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Lc  14  7-11

S. Ambr. Notre-Seigneur a commencé par guérir l’hydropique, en qui la surabondance de l’humeur appesantissait l’activité de l’âme et éteignait l’ardeur de l’esprit ; il enseigne maintenant l’humilité en défendant de choisir les premières places dans les repas de noces : « Il leur dit : Quand vous serez invité à des noces, » etc. — S. Cyrille. En effet, aller au-devant des honneurs qui ne vous sont pas dus, c’est une preuve de témérité qui rend notre conduite digne de blâme. Aussi le Sauveur ajoute : « De peur qu’il ne se trouve quelqu’un plus considéré que vous, » etc. — S. Chrys. C’est ainsi que l’ambitieux n’obtient pas les distinctions qu’il désire, mais subit un honteux affront et qu’en cherchant de trop grands honneurs il n’en reçoit aucuns. Mais comme rien n’est comparable à l’humilité, le Sauveur, engage ceux qui l’écoutent à faire le contraire, non seulement il leur défend d’ambitionner les premières places, il leur commande de rechercher les dernières : « Mais lorsque vous serez invité, allez vous asseoir à la dernière place, » etc. — S. Cyrille. Car celui qui ne désire point d’être placé au-dessus des autres, l’obtient justement de la divine Providence : « Afin que quand viendra celui qui vous a invité, il vous dise : Mon ami, montez plus haut. » Ce n’est pas ici une réprimande sévère, mais une observation pleine de douceur, car un simple avertissement suffit aux sages, et c’est ainsi que l’humilité est couronnée de gloire et d’honneur : « Alors ce sera une gloire pour vous devant ceux qui seront à table avec vous. »

S. Basile. (Règl. développ., quest. 21.) Prendre la dernière place dans les repas, est chose louable pour tous, mais vouloir s’en emparer avec obstination est une action digne de blâme, parce qu’elle trouble l’ordre et devient une cause de tumulte, et une contestation soulevée à ce sujet, vous rend semblables à ceux qui se disputent la première place. Nous devons donc laisser au maître du festin, comme l’observe Notre-Seigneur, le soin de placer ses convives, C’est ainsi que nous nous supporterons mutuellement en toute patience et en toute charité, nous traitant les uns les autres avec déférence selon l’ordre, et fuyant toute vaine gloire et toute ostentation. Nous ne chercherons pas non plus à pratiquer une humilité affectée au prix de vives contestations, mais nous paraîtrons humbles surtout par la condescendance mutuelle et par la patience. Car l’amour de la contestation et de la dispute est un plus grand signe d’orgueil, que de s’asseoir à la première place, quand on ne la prend que par obéissance.

Théophile. Que personne ne pense que ces enseignements de Jésus-Christ soient peu importants et indignes de la grandeur et de la magnificence du Verbe de Dieu, car vous ne regarderiez pas comme un médecin dévoué celui qui vous promettrait de vous guérir de la goutte, mais qui refuserait de guérir une plaie survenue à votre doigt ou un simple mal de dents. D’ailleurs est-elle donc si peu importante cette passion de la vaine gloire qui agitait et troublait ceux qui recherchaient les premières places ? Il était donc souverainement utile que le Maître de l’humilité retranchât toutes les branches de cette racine pernicieuse. Remarquez enfin l’opportunité de cet enseignement, alors qu’on allait se mettre à table, et que le Sauveur était témoin du violent désir d’occuper les premières places qui tourmentait ces infortunés.

S. Cyrille. Après avoir montré par ce fait si simple comment les orgueilleux étaient abaissés, et comment les humbles sont exaltés ; il fait suivre cet exemple d’une leçon plus importante, et proclame cette maxime générale : « Car quiconque s’élèvera sera humilié, et quiconque s’humilie sera exalté, » paroles qui doivent s’entendre de la règle suivie par la justice de Dieu et non de la conduite ordinaire des hommes, qui accordent souvent les honneurs à ceux qui les désirent, et qui laissent les humbles dans l’obscurité. — Théophile. Cependant celui qui se pousse lui-même aux honneurs, ne jouit pas d’une estime durable et universelle ; tandis que les uns semblent l’honorer, les autres le déchirent, et souvent ceux qui affectent de le traiter avec plus de distinction.

Bède. Mais puisque l’Évangéliste appelle cet enseignement une parabole, examinons brièvement quel en est le sens figuré. Que celui qui est invité aux noces de Jésus-Christ et de son Église, et qui se trouve par la foi en union avec les membres de l’Église, ne s’enorgueillisse pas de ses mérites, comme s’il était plus élevé que les autres, car il sera obligé de céder la place à un plus honorable que lui, bien qu’invité après lui, lorsqu’il se verra précédé par l’ardeur de ceux qui l’ont suivi dans les voies ouvertes par Jésus-Christ, Et il descendra couvert de confusion à la dernière place, quand il reconnaîtra la supériorité des autres sur lui, et qu’il se verra obligé de rabattre de la haute estime qu’il avait de sa vertu. On s’assoie à la dernière place quand on met en pratique la recommandation de l’Esprit saint : « Plus vous êtes grand, plus vous devez vous humilier en toutes choses. » (Si 3, 20.) Alors le Seigneur donnant le nom d’ami à celui qu’il trouvera dans ces sentiments d’humilité, lui commandera de monter plus haut, car quiconque s’humilie comme un enfant, est le plus grand dans le royaume des cieux. (Mt 18, 4.) Remarquez ces paroles : « Alors ce sera une gloire pour vous ; » ne cherchez donc pas maintenant ce qui vous est réservé pour la fin. On peut aussi cependant l’entendre de cette vie, car Notre-Seigneur entre tous les jours dans la salle du festin nuptial, tous les jours il abaisse les orgueilleux, et répand en si grande abondance dans le coeur des humbles les dons de son esprit, que tous les convives, c’est-à-dire l’assemblée des fidèles les admire et les honore. La conclusion générale qui termine cette parabole, prouve qu’il faut entendre dans un sens plus élevé les paroles de Notre-Seigneur, car il n’est pas vrai de dire que tous ceux qui s’élèvent devant les hommes, soient abaissés, ou que ceux qui s’humilient devant les hommes soient exaltés par eux, mais celui qui s’enorgueillit de ses mérites sera certainement humilié par le Seigneur, et celui qui s’humilie des bienfaits qu’il en a reçus sera élevé par sa main puissante.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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