Va prendre le petit livre ouvert dans la main de l’ange debout sur
la mer et sur la terre, il est à ta disposition, à la disposition de tous
ceux qui veulent le prendre ou prient qu’on le leur donne.
Ce petit livre, on doit le faire sien d’une façon tout à fait
concrète. Y a-t-il plus concret que la nourriture qui fait vivre ? Cette
nourriture pénétrera jusqu’aux entrailles et les remplira d’amertume, alors que
la douceur restera dans la bouche.
Le prophète Ezéchiel (Ez 3,1-4) a vécu cette expérience : Il me dit : "Fils
d’homme
nourris-toi et rassasie-toi de ce volume que je te donne. Je le mangeai
et il fut dans ma bouche doux comme le
miel." Envoyé vers la maison d’Israël pour porter les paroles du
Seigneur, il goûtera l’amertume au fond de ses entrailles. Avec Jérémie, figure
du Christ, il pourra dire : "La
parole de Yahvé a été pour moi source d’opprobre et de moquerie tout le jour.
Je me disais : je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son nom ;
mais c’était en mon cœur comme un feu dévorant" (Jr 20,8-9).
A nouveau, encore et toujours, le paradoxe de la douceur et de
l’amertume, de la joie dans la croix. Paradoxe de prendre sa croix et de
trouver le repos en celui qui, doux et humble de cœur, nous invite à marcher à
sa suite pour avoir la lumière de la Vie
(Jn
8,12).
L’amertume du petit livre tient à la fois du message qu’il contient,
le jugement des "terrestres", et de la difficulté à en témoigner dans le monde.
Manger le petit livre, -le Seigneur Jésus, Verbe de Dieu, donnant
son corps à manger et son sang à boire-, c’est aussi en assimiler le contenu,
laisser la parole produire du fruit,
trente, soixante ou cent pour un. L’amertume n’est-elle pas celle de la
lutte, du combat spirituel, de l’ascèse, du passage par la voie purgative dont
parlent les mystiques ? Pour que lève le grain de la parole, si douce à la
bouche, pour atteindre la voie unitive, ne faut-il pas jour après jour,
épierrer, défricher, débroussailler, arracher, planter,... ?
Lutte incessante tant l’ivraie est mêlée au bon grain. Seul le feu
de l’amour pourra tout
fouler dans la cuve de la colère de Dieu
(14,19-20) pour que
rien ne se perde du bon grain à entasser dans le grenier et qu’aucune semence
d’ivraie n’y pénètre avec lui.
C’est à l’intérieur de cette lutte personnelle qu’il faut recevoir
le nouveau mandement de
prophétiser contre une foule de peuples, de
nations, de langues et de rois. L'espérance du retour glorieux du
Seigneur, la certitude que, quoiqu'il arrive, tout est gagné, n'est invitation
ni à s'installer ni à ne rien faire. Bien au contraire :
Nourri de la parole qui transforme, il va falloir la redonner en
prophétisant contre tous ceux qui vivent en "terrestres" (peuples,
nations, langues, rois : à nouveau quatre mots). Cela ne se fera pas sans
l’amertume intérieure de n'être qu'une
voix qui crie dans le désert, et, trop souvent,
dit et ne fait pas !
Une lutte contre tout ce qui est "du monde". Pourtant
cette annonce devra toujours se faire "la douceur à la bouche" !
Il faut proclamer la parole, insister à
temps et à contretemps, reprendre, menacer, exhorter, toujours avec patience et
souci d'enseigner... être sobre en toutes choses, supporter la souffrance,
faire œuvre d'évangéliste, remplir son ministère (2 Tm 4,2ss).
Les deux témoins : 11, 1-14
Enoch et Elie
Lève-toi pour mesurer le temple de Dieu, l’autel, et les adorateurs
qui s'y trouvent.
