LE CHRIST EN GLOIRE ENCOURAGE
"Mon fils ne méprise
pas la correction du Seigneur,
Ne te décourage pas quand il
te reprend.
Car le Seigneur corrige
celui qu’il aime,
Il châtie tout fils qu’il
accueille".
Hb 12,5
LE CHRIST : "PRETRE SOUVERAIN" 1,9-20
A partir du verset 9, nous avons la grande vision du Christ dans sa
gloire, la gloire qu'il a, auprès du
Père, de toute éternité.
Cette vision est celle de Jean à transmettre à toute l’Eglise. Jean,
notre compagnon dans le mystère de la compassion, de la lutte. L'union au
Christ est un "combat spirituel" qui peut conduire à l'exil à cause
de la Parole.
C’est bien l’exilé de Patmos, Jean, qui n’a pas oublié la parole du
Seigneur : le serviteur n'est pas
plus grand que son maître ; s'ils m'ont persécuté ils vous persécuteront
vous aussi (Jn 15,20), qui s’adresse à nous.
Il tombe en "extase",
saisi par l’Esprit, le jour du Seigneur.
Il sort de son conditionnement habituel pour entrer, par un contact personnel,
dans le mystère même de Dieu. Et cela se fait le jour du Seigneur qui est le
premier de la semaine. Ce jour du Seigneur vient après la semaine sainte, celle
où l'œuvre de mort de l'homme est détruite par l'œuvre de vie du Christ. C'est
le huitième jour, celui d'un nouveau commencement, d’une re-création, où la
mort est vaincue, et de façon définitive.
Une "extase", cela signifie que LA vision -les visions qui
vont se succéder- ne peut être reçue que dans la prière et l'union d'amour avec
Dieu et ne peut être comprise par l'intelligence rationnelle. L'intelligence ne
la recevra que renouvelée, éclairée par l'amour, ouverture à l'autre, personne,
et non objet.
J'entendis derrière moi une voix comme une trompette.
Cette voix qui retentit est la voix de l’Esprit, présence de Dieu.
La trompette (le Shoffar), liturgique à Jéricho, est aussi instrument
eschatologique... au son de la trompette
de Dieu, le Seigneur descendra du ciel... Elle indique toujours Dieu à
l'œuvre par l'Esprit. La voix puissante vient de derrière car elle demande un
retournement, une conversion, pour être perçue. Le son de la trompette est bien
"enveloppant", mais il faut se retourner pour voir "la
voix", percer les apparences, aller jusqu'à la présence même de Dieu. Non
seulement entendre, mais VOIR.
Cette vision, il faut l'écrire dans un livre afin de lui donner,
pour l'homme, une pérennité -les écrits restent !- et la faire parvenir aux
sept Eglises, celles dont Jean a la charge mais qui, par lui, sont unies à l’Eglise
universelle. La vision, qui est révélation, est "pour tous".
S'étant retourné, "converti", pour regarder la voix qui
parlait, il voit, passant de l'audition à la vision, sept candélabres d'or qui
sont les sept Eglises. L’Eglise, porte-lumière, entoure
quelqu’un qui semblait un fils
d'homme. C'est lui la lumière qu'elle porte.
On ne met pas la lampe sous le boisseau, si on veut qu’elle éclaire
ceux de la maison.
L’Eglise, comme Jean-Baptiste qui
n'était pas la lumière, mais devait rendre témoignage à la lumière,
n’est là que pour manifester le Verbe de Dieu, vraie lumière pour tous les
hommes.
Le Verbe de l'évangile est le "fils d'homme" de
l'Apocalypse, Jésus dans la gloire de son sacerdoce de grand prêtre : c'est bien un tel grand prêtre que nous
avons, lui qui s'est assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux
(Heb
8,1).
Vêtu d'une longue robe (tunique)
serrée à la taille par une ceinture en
or.
