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Jn  8  25-27

S. Augustin. (Traité 39.) Le Sauveur venait de leur dire : « Si vous ne croyez pas que je suis, vous mourrez dans votre péché ; » ils lui demandent maintenant en qui ils doivent croire pour éviter cette mort dans le péché : « Ils lui dirent donc : Qui êtes-vous ? » (Traité 38) Vous nous avez bien dit : Si vous ne croyez pas que je suis ; mais vous ne nous avez pas appris qui vous étiez. Il savait que quelques-uns d’entre eux devaient croire en lui, aussi à cette question : Qui êtes-vous ? Il leur répond : « Le Principe, moi-même qui vous parle, » pour leur apprendre ce qu’ils devaient croire de lui. Il ne leur dit point : Je suis le Principe, mais : « Croyez que je suis le Principe ; » ce qui parait clairement dans le texte grec où le mot Principe est du genre féminin. Croyez donc que je suis le Principe, pour éviter de mourir dans vos péchés, car le Principe est immuable, il demeure toujours le même, en renouvelant toute chose. (Traité 39.) Il serait absurde de dire que le Fils est le Principe en refusant cette dénomination au Père, cependant il n’y a pas plus deux principes qu’il n’y a deux Dieux. L’Esprit saint est l’Esprit du Père et du Fils, mais il n’est ni le Père, ni le Fils. Cependant le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un seul Dieu, une seule lumière, un seul Principe. Il ajoute : « Qui vous parle, » c’est-à-dire, je me suis humilié pour vous, et je m’abaisse jusqu’à vous tenir ce langage. Croyez donc que je suis le Principe, car pour justifier et appuyer votre foi, non-seulement je suis en effet le Principe, mais je vous parle. En effet, supposez que le Principe fut resté tel qu’il est dans le Père, sans prendre la forme de l’esclave, comment les hommes pourraient-ils croire en lui, puisque leur esprit si faible ne peut recevoir l’idée d’une chose intellectuelle sans l’intermédiaire de la voix extérieure ? — Bède. On lit dans quelques exemplaires : « Moi qui vous parle, » mais il est plus convenable de lire : « Car je vous parle, » de manière à offrir ce sens : Croyez que je suis le Principe, car pour vous je me suis abaissé jusqu’à vous tenir ce langage.

S. Chrys. (hom. 53) On peut encore considérer à un autre point de vue la coupable folie des Juifs qui, depuis si longtemps qu’ils sont témoins des miracles de Jésus-Christ, et reçoivent ses divins enseignements, osent encore lui faire cette question : « Qui êtes-vous ? » Aussi que leur répond le Sauveur ? « Je ne cesse de vous le dire depuis le commencement ». C’est-à-dire, vous êtes indignes d’entendre mes paroles, bien loin de mériter que je vous dise qui je suis, vous ne m’interrogez que pour me tenter, et vous ne faites aucune attention à ce que je vous dis ; aussi serais-je en droit de vous condamner et de vous punir : « J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à condamner en vous. » — S. Augustin. (Traité 39.) Il a déclaré plus haut qu’il ne jugeait personne ; mais autre chose est de dire : « Je ne juge point, » et : « J’ai à juger, » « je ne juge point, » doit s’entendre du présent, tandis que ces paroles : « J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à condamner en vous, » sont des paroles prophétiques du jugement futur. Or, la vérité réglera mon jugement, parce que je suis le Fils de celui qui est véridique, et que je suis la vérité même : « Et celui qui m’a envoyé est véridique. » Le Père est véridique, non pas en participant à la vérité, mais en engendrant la vérité. Dirons-nous qu’ici celui qui est la vérité est supérieur à celui qui est véridique ? Mais alors ce serait reconnaître que le Fils est plus grand que le Père. — S. Chrys. (hom. 53) Il leur parle de la sorte pour leur faire comprendre que s’il ne les punit pas de tant d’outrages qu’il reçoit d’eux, ce n’est point par faiblesse, ou parce qu’il ne connaît ni leurs pensées, ni les injures qu’ils lui font. — Théophile. Ou peut encore donner cette explication : « En leur disant : J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à condamner en vous, » il renvoyait, pour ainsi dire, l’exercice du jugement à l’autre vie, il ajoute donc : « Mais celui qui m’a envoyé est véridique, c’est-à-dire, si vous êtes infidèles, mon Père ne laisse pas d’être véridique, » et il a établi un jour on vous recevrez ce que vous méritez. — S. Chrys. (hom. 53.) Ou bien encore : Si mon Père m’a envoyé, non pour juger le monde, mais pour sauver le monde, comme mon Père est véridique je ne dois juger personne, et mes paroles ont pour objet votre salut, et non votre jugement et votre condamnation : « Et ce que j’ai entendu de lui je le dis au monde. » — Alcuin. Entendre du Père pour le Fils, c’est la même chose qu’exister par le Père, car celui qui lui donne d’entendre est aussi celui qui lui donne son essence. — S. Augustin. (Traité 39.) Le Fils égal et consubstantiel à son Père, rend gloire à son Père, comme s’il disait : Je rends gloire à celui dont je suis le Fils, comment pouvez-vous affecter de l’orgueil devant celui dont vous n’êtes que le serviteur ? — Alcuin. Mais ils ne comprirent point de qui Jésus voulait parler en disant : « Celui qui m’a envoyé est véridique. » C’est ce qu’ajouté l’Evangéliste : « Et ils ne comprirent point, » qu’il disait que Dieu était son Père, car ils n’avaient pas encore ouvert ces yeux du cœur, qui auraient pu leur faire comprendre l’égalité du Père et du Fils.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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