24. Annexe

La signification du songe prophétique de saint Jean Bosco
 

Le songe prophétique de saint Jean Bosco.

 

A. Dumouch : Ce songe, fait par saint Jean Bosco vers 1880, au moment où les épreuves de l’Église contre l’humanisme athée étaient au plus fort, est très important.

Saint Jean Bosco a vu l’Église sous forme d’une barque secouée dans tous les sens. Il a vu qu’elle était sauvée par trois colonnes de blancheur, l’Église s’étant placée au cœur de ces trois colonnes qui symbolisant l’Eucharistie, la Vierge Marie et le pape.[73] Je me rends compte vraiment à quel point ce rêve est vrai et prophétique. Je dirais même qu’il est la clé, à savoir que dans l’épreuve qui est déjà commencée en Occident, même si elle s’étend au monde entier un jour, les seules personnes qui seront restées fidèles, qui n’auront pas perdu la foi, qui ne seront pas allées dans toutes les tentatives idéologiques qui se sont développées aussi bien chez les intégristes que chez les progressistes, seront celles qui ont gardé intact les trois blancheurs. Je dis bien les trois : Jésus par l’Eucharistie, la dévotion à Marie qui adoucit le cœur, qui empêche de tomber dans la rudesse masculine excessive et la fidélité au Magistère infaillible du pape. Je ne parle pas de la fidélité absolue à tout ce que dit le pape au plan personnel ou au plan pastoral, je parle de son charisme lorsqu’il enseigne la vérité, la foi, le contenu de la foi. Ceux qui ont fait le pari de cela, non seulement sont restés fidèles, mais ils ont même fait avancer profondément la théologie.

Quand certains théologiens se sont séparés, ils ont abandonné une deuxième blancheur, la Vierge Marie, puis une troisième, le pape. Ils sont restés fidèles à l’Eucharistie parce que, tout de même, c’est difficile d’être catholique et de ne pas rester fidèle à l’Eucharistie ! En tout cas, leur théologie n’a rien produit de fécond. Elle s’est coupée de la source.

Ce rêve de saint Jean Bosco reste valable jusqu’à la fin du monde. Pourtant, notre foi dit que vers la fin du monde, les papes disparaîtront sous la pression de l’Antéchrist. Les papes oui. Le Magistère, non ! Deux mille ans de Magistère où la foi aura été définie, il faut y rester fidèle. Il n’y a pas besoin d’être un immense théologien pour comprendre le catéchisme de l’Église catholique actuel. Il y aura un catéchisme semblable, peut-être encore plus saint, plus accessible à tout le monde qui sera publié avant la fin du monde.

L’interprétation authentique de la foi par le charisme de Pierre, protégé par l’Esprit Saint, il faut y rester fidèle quoiqu’il arrive. Il n’y aura sans doute plus d’Eucharistie, puisque Jésus annonce explicitement que l’Antéchrist mettra fin au sacrifice perpétuel comme cela avait été fait d’ailleurs au niveau du peuple juif comme l’avait annoncé le prophète Daniel.[74] S’il n’y a plus d’Eucharistie, personne ne pourra priver le chrétien fidèle de la prière du cœur à cœur avec Jésus qui est le but et le fondement de l’Eucharistie. Donc même si on ne touche plus avec sa langue la présence réelle, palpable du Christ, on la touche avec son âme. C’est la première blancheur.

La deuxième blancheur, c’est la Vierge Marie. Ce que je viens de dire l’explique facilement, non seulement par sa présence mystique : elle est là et elle rend féminine la partie de notre cœur qui ne l’est pas ; mais aussi parce qu’elle est l’unique modèle parfait de la façon de vivre lorsqu’il n’y a plus d’espoir et que tout est gagné, mais que cela ne se voit pas.

La foi restera vraiment fidèle chez ceux qui auront gardé ces trois blancheurs. Ce rêve de saint Jean Bosco est une grande prophétie.

Le 30 mai 1862, il eut cette une vision prophétique qu’il décrivit ainsi et qu’on peut rappeler en conclusion :

"J’ai vu une grande bataille sur la mer : le navire de Pierre, piloté par le pape et escorté de bateaux de moindre importance, devait soutenir l’assaut de beaucoup d’autres bâtiments qui lui livraient bataille. Le vent contraire et la mer agitée semblaient favoriser les ennemis. Mais au milieu de la mer, j’ai vu émerger deux colonnes très hautes : sur la première, une grande hostie – l’Eucharistie – et sur l’autre (plus basse) une statue de la Vierge Immaculée avec un écriteau : Auxilium christianorum.

Le navire du pape n’avait aucun moyen humain de défense. C’était une sorte de souffle, qui provenait de ces deux colonnes, qui défendait le navire et réparait aussitôt tous les dégâts.

La bataille se faisait toujours plus furieuse ; le pape cherche à se diriger entre les deux colonnes, au milieu d’une tempête de coups. Tandis que les armes des agresseurs sont en grande partie détruites, s’engage une lutte corps à corps. Une première fois, le pape est gravement blessé, mais ensuite il se relève ; puis une seconde fois et cette fois, il meurt tandis que les ennemis exultent.

Le nouveau pape, élu immédiatement après, reprend la barre et réussit à atteindre les deux colonnes, y accrochant avec deux chaînes le navire, qui est sauvé, tandis que les bateaux ennemis fuient, se détruisent réciproquement, et coulent."

