Accueil  >  Bibliothèque  >  La Chaîne d’or  >  Évangile selon saint Jean  >  chapitre 20, versets 11-18

Jn  20  11-18

S. Grég. (hom. 25 sur les Evang.) Marie-Madeleine, qui avait été connue pour une femme pécheresse dans la ville, dans son amour pour la vérité, lava de ses larmes les taches de sa vie criminelle, et vit s’accomplir en elle ces paroles de la vérité : « Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé. » (Lc 7) Elle était restée précédemment dans le froid mortel du péché, elle brûle maintenant des flammes de l’amour le plus ardent. Considérez, en effet, combien grande était la force de son amour qui la retient près du tombeau du Sauveur, alors que tous ses disciples l’ont abandonné, comme le rapporte l’Evangéliste : « Les disciples s’en revinrent de nouveau chez eux. » — S. Augustin. C’est-à-dire, dans le lieu qu’ils habitaient et d’où ils étaient accourus au tombeau. Les hommes s’en sont retourné, mais un amour beaucoup plus fort enchaîne près du tombeau le sexe qui est le plus faible : « Mais Marie se tenait dehors, près du sépulcre, versant des larmes. » — S. Augustin. (de l’acc. des Ev., 3, 24.) Elle se tenait près du sépulcre de pierre, mais dans le lieu fermé dans lequel elles étaient déjà entrées, et qui formait comme un jardin autour du tombeau.

S. Chrys. (hom. 86 sur S. Jean.) Ne soyez point surpris que Marie pleure amèrement auprès du tombeau, tandis que nous ne voyons pas que Pierre ait versé des larmes, car les femmes sont naturellement portées à la compassion et aux pleurs. — S. Augustin. Les yeux qui avaient cherché le Seigneur sans le trouver étaient donc baignés de larmes et ils s’affligeaient beaucoup plus de ce que le corps du Sauveur avait été enlevé du tombeau, que de ce qu’il avait été mis à mort sur la croix, car on ne possédait même plus alors le tombeau de ce divin Maître dont la vie avait été si cruellement tranchée.

S. Augustin. (De l’accord des Evang., 3, 24.) Marie avait vu avec les autres femmes l’ange assis à droite sur la pierre renversée du tombeau, et à sa voix elle regarde en pleurant dans le tombeau. — S. Chrys. La vue du tombeau d’une personne chère est un adoucissement à la douleur de l’avoir perdue, aussi voyez comment Marie cherche à se consoler en se penchant et eu regardant de plus près le lieu où a reposé le corps du Sauveur. — S. Grég. (hom. 25) Ce n’est pas assez pour son amour de l’avoir vu une fois, et sa vive affection redouble ses désirs et lui fait multiplier ses recherches. — S. Augustin. (Traité 121 sur S. Jean.) Sa douleur n’avait point de bornes, elle n’en croyait ni à ses yeux ni à ceux des disciples, ou plutôt une inspiration divine la portait à regarder dans l’intérieur du tombeau. — S. Grég. Elle a cherché le corps du Sauveur sans le trouver, elle a persévéré dans ses recherches et elle a fini par le trouver. Ses désirs retardés dans la jouissance de leur objet n’en devinrent que plus ardents, et dans leur ardeur ils se saisirent de ce qu’ils cherchaient. En effet, le retard ne fait qu’accroître les saints désirs, et ceux qu’il rend moins ardents n’étaient pas de vrais désirs. Or voyons dans cette femme dont l’affection est si forte et qui se penche de nouveau vers le tombeau qu’elle avait déjà considéré, quelle est la récompense de cet amour ardent qui la porte à multiplier ses recherches : « Et elle vit deux anges vêtus de blanc, » etc. — S. Chrys. Comme l’esprit de cette femme n’était pas encore assez élevé pour que la vue des linceuls lui fît conclure que Jésus était ressuscité, elle voit des anges revêtus d’habits de joie et qui devaient porter la consolation dans son âme.