Lève-toi : pour faire œuvre de Dieu. Depuis Abram : "quitte ton pays, lève-toi, parcours le pays
car je te le donnerai" en passant par le cantique des cantiques :
"Mon bien aimé élève la voix, il me
dit : lève-toi, ma bien aimée, ma belle, viens." jusqu'à cet
appel à se lever pour mesurer le temple de Dieu, lieu de la rencontre avec Lui
dans l'adoration.
Le temple de Dieu est une
maison
de prière et non une caverne de brigands. Sa mesure n'est pas matérielle
mais spirituelle, elle est celle de l'adoration enveloppant toute la vie de qui
ne vit plus pour lui-même mais par et pour qui le fait vivre. Il est entré dans
la véritable alliance. Crois-moi, femme,
l'heure vient où ce n'est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous
adorerez le Père... Dieu est esprit et ceux qui adorent c'est dans l'esprit et
la vérité qu'ils doivent adorer (Jn 4,21-25). C'est la communion du "vivre
avec".
Depuis David et Salomon, la tentation est universelle, toujours là,
de construire le temple de Dieu, de l’avoir, visible, "à portée de
main", d’enfermer la divinité dans un lieu pour la rencontrer, la
posséder, l’avoir à son service. Mais Dieu ne réside pas dans des maisons
faites par l’homme. Le temple de Salomon sera détruit et
reconstruit en trois jours !
Le véritable temple de Dieu, c’est le Corps du Christ livré par
amour du Père et des hommes : ...Lui
parlait du temple de son corps. Plus profondément, la visibilité du temple,
lieu d'adoration c’est ce corps du Christ que nous sommes :
Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de
Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous (1 Co 3,16).
L’Eglise est bien le lieu de rencontre avec Dieu, le temple de la
nouvelle alliance.
Le parvis extérieur a été donné aux païens, aux adorateurs d'idoles.
Ils
fouleront
la Ville Sainte durant 42 mois (équivalent de 3 ans et demi ou de
1 260 jours). C'est le temps de l'épreuve, nécessaire pour que soient au
complet ceux qui doivent donner leur vie dans l'adoration (6,11) comme le Christ lui-même.
Dans la Jérusalem d'en haut, la nouvelle ville sainte qui descend du
ciel, il n'y aura plus de temple puisqu'il n'y aura plus que des adorateurs,
tous seront "demeure de Dieu". L'Agneau aura atteint sa plénitude et
vaincu tous ses ennemis, dont le dernier est la mort : la non-adoration !
Il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis
tous ses ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la
mort... alors le Fils lui-même sera soumis à Celui qui lui a tout soumis, pour
que Dieu soit tout en tous (1 Co 15,25-29).
Dans ce temps d'épreuve de 42 mois
les deux témoins
(martyrs) de l'Agneau,
revêtus de sacs, et de la seule
force de Dieu,
prophétiseront, (comme celui qui a mangé le petit livre),
pendant
mille deux cent soixante jours. Le temps de l'épreuve est calculé en
mois (42) ou en années (3 1/2, moitié de la plénitude qu'est le 7) La
grâce de Dieu est donnée en jours. Elle est quotidienne. C'est le pain de
chaque jour donné à ceux qui se trouvent à l'intérieur du temple et proposé à
ceux qui, sur le parvis extérieur, sont invités à entrer.
Ces deux témoins de l’Agneau sont envoyés pour rappeler aux hommes
leur finalité. Donnés à tous, ce sont
les deux oliviers et les deux flambeaux qui
se tiennent devant le Maître de la terre.
Olivier : "Arbre d'une
très grande richesse symbolique : paix, fécondité, purification, force,
victoire et récompense" (Dic. Symb.).
Flambeau : "la flamme est
symbole de purification, d'illumination et d'amour spirituels, image de
l'esprit et de la transcendance" (id.).
Maître de la terre : Qui est-il ?
- L'homme, à qui Dieu a dit :
"Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la"
(Gn 1,22) ?
- Le diable à qui l'homme a remis son pouvoir par le péché et qui
veut jouir de son usurpation ? Il s’affirme tel au jour de la
tentation au désert : "Je te
donnerai tout ce pouvoir parce que c'est à moi qu'il a été remis - par
l'homme et non par Dieu - et que je le
donne à qui je veux" (Lc 4,6).
