs purs dont parle ici le Sauveur sont ceux qui ont toutes les vertus et n’ont à se reprocher aucun mal, ou bien ceux dont la tempérance réprime les désirs sensuels, vertu absolument nécessaire pour voir Dieu, selon ces paroles de saint Paul (He 12) : « Efforcez-vous d’avoir la paix avec tout le monde, et de vivre dans la sainteté, sans laquelle personne ne peut voir Dieu. » Il en est beaucoup, en effet, qui sont miséricordieux, mais qui se livrent à l’impureté, et le Sauveur, pour leur montrer que la miséricorde ne suffit pas, exige de plus cette pureté du cœur.

S. Jérôme. Dieu qui est pur, ne peut-être vu que par un cœur pur, car le temple de Dieu doit être sans souillure, c’est pour cela qu’il ajoute : « Parce qu’ils verront Dieu. »S. Chrys. (sur S. Matth.) Celui qui veut et accomplit toute justice, voit Dieu des yeux de son âme, car la justice est l’image de Dieu, Dieu étant la justice par essence. Rappelons-nous donc que celui qui se sépare du mal et fait le bien, en vertu même de cet effort, voit Dieu plus ou moins, toujours ou par intervalles, autant qu’il est possible à la nature humaine. Mais dans l’autre vie, ceux qui ont le cœur pur verront Dieu face à face, et non pas comme ici-bas dans un miroir et sous des images obscures (cf. 1 Co 13, 12). — S. Augustin. (serm. sur la mont.) Il faut être insensé pour chercher à voir des yeux du corps Dieu qu’on ne peut voir que des yeux du cœur, ainsi qu’il est écrit ailleurs : « Cherchez-le dans la simplicité du cœur, » car le cœur simple, c’est le cœur pur. — S. Augustin. (Cité de Dieu, liv. dern. chap. 29.) Il est évident que si les yeux spiritualisés de notre corps n’ont pas plus de vertu que ceux que nous avons maintenant, ils ne pourront nous servir à voir Dieu.

S. Augustin. (Liv. 1 de la Trinité, ch. 8 et 13.) Cette vue de Dieu est la récompense de la foi, et c’est par la foi que Dieu nous y prépare en purifiant nos cœurs ainsi qu’il est écrit : « Purifiant leurs cœurs par la foi. » La preuve de cette vérité se trouve surtout dans cette maxime : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu. »

S. Augustin. (sur la Genèse expliq. littéral., liv. 12, ch. 25.) Aucun de ceux qui aspirent à voir Dieu ne doit vivre ici-bas de la vie périssable des sens ; s’il ne meurt radicalement à cette vie, soit en quittant tout-à-fait son corps, soit en devenant tellement étranger aux mouvements de la chair qu’il ne sache plus ainsi que l’apôtre, s’il est encore ou non avec son corps, il ne pourra jamais s’élever jusqu’à cette vision.

La glose. La récompense est ici plus magnifique que dans les béatitudes précédentes ; c’est celle de l’homme qui non seulement est nourri dans la maison du roi, mais encore peut jouir de sa présence.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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