S. Augustin. Mais pourquoi l’un de ces anges est-il assis à la tête et l’autre aux pieds ? Ceux qui sont appelés anges en grec portent en latin le nom de messagers ; celle manière d’apparaître ne signifierait-elle donc pas que l’Evangile de Jésus-Christ devait être annoncé des pieds jusqu’à la tête, c’est-à-dire, du commencement jusqu’à la fin ? — S. Grég. Ou bien encore l’ange qui est assis à la tête représente les apôtres annonçant au monde ces sublimes paroles : « Au commencement était le Verbe, » et celui qui est assis aux pieds figure les mêmes apôtres prêchant cette autre vérité : « Et le Verbe s’est fait chair. » Nous pouvons encore voir dans ces deux anges les deux Testaments qui annoncent d’un commun accord l’incarnation, la mort et la résurrection du Sauveur, le premier des deux Testaments est comme assis à la tête, et le second aux pieds.

S. Chrys. Les anges qui apparaissent ne disent rien de la résurrection, mais amènent indirectement le discours sur cette vérité. La vue de ces vêtements éclatants et extraordinaires pouvait inspirer à Marie un sentiment d’effroi, ils lui disent donc : « Femme, pourquoi pleurez-vous ? » — S. Augustin. Les anges lui défendent les larmes, et lui annoncent la joie qui devait bientôt inonder son âme, car lui demander : « Pourquoi pleurez-vous ? » c’est lui dire : « Ne pleurez pas. » — S. Grég. C’est qu’un effet les saintes Ecritures qui excitent en nous les larmes de l’amour, sèchent ces mêmes larmes, en nous donnant l’espérance du Rédempteur. — S. Augustin. Marie, persuadée qu’ils ignorent ce qu’ils lui demandent, leur fait connaître la cause de ses larmes : « Elle leur répondit : Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur. » Elle appelle son Seigneur, le corps inanimé du Sauveur, en prenant la partie pour le tout, dans le sens ou nous confessons tous que Jésus-Christ, Fils de Dieu a été enseveli, bien que son corps seul ait été mis dans le tombeau. « Et je ne sais où ils l’ont mis. » Ce qui augmentait sa douleur, c’est qu’elle ne savait où aller pour la consoler. — S. Chrys. Elle ne savait encore rien de la résurrection, et s’imaginait que le corps avait été enlevé. — S. Augustin. (De l’accord des Evang., 3, 24.) Il faut admettre ici que les anges se levèrent, et apparurent debout, comme saint Luc le dit en termes exprès.

S. Augustin. (Traité 121 sur S. Jean.) Mais le moment était venu ou selon la prédiction des anges qui lui avaient dit : « Ne pleurez pas, » la joie devait succéder aux larmes : « Ayant dit cela, elle se retourna, » etc. — S. Chrys. Pourquoi Marie qui vient de parler aux anges, se retourne-t-elle en arrière sans attendre leur réponse ? C’est à mon avis qu’au moment où elle parlait aux anges, Jésus-Christ apparut derrière elle, et que les anges à la vue de leur souverain Maître, manifestèrent par leur attitude, leur regard et leurs mouvements qu’ils avaient vu le Seigneur, et c’est ce qui porta Marie à se retourner. — S. Grég. Remarquez que Marie qui doutait encore de la résurrection du Seigneur, se retourne en arrière pour voir Jésus, parce qu’en doutant ainsi, elle tournait pour ainsi dire le dos au Seigneur à la résurrection duquel elle ne croyait pas. Mais comme malgré le doute de son esprit, elle aimait le Sauveur, elle le voyait sans le connaître : « Elle vit Jésus debout et elle ne savait pas que ce fut Jésus. » — S. Augustin. Jésus apparut aux anges comme leur souverain maître, mais à Marie sous un autre aspect pour ne point jeter l’effroi dans son âme, car ce n’est pas tout d’un coup, mais insensiblement qu’il fallait la ramener à des idées plus élevées.

« Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleurez-vous ? » — S. Grég. Il lui demande la cause de sa douleur pour accroître ses désirs et embraser son âme d’un amour plus ardent en lui faisant prononcer le nom de celui qu’elle cherchait. — S. Chrys. Comme Jésus lui était apparu sous une forme ordinaire, elle crut que c’était le jardinier : « Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si vous l’avez enlevé, dites-moi où vous l’avez mis et je l’emporterai, » c’est-à-dire : si c’est par crainte des Juifs que vous l’avez enlevé, dites-le moi, et je le prendrai pour le mettre en sûreté. — Théophile. Elle craignait que les Juifs ne se portassent à de nouveaux excès sur son corps même inanimé, et elle voulait le transporter dans un autre endroit qui leur fût inconnu.

S. Grég. Mais ne peut-on pas dire que cette femme tout en se trompant ne fut pas dans l’erreur en croyant que Jésus était le jardinier ? N’était-il pas pour elle un jardinier spirituel, lui qui par la force de son amour avait semé dans son cœur les germes féconds de toutes les vertus ? Mais comment se fait-il, qu’en voyant celui qu’elle prenait pour le jardinier, et sans lui avoir dit qui elle cherchait, elle lui fait cette question : Seigneur, si c’est vous qui l’avez enlevé ? etc. Tel est le caractère d’un amour ardent, il ne suppose point que personne puisse ignorer celui qui est l’objet constant de ses pensées. Après l’avoir d’abord appelé de son nom de femme sans en avoir été reconnu, le Sauveur l’appelle par son nom propre : « Jésus lui dit Marie, » comme s’il lui disait : Reconnaissez celui qui vous reconnaît. Marie, en s’entendant appeler par son nom, reconnaît son divin Maître, car celui qu’elle cherchait extérieurement, était le même qui lui inspirait intérieurement le désir de le chercher : « Elle, se retournant, lui dit : Rabboni, c’est-à-dire Maître. » — S. Chrys. De même qu’il était quelquefois présent au milieu des Juifs, sans qu’il en fût reconnu, ainsi même en parlant, il ne se faisait connaître que lorsqu’il le voulait. Mais comment expliquer ce que dit l’Evangéliste, que Marie se retourna, lorsque Jésus lui adressa la parole ? Je pense que lorsqu’elle fit cette question : « Dites-moi où vous l’avez mis ? » elle se tourna vers les anges pour leur demander la cause de leur étonne-ment, et lorsqu’ensuite Jésus-Christ l’appelle par son nom, elle se retourne vers lui, et se découvre à elle par sa parole. — S. Augustin. On peut dire encore qu’en se retournant d’abord extérieurement elle prit Jésus pour un autre, mais lorsqu’elle se tourne vers lui par le mouvement de son cœur, elle le reconnaît pour ce qu’il est. Que personne du reste n’accuse cette femme de donner au jardinier le nom de Seigneur, et à Jésus celui de Maître. Ici, elle adressait une prière, là elle reconnaît, d’un côté elle témoigna des égards à un homme de qui elle attendait un service ; de l’autre, elle reconnaît le docteur qui lui avait appris à faire le discernement des choses humaines et des vérités divines. C’est donc dans un tout autre sens qu’elle prend le nom de Seigneur dans cette phrase : « Ils ont enlevé mon Seigneur, » et dans celte autre : « Seigneur, si vous l’avez, enlevé. »