Ce rêve laisse troublés plus de 500 jeunes qui étaient réunis, comme tous les soirs, pour écouter Don Bosco, au mois de mai 1862. C’est seulement le matin suivant qu’il leur expliqua le sens de ce songe. De graves persécutions et tourments attendent l’Église ; il reste deux seuls moyens pour la sauver : Marie, aide des chrétiens, et l’Eucharistie.

 

73. « J’ai fait un rêve. Imaginez, raconte saint Jean Bosco le 30 mai 1862 aux jeunes qui l’entourent, que vous vous trouvez avec moi sur un rocher au-dessus de la mer et que vous voyez, sur la vaste étendue marine, une flotte innombrable de bateaux rangés en bataille, la proue armée d’un éperon de fer. Voyez ces navires, munis de canons, gorgés de matières incendiaires, s’avancer pour livrer bataille à un grand et majestueux vaisseau-amiral, représentant l’Église, pour tenter de l’éperonner, de l’incendier et de le faire couler.

À ce majestueux navire, également bien armé, font escorte beaucoup d’autres bateaux, obéissant aux commandements du navire-amiral et exécutant des manœuvres pour se préserver des manœuvres de la flotte ennemie.

Soudain, apparaissent deux très hautes colonnes en granit, s’élevant alors de l’immensité marine, à peu de distance l’une de l’autre. Sur l’une domine une très belle statue de la Vierge Immaculée, un chapelet dans les mains, avec sous ses pieds l’inscription où sont gravés les mots latins : "Auxiliatrice des chrétiens", tandis que sur l’autre colonne, beaucoup plus haute et importante, rayonne une lumineuse et blanche Hostie sous laquelle on peut lire l’inscription : "Salut des croyants".

Le commandant suprême, qui veille sur le grand navire, est le pape. En constatant la fureur des ennemis et le péril auquel sont exposés ses fidèles, il convoque autour de lui les pilotes des bâtiments secondaires, afin de tenir conseil et de prendre une décision. Tous les pilotes montent donc sur le navire-amiral pour se réunir autour du pape, mais pendant que se tient cette assemblée, le vent devient de plus en plus furieux et la tempête rugit tellement que les pilotes doivent retourner au plus tôt gouverner leur petit bateau.

Une accalmie permet au pape de les réunir de nouveau tandis que le navire-amiral poursuit sa propre route. La bourrasque reprend hélas avec plus de vigueur et le pape se met à la barre pour guider son navire vers les deux colonnes, du haut desquelles pendent des encres et de grosses amarres attachées à des chaînes.

Cependant, certains pilotes ennemis s’activent pour l’assaillir, l’arrêter et le couler, tandis que d’autres cherchent à jeter à bord du navire-amiral toute une profusion de mauvais livres et de matières incendiaires. D’autres encore tirent au canon et au fusil, ou manœuvrent de leur éperon, en sorte que le combat devient toujours plus acharné. Les proues ennemies jaillissent dans des heurts violents, mais leurs efforts et leurs chocs demeurent sans effet. C’est en vain qu’ils renouvellent leurs essais avec des munitions à foison : le navire-amiral continue sa route en sûreté et sans dommage. Certaines fois, pourtant, frappé de coups formidables, il porte sur le flan de larges et profondes voies d’eau qui sont merveilleusement refermées au souffle du vent qui sort des deux colonnes.

Les canons des assaillants tonnent, les fusils claquent, les éperons jaillissent, mais de nombreux navires adverses s’enfoncent dans la mer. Alors les ennemis deviennent furieux et combattent à armes rapprochées en proférant des blasphèmes et des malédictions.

Tout à coup, le pape est frappé gravement et tombe avec honneur. Secouru avec sollicitude, il est frappé une seconde fois, tombe de nouveau et meurt. Un cri de victoire rompt alors les poitrines des adversaires, mais, tandis qu’ils exultent sur leurs navires, succède un autre pape qui prend la place du précédent à la barre du navire-amiral. Les pilotes réunis en conseil l’ont élu avec tant de diligence, que la nouvelle de la mort du pape défunt arrive en même temps que celle de l’élection de son successeur. Alors, les adversaires se découragent.

Le nouveau pape surmonte chaque obstacle et guide le navire jusqu’aux deux colonnes. Là, il l’attache par la proue à une ancre de la colonne sur laquelle brille l’Hostie, puis par la poupe à une ancre qui pend de la colonne de l’Immaculée.

Un grand bouleversement arrive alors. Tous les navires sur lesquels on avait combattu contre celui du pape, s’enfuient, se dispersent, se heurtent et se fracassent mutuellement. Ceux qui avaient vaillamment combattu aux côtés du pape avancent vers les colonnes pour s’y attacher. Et les pilotes de beaucoup d’autres petits bateaux, demeurés prudemment à distance pour éviter le naufrage, voyant les débris de tous les navires adverses parmi les remous de la mer, guident leur propre embarcation vers les deux colonnes pour s’y amarrer eux aussi auprès du navire amiral.

Sur la mer règne alors un grand calme. » [↩]

74. Le sacrifice du Temple de Jérusalem fut effectivement arrêté par la conquête de Nabudonosor vers 700 av. JC. Il fut ensuite arrêté de manière définitive par les romains en 70 après JC. Et ces deux fait annoncent et prophétisent ce que fera le dernier Antéchrist avec l’Eucharistie. [↩]

Arnaud Dumouch et Daria Klanac, Un entretien pour notre temps, Montréal, 2012.

 

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