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ONZIÈME CONSIDÉRATION

Le prix du temps

« Mon fils, ménage le temps »
(Ecclésiastique 4, 23)

Premier point

Mon fils, dit l’Esprit Saint, sois attentif à ménager le temps : à nous qui vivons en ce monde Dieu ne peut pas accorder une chose plus précieuse, ni faire un don plus considérable. Les païens eux-mêmes savaient ce que vaut le temps ; et Sénèque (Sénèque, De brevitate vitae, c. 8, 1) entre autres déclarait que le temps vaut à lui seul plus que tout le reste, qu’il est hors de prix. Mais les saints ont bien mieux connu et plus hautement estimé le prix du temps. « Chaque minute, dit saint Bernardin de Sienne, vaut autant que Dieu ; car à chaque instant bien employé c’est Dieu lui-même dont on assure la possession, attendu qu’à chaque instant l’homme peut, par un acte de contrition ou d’amour, acheter la divine grâce et la gloire éternelle » (S. Bernardin de Sienne, Quadragesimale de christiana religione, sermon 13, art. 3, c. 4, Opera, t. 1, Quaracchi, 1950, p. 153).

Le temps, ce grand trésor ne se trouve que dans cette vie. On ne le trouve pas dans l’autre, pas plus en enfer qu’au ciel. Dans l’enfer, les damnés se disent en gémissant : « Ah ! Si nous avions encore un peu de temps ». Que ne donneraient-ils pas pour avoir seulement une heure, afin d’être à même de réparer leur malheur ? Mais jamais ils n’obtiendront cette heure. Dans le ciel on ne connaît pas les regrets, mais si, par impossible, les Bienheureux concevaient jamais ce regret, ce serait uniquement de ne pouvoir plus rentrer en possession de tout le temps qu’ils ont perdu pendant la vie et dont le bon usage leur aurait mérité une plus grande gloire. Une religieuse bénédictine (P. De Barry, Trattenimenti di Filagia…, tr. 48, Bologne (s. d.), p. 502-503), après sa mort, apparut toute brillante de gloire à l’une de ses amies, et lui dit qu’elle se trouvait au comble du bonheur, mais que, si elle pouvait encore former un désir, ce serait uniquement de retourner sur la terre et de recommencer à souffrir, afin de mériter une augmentation de gloire. Bien plus, ajouta-t-elle, j’endurerais volontiers jusqu’au jour du jugement général toutes les cruelles souffrances qui ont précédé ma mort, et cela pour obtenir seulement la félicité correspondante au mérite d’un Ave Maria.

Eh bien, mon cher frère, quel usage faites-vous du temps ? Pourquoi remettre sans cesse au lendemain ce que vous pouvez faire aujourd’hui ? Pensez-y bien : le passé s’est évanoui et il ne vous appartient plus ; l’avenir ne se trouve pas encore en votre pouvoir ; seul le présent est à vous pour l’employer à faire le bien. « Malheureux, dit saint Bernard, pourquoi compter sur l’avenir, comme si le Père céleste avait mis en votre puissance tous les temps et tous les moments ? » (S. Bernard de Clairvaux (plutôt Geoffroy d’Auxerre selon Glorieux, n. 184), Declamationes de colloquio Simonis cum Iesu, c. 44, n. 5, PL 184-465. Les textes sont extraits des sermons de saint Bernard ; Geoffroy en est le compilateur). Eh quoi ! Dit également saint Augustin (S. Augustin, Sur le Psaume 38, n. 7, PL 36, 419 (Vivès, t. 12, p. 242), vous comptez sur un jour, vous qui n’êtes pas sûr d’une heure. Oui, comment pouvez-vous vous promettre la journée de demain, vous qui ne savez même pas s’il vous est encore réservé une heure de vie ? Si donc, conclut sainte Thérèse (S. Thérèse d’Avila, Avis, 68 : « Rappelle-toi que tu n’as qu’une âme, que tu ne mourras qu’une fois, que tu n’as qu’une vie brève, une seule, qui t’est particulière, qu’il n’y a qu’un ciel, éternel celui-là, et tu renonceras à beaucoup de choses » (MA, p. 1054), vous ne vous tenez pas prêt à mourir aujourd’hui même, craignez de faire une mauvaise mort.

