Sujet: Fin du monde et millénarisme Dim 8 Juil - 16:24
L'Eglise
condamne-t-elle le millérnarisme : Règne du du Christ durant 1 00 ans
sur terre après la venue de l'Antéchrist et avant le jugement dernier ?
Le Catéchisme semble catégorique :
Citation:
CEC
676 Cette imposture anti-christique se dessine déjà dans le monde
chaque fois que l'on prétend accomplir dans l'histoire l'espérance
messianique qui ne peut s'achever qu'au-delà d'elle à travers le
jugement eschatologique: même sous sa forme mitigée, l'Eglise a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme (cf.
DS 3839), surtout sous la forme politique d'un messianisme sécularisé,
"intrinsèquement perverse" (cf. Pie XI, enc. "Divini Redemptoris"
condamnant le "faux mysticisme" de cette "contrefaçon de la rédemption
des humbles"; GS 20-21).
Mais l'article cité du Denzinger est plus nuancé :
Citation:
Denzinger
3839 Question : Que faut-il penser du système du millénarisme mitigé
qui enseigne qu'avant le jugement dernier, précédé ou non de la
résurrection de plusieurs justes, le Christ notre Seigneur viendra
visiblement sur notre terre pour y régner ? Réponse (confirmée par le souverain pontife le 2O juillet) : Le système du millénarisme mitigé ne peut pas être enseigné de façon sûre.
_________________ Fraternellement !
Jean-Yves
Dernière édition par Jean-Yves TARRADE le Lun 9 Juil - 11:24, édité 1 fois
Arnaud Dumouch Indéssoudable
Inscrit le: 19 Mai 2005 Messages: 20963 Localisation: Belgique
Sujet: Fin du monde et millénarisme Dim 8 Juil - 16:48
Cher Jean Yves,
Denzinger 3839 donne l'état du dogme au XIX° siècle et du début du XX° s).
CEC 676 montre l'état du dogme en 1983, c'est-à-dire après les terribles expériences des millénarismes nazis et communistes.
Donc, définitivement, le millénarisme (attente d'un paradis politique ou religieux sur terre) est condamné et dénoncé comme l'une des plus graves cause du mal.
Il faut ajouter que le dernier Antéchrist proposera une forme de millénarisme se prolongeant dans l'autre monde. _________________ Arnaud
J'ai présenté "La fin du monde" à notre groupe de prière du 1er samedi du mois et la discussion est partie sur ce thème.
Que faut-il entendre par "millénarisme mitigé" ?
J'ai trouvé ceci rédigé par le groupe "Pastorale et sectes et nouvelles croyances" du diocèse de Lyon :
Citation:
Millénarisme - An 2000 et Jubilé
Le
millénarisme ne constitue pas un groupe défini, sectaire ou non, mais
un courant qui, comme la gnose et le fondamentalisme, apparaît souvent
comme une composante des sectes ou des groupes du nouvel âge et parfois
même de notre propre expression religieuse. La proximité immédiate de
l’an 2000, même si elle n’a aucun rapport avec le millénarisme, rend
nécessaire à son sujet une réflexion qui débouchera tout naturellement
sur le Jubilé.
I - Le Millénarisme Apocalyptique
Le point de départ
Dans
la tradition chrétienne, le millénarisme désigne la croyance selon
laquelle le Christ reviendra sur terre pour régner glorieusement
pendant mille ans avec les justes ressuscités. A ce “millenium”
succéderont la résurrection et le jugement dernier puis la fin du monde
et l’établissement du règne de Dieu. Cette croyance s’appuie sur
Apocalypse, ch. 20, v. 1 à 10 interprété littéralement;
Ce
millénarisme chrétien a des racines juives. Dès le Ile siècle avant
Jésus-Christ, l’apocalyptique juive spécule sur l’échéance de la venue
du Messie qui va de 40 à 1000 ans. Ce dernier chiffre fait référence au
psaume 90 v. 4 “Oui, mille ans à tes yeux sont comme hier; un jour qui
s’en va, comme une heure dans la nuit’’.
