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A V E R T I S S E M E N T

 

Saint Jean à Patmos

A la fin de son évangile, Jean affirme : "Jésus a accompli encore bien d’autres actions. Si on les relatait en détail, le monde même ne suffirait pas, je pense, à contenir les livres qu’on en écrirait". Affirmation si apparemment exagérée que certains manuscrits l’ont omise. Ne nous dit-elle pas, au contraire, l'abîme vertigineux de la personne du Christ que le monde ne peut contenir ?

Révéler Jésus-Christ relève de la gageure. Jésus-Christ, lui-même, ne pourra le faire qu’au travers de symboles que notre civilisation technologique a du mal à décrypter. Décryptage sans lequel cette révélation ne sera que "charabia".

A l’inverse du diable -dia-boloV- qui divise, le symbole - sum-boloV-, figure, être ou objet, qui évoque de manière imagée et instantanée une idée, un concept, unit.

Pour décrypter les symboles de l’Apocalypse, il ne faut pas oublier le conseil de Paul aux Ephésiens : "Soyez enracinés dans la foi, fondés dans l’amour. Ainsi vous recevrez la force de comprendre, avec tous les saints, ce qu’est la Largeur, la Longueur, la Hauteur et la Profondeur, vous connaîtrez l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, et vous entrerez par votre plénitude dans la Plénitude de Dieu" (Eph 3,17-20. voir note de la Bible de Jérusalem).

On trouvera en annexe une liste des principaux symboles et de leur signification.

Les symboles de l’Apocalypse, même s’ils ont, parfois, leur propre signification, rejoignent, d’une façon générale, la signification universelle. Nous nous référons au Dictionnaire des Symboles (collection Bouquins, Ed. Laffont/Jupiter 1982).

  

N.B. Les citations de l'Ecriture (TOB et Bible de Jérusalem) sont en italiques, celles de l'Apocalypse (Bible de Jérusalem et TOB) en italiques grasses.

 

I N T R O D U C T I O N

  

"L'Apocalypse est le plus merveilleux message de confiance dans le Christ victorieux qui puisse être adressé à des chrétiens troublés par des situations angoissantes" (G. AUZOU : La parole de Dieu, Ed. de l'Orante p.87).

Livre divinement inspiré, l’Apocalypse a comme auteur principal l'Esprit Saint. Nous le recevons comme parole de Dieu dont nous devons nous nourrir : "L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (Mt 4,4). De même que Paul avertissait en ces termes les corinthiens en leur parlant du repas du Seigneur : "Que chacun s’éprouve soi-même avant de manger ce pain et de boire à cette coupe, car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur mange et boit sa propre condamnation" (1 Co 11,28-29), de même chacun de nous doit s’éprouver soi-même avant d’aborder la parole de l’Apocalypse. S’il y discerne la parole nourrissante de l’amour de Dieu, il en recevra une grande bénédiction. S’il n’y voit que malédiction, il sera frustré et restera sur sa faim ! Comment jugerait-on quelqu’un qui, prenant une lettre d’amour ne lui étant pas destinée en ferait un commentaire ? Mieux que la missa solemnis de Beethoven, l’Apocalypse "vient du cœur pour aller au cœur". Elle ne peut être l’objet d’une étude intellectuelle que dans la mesure ou l’intelligence devient chemin conduisant au cœur. Il faut, pour la recevoir, être à l’intérieur de la foi, adhérer à cette parole d’amour de Dieu. C’est la condition "sine qua non" de la béatitude promise "aux lecteurs et auditeurs de ces paroles prophétiques".

On ne peut rien ajouter à l’amour infini de Dieu. Il est dommage, même si "l’amour est une source qui a soif" (Marie Noël, Notes intimes) de ne pas savoir cet amour infini. Entrons-y avec, au cœur, cette certitude de foi.

Dans un monde de plus en plus rétréci, dans l’espace aussi bien que dans le temps, les conflits sont partout. Les hommes, et particulièrement les jeunes, perdant tout repère, s’éclatent dans les fausses joies que procurent argent, drogue et autres succédanés, chemins d’esclavage.

L’Apocalypse, révélation de l’amour de Dieu, nous invite à faire nôtre cette hymne de Pâques, jour de la victoire de l’amour sur la mort, jour de passage de la mort à la vie :

 

Qu’éclate dans le ciel la joie des anges.

Qu’éclate de partout la joie du monde.

Qu’éclate dans l’Eglise la joie des Fils de Dieu !

La lumière éclaire l’Eglise,

La lumière éclaire la terre,

Peuples chantez :Nous te louons, splendeur du Père

Jésus, Fils de Dieu.


