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Mt  13  45-46

S. Chrys. (hom. 48.) La prédication de l’Évangile n’est pas seulement une source de richesses multipliées, comme l’est un trésor, mais elle est précieuse encore comme une perle, et c’est pour cela qu’après la parabole du trésor, Notre-Seigneur propose la parabole de la pierre précieuse. « Le royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherche de bonnes perles. » Pour la prédication de l’Évangile, deux choses sont nécessaires : la séparation des affaires de la terre, et la vigilance, deux conditions qui se trouvent exprimées dans cette comparaison du commerce. Or, la vérité est une et ne peut être divisée en plusieurs parties ; c’est pour cela qu’il n’est question que d’une seule pierre précieuse, et de même que celui possède une perle d’un grand prix connaît bien sa richesse, tandis que tous les autres l’ignorent, car cette perle est si petite qu’elle tient tout entière dans sa main ; de même dans la prédication de l’Évangile, ceux qui ont le bonheur de la recevoir savent quelles richesses spirituelles ils ont acquises, richesses complètement ignorées de ceux qui ne connaissent pas la valeur de ce trésor.

S. Jérôme. Dans les bonnes perles, on peut voir figurés la loi et les prophètes. Comprenez donc, Marcion, et vous autres Manichéens que la loi et ces prophètes sont de bonnes perles. La perle qui est d’un très grand prix, c’est la science du Sauveur, le mystère de sa passion et de sa résurrection. Lorsque l’homme qui est dans le commerce a trouvé cette perle, à l’exemple de l’Apôtre saint Paul il méprise comme de la boue, pour gagner Jésus-Christ (Ph 3), tous les mystères de la loi et des prophètes, et ces observances anciennes au milieu desquelles il avait vécu d’une manière irréprochable. Ce n’est pas que la découverte de cette perle précieuse détruise le prix et la valeur de celles qu’il possédait auparavant ; mais auprès d’elles toutes les autres sont d’un prix inférieur.

S. Grég. (hom. 12 sur les Evang.) Ou bien encore cette pierre précieuse c’est la douceur de la vie céleste, celui qui l’a trouvée vend pour l’acheter tout ce qu’il possède. Celui qui a pu goûter parfaitement, autant qu’on le peut, la suavité de cette vie céleste abandonne bien volontiers pour elle tout ce qu’il avait aimé sur la terre. Il trouve désormais sans beauté tous les objets créés qui l’avaient séduit par leur apparence, parce que l’éclat seul de cette perle précieuse brille maintenant aux yeux de son âme.

S. Augustin. (Quest. évang. sur S. Matth., ch. 13.) Ou bien enfin cet homme qui cherche de belles perles et qui en trouve une de grand prix, est celui qui recherche la compagnie des hommes vertueux pour mener avec eux une vie sainte, et trouve le seul homme qui soit sans péché, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ou bien celui qui, cherchant à connaître les préceptes dont l’observation le fera vivre saintement au milieu des hommes, trouve le précepte de la charité fraternelle qui renferme tous les autres au témoignage de l’Apôtre. Ou bien celui qui cherche de bonnes pensées et trouve cette parole qui renferme toutes choses. « Au commencement était le Verbe, » (Jn 1), Verbe qui brille de tout l’éclat de la vérité, qui est ferme de toute la force de l’éternité, et qui, semblable de toutes parts à lui-même, resplendit de la beauté même de la divinité ; Verbe dans lequel il faut reconnaître un Dieu sous l’enveloppe de chair dont il est revêtu. Quelle que soit parmi ces trois choses ou parmi d’autres celle qui est signifiée par cette perle précieuse, c’est nous qui en sommes le prix, et nous ne sommes libres de l’acquérir qu’en méprisant pour obtenir cette heureuse délivrance tout ce que nous possédons sur la terre. Car, après avoir tout vendu, nous n’avons pas de biens d’un plus grand prix que nous-mêmes (puisque nous n’étions pas à nous lorsque ces biens nous enlaçaient comme autant de chaînes), et c’est nous-mêmes qu’il faut donner pour acquérir cette perle précieuse, non pas que nous soyons d’une valeur égale, mais parce que nous ne pouvons donner davantage.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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