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Lc  1  28-29

S. Ambr. Reconnaissez la Vierge à ses moeurs. Elle est seule dans l’intérieur de sa demeure, loin de tous les regards des hommes, un ange seul peut arriver jusqu’à elle : « L’ange étant entré où elle était, » etc. Il ne faut point qu’elle soit déshonorée par une conversation indigne d’elle, c’est un ange qui est chargé de la saluer. — S. Grég. de Nysse. (disc. sur la Nativ.) Le discours qu’il lui adresse est opposé à celui que la première femme entendit autrefois. Pour Eve l’enfantement dans la douleur fut la juste punition de son péché ; pour Marie, la tristesse fait place à la joie, et l’ange lui annonce le sujet d’une joie bien légitime, en lui disant : « Je vous salue. » Il ajoute : « Pleine de grâce, » et il proclame ainsi qu’elle est digne de l’union qu’il vient lui annoncer. Car cette plénitude de grâce est comme la dot destinée à son époux ; en effet, les paroles de l’ange conviennent tour à tour, les unes à l’épouse, les autres à l’époux. — S. Jérôme. (serm. sur l’Assomp.) Oui elle est pleine de grâce, car la grâce n’est donnée aux autres créatures que partiellement et avec mesure ; Marie l’a reçue toute entière et dans sa plénitude. Oui, elle est vraiment pleine de grâce, elle par qui toute créature a été inondée des eaux abondantes de l’Esprit saint. Celui qui avait envoyé son ange à cette divine Vierge était déjà avec elle, le Seigneur avait précédé son ambassadeur ; et le Dieu qui remplit tout de son immensité, ne pouvait être retenu par la distance des lieux : « Le Seigneur est avec vous. » — S. Augustin. (serm. 14 sur la Nativ. du Seig.) Il est avec vous plus qu’il n’est avec moi ; car il est lui-même dans votre coeur, il s’incarne dans vos entrailles, il remplit votre âme, il remplit votre sein. — S. Grég. (ou Géom., Chaîne des Pères grecs.) C’est là le complément de l’ambassade céleste, le Verbe de Dieu contracte comme un époux une union incompréhensible à la raison ; engendrant tout à la fois et engendré, il s’associe intimement toute la nature humaine. Les dernières paroles de l’ange sont le couronnement et l’abrégé de tout ce qui précède : « Vous êtes bénie entre les femmes, » c’est-à-dire seule entre toutes les femmes ; par là même toutes les femmes seront bénies en vous, comme tous les hommes en votre Fils, ou plutôt les uns et les autres seront bénis en vous deux. En effet, c’est par une femme et un homme que le péché et la douleur sont entrés dans le monde ; c’est aussi par une femme et par un homme que la bénédiction, que la joie sont appelées et répandues sur toute créature.

S. Ambr. Reconnaissez encore la Vierge à sa pudeur ; elle fut alarmée : « Ayant entendu ces paroles, elle en fut troublée. » C’est le propre des vierges d’être accessible à la crainte, de trembler à l’approche d’un homme, de redouter tout entretien avec lui. Apprenez de là, ô vierges, à éviter toute licence dans vos paroles, puisque Marie redoute la salutation d’un ange. — S. Grég. (ou Géom.) Comme ces visions du ciel lui étaient familières, ce n’est point à la vision elle-même, mais aux paroles de l’ange que l’Évangéliste attribue son trouble : « Ayant entendu ces paroles, elle en fut troublée. » Remarquez encore tout à la fois la pudeur et la prudence de cette divine Vierge, les sentiments de son âme, les paroles qui sortent de sa bouche. Elle entend parler de joie, de bonheur, elle examine ce qu’on lui dit, elle ne résiste pas ouvertement par incrédulité, elle ne croit pas aussitôt à la légère, elle évite à la fois la légèreté d’Eve, et l’obstination de Zacharie : « Et elle se demandait ce que pouvait être cette salutation. » Car elle ignorait encore la grandeur du mystère qui allait s’accomplir en elle. Cette salutation est-elle inspirée par la passion, comme serait celle d’un homme à une vierge ? Ou bien est-elle divine, puisqu’on fait intervenir le nom même de Dieu : « Le Seigneur est avec vous. » — S. Ambr. Elle s’étonne aussi de cette nouvelle formule de bénédiction inusitée jusque-là ; car elle était réservée à Marie seule. — Origène. (hom. 6.) Si par la connaissance qu’elle avait de la loi, elle eût su qu’un autre avant elle eût été l’objet d’un semblable discours, elle n’en eût point été effrayée, comme d’une chose extraordinaire.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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