- N'est-ce pas plutôt le Christ qui, rétablissant l'homme dans sa
dignité, détruisant le pouvoir du péché par son sang (cf 1,5), retrouve toute maîtrise
sur la terre ? Nouvel Adam -Voici l'Homme
(Jn 19,5)-,
être spirituel donnant la vie (1
Co 15,45) bien plus
que le premier, Lui, le Maître et le
Seigneur, reçoit (Jn
13,13) -de Dieu et non
de l'homme- tout pouvoir sur la terre
comme au ciel (Mt 28,18).
Les deux témoins, ou mieux chacun d'eux à la fois olivier et
flambeau, ne reflètent que le rayonnement de Jésus-Christ, Verbe incarné,
sans qui rien n'a été fait. Leur seule
raison d'être : conduire à Lui les habitants de la terre pour que tous
deviennent des adorateurs à la louange de
la gloire de Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ (Ep
1,3-6).
La tradition a, entre autres, identifié les deux témoins à Moïse et
Elie, figures de la Loi et des Prophètes, ces deux témoins de la
transfiguration qui s'entretiennent avec Jésus de son départ proche. Il sont
là, donnés à tous, comme Abraham le dit au mauvais riche de la parabole :
"Ils ont Moïse et les prophètes,
qu’ils les écoutent".
Si on s’avisait de les malmener, un feu
jaillirait de leur bouche pour dévorer leurs ennemis. Les malmener
c'est s'exposer à la mort ! Qui peut malmener la loi et les prophètes sans
mourir ? Le salaire du péché n'est-il pas la mort, et le péché, n'est-ce pas la
Loi qui me le fait connaître ?
La Loi, sans doute, n'a été qu'un
pédagogue, en attendant le Christ, afin que nous soyons justifiés par la foi
(Ga 3,24). Pourtant,
personne ne peut la mépriser sans que le feu de l'Esprit ne le dévore.
L'histoire d'Uzza qui n'étendit que la main vers l'arche de Dieu, pour la
soutenir, nous en dit le sérieux ! (cf 2 S 6,6-9).
Le Christ n’est pas
venu abroger la Loi ou les Prophètes :
Il n’est pas pas venu abroger mais accomplir... Pas un point sur l'i ne passera
de la Loi que tout ne soit arrivé (Mt 5,17).
L'Esprit, "qui a parlé par les prophètes," prépare les
chemins du Seigneur. Les prophètes sont ses envoyés. Le plus grand d'entre eux,
Jean le Baptiste, marchera par devant
sous le regard de Dieu, avec l'esprit et la puissance d'Elie... afin de former
pour le Seigneur un peuple préparé (Lc 1,17).
La révélation, dans cette vision des deux témoins, n'est-elle
tournée que vers le passé ? Les deux témoins n'ont-ils donc plus de raison
d'être ? La Loi et les Prophètes ne sont ils pas "accomplis" par le
Christ ?
Au légiste qui lui demande quel est le grand commandement de la Loi,
Jésus répond : "Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée.
C’est là le grand le premier commandement. Un second est aussi important : Tu
aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute
la Loi et les Prophètes." (Mt 22,35-40).
Le commandement nouveau (et ancien cf 1 Jn 2,7-11) :
aimez-vous les uns les autres, si vous avez de l'amour les uns pour les
autres, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples (Jn 13,34), ne fait-il pas des
disciples les oliviers et les flambeaux qui se tiennent devant le Maître de la
Terre ?
L'Apocalypse est le livre du témoignage. Il nous invite, dans la
lutte jusqu'à la mort, à reprendre le témoignage de Jésus : acceptation du
dessein de Dieu sur le monde et les hommes en donnant tout, jusqu'à sa propre
vie, pour que "son règne vienne".
Peut-on aller plus loin ? et voir :
En Elie qui,
a pouvoir de clore le ciel afin que nulle
pluie ne tombe,
- une figure de l'Esprit-Saint qui parle par sa bouche ?
