Accueil  >  Bibliothèque  >  Préparation à la mort  >  Avant-propos qu’il est nécessaire de lire

Avant-propos qu’il est nécessaire de lire

Certaines personnes m’ont exprimé le désir d’avoir de ma main un livre de considérations sur les vérités éternelles à l’usage des âmes soucieuses de s’affermir dans leurs bonnes résolutions et d’avancer dans la vie spirituelle. D’autres m’ont demandé un recueil de matériaux pour la prédication pendant les missions et durant les Exercices spirituels. Pour ne point multiplier livres, travaux et frais, j’ai donc écrit le présent ouvrage, tel qu’on peut le lire, dans l’espoir qu’il pourra répondre aux voeux de tous. Afin que les laïcs puissent s’en servir pour leurs méditations, j’ai divisé chaque Considération en trois points. Chaque point forme une méditation. C’est la raison pour laquelle à chacun de ces points j’ajoute toujours des « Affections et prières ». Je conjure le lecteur de ne point trouver fastidieux que, dans ces prières, on en vienne sans cesse à demander la grâce de la persévérance et de l’amour de Dieu, car ce sont là les deux grâces les plus nécessaires pour obtenir le salut éternel.

La grâce de l’amour de Dieu est cette grâce, dit saint François de Sales (S. François de Sales, Entretiens spirituels, Sixième entretien : « Pour ce qui est des vertus, nous les pouvons et devons désirer et demander à Dieu ; l’amour de Dieu les comprend toutes ». La référence est celle de l’édition d’Annecy, t. 6, 1895, p. 93. Dans l’édition de la Pléiade, le texte se trouve dans les Variantes des Entretiens spirituels Seizième entretien (RVP, p. 1629), qui renferme à elle seule toutes les autres parce que l’amour de Dieu est une vertu qui porte en elle toutes les autres grâces : « Avec la sagesse, tous les biens sont venus vers moi » (Sagesse 6, 11). Celui qui aime Dieu est humble, chaste, obéissant, mortifié. Bref, il a toutes les vertus. « Ama et fac quod vis » disait saint Augustin : « Aime Dieu et fais ce que tu veux » (S. Augustin, Sur l’épître de saint Jean, traité 7, n. 8, PL 35, 2033 : « Une fois pour toutes t’est donc donné ce court précepte : Aime et fais ce que tu veux ; si tu te tais, tais-toi par amour ; si tu parles, parle par amour ; si tu corriges, corrige par amour ; si tu pardonnes, pardonne par amour ; aie au fond du coeur la racine de l’amour : de cette racine ne peut rien sortir que de bon » (SC 75, trad. P. Agaësse, p. 329). Car celui qui aime Dieu aura toujours soin d’éviter ce qui déplaît au Seigneur ; et toujours il aura soin de lui complaire en tout.

Viens ensuite la grâce de la persévérance, celle qui nous fait obtenir la couronne éternelle. Saint Bernard dit que le ciel est promis à ceux qui s’engagent dans la vie chrétienne ; mais ils ne l’obtiennent qu’après avoir persévéré : « Promise à ceux qui commencent bien, la récompense est accordée à ceux qui persévèrent » (S. Bernard de Clairvaux (plutôt Thomas de Froidmont, selon Glorieux, n. 184), De modo bene vivendi ad sororem, § 6, n. 15, PL 184, 1209). Or cette persévérance, affirment les saints Pères, personne ne la reçoit à moins de la demander. De là, comme l’écrit saint Thomas d’Aquin, la nécessité d’une prière continuelle pour entrer au ciel : « Après le baptême, pour que l’homme entre au ciel, la prière continuelle lui est nécessaire » (S. Thomas d’Aquin, Somme théologique, IIIa, qu. 39, art. 5.c (RJ, trad. P. Synave, p. 172). Avant lui, le Sauveur l’avait déjà dit : « Il faut toujours prier et ne jamais se lasser » (Luc 18, 1). Voilà pourquoi tant de malheureux pécheurs, après avoir obtenu leur pardon, ne se maintiennent pas dans la grâce de Dieu. Nul doute qu’ils n’aient reçu le pardon ; mais parce qu’ils négligent ensuite de demander à Dieu la persévérance, surtout au moment de la tentation, ils retombent dans leurs péchés. Certes la grâce de la persévérance est une grâce toute gratuite et nous ne pouvons la mériter par nos bonnes oeuvres ; néanmoins, dit le père Suarez, on l’obtient infailliblement par la prière (F. Suarez, De divina gratia, lib. 12, c. 38, n. 16, Opera, t. 8, Venise, 1741, p. 538). Bien avant lui, saint Augustin, pour nous apprendre également que la grâce de la persévérance est attachée à la prière, avait déjà dit : « Ce don de Dieu peut se mériter par la prière, c’est-à-dire qu’on l’obtient à force de demande » (S. Augustin, Le don de la persévérance, ch. 6, n. 10, PL 45, 999 : « Ce don de Dieu peut donc être mérité en priant » (BA, t. 24, trad. J. Chéné et J. Pintard, p. 621) Les derniers mots ne sont pas de S. Augustin, mais avaient été ajoutés au texte par L. Habert dans son livre de Théologie morale que S. Alphonse cite de bonne foi).

Cette nécessité de la prière, je l’ai démontrée longuement dans un petit livre intitulé : Le Grand moyen de la Prière (Le « petit livre » sur la Prière parut en 1759, un an après la Préparation à la mort. Le 31 décembre 1758, S. Alphonse écrivait à Remondini, son imprimeur de Venise : « Je ne vous l’envoie pas maintenant (La préparation à la mort) parce que je me propose de vous l’envoyer en même temps que le livre sur la Prière, qui n’est pas encore imprimé (à Naples) mais est déjà sous presse » (Lettere, t. 3, Rome, 1890, p. 84). En traduction française, cet ouvrage est publié aux éditions Saint-Paul. Le Grand Moyen de la Prière. Collection des Oeuvres spirituelles de S. Alphonse de Liguori, Versailles, 1998). Ce livre, si petit soit-il, m’a cependant coûté beaucoup de travail. Outre qu’il est d’un prix modique, je le regarde comme souverainement utile à toutes sortes de personnes. Et même, je le déclare en toute assurance, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir un seul traité de spiritualité aussi nécessaire que le traité sur la prière pour obtenir le salut éternel.

Afin que les prêtres qui ont peu de livres et peu de loisirs pour étudier, puissent utiliser ces Considérations au point de vue de la prédication, j’y ai mis quantité de textes des Saintes Écritures et de passages empruntés aux saints Pères. Courtes et frappantes, ces citations sont telles qu’il les faut dans la prédication. Enfin, en réunissant les trois points, on remarquera que chaque Considération forme un sermon. Pour atteindre mon double but, je me suis mis à recueillir dans un grand nombre d’auteurs les pensées qui, par leur vivacité, m’ont paru les plus capables de faire impression. Il y en a de plusieurs sortes, toutes exprimées en peu de mots, afin que chacun puisse faire son choix et les développer comme bon lui semblera.

Que tout soit pour la Gloire de Dieu !

Vive Jésus notre amour, et Marie, notre espérance !

Saint Alphonse de Liguori, Préparation à la mort, 1758. Texte numérisé par Jean-Marie W. (jesusmarie.com).

 

Plan du site    |    Contact    |    Liens    |    Chapelle