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Mc  1  12-13

S. Chrys. (hom. 13 sur S. Matth.) Jésus-Christ, qui dans toutes ses notions comme dans toutes ses épreuves se proposait notre instruction, commence après son baptême par habiter le désert, et il y combat contre le démon, afin que tout chrétien, après son baptême, apprît à supporter patiemment de plus fortes tentations, ne se laissât point troubler comme si elles lui arrivaient contre son attente ; mais qu’après en avoir vaillamment soutenu le choc, il en demeurât vainqueur. Dieu permet il est vrai les tentations pour beaucoup d’autres motifs, mais il les permet aussi pour faire connaître que la tentation relève l’homme et l’honore. Le démon, en effet, ne s’attaque qu’à celui qu’il voit environné d’un plus grand éclat. " Et aussitôt, dit l’Evangéliste, l’Esprit le poussa dans le désert. " Il nous montre Jésus, non pas allant simplement, mais comme chassé dans le désert, afin de nous faire comprendre qu’il obéissait ici aux secrets de la divine Providence. Par là aussi, l’Evangéliste nous apprend que l’homme ne doit pas s’exposer lui-même à la tentation, mais que si nous y sommes poussés par une cause étrangère, la victoire nous est assurée. — Bède. Il pouvait s’élever quelque doute sur la nature de cet Esprit qui poussait Jésus dans le désert ; saint Luc commence donc par dire très à propos que Jésus revint du Jourdain tout rempli du Saint-Esprit, et il ajoute aussitôt : " Et il était poussé par l’Esprit dans le désert, afin que personne ne pût s’imaginer que l’esprit immonde ait eu quelque puissance sur celui qui, rempli du Saint-Esprit, allait et agissait d’après sa propre volonté.

S. Chrys. (hom. 13.) L’Esprit le poussa donc dans le désert : Jésus-Christ se proposait de provoquer les tentations du démon ; il lui en fournit donc l’occasion, non-seulement par la faim qu’il endure, mais encore par le lieu qu’il choisit pour demeure, car le démon attaque de préférence ceux qui vivent dans la solitude. — Bède. Il se retira aussi dans le désert pour nous enseigner à fuir les séductions du monde, la société des méchants, et à observer fidèlement tous les divins préceptes. Il est tenté seul par le démon pour nous faire comprendre que a tous ceux qui veulent vivre avec piété en Jésus-Christ souffrent persécution. " (2 Tm 3.) " Et il était dans le désert pendant quarante jours et pendant quarante nuits, et il était tenté par Satan. " Or, il est tenté quarante jours et quarante nuits pour nous apprendre que tant que nous serons ici-bas le Seigneur, soit que la prospérité (figurée par les jours) nous sourie, soit que nous soyons exposés aux coups de l’adversité (représentée par la nuit), en tout temps l’ennemi est là et ne cesse d’entraver nos pas par ses tentations. Les quarante jours et les quarante nuits représentent toute la durée des siècles. Le monde au milieu duquel nous servons Dieu peut en effet se diviser en quatre parties : il y a dix préceptes par l’observation desquels nous luttons contre l’ennemi, et dix répété quatre fois font quarante.

" Et il était avec les bêtes sauvages. " — S. Chrys. L’Evangéliste nous fait ici le tableau de ce désert : Il n’y avait pas trace d’homme, et il était rempli de bêtes sauvages : " Et les anges le servaient. " Car après sa tentation, et sa victoire sur le démon, Jésus opéra le saint des hommes, et comme dit l’Apôtre (He 1) : " Les anges sont envoyés pour remplir leur ministère en faveur de ceux qui reçoivent l’héritage du salut. " Il faut remarquer ici que les anges viennent se mettre au service de ceux qui sont vainqueurs de la tentation. — Bède. Remarquons encore que Jésus-Christ demeure au milieu des bêtes sauvages en tant qu’homme, et qu’il se sert du ministère des anges comme Dieu. Et nous aussi, lorsque dans la solitude d’une vie sainte, notre cœur reste pur, malgré le contact des mœurs corrompus des hommes charnels, nous méritons l’assistance des anges qui, après notre délivrance des liens du corps, nous transporteront au séjour de l’éternelle béatitude. — S. Jérôme. Ou bien, les bêtes de la terre sont en paix avec nous comme dans l’arche de Noé, les animaux purs avec les animaux impurs (Gn 7), lorsque la chair cesse de convoiter contre l’esprit (Ga 5, 17). Les anges, après cela, sont envoyés pour nous servir et pour apporter aux cœurs vigilants les oracles et les consolations célestes.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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