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20. Les signes des temps

Daria Klanac : Est-ce qu’il y aurait des signes des temps à l’adresse de notre génération afin de la toucher et de la secouer, de lui redonner la joie de vivre et l’espérance, des signes qu’elle n’est pas capable de voir et reconnaître ?

Arnaud Dumouch : Le premier signe, je pense, c’est d’abord de retrouver nous-mêmes l’espérance. Notre génération a la tentation de se désespérer parce qu’elle regarde beaucoup l’extérieur. Il faut qu’elle apprenne à regarder de nouveau de l’intérieur, avec le regard de Dieu qui, lui, a le temps.

Ces jeunes, qui se livrent à des choses vaines, qui sont un petit peu comme dans la parabole de l’enfant prodigue en train de manger ce que les cochons mangent, ces jeunes, Dieu est en train de les sauver. Ils sont au fond du gouffre et le jour où la lumière de Dieu paraîtra, ils l’aimeront peut-être plus que nous-mêmes. Jésus le dit explicitement dans la parabole des ouvriers de la onzième heure.[59] Nous, nous sommes comme les ouvriers qui travaillent à sa vigne tout au long de la journée. Nous connaissons le maître depuis l’enfance, nous l’aimons. Mais nous serons certainement surpris à l’heure de la mort, la onzième heure de la vie, quand nous verrons qu’il appelle tout le monde sans exception et que ces gens-là reçoivent la même récompense que nous : la vie éternelle. Alors, si notre propre cœur est généreux, nous nous réjouirons. À partir du moment où l’on a cette espérance-là, on devient joyeux parce qu’on aime nos frères qui ne connaissent pas le Christ, nos enfants qui se sont détournés de la religion. À partir du moment où on sait que Dieu va proposer le salut à tous ces gens-là, on rayonne du Christ. La joie est communicative, surtout dans un monde tellement angoissé. Si on rayonne de cette pureté, on rayonne de l’Évangile. La vie a un sens, même le silence de Dieu a un sens.

Le retour du baptême, tableau de Louis Le Nain.
Le retour du baptême, par Louis Le Nain.

Il faut reprendre la totalité du message chrétien, dans la fidélité au Magistère en le présentant très simplement. Ce qui ronge l’Occident, c’est une angoisse métaphysique. Si des témoins, par leurs paroles et par leur joie, témoignent de cette espérance du Christ qui va venir, je pense que c’est là le plus grand signe qu’on puisse donner.

Sinon, le Ciel en donne des signes. Dieu continue son travail, dans la joie. Mais il ne faut pas se faire d’illusion : la foi vient par le don de l’Esprit Saint. Quand bien même un mort ressusciterait, dit Jésus[60], ils ne croiraient pas, sauf si l’Esprit Saint vient toucher le cœur de ces personnes angoissées. La meilleure part, c’est que nous priions, que nous suppliions, que nous forcions l’Esprit Saint à revenir dans la génération de nos enfants, qui est vide de sens, mais n’a pas le rejet vaniteux de la génération précédente, et qui pourrait bien être enfin prête à recevoir positivement cet Esprit Saint.

 

59. Mt 20, 1-16. [↩]

60. Lc 16,31. [↩]

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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