Des pères millénaristes !
Cette
parole de l’Apocalypse va germer dans les esprits et, dès le Ile
siècle, inspirer paroles et écrits. La perspective de ce paradis
terrestre va fortifier le courage des chrétiens persécutés en stimulant
leur espérance. Papias, ami de Polycarpe et comme lui, disciple de
Jean, affirme que mille ans s’écouleront après la résurrection des
morts et que le royaume du Christ se réalisera historiquement sur
terre. Irénée, dans l’Adversus Hoereses, fait siennes ces idées. Justin
mentionne ce thème comme un élément de la croyance chrétienne et il
reprend l’équivalence entre “un jour” et “mille ans”.
Origène va
réagir dès le début du Ille siècle en recourant à une lecture
allégorique de l’Apocalypse et échappe au piège du littéralisme. Pour
Augustin, très marqué par la chute de Rome, les 1000 ans de règne du
Christ désignent le temps de l’Eglise mais il avoue avoir été tenté
Iui- même par le millénarisme. Ce dernier s’éteint à partir du Se
siècle à l’époque où l’Eglise s’installe dans la durée.
Des spirituels
Le
millénarisme réapparaît dans les temps de crise et de peurs. Joachim de
Flore au 12e siècle, tout en refusant l’interprétation littérale
d’Apocalypse 20 v. 1-10, maintient qu’un temps de paix et de liberté
interviendra entre la venue de l’Antéchrist et l’attaque finale de Gog
et Magog.
L’influence de Joachim de Flore est certaine et sa
postérité nombreuse. On peut citer certains disciples de François
d’Assise et le mouvement mystique et contestataire des “fratelli” aux
Xllle et XIVe siècle, le communisme évangélique de Münzer, leader de la
révolte des paysans allemands du temps de Luther (XVIe siècle).
Un millénarisme économique et politique
On
retrouve curieusement le millénarisme sécularisé dans les socialismes
utopiques du XIXe siècle avec le mythe de l’âge d’or, tel celui de
Saint-Simon en référence explicite avec Joachim de Flore.
Plus
étonnant encore : on retrouve le millénarisme laïcisé cette fois, dans
le communisme marxiste convaincu de réaliser un jour le paradis sur
terre avec le mythe du “grand soir”.
Et n’est-il pas stupéfiant
qu’Adolphe Hitler, en prenant le pouvoir en 1933 ait déclaré qu’il
fondait le Ille Reich... pour mille ans ?
La nouvelle religiosité
Dans
l’efflorescence quasi continue des sectes, groupes du nouvel-âge et
nouvelles croyances, peu de groupes échappent à la tentation du
millénarisme. Presque toujours, ce millénarisme s’accompagne de
catastrophisme, le règne du Christ ne pouvant se réaliser que dans les
décombres de l’ancien monde ravagé par l’Antéchrist. On pourrait citer
bien des groupes mais chacun a en mémoire les propos des Témoins de
Jéhovah, pour ne citer qu’eux, annonçant la catastrophe imminente, la
fin du monde et le paradis sur terre pour les justes.
On
remarquera à ce propos une double déviance. celle du paradis sur terre
comme temps intermédiaire entre le temps présent et l’éternité, mais
aussi la détestable association d’idées entre l’apocalypse qui est la
révélation du projet réalisé du Christ sauveur des hommes et le
catastrophisme dont l’apocalypse est devenue -hélas -le synonyme dans
le langage commun alors qu’au contraire, elle se veut porteuse
d’espérance et de joie.
Qu’en pense l’Eglise ?
Pour
l’Eglise Catholique, malgré Irénée et conformément à Augustin, “le
Royaume ne s’accomplira pas par un triomphe historique de l’Eglise
selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le
déchaÎnement ultime du mal Ce triomphe de Dieu prendra la tonne du
Jugement dernier” (Catéchisme de rEglise Catholique §677).
