Et voici qu'apparut à mes yeux une nuée blanche sur laquelle était
assis comme un fils d'homme.
Nouvelle image de la victoire de celui qui, soustrait aux regards de
ses disciples par une nuée le jour de l'ascension, est assis sur la nuée blanche.
Figure du Christ siégeant (posé) sur la puissance de l'Esprit pour une nouvelle
Pentecôte d'amour.
La nouvelle Pentecôte d'amour est certaine. Ce qui ne l'est pas,
c'est le temps où elle viendra embraser le monde. Sera-ce ici-bas ? Sera-ce,
dans le ciel, l'entrée dans le royaume ? L'Apocalypse semble plutôt nous
inviter à reporter à la fin des temps cette nouvelle Pentecôte.! Lorsque le
Seigneur, comme l’éclair part du levant
et brille jusqu’au couchant, paraîtra sur les nuées du ciel, ce sera le
temps de la moisson et de la vendange, le temps du tout est consommé, et de la remise de l’Esprit à toute la création.
Le Christ, comme un fils d’homme, ayant sur la tête une couronne d’or insigne de sa royauté, et dans la main une faucille aiguisée, ne décide pas l'heure de la moisson. Le Père envoie un autre ange sortant du temple donner l’ordre de jeter la faucille car la moisson de la terre est mûre. Le moissonneur ne commande pas à la moisson. C’est elle, au contraire, qui, au moment opportun, commande au moissonneur. Seul le Père peut constater que la moisson est arrivée à maturité. Il a donné la croissance ou mieux a donné à l’homme, libre, le commandement de croître et multiplier. La création -l'homme en est le gérant- dira le temps de la moisson. Dieu ne fera que constater qu'elle est mûre ! Il ne prendra pas l'initiative. J'établis mon alliance avec vous : tout ce qui est ne sera plus détruit par les eaux du déluge ; il n'y aura plus de déluge pour ravager la terre (Gn 9,11).
Des signes de la maturité sont donnés : il faut d'abord que l'Evangile soit proclamé à toutes les nations... De faux messies et de faux prophètes se lèveront et feront des signes et des prodiges pour égarer, si possible, même les élus. Mais ce jour ou cette heure, nul ne les connaît, ni les anges du ciel ni le Fils, personne sinon le Père (Mc 13).
Seul le Père constate que tout est mûr, que rien ne peut plus
croître, que la fécondité est à son terme. Ne pas moissonner en temps voulu,
c'est perdre la récolte ! Ce temps de la fin sera, selon le livre de Daniel, temps d'angoisse où beaucoup erreront de-ci
de-là et où l'iniquité grandira (Dn 11,40 et 12-5).
Le fils d'homme assis sur la nuée blanche est aussi
le cavalier sur le cheval blanc qui tient en sa main l'arc pour vaincre et
vaincre encore au temps de la moisson.
La blancheur est signe de maturité. Moi je vous dis : levez les yeux et regardez : déjà les champs sont blancs pour la moisson (Jn 4,35).
Le Verbe, la Parole, est la semence ; le Christ est le moisson-neur.
Les 144 000 qui le suivent sont les signes de cette moisson quotidienne.
Viendra le moment où tout étant achevé, et toute conversion impossible, la
moisson sera mûre. Victoire apparente du Dragon. Alors :
Quelle plénitude ! Tous les envoyés de Dieu viennent les uns après
les autres :
Un autre ange sortit du temple (15) un autre ange sortit alors du temple, au ciel, tenant
également une faucille aiguisée (17) un autre ange sortit de l'autel -l'ange
préposé au feu (langues de feu de la Pentecôte ?)- (18) et tous crient d'une
voix puissante (celle de l'amour) : jette ta faucille et moissonne, jette ta
faucille et vendange.
L'assis sur la nuée qui moissonne est le Christ. Mystère de l'ange
qui commande à Jésus ? Le Père lui-même ? le Verbe dans son unité avec Lui ? ou
son porte-parole ?
L'autre ange sortant du temple, au ciel, tenant également une
faucille
aiguisée
ne serait-il pas la Femme au ciel ? Celle que, par
surabondance gratuite d'amour, le Christ s'associe quand son heure est venue. La Femme qui l'accompagne et se tient debout, hors
de la ville, au pressoir de la croix. N'est-ce pas, aussi, sa victoire
dans la lutte qui l'oppose au dragon, le moment où elle lui écrase la tête ?