Affections et prières

O mon Dieu, je vous remercie de me donner le temps nécessaire pour réparer les désordres de ma vie passée. Si je venais maintenant à mourir, l’un de mes plus grands chagrins serait de penser au temps que j’ai perdu. Mon bien-aimé Sauveur, vous m’aviez donné le temps pour vous aimer, et moi je m’en suis servi pour vous offenser. Je méritais d’être précipité en enfer au même instant où, pour la première fois, je vous trahissais, mais vous m’avez appelé à la pénitence et vous m’avez pardonné. Je vous ai promis ensuite de ne plus vous offenser. Mais combien de fois n’ai-je pas recommencé à vous injurier ! Cependant vous m’avez de nouveau pardonné. Bénie soit éternellement votre miséricorde. En vérité, si elle n’était infinie, comment aurait-elle pu me supporter ? Non ; il n’y avait que vous pour me traiter avec tant de patience. Quel malheur d’avoir offensé un Dieu si bon ! Mon bien-aimé Sauveur, la patience dont vous avez usé envers moi devrait suffire pour m’enflammer de votre amour. De grâce, ne permettez pas que je persévère dans mon ingratitude envers vous, qui m’avez témoigné tant d’amour. Non, mon Dieu, ce temps qui m’est accordé pour réparer mes torts, je ne veux pas le perdre ; mais je veux l’employer entièrement à vous aimer. Donnez-moi la sainte persévérance. Je vous aime, ô Bonté infinie ; et j’espère vous aimer durant toute l’éternité.

O Marie, soyez bénie ; car vous avez, par vos prières, obtenu qu’il me fût encore donné du temps. Maintenant donc assistez-moi, afin que je l’emploie tout entier à aimer votre divin Fils, mon Rédempteur, et vous aussi, ma Reine et ma mère.

Deuxième point

Il n’y a rien de plus précieux que le temps ; mais il n’y a rien non plus dont les mondains fassent moins de cas et qu’ils méprisent davantage. « Rien de plus précieux que le temps, dit saint Bernard ; et, ajoute-t-il en gémissant, rien de moins estimé ». « Ah ! S’écrie-t-il encore, les jours de salut disparaissent les uns après les autres ; et on n’y pense pas et personne ne réfléchit qu’ils s’en vont pour ne plus revenir » (S. Bernard de Clairvaux (plutôt Geoffroy d’Auxerre selon Glorieux, n. 184), Declamationes de colloquio Simonis cum Iesu, c. 44, n. 5, PL 184, 465). Voyez ce joueur, qui passe ses jours et ses nuits à perdre le temps au jeu ; si vous lui dites : que faites-vous ? Il répond : nous passons le temps. Voyez ce désoeuvré qui reste des heures entières dans la rue à regarder les passants ou bien à tenir des propos obscènes ou tout au moins à parler de choses inutiles ; si vous lui dites à lui aussi : que faites-vous ? Il répond également : je passe le temps. Pauvres aveugles ! Que de jours ils perdent ; et de tout les jours perdus pas un ne reviendra !

O temps, les mondains te méprisent maintenant ; mais à l’approche de la mort, tu seras la chose qu’ils désireront le plus vivement ! Alors ils demanderont une année encore, un mois, un jour ; mais ils ne l’obtiendront pas ; et pour toute réponse il sera dit : « Il n’y aura plus de temps » (Apocalypse 10, 6). Que ne donneraient-ils pas pour avoir une semaine, un jour encore, afin de mettre ordre aux affaires de leur conscience ? Que dis-je ? Pour obtenir seulement une heure, dit saint Laurent Justinien (S. Laurent Justinien, De vita solitaria, c. 10, Opera, Venise, 1721, p. 406), ils sacrifieraient tout : richesses, dignités, plaisirs. Mais cette heure leur sera refusée. Partez, dira le prêtre debout près de leur lit de mort, hâtez-vous de quitter ce monde ; car pour vous il n’y a plus de temps.