C'est la robe sacerdotale, celle dont sont revêtus Aaron et ses fils, la
tunique sans couture qui ne fut pas déchirée mais tirée au sort. Elle est
longue : elle l'enveloppe et le recouvre totalement comme le sacerdoce.
Ceinturée d’or comme l'arche d'alliance dont
le pourtour est garni d’une moulure d’or. L'alliance avec Dieu se
fait en Christ.
Sa tête (son intelligence)
avec ses cheveux blancs (signe
d'immutabilité)
est comme de la neige (comme au Thabor pour la
transfiguration).
Ses yeux comme une flamme ardente.
Tout ce qu'est le regard de
Jésus sur le jeune homme riche qui s’en
alla tout triste car il avait de grands biens, sur Pierre qui, après
l’avoir croisé, sortit et pleura
amèrement. Un regard qui interpelle mais laisse la liberté sans laquelle il
n'y a plus d'amour possible. "Laissez-vous regarder par le Christ !".
Ses pieds comme l'airain sont garants de la stabilité que personne ne peut
ébranler. Sa voix comme
le mugissement
des grandes eaux,
trompettes, éclairs, c’est toujours la présence de l'Esprit, la force de
l'amour de celui qui pousse un grand cri
et rend l’Esprit.
De sa bouche sort une épée effilée : c’est qu’en effet elle est vivante la parole de Dieu, efficace et plus
incisive qu'aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu'au point de
division de l'âme et de l'esprit (Hb 4,12), elle va jusqu'au plus intime de la personne.
Son visage, c’est comme le soleil. Le soleil
qui proclame dès son lever : "Quelle merveille que l'œuvre du
Très-Haut !" (Si 43,2).
Jean
tombe à ses pieds comme mort. La mort de l'adoration ; une
mort à soi-même en présence de la majesté de Dieu, la mort de celui qui
reconnaît que l'autre le fait vivre. (Je t'adore. Sans toi je ne pourrais vivre
!). Il
le touche de sa main
droite, la main de la
puissance : Dieu, de sa droite,
abritera les justes, il les couvrira de son bras comme d'un bouclier
(Sg 5,16). C'est Dieu
qui relève.
Ne crains rien : c'est le mot dit par l’ange à Marie, le jour de
l’Annonciation et que l'on peut traduire par : "Rassure-toi" ou
"Sois joyeuse. Vis !".
C'est moi le Premier et le Dernier, LE Vivant. Celui qui communique la Vie.
Il est le maître de la vie et de la mort,
détenant la clef de la mort et de l'Hadès
(le séjour des morts), clef qu'il donne à qui il veut. "Tu es Pierre... Je te donnerai les clefs du
royaume des Cieux ; tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aux cieux
et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aux cieux"
(Mt 16,18-19). Lier et
délier, c’est bien ouvrir ou fermer les portes de la mort et de l’Hadès, fermer
et ouvrir celles du royaume des cieux.
Clef que l'on ne peut garder qu'en restant dans la main du grand
prêtre éternel, comme
les sept étoiles, qui sont les anges des
sept Eglises, sont dans sa main droite. Toute l’Eglise se trouve donc
entièrement liée au Christ de telle sorte qu'elle Lui est totalement relative.
Elle n’existe que par Lui et pour Lui. C'est de Lui qu'elle reçoit la lumière
qu'elle diffuse et de Lui qu'elle tient la force de faire
un royaume et des prêtres pour
son Dieu et
Père.
C'est le seul endroit de l'Ecriture où nous avons la vision du
Christ dans la gloire de son sacerdoce. Sacerdoce de médiation car sacerdoce
d'amour. Le Christ n'est pas prêtre pour lui-même mais pour son corps qui est
l’Eglise.
C'est ce que, dans l'île de Patmos, voit
Jean, notre frère et notre
compagnon
dans l'épreuve et la constance en Jésus.
Ce Christ, dans la puissance de son sacerdoce, est le seul qui ait pouvoir d’encourager, de 'corriger' SON Eglise à travers les lettres envoyées aux sept Eglises.