Toute la vendange est versée dans la cuve de la colère de Dieu
pour être foulée hors de la ville et le sang monta jusqu'aux mors des chevaux
sur une distance de mille six cents stades.
Mystère de la miséricorde de Dieu ! Le sang qui coule du côté ouvert
du Seigneur est bien celui qui est versé pour
la multitude. Il s'identifie à la multitude et transforme le sang de la
vendange en une chose sainte, un "sacrifice". La colère de Dieu n’est
pas destructrice, elle est purificatrice.
La vigne du Seigneur, vendangée à la fin des temps, pressée dans la
cuve de la colère de Dieu, recouvrira la terre entière du sang de l’amour. Là
se comprend la parole de Paul : Je
trouve maintenant ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et ce
qui manque aux détresses du Christ, je l'achève dans ma chair en faveur de son
corps qui est l’Eglise. (Col 1,24).
Si la vision est "au ciel", comme tout ce qui est vu
depuis le chapitre 12, il faut toujours se rappeler que la Révélation est celle
du Royaume qui n'est pas du monde mais se déploie cependant dans le monde.
La moisson clôturera l'œuvre de Dieu à la fin de ces temps qui sont les derniers. Elle se réalise, aussi, à
chaque instant pour chacun de nous... jusqu'à ce que soit au complet le nombre
de ceux qui doivent être mis à mort comme ceux qui furent égorgés pour la
Parole de Dieu et le témoignage de Jésus (6,9-11). C'est seulement à ce
moment-là que tout sera consommé.
Cuve immense de la colère de Dieu : il en sort l'essentiel, le
plus pur, la quintessence des épreuves de l'homme, le sang, signe de la Vie,
signe de l’amour, qu'il ne fallait pas répandre jusqu'à ce que l'enfant mâle
l'ait transformé en vin du Royaume éternel, faisant de tout don de soi une
"eucharistie". Il a plu à Dieu
de faire habiter en lui toute la plénitude et de tout réconcilier par lui et
pour lui et sur la terre et dans les cieux, ayant établi la paix par le sang de
sa croix (Col 1,19-20). Qui se conduit en
ennemi de la croix du Christ (Ph 3,18-19), sa fin sera sa perdition.
La consommation de la colère (victoire) de Dieu : 15
Puis je vis dans le ciel encore un prodige.
Après la femme engendrant dans le temps celui que le Père engendre
dans l’éternité,
après le Dragon qui, précipité sur la terre, vient, avec ses
acolytes, combattre l’enfant-mâle et toute la descendance de la femme,
apparaît, dans le ciel, un troisième prodige, grand et merveilleux :
sept anges, portant sept fléaux. Ces sept anges nous renvoient aux sept
esprits de Dieu. Ils nous disent l’Amour de Dieu manifesté par la plénitude de
l’Esprit. Ils sont les derniers puisqu’ils doivent consommer la colère de Dieu.
Nous sommes arrivés au terme de l’histoire humaine décrite dans la lutte entre
la femme et le dragon. La consommation de la colère de Dieu provoque la joie de
ceux
qui ont triomphé de la Bête, de son image et du chiffre de son nom. Ils
l’ont vaincue et ont lavé leur robe dans le sang de l’Agneau. Ils se tiennent debout
près de la mer de cristal. Mer de cristal que nous avons déjà vue
devant le trône en 4,6. Ici, mêlée du feu de l'amour, elle reflète l'omniprésence
du créateur.
S’accompagnant sur les harpes de Dieu, dans une mélodie
instrumentale qui n’est plus de l’homme mais de Dieu lui-même, ils
chantent, en une unique mélodie, le cantique de Moïse, celui de la
première alliance et le cantique de l'Agneau qui n'est pas venu l'abolir mais l'accomplir, sur le trône de la croix.
Joie de ceux qui disaient : Jusques à quand, Maître saint et
vrai, tarderas-tu à faire justice, à tirer vengeance de notre sang sur les
habitants de la terre (6,10) ? Et voilà que la réponse est donnée : tu as
fait éclater tes vengeances, et tous les païens viendront se prosterner devant
toi, Seigneur, Maître-de-tout, Roi des nations, car, seul, tu es saint.
Cette colère de Dieu fait chanter ceux qui ont triomphé de la Bête.
Comment cette colère manifeste-t-elle l'amour ?
La colère de l'enfant coléreux, devant le refus du père de lui
accorder ce qu’il demande, ne peut être confondue avec celle du père devant le
refus d’obéissance de l’enfant qui le conduit à sa perte.
