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Lc  1  5-7

S. Chrys. (Chaîne des Pèr. gr.) Saint Luc commence son récit par l’histoire de Zacharie et de la naissance de Jean-Baptiste ; préludant ainsi par le récit d’un moindre prodige au récit d’un prodige plus étonnant. Une Vierge devait être mère, la grâce nous prépare à ce mystère, en nous montrant une femme stérile devenue féconde. Le temps se trouve indiqué par ces paroles : « Dans les jours d’Hérode, » et la dignité d’Hérode par ces autres : « Roi de Judée. » Cet Hérode était différent de celui qui mit à mort Jean-Baptiste, il était roi, tandis que ce dernier n’était que tétrarque. — Bède. Ce règne d’Hérode, qui était étranger, est une preuve de la venue du Messie. Il était prédit en effet (Gn 49) : « Le sceptre ne sortira point de Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu’à ce que vienne celui qui doit être envoyé. » Or, depuis la sortie d’Égypte, les Juifs furent gouvernés par des juges de leur nation, jusqu’au prophète Samuel, et ensuite par des rois jusqu’à la captivité de Babylone. Au retour de la captivité, ce furent les grands-prêtres qui exercèrent le pouvoir souverain jusqu’à Hyrcan, tout à la fois roi et pontife. Hyrcan ayant été mis à mort par Hérode, César-Auguste donna le royaume de Judée à ce dernier qui était étranger ; et ce fut la trente unième année de son règne qu’eut lieu, selon la prophétie de Jacob, l’avènement de celui qui devait venir.

S. Ambr. La sainte Écriture nous apprend que pour être vraiment digne de louanges, il faut se rendre recommandable, non seulement par ses qualités personnelles, mais encore par le mérite de ses parents et par l’éclat d’une vertu sans tache qu’on a reçue d’eux comme un précieux héritage. Aussi la noblesse de saint Jean-Baptiste remonte-t-elle au delà de ses parents jusqu’à ses ancêtres, et tire tout son éclat, non des dignités profanes, mais d’une longue succession de piété et de vertu. L’éloge est donc complet, puisqu’il embrasse la race d’où il descend, les vertus de ses parents, leurs fonctions, leurs actions, leur justice.

Les fonctions, c’étaient les fonctions sacerdotales : « Il y avait un prêtre nommé Zacharie. » — Bède. Or saint Jean naquit d’une famille sacerdotale, afin qu’il pût annoncer le changement du sacerdoce ancien, avec d’autant plus de force, que lui-même était connu pour appartenir à la race sacerdotale. — S. Ambr. L’Évangéliste désigne la race par les ancêtres en disant : « De la famille d’Abia, » c’est-à-dire, d’une famille distinguée entre les premières familles. — Bède. Car les princes du sanctuaire, c’est-à-dire, les grands-prêtres étaient choisis parmi les enfants d’Eléazar, comme parmi les enfants de Thamar, et David avait partagé au sort en vingt-quatre sections, les fonctions du ministère qu’ils devaient remplir dans la maison de Dieu. Or, le huitième sort était échu à la famille d’Abia, de laquelle Zacharie était sorti. Ce n’est pas sans raison que le premier héraut du Nouveau Testament naît le huitième jour du sort, car le nombre huit désigne quelquefois le Nouveau Testament à cause du mystère du dimanche ou de notre résurrection, comme le nombre sept signifie souvent l’Ancien Testament, à cause du jour du sabbat. — Théophile. L’Évangéliste veut montrer que saint Jean-Baptiste descendait légalement de la race sacerdotale, en ajoutant : « Sa femme était de la race d’Aaron, et elle avait nom Elisabeth, » car il n’était point permis de prendre une femme dans une autre tribu que la sienne. Or Elisabeth signifie repos, et Zacharie, souvenir du Seigneur. — Bède. Saint Jean naît de parents justes, ainsi pouvait-il annoncer les préceptes de la vraie justice avec d’autant plus de confiance qu’il ne les avait pas appris comme une chose nouvelle pour lui, mais qu’il les avait gardés lui-même comme un héritage qu’il avait reçu de ses ancêtres. « Tous deux étaient justes devant Dieu, » dit l’Évangéliste. — S. Ambr. Il comprend ainsi sous le nom de justice la sainteté de leur vie, Il ajoute avec beaucoup de sens : « Devant Dieu, » car il peut arriver que par un vain désir de popularité on paraisse juste aux yeux des hommes sans l’être devant Dieu, si par exemple cette justice ne vient pas d’une intention simple et droite, mais n’est qu’un mensonge inspiré par le désir de plaire. C’est donc faire d’un homme un éloge complet que de dire : il est juste devant Dieu, car on n’est vraiment parfait qu’au témoignage de celui qui ne peut être trompé. Saint Luc comprend les actes de la vie dans l’accomplissement des commandements, et la justice dans l’observation des ordonnances. « Ils marchaient, dit-il, dans les commandements et les ordonnances du Seigneur. » Nous marchons dans les commandements du Seigneur, lorsque nous obéissons à ses divins préceptes, et nous gardons ses ordonnances, lorsque toutes nos actions sont faites avec jugement. Or, nous devons avoir soin de faire le bien, non seulement devant Dieu, mais devant les hommes (Rm 12, 17 ; 2 Co 8, 21), et c’est pour cela qu’il ajoute « d’une manière irréprochable. » La conduite est irréprochable lorsque la doctrine et la pureté de l’intention viennent se joindre à la bonté de l’action, et souvent encore une sainteté trop austère devient l’objet des reproches du monde. — Origène. (hom. 2.) Une action juste peut aussi être faite par des motifs qui ne le sont pas, par exemple, si l’on fait des libéralités par esprit d’ostentation, ce qui n’est pas irréprochable.

« Et ils n’avaient pas de fils, parce qu’Elisabeth était stérile, » etc. — S. Chrys. (Chaîne des Pèr. gr., Hom. sur la Genèse.) Elisabeth ne fut pas la seule stérile, les épouses des patriarches, Sara, Rébecca, Rachel (ce qui était un sujet de honte chez les anciens), l’étaient aussi, et nous ne pouvons pas dire que leur stérilité fût une punition, puisque toutes étaient justes et vertueuses. Si donc Dieu permit qu’elles fussent stériles, c’était pour nous préparer à croire sans difficulté le mystère d’une Vierge qui enfante le Seigneur, après avoir cru préalablement à la fécondité des femmes stériles. — Théophile. Dieu veut encore vous donner une autre leçon, c’est que la loi de Dieu demande beaucoup plus la fécondité spirituelle des enfants que la fécondité charnelle ; aussi voyez-vous Zacharie et Elisabeth avancés dans la vie, beaucoup moins selon le corps que selon l’esprit, disposant des degrés dans leur coeur (cf. Ps 85, 6), regardant leur vie comme un jour brillant et non comme une nuit ténébreuse, et marchant dans la décence comme durant le jour.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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