S. Grég. L’Evangéliste ne nous dit pas ce que fit ensuite Marie-Madeleine, mais nous pouvons facilement le supposer par les paroles que le Sauveur lui adresse : « Jésus lui dit : Ne me touchez point, » et qui prouvent qu’elle voulait embrasser les pieds de celui qu’elle venait de reconnaître. Mais pourquoi ne veut-il point qu’elle le touche ? Il en donne la raison : « Car je ne suis pas encore remonté vers mon Père. » — S. Augustin. Mais si on ne peut le toucher alors qu’il est sur la terre, comment les hommes pourront-ils le toucher lorsqu’il sera remonté dans le ciel ? D’ailleurs, avant de remonter dans le ciel, n’a-t-il pas engagé lui-même ses disciples à le toucher, en leur disant : « Touchez et voyez qu’un esprit n’a ni chair ni os, » ainsi que le rapporte saint Luc. (Lc 24) Or, qui donc oserait pousser l’absurdité jusqu’à dire qu’à la vérité il a consenti à être touché par ses disciples avant de remonter vers son Père, mais qu’il n’a voulu être touché par des femmes que lorsqu’il serait remonté dans le ciel ? Mais ne voyons-nous pas que les femmes elles-mêmes, parmi lesquelles était Marie-Madeleine, ont touché le corps du Sauveur après sa résurrection, avant qu’il fut remonté vers son Père, comme le raconte saint Matthieu : « Et voilà que Jésus se présenta devant elles et leur dit : Je vous salue. Elles s’approchèrent, et, embrassant ses pieds, elles l’adorèrent. » (Mt 28, 8.) Il faut donc entendre cette défense dans ce sens que Marie-Madeleine était la figure de l’Eglise des Gentils, qui n’a cru en Jésus-Christ que lorsqu’il fut remonté vers son Père. On peut dire encore que Jésus a voulu que la foi qu’on avait en lui, foi par laquelle on le touche spirituellement, allait jusqu’à croire que son Père et lui ne faisaient qu’un. Car celui qui a fait en lui d’assez grands progrès pour reconnaître qu’il est égal à son Père, monte en quelque manière jusqu’au Père par les sentiments intérieurs de son âme. Comment, en effet, la foi de Madeleine en Jésus-Christ n’aurait-elle pas été charnelle, puisqu’elle ne le pleurait encore que comme un homme ? — S. Augustin. (de la Trin., 1, 9.) Le toucher est comme le dernier degré de la connaissance ; aussi Jésus ne voulait pas qu’il fût comme le dernier terme de l’affection si vive de Marie-Madeleine pour lui, et que sa pensée s’arrêtât à ce qui frappait ses regards.

S. Chrys. Ou bien encore, cette femme voulait dans ses rapports avec le Sauveur, se conduire comme avant sa passion, et la joie qu’elle éprouvait, fermait son esprit à toute pensée élevée, bien que le corps de Jésus-Christ fût revêtu de propriétés bien supérieures depuis sa résurrection. C’est donc pour la détourner de ces pensées trop naturelles, qu’il lui dit : « Ne me touchez point ; » il veut ainsi qu’elle apprenne à lui parler avec une moins grande familiarité ; c’est pour la même raison que ses rapports avec ses disciples ne sont plus les mêmes qu’avant sa passion, afin qu’ils aient pour lui une plus grande vénération. Ces paroles : « Je ne suis pas encore monté vers mon Père, » indiquent qu’il se hâte de se rendre au plus tôt vers lui. Or, il ne fallait plus voir et traiter de la même manière celui qui devait bientôt se rendre dans les cieux et cesser tout rapport extérieur avec les hommes, et c’est ce qu’il veut faire entendre, en ajoutant : « Allez à mes frères, et dites-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » — S. Hil. (de la Trin., 11) Parmi tant d’autres impiétés, les hérétiques prétendent s’appuyer sur ces paroles du Seigneur, pour soutenir que son Père étant le Père de ses disciples, et son Dieu leur Dieu, il n’est pas Dieu lui-même. Ils ne réfléchissent pas qu’il a pris la nature du serviteur, tout en conservant la nature divine. Or, puisque c’est dans la forme de serviteur que Jésus-Christ s’adresse à des hommes, nul doute qu’à ne considérer que sa nature humaine et la forme d’esclave dont il s’est revêtu, son Père ne soit aussi leur Père, et son Dieu leur Dieu. Il s’exprime encore de la même manière lorsqu’il leur dit en commençant : « Allez à mes frères. » Ils sont les frères de Dieu selon la chair, car en tant que Fils unique de Dieu, il n’a point de frères. — S. Augustin. Remarquez d’ailleurs que Jésus ne dit point : Notre Père, mais : « Mon Père, et votre Père. » Il est donc mon Père dans un autre sens qu’il est le vôtre ; il est mon Père par nature, il est le vôtre par grâce. Il ne dit pas non plus : Notre Dieu, mais : « Mon Dieu, » auquel je suis inférieur comme homme, et : «Votre Dieu, » et je suis le médiateur entre vous et lui.