Le sage nous exhorte en conséquence à nous souvenir de Dieu et à recouvrer sa sainte grâce avant que la lumière disparaisse. « Souviens-toi de ton Créateur avant que le soleil s’obscurcisse et te retire sa lumière » (Ecclésiastique 12, 1). Quelle désolation n’éprouve pas le voyageur qui, s’étant trompé de route, s’en aperçoit, quand les ténèbres de la nuit l’enveloppent et lorsqu’il ne peut plus rebrousser chemin ! Telle sera sur son lit de mort, la désolation de celui qui aura passé passé de longues années en ce monde sans les employer pour Dieu. « La nuit vient, pendant laquelle personne ne peut travailler » (Jean 9, 4). Cette nuit, c’est le temps de la mort ; et de ce fait, il sera impossible de rien faire alors. Que dis-je ? « Voici, dit le prophète, que le Seigneur appelle le temps contre moi » (Lamentations 1, 15). Alors devant la conscience de ce pauvre moribond se présentent toutes les années qui lui furent accordées et qu’il employa de manière à perdre son âme ; tant de lumières, tant de grâces qu’il avait reçues de Dieu pour se sanctifier et dont il n’a pas voulu profiter ; puis, il se verra dans l’impossibilité de faire encore le moindre bien ; et enfin, gémissant et se désolant : Insensé que j’ai été, dira-t-il à lui même, oh ! Temps perdu ! Perdue également toute ma vie ! Perdues toutes ces années où je pouvais me sanctifier ! Et je ne me suis pas sanctifié et maintenant il n’est plus temps de le faire ! Mais de quoi lui serviront ces regrets et ces lamentations à cette heure, où la scène du monde va finir, la lampe jeter sa dernière lueur et le moribond toucher à ce grand moment qui décide de l’éternité ?

Affections et prières

Mon Jésus, vous avez employé toute votre vie pour sauver mon âme ; et il n’y a pas dans toute votre existence un seul moment où vous ne vous soyez pas offert pour moi à votre Père céleste, afin de m’obtenir le pardon de mes péchés et le salut éternel. Et moi, de toutes les années que j’ai déjà passées sur la terre, combien en ai-je employées pour vous ? Hélas, quand je repasse ma vie, tous mes souvenirs se changent en autant de remords de conscience. Oui, j’ai tant commis de péchés et j’ai fait si peu de bien, et encore dans ce peu de bien je ne vois qu’imperfections et tiédeur, amour-propre et distractions. Je perdais de vue tout ce que vous avez fait pour moi, ô mon bien-aimé Rédempteur ; et voilà la cause de tout mon malheur. Mais, si moi je vous oubliais, vous, ô mon Jésus, vous ne m’oubliiez pas ; et tandis que je vous fuyais, vous me poursuiviez et combien de fois ne m’avez-vous pas appelé à votre amour ! Me voici, ô mon Jésus ; je ne veux plus résister. Aussi bien, qu’est-ce que je veux attendre ? Je me repens, ô mon souverain Bien, de m’être séparé de vous par le péché. Je vous aime, ô Bonté infinie, digne d’amour infini. De grâce, ne permettez pas que je continue à dissiper ce précieux trésor du temps, dont je ne suis redevable qu’à votre miséricorde. Toujours, ô mon bien-aimé Sauveur, rappelez-moi l’amour que vous m’avez porté et les souffrances que vous avez endurées pour moi ; en même temps faites que j’oublie toutes choses, afin que désormais je pense uniquement à vous aimer et à vous plaire. Je vous aime, ô Jésus, mon amour, mon tout ! Je vous promets de ne jamais penser à vous, sans faire des actes d’amour. Accordez-moi la sainte persévérance. Je place toute mes espérances dans les mérites de votre sang.

Je les place également dans votre intercession, ô Marie, ma bien-aimée Mère.