- un maître de vie spirituelle ? "Elie une des figures prophétiques les plus populaires. Son ascension a joué un grand rôle dans le mûrissement de la foi en la résurrection. Cette scène, son enlèvement au ciel sur un char de feu, a été aussi à l’origine de toute une mystique, celle de l’ascension de l’âme vers Dieu" (Dic. encyclopédique de la Bible).
- une figure de Marie ? A Noël, par la puissance de l'Esprit, elle
fit pleuvoir le Juste et, le Vendredi-Saint, au pied de la croix, elle se tint,
debout, devant le "Maître de la terre" ?
En Moïse à qui Dieu dit : "je vais faire pleuvoir pour vous du pain du haut du ciel", et
qui a reçu
pouvoir de changer les eaux en sang,
- une figure de l'Eucharistie où le vrai pain venu du ciel est donné
pour la route quotidienne et le vin changé en sang : "le sang de l'alliance (nouvelle et éternelle)
versé pour la multitude", donné,
déjà, comme prémices du Royaume éternel ?
Ces deux témoins figurent "les deux mains conjointes de
Dieu" (selon l'expression de St. Irénée) que le Père Congar a appelés,
nous l’avons vu plus haut, la Parole et le Souffle :
- La Parole qui se dit à Moïse sur le mont Sinaï, et se donne
-nourriture de vie et pain du ciel- à travers la visibilité de la présence du
Christ qu'est l’Eglise en son sacerdoce ministériel.
- Le souffle qui manifeste à Elie la présence de Dieu et donne la
force du témoignage à travers la diversité des charismes du sacerdoce
baptismal.
Quoiqu'il en soit, viendra le temps où,
ayant fini de rendre témoignage
ils seront tués par la Bête qui surgit de l'Abîme et leurs cadavres demeurent exposés
durant trois jours et demi sur la place de la Grande Cité, Sodome ou Egypte,
comme on l'appelle symboliquement, là où leur Seigneur fut crucifié.
Ce n'est qu'un peu plus loin que nous sera révélé qui est cette Bête
surgissant de l'Abîme. Ici nous est dit le
deuxième
malheur : l'érotisme (Sodome) et l'idolâtrie de l'efficacité
(L'Egypte) effaceront les deux témoins quand sera venue l'heure des ténèbres.
Quand j'étais avec vous chaque jour dans le
Temple, vous n'avez pas mis la main sur moi ; mais c'est maintenant votre
heure, c'est le pouvoir des ténèbres (Lc 22,53).
Les disciples eux aussi passeront par ce temps de l'épreuve, quand viendra l'heure des ténèbres. Jésus leur dit : “vous cherchez entre vous le sens de ma parole. 'Encore un peu de temps (3 ans 1/2, 42 mois, 1 260 jours !) et vous ne m'aurez plus sous les yeux et puis encore un peu et vous me verrez'. En vérité, en vérité, je vous le dis, vous allez gémir et vous lamenter tandis que le monde se réjouira ; vous serez affligés mais votre affliction tournera en joie” (Jn 16,19-20).
Tenons ferme et écoutons l’avertissement de Pierre : "Mes amis vous voilà prévenus : tenez
vous sur vos gardes, ne vous laissez pas entraîner par les impies qui s'égarent
et ne vous laissez pas arracher à votre assurance" (2 P 3,3
ss).
Les deux témoins, comme le Seigneur, sortiront de la mort.
Passé
les trois jours et demi, Dieu leur infusa un souffle de vie qui les remit sur
pieds. Ils n'avaient pas été mis au tombeau car les
races,
peuples langues et nations voulaient regarder leurs cadavres et se
réjouir de leur disparition !
Au moment de leur montée au ciel, de nouveau
le dixième de la ville croula et
dans le cataclysme périrent sept mille personnes. Chiffre symbolique
que nous trouvons déjà en l’ancienne alliance pour dire la complétude :
Je laisserai en Israël un reste de sept
mille personnes, tous ceux dont les genoux n'ont pas plié devant le Baal et
dont la bouche ne lui a pas donné de baisers (1 R 19,18).
