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Mt  20  17-19

S. Chrys. (hom. 65.) Notre-Seigneur, en quittant la Galilée, ne vint pas immédiatement à Jérusalem ; mais il opéra d’abord un grand nombre de miracles, confondit les pharisiens, donna à ses disciples les leçons de la perfection chrétienne et leur fit connaître la récompense qui lui était réservée. Maintenant qu’il est sur le point de se rendre à Jérusalem, il leur parle de nouveau de sa passion : « Et Jésus, s’en allant à Jérusalem, prit en particulier les douze, » etc. — Origène. (Traité 11 sur S. Matth.) Judas se trouvait encore au nombre des douze Apôtres, car il était peut-être encore digne d’apprendre en particulier avec les autres coque son maître devait souffrir. — S. Chrys. (sur S. Matth.) Le salut des hommes repose tout entier dans la mort de Jésus-Christ, et cette mort doit être le premier et le plus digne sujet de nos actions de grâces. Le Sauveur annonce en secret à ses Apôtres le mystère de sa passion, parce que c’est dans les meilleurs vases qu’on renferme les plus précieux trésors. Si d’autres avaient entendu prédire la passion du Christ, il est probable que cette prédiction aurait troublé les hommes à cause de l’imperfection de leur foi, et les femmes par suite de la faiblesse naturelle à leur sexe, faiblesse qui leur fait verser des larmes dans de semblables circonstances. — S. Chrys. (hom. 65.) Ce n’est pas que le Sauveur n’ait parlé de ce mystère à la foule ; mais c’est d’une manière voilée, comme dans ces paroles : « Détruisez ce temple » (Jn 2) ; et dans ces autres : « il ne leur sera pas donné d’autre signe que celui du prophète Jonas. » (Mt 12.) Au contraire, il en parle clairement à ses disciples : « Voici que nous allons à Jérusalem, » etc. — S. Chrys. (sur S. Matth.) Cette expression : « Voici » marque l’intention formelle que les disciples gardent dans leurs cœurs le souvenir de cette prédiction. « Voici que nous allons à Jérusalem, » c’est-à-dire : Remarquez que c’est volontairement que je vais à la mort, et, lorsque vous me verrez suspendu à la croix, gardez-vous de croire que je ne sois qu’un homme ; » car, s’il est dans la nature de l’homme de mourir, il n’est point dans sa nature de vouloir marcher de lui-même à la mort.

Origène. Cet exemple doit nous apprendre, à nous qui connaissons bien souvent les épreuves qui nous attendent, que nous devons nous-mêmes nous offrir au danger ; mais, comme le Sauveur nous dit ailleurs : « Lorsqu’on vous poursuivra dans une ville, fuyez dans une autre, celui qui est sage en Jésus-Christ doit discerner le temps où il doit aller au-devant de la persécution et celui où il peut la fuir.

S. Jérôme. Bien souvent il avait parlé à ses disciples de sa passion ; mais comme les entretiens nombreux qu’il avait eus avec eux sur d’autres sujets avaient pu leur faire oublier ce qu’il leur en avait dit, avant d’aller à Jérusalem avec eux, il les prépare à cette grande épreuve, pour qu’il ne fussent pas scandalisés lorsqu’ils seraient eu présence de la persécution et de l’ignominie de la croix. — S. Chrys. (sur S. Matth.) En effet, lorsque la tentation nous trouve préparés, elle nous paraît bien plus légère que si elle nous avait surpris tout d’un coup. — S. Chrys. (hom. 65.) Il leur fait encore cette prédiction pour leur apprendre que c’est après l’avoir prévu, après l’avoir voulu, qu’il endurera les souffrances de sa passion. Mais tandis qu’au commencement il ne leur avait prédit que sa mort seule, lorsqu’il les trouve bien préparés, il va plus loin et leur annonce qu’il sera livré aux Gentils. — Raban. En effet, Judas livra Jésus aux Juifs, et ceux-ci à leur tour le livrèrent à Pilate, c’est-à-dire au pouvoir des Romains. Or, le Seigneur ne voulut point des prospérités de ce monde, mais il leur préféra les souffrances, pour nous apprendre, à nous dont la chute avait eu pour cause l’attrait du plaisir, par quelles amertumes nous pour-lions nous relever ; c’est pour cela qu’il ajoute : « Afin qu’ils le traitent avec dérision, qu’ils le fouettent et le crucifient. » — S. Augustin. (Cité de Dieu, 18, 49.) Par sa passion, il nous enseigne ce que nous devons souffrir pour la vérité, et par sa résurrection ce que nous devons espérer dans l’éternité : « Et le troisième jour, il ressuscitera. » — S. Chrys. (homélie 66.) Il s’exprime de la sorte pour que leur âme, attristée par la perspective de ses souffrances, se repose dans l’espérance de la résurrection : « Il ressuscitera le troisième jour. » — S. Augustin. (De la Trinité, 4, 3.4.) Une seule mort, celle du Sauveur selon le corps, nous a sauvés de deux morts, et sa seule résurrection a été pour nous le principe de deux résurrections différentes. Or, cette relation d’un à deux vient du nombre trois, qui se compose de ces deux premiers nombres. — Origène. Nous ne voyons pas que les disciples aient rien dit ou rien fait en entendant cette triste révélation des souffrances de Jésus-Christ ; ils se rappelaient les paroles du Seigneur à Pierre, et ils craignaient de s’attirer un semblable et peut-être plus sévère reproche. Et maintenant, voici que les scribes, qui se flattent de connaître les saintes Écritures, condamnent Jésus à mort et le flagellent par leurs accusations, et ils le crucifient pour faire disparaître sa doctrine ; mais après avoir paru succomber un instant, il se relève et apparaît à ceux qui ont reçu le pouvoir de le voir et de le reconnaître.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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