Aussi
l’Eglise condamne-t-elle la prétention d’accomplir dans l’Histoire
l’espérance messianique qui ne peut s’achever qu’au delà d’elle et à
travers le jugement final.
Mais elle est plus nuancée par
rapport au millénarisme mitigé. En 1944, à la question “Que faut-il
penser du millénarisme mitigé qui enseigne qu’avant le jugement dernier
précédé ou non par la résurrection des justes, le Christ viendra
visiblement sur notre terre pour y régner?”, l’autorité romaine
répondit: “Le système du millénarisme mitigé ne peut être enseigné de
façon sûre” Oz 3839. Ce “non, mais...” réconciliait tardivement à Rome
Irénée et Augustin !
Il y a donc bien des croyances possibles en
ce domaine mais cette croyance là (le millénarisme) est imaginaire car
elle rêve d’un univers qui ne peut exister ou alors, c’est “la terre
nouvelle” de la fin des temps.
Par delà toute effervescence
apocalyptique. le chrétien est convié à l’espérance, certitude paisible
et sereine du Royaume à venir et pourtant déjà là. C’est à chacun et
aux communautés à en repérer les signes et à les susciter.
Tant
que l'Eglise ne réfutera pas la canonicité du livre de l'Apocalypse
reconnu à la formation du Canon comme étant un écrit millenariste de
Cerinthe et non attribuable à Jean fils de Zébédée (même Eusèbe de
Césarée le reconnait), on aura des sectes millenaristes !
Ils l'ont fait pour l'epitre aux Hébreux en 1914. Qu'attendent-ils pour l'Apocalypse ? _________________ Plutot que d'être certain d'avoir raison vous devriez vérifier si vous avez raison d'être certain...
Arnaud Dumouch Indéssoudable
Inscrit le: 19 Mai 2005 Messages: 20963 Localisation: Belgique
Sujet: Fin du monde et millénarisme Hier à 14:42
Cher Jean-Yves,
Citation:
Que faut-il entendre par "millénarisme mitigé" ?
Pour résumer, il y a donc deux millénarismes :
1° Le pur et dur, celui des TJ et des musulmans, où le Christ devient une sorte de "Nicolas Sarkozy ou de Miterrand"( ), régnant sur terre avec des légions d'anges devenus visibles. Tout va bien, évidemment Le monde est en paix 1000 ans.
Il fut franchement et dogmatiquement condamné dès le Moyen-âge au
profit de la lecture métaphorique d'Origène du texte de l'Apocalypse:
Citation:
"Quand
il est dit que le Christ règnera 1000 ans sur terre, avec le démon
attaché, cela signifie que, quoiqu'il arrive et dans les pires
épreuves, un coin de Ciel reste vivant au coeur, caché dans les
ténèbres de l'épreuve."
Parfois,
il faut la foi pour croire à cela: il suffit de regarder Auschwitz, ou
encore la détresse de certains suicuidaires athées...
2°
Le mitigé: il signifie que, un jour, Jésus va envoyer son Esprit Saint
qui, invisiblement, va envahir l'humanité au point que, comme portée
par une grâce, le christianisme emplira les esprits.
C'est condamné aussi. L'expérience montre que c'est IMPOSSIBLE (sauf pendant quelques décennies) et ce pour une raison simple:
1 La foi monte. 2 Donc les hommes de foi se mettent à se dire: "On est les meilleurs !" 3 Du coup, ils se mettent à développer de l'orgueil. 4 Que Dieu est obligé de casser, pour les sauver, en envoyant un malheur.
