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Jn  18  10-11

S. Chrys. (hom. 83 sur S. Jean.) Pierre, plein de confiance dans ce que le Sauveur venait de dire, et dans le prodige qu’il avait opéré, se met en défense contre ceux qui étaient venus pour se saisir de Jésus : « Alors Simon-Pierre qui avait une épée, la tira, » etc. Mais comment celui à qui Jésus avait commande de n’avoir ni bourse ni deux vêtements, peut-il avoir un glaive ? Je crois qu’il s’était depuis longtemps muni de ce glaive dans la prévision des dangers qu’il redoutait. — Théophile. Ou bien ce glaive était celui qui avait servi pour découper l’agneau, et que Pierre avait conservé après la cène. — S. Chrys. Mais comment encore celui à qui le Sauveur avait défendu de donner un soufflet, se rend-il homicide ? Jésus lui avait défendu toute vengeance personnelle, mais ici ce n’est point lui, mais son maître qu’il cherche à venger, d’ailleurs les Apôtres n’étaient pas encore parfaits, mais nous verrons plus tard Pierre se laisser frapper sans faire aucune résistance. Ce n’est pas sans raison que l’Evangéliste remarque qu’il coupa l’oreille droite de ce serviteur ; il fait ainsi ressortir l’impétuosité de l’Apôtre, qui s’attaque tout d’abord à la tête de cet homme.

S. Augustin. (Traité 112 sur S. Jean.) L’évangéliste saint Jean est le seul qui nous ait conservé le nom de cet homme : « Et cet homme s’appelait Malchus ; » comme saint Luc est le seul qui rapporte que le Seigneur toucha son oreille et la guérit. — S. Chrys. Jésus fait ici un second miracle, et il nous apprend ainsi à faire du bien à ceux qui nous font du mal, en même temps qu’il donne un nouveau témoignage de sa puissance. L’Evangéliste donne le nom de cet homme, pour permettre à ceux qui liraient son récit, de vérifier si ce fait était vrai. Il ajoute qu’il était le serviteur du grand-prêtre, pour faire ressortir l’excessive bonté du Sauveur, qui guérit cet homme, et un homme qui venait se saisir de lui, et qui devait bientôt lui donner un soufflet. — S. Augustin. Malchus veut dire qui doit régner ; que signifie donc l’oreille coupée pour la défense du Seigneur, et que le Seigneur guérit lui-même ? Elle est la figure du sens de l’ouïe qui est renouvelé après que tout ce qui appartenait au vieil homme a été retranché, afin qu’il serve Dieu dans la nouveauté de l’esprit et non dans la vieillesse de la lettre. (Rm 7, 6.) Or, qui peut douter que celui qui a reçu cette grâce de Jésus-Christ, doive un jour régner avec Jésus-Christ ? C’est un serviteur qui est l’objet de ce miracle, et il est la figure de l’ancienne loi qui n’engendrait que des esclaves, mais lorsqu’il a été guéri, il devient la ligure de la liberté spirituelle. (Ga 4, 24-26.) — Théophile. L’oreille droite coupée au serviteur du prince des prêtres, est le symbole de la surdité des Juifs, surdité qui régnait surtout dans les princes des prêtres, et la guérison de cette oreille, signifie que l’intelligence sera rendue aux Juifs dans les derniers temps, lors de l’avènement d’Elie.

S. Augustin. Le Sauveur désapprouva l’action de son disciple, et lui détendit d’aller plus loin : « Jésus dit à Pierre : Remets ton épée dans le fourreau. » Il voulait ainsi lui enseigner la patience, et en même temps que ce fait fût écrit pour notre instruction. — S. Chrys. Ce n’est point seulement en le menaçant que Jésus réprime le zèle de Pierre (comme saint Matthieu le rapporte) ; mais il lui donne un autre motif plus propre à le consoler : « Ne boirai-je donc point le calice que mon Père m’a donné ? » Nouvelle preuve que ce qui arrivait ne devait pas être attribué à la puissance de ses ennemis, mais à sa permission, et que loin d’être opposé à son Père, il lui obéissait jusqu’à la mort. — Théophile. Il se sert de la comparaison du calice pour montrer combien la mort qu’il allait souffrir pour le salut des hommes, lui souriait comme l’objet de ses plus vifs désirs. — S. Augustin. Il déclare que son Père lui a donné à boire le calice de sa passion dans le sens de ces paroles de l’Apôtre : « Il n’a pas épargné son propre Fils, » (Rm 8) mais il l’a livré pour nous tous, cependant celui qui doit boire ce calice en est lui-même l’auteur, suivant ces paroles du même Apôtre : « Jésus-Christ nous a aimés, et s’est livré lui-même peur nous. » (Ep 5)

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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