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Mc  6  30-35

La glose (1). Après le récit de la mort de Jean-Baptiste, l’Evangéliste raconte ce que firent Jésus-Christ et ses disciples après que le saint Précurseur fût mort : " De retour près de Jésus, les Apôtres lui rendirent compte, " etc. — S. Jérôme. Les fleuves reviennent au lieu d’où ils sont sortis (Qo, 1, 7) ; et les envoyés de Dieu lui rendent toujours grâces des bienfaits qu’ils en ont reçus. — Théophile. Apprenons nous aussi, lorsqu’on nous envoie remplir quelque ministère, à ne pas trop nous étendre, à ne pas outrepasser l’objet de notre mission, mais à revenir à celui qui nous l’a donnée, pour lui rendre compte de tout ce que nous avons fait et enseigné. — Bède. Il ne suffit pas d’enseigner, il faut encore agir. Or, les Apôtres ne rapportent pas seulement au Seigneur ce qu’ils avaient fait et enseigné, mais encore ce que Jean-Baptiste avait souffert pendant qu’ils étaient occupés du ministère de la prédication ; et ici, comme le rapporte saint Matthieu, les disciples de Jean se joignent à eux pour informer le Sauveur de la mort de leur maître.

" Et il leur dit : Venez à l’écart, " etc. — S. Augustin. (de l’ace, des Evang. 2, 45.) L’Evangéliste nous raconte ce fait comme ayant immédiatement suivi la mort de Jean-Baptiste ; ce n’est donc qu’après, qu’il faut placer les faits racontés précédemment, et qui impressionnent Hérode au point de lui faire dire : " Celui-ci est Jean à qui j’ai fait trancher la tête. " — Théophile. Jésus se retire dans le désert par un sentiment d’humilité ; et il invite ses disciples à prendre un peu du repos, pour apprendre aux supérieurs ecclésiastiques que ceux qui sont livrés aux œuvres extérieures et à la prédication, ne peuvent continuellement travailler, et qu’ils ont droit à prendre quelques instants de repos.

Bède. Quelle était la raison qui rendait ce repos nécessaire aux disciples, la voici : " Il y avait un tel concours de personnes qui venaient et s’en allaient, que les Apôtres n’avaient pas même le temps de manger. " Heureux temps, où tous rivalisaient ainsi de zèle et de fatigues, les uns pour enseigner, les autres pour être instruits. "Et étant montés dans une barque, " etc. Les disciples ne montent pas seuls dans cette barque, ils prennent le Seigneur avec eux pour gagner le désert, comme le raconte saint Matthieu (Mt 14). Le Sauveur veut par là éprouver la foi de la multitude ; car en se rendant dans un lieu désert, il veut s’assurer de sa fidélité à le suivre. Or, tout ce peuple en le suivant, sans aucun moyen de transport, et malgré les fatigues d’une longue marche à pied, fait voir le zèle qu’elle a pour son salut. " Mais beaucoup de gens, les ayant vus partir, et ayant connu leur dessein, y accoururent à pied, " etc. Puisque cette multitude, qui suit à pied Notre-Seigneur, le précède, il est évident que le Sauveur et ses disciples n’abordèrent point à une rive opposée de la mer et du Jourdain, mais qu’ils s’arrêtèrent dans un lieu voisin de celui d’où ils étaient partis, et où ils furent devancés par ceux qui s’y étaient rendus à pied. — Théophile. A leur exemple, n’attendez pas que Jésus-Christ vous appelle, mais hâtez-vous de le devancer. — " Et étant sorti de la barque, il vit une grande multitude, et il en eut compassion, " etc. Les pharisiens, ces loups ravisseurs, loin de nourrir le peuple, le dévoraient ; aussi se presse-t-il en foule autour de Notre-Seigneur, le vrai pasteur qui lui distribue la nourriture spirituelle de la parole de Dieu : " Et il commença à leur enseigner beaucoup de choses. " Il voit dette multitude que la vue de ses miracles attire à sa suite malgré les fatigues d’une longue route, il en a compassion, et il satisfait à son désir en l’instruisant. — Bède. Saint Matthieu (Mt 14) rapporte qu’il guérit ceux qui étaient malades ; en effet, la vraie compassion pour les pauvres, est de leur ouvrir par l’enseignement la voie de la vérité, et de les délivrer de leurs souffrances corporelles.

S. Jérôme. Dans le sens mystique, Notre-Seigneur emmène à l’écart ceux qu’il a choisis pour ses disciples, de peur qu’en vivant au milieu des méchants, ils ne soient exposés à imiter leurs exemples ; ainsi que Loth le fût dans Sodome (Gn 19), Job dans la terre de Hus (Jb 1), et Abdias dans la maison d’Achah. (3 R 18.) — Bède. Après avoir abandonné la synagogue dans le désert, les prédicateurs de l’Eglise que les Juifs accablaient sous le poids des tribulations, trouvent le repos au milieu des Gentils auxquels ils ont communiqué la grâce de la foi. — S. Jérôme. Toutefois, ce repos des saints sur la terre est de courte durée, le travail est long, mais après cette vie, il leur sera dit : " Qu’ils se reposent de leurs travaux. " (Ap 14, 13.) Nous voyons arriver dans l’Eglise ce qui se passa autrefois dans l’arche de Noé ; les animaux qu’elle contenait étaient envoyés dehors, et ceux qui étaient dehors étaient reçus au dedans (Gn 8). Ainsi Judas se retire de l’Eglise, mais le bon larron y entre, et toutefois, lorsqu’un de ses enfants abandonne la vraie foi, le repos de l’Eglise n’est pas sans amertume : c’est Rachel qui pleure ses enfants, et ne veut pas de consolation (Jr 31 ; Mt 11) Ce n’est pas encore ce festin où l’on servira du vin nouveau, où des hommes nouveaux chanteront aussi un nouvel hymne, lorsque ce corps mortel sera revêtu d’immortalité. (1 Co 15) Alors que Jésus-Christ s’avance vers le désert des nations, il est suivi d’une multitude innombrable de fidèles qui ont abandonné les habitudes de leur vie ancienne.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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