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Lc  18  15-17

Théophile. Notre-Seigneur montre immédiatement dans sa conduite la pratique des leçons d’humilité qu’il vient de donner, en ne repoussant pas les petits enfants, mais en les accueillant avec bonté : « On lui présentait aussi des petits enfants, pour qu’il les touchât. » — S. Augustin. (serm. 36, sur les par. du Seign.) A qui présente-t-on ces enfants pour être touchés ? Au Sauveur. Mais s’il est le Sauveur, c’est pour qu’ils soient sauvés qu’on les présente à celui qui est venu sauver ce qui avait péri. Or, quand ces enfants ont-ils pu périr, innocents qu’ils sont de toute faute ? Mais selon la doctrine de l’Apôtre : « Le péché est entré dans ce monde par un seul homme. » (Rm 5.) Que ces petits enfants viennent donc comme des malades à leur médecin, comme des coupables à leur Rédempteur.

S. Ambr. Il peut paraître dur à quelques-uns que les disciples aient empêché ces petits enfants de s’approcher du Seigneur, car l’Évangéliste ajoute : « Ce que voyant, ses disciples les repoussaient avec de rudes paroles. » Mais il faut voir dans cette conduite des disciples, ou un mystère ou une marque d’attention pour le Sauveur, En effet, ils n’agissaient pas ainsi par un sentiment d’envie ou de dureté à l’égard de ces enfants, mais par un empressement de zèle attentif pour leur divin Maître qu’ils ne voulaient point exposer à être pressé par la foule. il faut en effet renoncer à nos intérêts, lorsque la gloire de Dieu se trouve compromise. Leur conduite renferme d’ailleurs un mystère, c’est-à-dire, qu’ils désiraient que le peuple juif dont ils descendaient selon la chair, fût sauvé le premier. Ils savaient bien que les deux peuples devaient être appelés à la foi, puisqu’ils avaient prié le Sauveur en faveur de la Chananéenne, mais ils ne savaient pas encore dans quel ordre cette vocation devait avoir lieu. Que leur répond Jésus ? « Mais Jésus les appelant, dit : Laissez les enfants venir à moi, » etc. Ce n’est donc point l’âge de l’enfance qu’il préfère à un autre âge de la vie, autrement il serait nuisible de croître et de se développer. Pourquoi donc déclare-t-il que les enfants sont plus propres au royaume des cieux ? Peut-être parce qu’ils sont sans malice, sans tromperie, qu’ils n’osent se venger, qu’ils sont étrangers à toute volupté coupable, qu’ils ne désirent ni les richesses, ni les honneurs, ni les dignités. Cependant la vertu ne consiste pas à ignorer toutes ces choses, mais à les mépriser, car la vertu n’est point dans l’impuissance de commettre le péché, mais dans la volonté de le fuir. Ce n’est donc pas l’enfance, mais la vertu qui imite la simplicité de l’enfance que Notre-Seigneur nous recommande ici. — Bède. Aussi a-t-il soin de dire : « Le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent, » et non pour ces enfants, nous montrant ainsi que ce n’est pas l’âge, mais les moeurs de l’enfance qui donnent accès dans le royaume des cieux, et que c’est à ceux qui imitent leur simplicité et leur innocence que la récompense est promise. — S. Ambr. C’est cette même vérité que Notre-Seigneur veut exprimer lorsqu’il ajoute : « En vérité je vous le dis, quiconque ne recevra pas comme un enfant le royaume de Dieu, n’y entrera pas. » Quel est cet enfant que Jésus propose à l’imitation de ses apôtres ? c’est celui dont Isaïe a dit : « Un petit enfant nous est né (Is 9) ; qui, lorsqu’on le maudissait, ne répondait point par des injures. » (1 P 2.) Il y a donc dans l’enfance quelque chose des moeurs vénérables de la vieillesse ; comme la vieillesse à quelque chose de l’innocence des enfants. — S. Basile. (Règl. abrég. quest. 127.) Or, nous recevrons le royaume de Dieu comme un enfant, si nous apportons aux enseignements du Seigneur les dispositions d’un enfant aux instructions qui lui sont données ; il ne contredit pas ses maîtres, il ne dispute pas avec eux, mais il reçoit leurs leçons avec confiance et soumission. — Théophile. Au contraire, les sages parmi les Gentils, cherchant la sagesse dans le mystère qui est le royaume de Dieu, et ne voulant l’admettre qu’autant qu’il serait appuyé sur des preuves tirées de la raison, ont été justement exclus de ce royaume.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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