S. Augustin. (de l’accord des Evang., 3, 24.) Madeleine sortit alors du tombeau, c’est-à-dire, du jardin qui entourait le tombeau creusé dans le roc. Avec elle sortirent les autres femmes que saint Marc nous représente saisies de crainte et d’effroi, et toutes gardent un profond silence. Marie-Madeleine, poursuit l’Evangéliste, vint trouver les disciples et leur dit : « J’ai vu le Seigneur, et il m’a dit cela. » — S. Grég. Le crime du genre humain est effacé dans les mômes circonstances où il a été commis, c’est dans un jardin que la femme a communiqué la mort à l’homme, c’est en sortant d’un sépulcre qu’une femme vient annoncer la vie aux hommes, et celle qui s’était rendu l’organe des paroles de mort du serpent, rapporte aujourd’hui les paroles du souverain auteur de la vie.

S. Augustin. (de l’accord des Evang., 3, 24.) D’après le récit de saint Matthieu, c’est alors que Madeleine revenait avec les autres femmes, que Jésus se présenta devant elles et leur dit : « Je vous salue. » Il faut conclure de là que les anges aussi bien que le Sauveur, parlèrent aux pieuses femmes, lorsqu’elles allèrent au tombeau, à deux reprises différentes ; une première fois lorsque Marie prit Jésus pour le jardinier, et une seconde fois, lorsqu’il se présenta de nouveau devant elles pour les affermir par cette double apparition ; c’est donc alors que Marie-Madeleine, non pas seule, mais avec les autres femmes dont parle saint Luc, vint annoncer cette nouvelle aux disciples.

Bède. (sur S. Matth., 27) Dans le sens allégorique ou tropologique, Jésus se présente à tous ceux qui commencent à marcher dans le chemin des vertus, et il les salue en leur donnant les secours nécessaires pour arriver au salut éternel. Les deux femmes qui portent le même nom et qui, animées des mêmes sentiments de piété et d’amour (c’est-à-dire, Marie-Madeleine et l’autre Marie), viennent visiter le tombeau du Sauveur, figurent les deux peuples fidèles, le peuple des Juifs et le peuple des Gentils, qui manifestent le même zèle et le même empressement pour célébrer la passion et la résurrection du Rédempteur. (Sur S. Marc.) C’est avec raison que la femme qui a la première annoncé aux disciples éplorés la joyeuse nouvelle de la résurrection du Sauveur, nous est représentée comme ayant été délivrée de sept démons, c’est-à-dire, de tous les vices ; elle nous apprend ainsi, que nul de ceux dont le repentir est véritable, ne doit désespérer du pardon de ses fautes, en la voyant elle-même élevée à un si haut degré de foi et d’amour, qu’elle est jugée digne d’annoncer aux Apôtres eux-mêmes le miracle de la résurrection. — La glose. Marie-Madeleine qui se montre bien plus empressée que tous les autres d’aller voir le tombeau de Jésus-Christ, représente toute âme qui désire vivement connaître la vérité divine, et qui mérite ainsi d’obtenir cette connaissance. Mais elle doit alors faire connaître aux autres la vérité qui lui a été révélée, à l’exemple de Madeleine, qui annonce la résurrection aux disciples, pour éviter la juste condamnation d’avoir tenu caché son talent. (Sur S. Marc.) Il ne vous est pas permis de renfermer cette joie dans le secret de votre cœur, mais vous devez la faire partager à ceux qui partagent votre amour. Dans le sens allégorique, Marie qui signifie maîtresse, illuminée, illuminatrice, étoile de la mer, est la figure de l’Eglise. Elle s’appelle aussi Madeleine, c’est-à-dire, élevée comme une tour, car le mot Magdal, eu hébreu, a la même signification que le mot turris en latin. Or, ce nom qui est dérivé du mot tour, convient parfaitement à l’Eglise, dont il est dit dans le Psaume 60 : « Vous êtes devenu pour moi une forte tour contre l’ennemi. » L’exemple de Marie-Madeleine, annonçant la résurrection de Jésus-Christ aux disciples, nous avertit tous et surtout ceux à qui a été confié le ministère de la parole, de transmettre soigneusement à notre prochain ce que nous avons reçu nous-mêmes par révélation divine.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

Plan du site    |    Contact    |    Liens    |    Chapelle