Troisième point

« Marchez pendant que vous avez la lumière » (Jean 12, 35). Nous devons marcher dans la voie des commandements de Dieu, maintenant que la lumière brille devant nous ; car à la mort il fait nuit et il ne s’agit pas alors de se préparer, mais de se trouver prêt. « Soyez prêts », dit le Seigneur (Luc 12, 40). Impossible, à l’approche de la mort, de rien faire ; alors ce qui est fait est fait. O Dieu ! Si l’on venait annoncer à un homme qu’il sera bientôt engagé dans un procès d’où dépendra toute sa fortune et même sa vie, quelles peines ne se donnerait-il pas pour trouver un bon avocat, pour démontrer aux juges la justice de sa cause et pour se les rendre favorables ! Et nous, que faisons-nous ? Nous savons, à n’en pouvoir douter, que bientôt, peut-être même dans un instant, va se débattre la cause de notre éternité ; et nous perdons le temps !

Mais, dira quelqu’un, je suis jeune ; plus tard je me donnerai à Dieu. Je lui réponds : Rappelez-vous le figuier que le Seigneur a maudit, parce qu’il n’y trouva pas de fruits ; et pourtant, comme le fait remarquer l’Évangéliste, « ce n’était pas la saison des figues » (Marc 11,13). Par là, Jésus Christ a voulu nous apprendre que l’homme doit en tout temps, même dans sa jeunesse, produire des fruits, c’est-à-dire des bonnes oeuvres ; autrement il sera maudit ; et, le frappant de stérilité, Dieu lui dira : Personne ne viendra désormais goûter de ton fruit. De même donc le Rédempteur a maudit cet arbre, ainsi il maudit toute âme qu’il appelle et qui lui résiste. Chose étonnante ! Le démon trouve bien court tout le temps de notre vie ; aussi, pour nous tenter, ne perd-il pas une minute. « Le démon est descendu vers nous, plein d’une grande colère, sachant qu’il n’a que peu de temps » (Apocalypse 12, 12). Et pendant que l’ennemi, pour nous perdre, ne perd rien du temps qu’il a devant lui, nous perdons le temps que nous avons pour nous sauver.

Un autre dira : Quel mal est-ce que je fais ? -- Et n’est-ce donc pas un mal de passer le temps au jeu, en des conversations inutiles et sans profit pour l’âme ? Est-ce que par hasard Dieu vous donne le temps, pour que vous le perdiez ? « Non, vous dit l’Esprit Saint, ne laisse rien, absolument rien, se perdre d’un trésor si précieux » (Ecclésiastique 14, 14). Ces ouvriers, dont parle saint Matthieu, ne faisaient rien de mal ; ils perdaient seulement leur temps. Néanmoins le maître de la vigne leur dit sur le ton du reproche : « Pourquoi êtes-vous là tout le jour sans rien faire » (Matthieu 20, 6) ? Au jour du jugement Jésus Christ nous demandera compte de chaque parole oiseuse. C’est perdre son temps de ne pas l’employer pour Dieu. « Regardez comme perdu, dit saint Bernard, tout le temps que vous passez sans avoir Dieu en vue » (S. Bernard de Clairvaux (plutôt Hugues de Saint-Victor ou un auteur inconnu, selon Glorieux, n. 184), Méditations pieuses…, ch. 6, n. 18, PL 184-498). De là, cette exhortation que vous adresse le Seigneur : « Tout ce que peut faire ta main, fais-le promptement, parce que dans la tombe où tu descends, il n’y aura plus ni oeuvre ni habileté » (Ecclésiaste 9, 10). Un religieuse carmélite, la Vénérable Mère Jeanne de la Sainte Trinité (François de la Croix, Disinganni per vivere e morire bene, t. 1, Naples, 1687, p. 453), disait que, dans la vie des saints, il n’y a pas de lendemain ; il n’y en a que dans la vie des pécheurs. Plus tard, ne cessent-ils de dire, plus tard ; et ainsi arrivent-ils à la mort. « C’est maintenant le temps favorable » dit l’apôtre (2 Corinthiens 6, 2). « Aujourd’hui, dit aussi le Psalmiste, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos coeurs » (Psaume 94, 8). Dieu vous invite à faire le bien aujourd’hui ; car il se peut que demain le temps vous fasse défaut ou que Dieu ne vous appelle plus.

