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Mc  14  12-16

S. Chrys. (serm. sur la trahison de Judas, comme précéd.) Tandis que Judas débattait le prix de sa trahison, les autres disciples étaient préoccupés de la préparation de la pâque (1). " Et le premier jour des azymes, " etc.

Bède. Ce premier jour des azymes était le quatorzième jour du premier mois, où les Juifs devaient jeter tout levain, et immoler la pâque, c’est-à-dire l’agneau pascal vers le soir. C’est à cet usage que l’Apôtre fait allusion, lorsqu’il dit : " Jésus-Christ est notre agneau pascal qui a été immolé pour nous. " (1 Co 5) Il n’a été attaché à la croix que le jour suivant, c’est-à-dire le quinzième jour de la lune, cependant la nuit même du jour où l’agneau pascal était immolé, il adonné à ses disciples, avec le pouvoir de les célébrer, les mystères de son corps et de son sang, il a été saisi et garrotté par les Juifs, et il a ainsi consacré les prémices de son sacrifice. — S. Jérôme. Les pains azymes que l’on mange avec des choses amères, c’est-à-dire avec des laitues sauvages, sont la figure de notre rédemption, et l’amertume, l’emblème de la passion du Sauveur.

Théophile. La question des disciples : " Où voulez-vous que nous allions, " prouve évidemment que Jésus-Christ n’avait aucun domicile, ni les disciples aucune demeure en propre, car s’ils en avaient eu, ils y auraient conduit le Seigneur. — S. Jérôme. Cette question : " Où voulez-vous que nous allions ? " nous apprend encore à régler nos pas et nos démarches sur la volonté de Dieu. Notre-Seigneur nous fait aussi connaître avec qui il doit manger la pâque, et selon sa coutume dont nous avons parlé plus haut, il envoie deux de ses disciples : " Il envoya donc deux de ses disciples, et leur dit : Allez dans la ville. " — Théophile. Il choisit parmi ses disciples Pierre et Jean, comme nous l’apprend saint Luc, et les envoie vers un homme inconnu, nous indiquant ainsi qu’il pourrait éviter sa passion, si telle était sa volonté, car celui qui savait que cet homme inconnu était disposé à recevoir ses disciples, ne pouvait-il pas changer les dispositions de ses ennemis ? Il leur donne même un signe auquel ils reconnaîtront la maison, en ajoutant : " Vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau. " — S. Augustin. (de l’acc. des Evang., 2, dern. chap.) Le vase que porte cet homme est une cruche, suivant saint Marc, une amphore, suivant saint Luc ; l’un désigne l’espèce, l’autre la forme ; mais l’un et l’antre sont dans la vérité. — Bède. Une preuve manifeste de la présence de la divinité, c’est que Jésus, tout en parlant avec ses disciples, sait ce qui doit se passer ailleurs, " Et ses disciples s’en allèrent, et ils préparèrent la pâque, " etc. — S. Chrys. (serm. sur la Trah. de Jud.) Ce n’était pas encore notre pâque, mais la pâque des Juifs ; c’était Jésus-Christ, qui non-seulement devait établir, mais devenir lui-même notre pâque. Mais pourquoi a-t-il voulu la manger ? Parce qu’il s’est assujetti à la loi pour racheter ceux qui étaient sous la loi (Ga 4, 4-5), et mettre lui-même un terme à la loi. Et afin que personne ne soit tenté de dire qu’il n’a détruit la loi, que parce que son accomplissement lui paraissait trop dur, trop pénible et au-dessus de ses forces, il a voulu l’accomplir tout d’abord avant de l’annuler.

S. Jérôme. Au sens mystique, la ville c’est l’Eglise, qui est entourée du mur de la foi ; cet homme que les disciples rencontrent, c’est le premier peuple ; la cruche d’eau, c’est la loi de la lettre. — Bède. Ou bien l’eau est le bain salutaire de la grâce ; la cruche figure la fragilité de ceux qui devaient faire connaître cette grâce au monde. — Théophile. Celui qui a été baptisé, porte comme un vase plein d’eau, et celui qui porte ainsi son baptême, marche vers le repos en vivant conformément à la raison, et jouit du repos et de la paix comme dans sa maison : " Suivez-le, " ajoute Notre-Seigneur. — S. Jérôme. Suivez celui qui vous conduira sur les hauteurs où Jésus-Christ lui-même devient votre nourriture. Le maître de la maison, c’est l’apôtre saint Pierre, à qui le Sauveur a confié le soin de sa maison, afin qu’il y eût unité de foi sous un seul pasteur. Cette grande salle, c’est la grande Eglise de Dieu, où l’on fait connaître le nom du Seigneur, et qui est ornée de la variété des vertus et des diverses langues des peuples. — Bède. Ou bien, cette grande salle, au sens spirituel, est la loi qui, sortant des limites étroites de la lettre, reçoit le Sauveur sur les lieux élevés, c’est-à-dire, sur les parties les plus hautes de l’esprit. C’est avec dessein que le nom soit du porteur d’eau, soit du maître de la maison, est passé sous silence, afin que tous ceux qui veulent célébrer la véritable pâque, c’est-à-dire, recevoir les sacrements de Jésus-Christ, et qui désirent lui offrir l’hospitalité dans leurs cœurs, sachent qu’ils en ont le pouvoir. — Théophile. Ou bien encore, le maître de la maison c’est l’intellect qui nous montre cette grande salle, c’est-à-dire, les pensées élevées. Cependant tout élevée qu’elle est, elle éloigne de toute vaine gloire et de toute enflure, elle s’abaisse et s’égalise par l’humilité. C’est dans cette salle, c’est-à-dire, dans une âme ainsi disposée que Pierre et Jean, c’est-à-dire, l’action et la contemplation, préparent la pâque à Jésus-Christ.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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