Tenez
: ceci est raconté dans ce conte historique: C'est typiquement ce qui
s'est passé au Moyen-âge, qu'on peut considérer comme la tentative la
mieux réussie de ce millénarisme mitigé:
Voici les arguments d'un ami avec qui je poursuit ce débat :
Citation:
Ce
qui doit nous guider est la prière de l'Eglise, à savoir le "notre
Père" et l'Ecriture, à savoir tant de textes et pour se limiter à un
seul, à Ap 20 :
"Il maîtrisa le Dragon, l'antique Serpent, - c'est le Diable, Satan -, et l'enchaîna pour mille années." (v.2) "Il
le jeta dans l'Abîme, tira sur lui les verrous, apposa des scellés,
afin qu'il cessât de fourvoyer les nations jusqu'à l'achèvement des
mille années. Après quoi, il doit être relâché pour un peu de temps."
(v. 3) "Puis je vis des trônes sur lesquels ils s'assirent, et on
leur remit le jugement; et aussi les âmes de ceux qui furent décapités
pour le témoignage de Jésus et la Parole de Dieu, et tous ceux qui
refusèrent d'adorer la Bête et son image, de se faire marquer sur le
front ou sur la main; ils reprirent vie et régnèrent avec le Christ
mille années." (v. 4) "Les autres morts ne purent reprendre vie avant l'achèvement des mille années. C'est la première résurrection." (v.5) "Heureux
et saint celui qui participe à la première résurrection! La seconde
mort n'a pas pouvoir sur eux, mais ils seront prêtres de Dieu et du
Christ avec qui ils régneront mille années." (v. 6) "Les mille ans écoulés, Satan, relâché de sa prison..." (v. 7)
Il
me semble que cette répétition (6 fois !) n'est pas due au hasard, ni
purement "symbolique" et doit à tout le moins être comprise comme
indiquant une durée... Et que c'est justement dans cette durée-là
que sera enfin réalisée la prière incessante de l'Eglise depuis ses
origines, et de toutes les générations de chrétiens et des fidèles
participant à chaque Eucharistie : "...que ton Règne vienne, que ta
volonté soit faite sur la terre comme au ciel."
J'ai lu qu'une
bonne compréhension de ces demandes du Notre Père exige que la mention
soulignée ("sur la terre comme au ciel") soit appliquée aux 3 demandes
(comme si on disait : "Notre Père qui es aux cieux, que, sur la terre
comme au ciel, ton Nom soit sanctifié, ton Règne vienne, ta volonté
soit faite"). C'est cela qui donnera lieu par le fait même à ces "ciel nouveau et terre nouvelle":
"Puis
je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle - car le premier ciel et la
première terre ont disparu, et de mer, il n'y en a plus." (Ap 21, v.1
et suivants)
Je sais bien que c'est là ce qui fait problème
puisqu'une note de la Bible de Jérusalem parle d'une "perspective
purement céleste" pour la Jérusalem nouvelle, tout en soulignant plus
loin que la terre sera bien renouvelée comme affirmé par Paul en Rm
8,19 : j'ai du mal à comprendre comment les commentateurs naviguent
tranquillement dans ce qui m'apparaît comme une évidente
contradiction...
Il me semble que les différentes prophéties
évoquant ce Règne à venir, sur la terre comme au ciel, sont en
conformité avec l'Ecriture (et avec ce que l'Eglise présente sous
l'étiquette de"millénarisme mitigé" pour lequel la discussion reste
ouverte).
J'observerai enfin que nous avons tellement de mal à
imaginer la forme concrète de ce règne, que cela nous est impossible et
pour cause: la nouveauté même de ce qui nous attend, de ce monde
nouveau sans mort, ni pleur, ni cri, ni peine, sans larme" (21,4), sans
souffrance, sans même la moindre tentation, sera telle que nous n'avons
dans le monde présent aucun point de référence ! et que nous en
oublierons même le monde ancien d'où nous sommes venus !
C'est
pourquoi, toutes ces formes de millénarisme incriminées ont échoué sur
le comment; condamnées, elles ont été condamnées à juste titre pour
avoir proposé un "comment" très concret, pour avoir vaticiné sur la
forme que prendrait le phénomène, qu'il soit imaginé par les Témoins de
Jéhovah ou par les "prophètes" du IIIe Reich ! Il ne s'agit donc pas de se représenter mais d'accueillir dans la foi...