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Mt  10  21-22

La glose. Notre-Seigneur a fait précéder la consolation, il prédit maintenant de plus grands dangers : « Le frère livrera son frère à la mort, et le père son fils, et les fils s’élèveront contre leurs parents. » — S. Grég. (hom. 35 sur les Evang.) Les peines que nous causent ceux dont l’affection et la fidélité nous paraissaient acquises, nous sont beaucoup plus sensibles que les épreuves qui nous viennent de personnes qui nous sont étrangères ; car alors, outre la douleur du corps, nous sommes déchirés par le regret de l’affection que nous avons perdue. — S. Jérôme. C’est ce qui arrive souvent dans les persécutions, et il n’y a point à compter sur l’affection de ceux qui n’ont point la même foi.

S. Chrys. (hom. 34.) Voici une épreuve plus terrible encore : « Et vous serez haïs de tous les hommes. » Et en effet on les poursuivait, et on voulait les chasser comme les ennemis communs du genre humain. Aussi leur présente-t-il de nouveau cette double consolation : « A cause de mon nom, » et cette autre : « Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. » Il en est beaucoup, en effet, qui, pleins d’ardeur dans les commencements, perdent insensiblement toute leur force ; c’est pourquoi le Sauveur demande la persévérance jusqu’à la fin. Car de quelle utilité peuvent être les semences qui donnent d’abord des fleurs, et qu’on voit ensuite se dessécher sur leur tige ? Aussi exige-t-il de ses disciples une persévérance constante. — S. Jérôme. Le caractère propre de la vertu, ce n’est pas de commencer, c’est d’achever. — S. Rémi. Et ce n’est pas à ceux qui commencent, mais à ceux qui persévèrent, que la récompense est donnée.

S. Chrys. (hom. 34.) Notre-Seigneur prévient ici cette difficulté : Le Christ est l’auteur de tout ce que nous admirons dans les Apôtres ; il n’est donc pas surprenant qu’ils soient devenus ce qu’on les a vus, puisqu’ils n’avaient rien à supporter de pénible ; c’est pourquoi il ajoute que la persévérance leur est nécessaire. Car lors même qu’il les aurait arrachés aux premiers dangers, ils étaient réservés à d’autres plus grands encore, auxquels de nouveaux devaient succéder, puisqu’ils ne devaient pas vivre un instant sans avoir à redouter les piéges qu’on leur dressait, vérité qu’il leur révèle d’une manière indirecte, en leur disant : « Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. » — S. Rémi. C’est-à-dire celui qui n’abandonnera pas les préceptes de la foi, qui ne faiblira pas dans les persécutions, celui-là sera sauvé, et les persécutions de la terre lui mériteront les récompenses du royaume des cieux. Remarquez que le mot fin ne signifie pas toujours la destruction d’une chose, mais quelquefois sa perfection, comme dans ce passage : « Le Christ est la fin. » (Rm 10.) On peut donc adopter ce sens : « Celui qui persévérera jusqu’à la fin, » c’est-à-dire dans le Christ. — S. Augustin. (Cité de Dieu, liv. 21, ch. 25.) En effet, persévérer dans le Christ, c’est persévérer dans la foi que nous avons en lui et qui agit par la charité.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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