Dans la parabole de l'enfant prodigue, le Père, respectant la
liberté de son fils, le laisse prendre une décision qu'il sait lui être
funeste. Sa colère est plutôt la douleur intérieure de ne pouvoir l’empêcher de
se perdre.
La vraie colère de Dieu, le Seigneur la manifeste en chassant les
vendeurs du temple. Voir la Maison de Dieu transformée en caverne de brigands
est intolérable. Il purifie la Maison de son Père, sans la détruire. La
présence divine dans le monde, le Temple de Dieu, détruit par l’homme, sera
reconstruit en trois jours. C’est là
l'œuvre du Seigneur (le chiffre trois)
une merveille à nos yeux ! (Mt 21,42)
A plus forte raison, l’homme, image de Dieu, corps du Christ, temple
du Seigneur, sera-t-il préservé de la
destruction. Purifié par l’amour, débarrassé de tout ce qui l’encombre, il
pourra chanter le cantique de Moïse et celui de l’Agneau.
Ce temps de purification est signifié par les sept anges aux sept
coupes envoyés pour la récolte. Récolte versée dans la cuve de la colère de
Dieu, le fruit des sarments toujours attachés à la vigne, sanctifié par
l'immolation de l'Agneau, devient "le vin du Royaume éternel", tandis
que les déchets sont jetés au fumier.
Nous retrouvons ici l'enseignement des paraboles :
- celle des invités à
la noce. Le convive, qui n'a pas revêtu le vêtement de noces -il n'a pas lavé
son vêtement dans le sang de l'Agneau- est jeté dehors.
- celle du bon grain
et de l'ivraie. Séparés au temps de la moisson, le bon grain est stocké dans le
grenier et l'ivraie jetée au feu.
- celle du jugement
dernier. Les brebis entrent dans le royaume, les boucs vont dans le feu préparé
pour le dragon et ses anges.
- celle des vierges
folles et des vierges sages.
- celle... .
Une nuance importante apparaît :
Dans les paraboles du jugement dernier, il semble qu'il n'y ait pas
de confusion possible entre le bon grain et l'ivraie, les brebis et les boucs,
les convives, les vierges folles et sages. Nous nous mettons, évidemment,
toujours du côté du bon grain, des brebis, des jeunes filles sages, et personne
ne s’imagine refusant le vêtement de noces !
Ici, au contraire, chaque grappe, chaque grain de raisin est pressé,
broyé, pour qu'en soit "exprimé" le sang, signe de l'amour, et le
reste jeté au rebut ou au feu ! Arrachement douloureux où, en chacun, le feu de
l'Amour brûlera tout ce qu'il ne reconnaîtra pas comme sien. Là seront les pleurs et les grincements de
dents (Mt 8,12).
La colère de Dieu fera apparaître tout ce qui doit être gardé du
trésor de chaque homme. Non pas un trésor que les mites et les voleurs peuvent
faire disparaître mais le trésor qui reste pour le Royaume de Dieu, le petit
peu d’amour qu’il trouvera en chacun. Que celui qui a des oreilles pour
entendre, entende le conseil du Seigneur : Ne vous amassez pas des trésors sur la terre,... amassez-vous des
trésors dans le ciel, car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur... (Mt 6,19-21) au jour de la colère de
Dieu !
Ce jour de la colère de Dieu est jour de folie pour les païens et
jour de joie pour ceux qui, ne cultivant pas
l'ignorance de Dieu (1 Co 13,34), mettent en l'Agneau leur espérance. Christ est mort pour nous alors que nous
étions encore pécheurs. Et puisque maintenant nous sommes justifiés par son
sang, à plus forte raison serons-nous sauvés par lui de la colère... nous
mettons notre orgueil en Dieu par Notre Seigneur Jésus-Christ par qui,
maintenant, nous avons reçu la réconciliation (Rm 5,8-12).
Jour suprême où se réalisera en plénitude ce que nous sommes appelés
à vivre quotidiennement : Béni soit
Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ : dans sa grande miséricorde, il
nous a fait renaître pour une espérance vivante, par la résurrection de
Jésus-Christ d'entre les morts... aussi tressaillez-vous d'allégresse, même
s'il faut que, pour un peu de temps, vous soyez affligés par diverses épreuves,
afin que la valeur éprouvée de votre foi -beaucoup plus précieuse que l'or
périssable qui pourtant est éprouvé par le feu- provoque louange, gloire et
honneur lors de la révélation (Apocalypse) de Jésus-Christ (1 P 1,3-7).