Si, par le passé, vous avez employé le temps à offenser Dieu, ne manquez pas de déplorer votre malheur pendant tout le reste de votre vie ; et, comme le roi Ezéchias, dites : « Devant vous, Seigneur, je repasserai toutes mes années, dans l’amertume de mon âme » (Isaïe 38, 15). Dieu vous laisse vivre pour vous donner l’occasion de réparer toutes les pertes de temps que vous avez faites par le passé. « Oui, dit saint Paul, rachetez le temps, parce que les jours sont mauvais » (Ephésiens 5, 16). Sur quoi saint Anselme observe que racheter le temps c’est faire le bien qu’on a négligé de faire (Hervé de Bourg-Dieu, Commentaires sur l’épître aux Ephésiens, 5, 16, PL 181, 1264. Ce commentaire était édité autrefois sous le nom de S. Anselme). Saint Paul fut appelé par Notre Seigneur après tous les autres Apôtres, et cependant il parvint à la première place, grâce aux mérites que lui valurent ses travaux ; et, comme dit saint Jérôme (S. Jérôme, Lettre 58, à Paulin, n. 1, PL 22, 580), le dernier dans l’ordre de vocation, il devint le premier en mérites, parce qu’il travailla plus que les autres. A défaut d’autre motif, pensons qu’à chaque instant nous pouvons nous enrichir de plus en plus pour le ciel. Si l’on vous cédait en propriété tout le terrain que vous parviendriez à parcourir en une journée, ou tout l’argent que vous pourriez compter dans l’espace de vingt-quatre heures, avec quelle ardeur vous vous mettriez à l’oeuvre ! Voici que vous pouvez à chaque instant acquérir des trésors éternels, et vous avez le coeur de perdre votre temps. Ne dites pas : ce que je puis faire aujourd’hui, je pourrai le faire demain ; car en attendant demain, le jour présent sera perdu pour vous et ne reviendra plus. Quand on parlait devant saint François de Borgia des choses du monde, il élevait son coeur vers Dieu et s’entretenait en de pieuses affections, de sorte que, prié de dire son sentiment, il ne savait que répondre. Un jour qu’on lui en faisait des reproches : « J’aime mieux, reprit-il, passer pour un homme sans esprit que de perdre mon temps » (Bollandistes, Acta Sanctorum, t. 53 (10 octobre), Paris, 1868, p. 284).

Affections et prières

Non, mon Dieu, non, je ne veux plus perdre le temps que vous me donnez dans votre miséricorde. A l’heure qu’il est, je devrais me trouver dans l’enfer, en proie à un affreux et stérile désespoir. Soyez béni de m’avoir conservé la vie ; je ne veux donc plus vivre désormais que pour vous ; oui, pour vous seul. Si je me trouvais maintenant dans l’enfer, je pleurerais, mais ce serait en vain et sans aucun espoir. Je veux pleurer toutes les offenses dont je me suis rendu coupable contre vous ; et si je les pleure, je suis certain que vous me les pardonnerez ; car, ainsi que l’assure votre prophète, « celui qui pleure ne pleurera pas inutilement et dans votre bonté vous en aurez pitié » (Isaïe 30, 19). Si je me trouvais dans l’enfer, je ne pourrais plus vous aimer ; mais maintenant je vous aime et j’espère ne plus cesser un seul jour de vous aimer. Si je me trouvais dans l’enfer, je ne pourrais plus vous demander vos grâces ; mais maintenant je vous entends me dire : « Demandez et vous recevrez » (Jean 16, 24). Puis donc que j’ai encore le temps de vous demander vos grâces, en voici deux que je vous prie de m’accorder, ô Dieu de mon âme : Donnez-moi la persévérance dans votre grâce ; donnez-moi votre amour ; et puis, faites de moi tout ce qu’il vous plaît. Faites que je ne cesse plus, tout le temps qu’il me reste à vivre, d’implorer votre secours, ô mon Jésus, en vous disant à chaque instant : Seigneur, aidez-moi, Seigneur ayez pitié de moi ! Seigneur, ne permettez pas que je vous offense encore ; mais faites que je vous aime.

Très sainte Vierge Marie, ma Mère, obtenez-moi la grâce de me recommander toujours à Dieu et de lui demander sans cesse la persévérance ainsi que son saint amour.

Saint Alphonse de Liguori, Préparation à la mort, 1758. Texte numérisé par Jean-Marie W. (jesusmarie.com).

 

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