 

             Il est étonnant que soit si peu lu et médité, aujourd'hui, le livre de l'Apocalypse, comme si son langage hermétique était réservé -certains l'ont cru- à une élite d'"initiés" ou comme si, livre du passé, il ne nous intéressait plus. Depuis le Moyen Âge, le terme d'apocalypse a pris, dans le parler populaire, la signification soit de ce qui concerne la fin du monde, soit, d'une façon plus générale, de terrible catastrophe. L'adjectif "apocalyptique", lui, s'emploie pour tout ce qui est terrifiant, épouvantable. On parlera, après un tremblement de terre, d'une vision apocalyptique. Cette manière de comprendre le mot "apocalypse" est-elle sans fondement ? Le livre de St. Jean, par sa seule structure en est l'assise la plus profonde. Il nous décrit un séisme qui dépasse toute imagination. Il ne s'agit ni de tremblement de terre, ni de tremblement cosmique, mais bien d'un tremblement affectant la création tout entière. Tremblement d’amplitude maximale sur l'échelle du non-amour (rupture d’alliance). Le ciel en est ébranlé. L'œuvre de Dieu en parait compromise. L'épicentre de ce séisme se situe au chapitre 12 verset 7 et s'exprime en cette simple affirmation : "Alors une bataille s'engagea dans le ciel". Le ciel, domaine de Dieu-Amour, théâtre d'un combat ? L'amour, par définition, n'est qu'harmonie. Ce combat, dans le ciel, aura son pendant dans la création matérielle, ce sera celui de l'agonie de Jésus au jardin des oliviers ; tremblement d’amplitude maximale sur l’échelle de l’amour (alliance renouée). Mystère de la Rédemption. Déstructuration mystérieuse de la création d'un côté, restructuration aussi mystérieuse de la même création de l'autre.

 

De ces deux épicentres se propagent des cercles concentriques qui se heurtent, s'entrechoquent ou se mêlent, nous faisant passer de la terre au ciel et du ciel à la terre. La victoire du "OUI" recouvre toujours l'opposition guerrière du "NON".

En suivant le texte nous entrerons par la vision glorieuse du Vivant victorieux guidant avec amour l'Eglise, son épouse, l'entraînant dans sa victoire. Puis viendra le projet de Dieu laissant la liberté à sa créature. L'agneau, comme immolé, maître de l'histoire, englobera toutes les luttes, annoncera le jugement à venir. Traversant l'épicentre, la révélation sera celle du jugement, l'écroulement du "non" et la réalisation victorieuse du "oui", destruction de tout mal, établissement du règne sans fin de l'amour. Tout est gagné. Pourtant la lutte se déploie toujours dans l'histoire humaine. Avec l'Esprit, l'épouse soupire après la venue du Seigneur Jésus dans la gloire.

 

Le livre de l'Apocalypse se présente en cercles concentriques nous disant l'histoire du monde et l'issue de ce combat primordial. On y entre par la victoire du Christ, on parcourt toutes les luttes de l'histoire et l'on en sort par la victoire de l'humanité unie au Christ comme les membres à la tête. Il nous crie l'espérance  et nous décrit la victoire éternelle de l'homme-Dieu : Jésus-Christ, et la victoire finale de la création dans son unité avec Lui. Il a fait de l’humanité son "corps". Le combat commencé au ciel par la rébellion se termine au ciel, par la communion d'alliance.

Partie intégrante de la parole de Dieu, de la Bible, le livre de l’Apocalypse s’adresse à tous. Dieu ne réserve pas son alliance à une élite de privilégiés ou d’intellectuels. Il n’y a pas de prédestinés à l’amour, il n’y a pas de prédestinés à la haine. Il suffit de se faire réceptif comme un enfant. C’est bien l’enseignement de Jésus quand il prend la parole et dit : "Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l'avoir révélé aux tout-petits" (Mt 11,25).

Cette louange du Christ exclut-elle du "cela" le livre dont le premier mot est : "Révélation" ?

Si nous croyons Paul quand il affirme que : "Tout ce qui a été écrit dans le passé le fut pour notre instruction, afin que la constance et la consolation que donnent les Ecritures nous procurent l'espérance" (Rm 15,4), nous ne pouvons exclure des Ecritures -qui procurent l'espérance- le livre de l'Apocalypse comme s'il conduisait au désespoir !

Le livre lui-même, au début comme à la fin, invite à sa lecture comme au partage d'une spéciale béatitude :

Heureux le lecteur et les auditeurs de ces paroles prophétiques s'ils en retiennent le contenu, car le Temps est proche ! et encore : Voici que mon retour est proche ! Heureux celui qui retient les paroles prophétiques de ce livre.

Ces quelques réflexions nous rassurent donc au moment d'aborder cette lecture.

             "Le temps est proche ! - Mon retour est proche !"

             Qui est proche ? C'est le jour du Seigneur ou, mieux, le Seigneur lui-même. Ici, il ne s'agit pas d'une proximité dans le temps à venir mais d'une proximité comme celle de "Nos proches", de ceux qui sont là, à côté de nous dans l'espace et, plus encore, dans notre cœur.

Les "paroles prophétiques" ne sont pas d'abord l'annonce d'un événement (d'un avènement ?) mais, bien plutôt, l'annonce du sens profond de tous ces évènements de notre histoire.

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