Jour de colère qui sera "jour d'allégresse et jour de
joie"! Alors résonnera l'éternel "Alleluia" que nous trouverons
au chapitre 19.
Le jugement ne se fait pas en dehors du sacerdoce du Christ. Les
sept anges, sortant du sanctuaire, portent, comme le Christ dans la
gloire de son sacerdoce, des robes de lin pur, éblouissantes, serrées
à la taille par des ceintures d’or. En la personne de l’un
des quatre vivants, c’est le Christ lui-même qui remet
les sept coupes en or remplies de la colère de Dieu qui vit pour les siècles
des siècles. Il n’est pas venu
juger le monde mais le sauver. Pourtant celui qui le rejette et ne reçoit pas
sa parole a son juge : la parole qu’il a dite le jugera au dernier jour (Jn
12,48).
Personne ne peut pénétrer dans le Temple jusqu’à la consommation des sept
fléaux des sept anges. Jusqu’à l’accomplissement total de la
purification. Il faut que tout le 'non-amour' soit détruit, brûlé au feu de la
colère de Dieu. Alors seulement se dissipera la fumée produite par la gloire
de Dieu et sa puissance... et
nous le verrons face-à-face.
La Récolte à la fin des temps
: 16-19
Et j'entendis une voix qui, du temple, criait aux sept anges : Allez
répandez sur la terre les sept coupes de la colère de Dieu.
- Les sept sceaux nous
ont dit les décisions de Dieu, face à la liberté de l’homme,
- les sept trompettes,
leur exécution,
- les sept coupes nous
conduisent à la récolte.
Ce troisième et dernier septénaire se présente selon le même schéma
que les deux précédents, sceaux et trompettes. Il n’est pas utile de s’y
attarder longuement, autrement que dans la prière. La sixième coupe nous donne
les derniers moments de la lutte et la septième, l'effondrement de tout ce qui
doit être détruit. Effrayant désastre, l'écroulement des grandes constructions de
l'homme et la pluie de grêlons énormes ! Passage nécessaire pour entrer dans la
joie de la proclamation de la grandeur de Dieu, grâce au témoignage de Jésus qui est
l'esprit de prophétie.
Le "Témoin Fidèle" nous dit l'amour de Dieu. L'Esprit de
prophétie veut faire de nous des témoins vivant le même mystère de la
"Pâque", pour être conduits, par lui, avec lui et en lui, à la
gloire ! Jésus se trouve, à cause de
la mort qu'il a soufferte, couronné de gloire et d'honneur. Ainsi, par la grâce
de Dieu, c'est pour tout homme qu'il a goûté la mort (Hb 2,9).
L'humanité ne pouvant se purifier elle-même, la colère de Dieu va
surgir pour brûler tout ce qui ne peut entrer dans le Royaume. Le mal est
tellement mêlé au bien que cette purification ne peut être que de feu. Une
brûlure à la fois de souffrance et d'amour. Déjà dans l’ancienne alliance, le
prophète Zacharie annonçait cette purification nécessaire : Alors il arrivera dans tout le pays que deux
tiers en seront retranchés et que l'autre tiers y sera laissé. Je ferai entrer
ce tiers dans le feu ; je les épurerai comme on épure l'argent, je les
éprouverai comme on éprouve l'or (Za 13,8-9).
A l'exemple de Jésus, il faudra que l'humanité soit conduite à sa
perfection par ce feu de la colère qui, comme la Parole de Dieu, purifie et
transforme. Plus pénétrante qu'un glaive à deux tranchants (1,16), elle
pénètre jusqu'à diviser âme et esprit, articulations et moelles. Elle passe au
crible les mouvements et les pensées du cœur. Il n'est pas de créature qui
échappe à sa vue, tout est nu à ses yeux, tout est subjugué par son regard. Et
c'est à elle que nous devons rendre compte (Hb 4,12-13).
Les châtiments sont vrais et justes, pourtant, loin de se repentir... les hommes blasphémèrent le Dieu du ciel sous le coup des douleurs et des plaies. Ils ne reçoivent pas le témoignage de Jésus qui nous dit que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu... ou que Dieu aime ! Le feu de la colère n'est là que pour purifier. C'est un feu de Justice et d’Amour. Il remet toute chose en place, et réajuste tout à la mesure de l’Amour. Jésus s'est plongé dans ce feu, lui qui n'avait pas connu le péché, Dieu l'a, pour nous, identifié au péché afin que, par lui, nous devenions justice de Dieu (2Co 5,21).