Pour la première fois,
les survivants, saisis de
crainte,
rendirent gloire au Dieu du Ciel.
Avec la victoire des deux témoins, unie à celle du Seigneur, le
deuxième malheur est passé. le troisième accourt au son de la septième trompette.
C'est à nouveau l’entrée dans le ciel, la grande victoire du Maître
de la Terre.
Alors, au ciel, des voix clamèrent : "La royauté du monde est
acquise à Notre Seigneur ainsi qu’à son Christ ; il régnera dans les
siècles des siècles". Le malheur n'est pas pour ceux qui
craignent
le nom du Seigneur, les petits et les grands. Le temps de la récompense
est venu pour eux, serviteurs, saints et prophètes.
Les 24 vieillards, symbole de toute la création, se prosternent et
adorent. Ils rendent grâce au Seigneur, Dieu Maitre-de-Tout. Il a accompli
toute son œuvre et son œuvre est bien faite. Le malheur est, qu’avec le temps
de la récompense, vienne
le temps de perdre ceux qui perdent la
terre, ceux qui, ayant voulu gagner le monde entier et n’en
ayant pas reconnu le Maître en temps voulu, devront le payer de leur vie (cf
Mt 16). La fureur de Dieu a eu raison de la fureur des
nations.
Alors s’ouvrit le temple de Dieu
dans le ciel, et son arche d’alliance apparut dans le temple ; c'est la grande
proclamation de la victoire du Christ. C'est Lui qui rétablit l'alliance
éternellement. Il est, dans le ciel, le temple de Dieu.
Ayons confiance en la Miséricorde
!
Illogisme de l'extase ! Les visions "apocalyptiques" sont
données à Jean pour qu'il les écrive :
le présent et ce qui doit arriver
plus tard (1,19). Pourtant en Dieu :
Il est, Il était et Il vient, il n'y
a pas de plus tard !
Les visions sont à envoyer aux sept Eglises ; c'est à dire à
l’Eglise universelle dans toute sa plénitude de temps et de lieux, l’Eglise
dans sa lutte. Toute la première partie de l'Apocalypse nous révèle le dessein
d'amour de Dieu : rassembler tous les hommes sous un seul chef le Christ.
La victoire est certaine, car déjà acquise, nous l'avons vu. Cependant rien ne
nous a été dit concernant les acteurs de cette lutte. Nous n’en connaissons ni
les causes, ni le pour quoi.
Admettre que la création est une œuvre libre de l'Amour sera
toujours difficile à la créature. Il faut entrer dans cette réalité telle que
nous l'a révélée l'Agneau debout comme immolé, ouvrant le livre aux sept
sceaux.
Comme les deux disciples sur le chemin d'Emmaüs n'avons-nous pas
besoin -pour ne pas déserter et fuir notre propre lutte associée à la sienne-
d'entendre, à nouveau, le doux reproche du Seigneur : "Esprits sans intelligence, cœurs lents à croire tout ce qu'ont
déclaré les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour
entrer dans sa gloire ?" Et, commençant par Moïse et tous les prophètes
(les
deux témoins ?), il leur expliqua dans
toutes les Ecritures ce qui le concernait (Lc 24,25-27).
Lire Moïse et les prophètes n'empêchera pas la plainte de Job de
retentir encore aujourd'hui dans notre monde.
L'homme, né de la femme, a la vie courte mais des tourments à satiété
(Jb
14,1). Et sera
toujours d'actualité le désenchantement de l'Ecclésiaste :
Le sort de l'homme et le sort de la bête
sont un sort identique : comme meurt l'un ainsi meurt l'autre et c'est un
même souffle qu'ils ont tous les deux. La supériorité de l'homme sur la bête
est nulle, car tout est vanité (Qo 3,19).
"Hommes sans intelligence !" Quelle intelligence faut-il pour lire à l'intérieur de ce dessein d'amour et y découvrir la grandeur de la Vie qui ne finit pas?