Auteur: a.dumouch Date: 01-12-2004
09:32
Chers amis, L'article complet comme promis (Somme
théologique, Supplément, Question 91, organisé par Frère Reginald de
Piperno op, à partir du Commentaire des Sentences, une oeuvre de
jeunesse):
ARTICLE 5: Les plantes et les animaux
demeureront-ils dans cette rénovation? Objections: 1. Il
semble que oui. Il ne convient pas que dans ce monde nouveau les
éléments perdent quelque chose qui servait à les orner. Or ils sont
ornés par les animaux et les plantes ceux-ci ne leur seront donc pas
enlevés dans la rénovation du monde. 2. Les animaux, les plantes
et les minéraux servent à l’homme comme les éléments. Ceux-ci seront
glorifiés à cause de ce service. De même les animaux, les plantes et
les minéraux doivent l’être. 3. L’univers demeurerait imparfait
si quelque chose qui fait partie de sa perfection lui était enlevé.
Or les espèces des animaux, des plantes et des minéraux font partie
de la perfection de l’univers. Puisqu’on ne peut pas dire que le
monde demeurerait imparfait dans sa rénovation, il semble qu’on
doive affirmer que les plantes et les animaux subsisteront. 4.
Les animaux et les plantes ont une forme plus noble que les
éléments. Or le monde, dans la rénovation finale, doit être changé
en mieux. Donc les animaux et les plantes doivent demeurer, plus
encore que les éléments, puisqu’ils sont plus nobles. 5. Il ne
convient pas de dire qu’un appétit naturel sera frustré. Selon leur
appétit naturel, les animaux et les plantes désirent exister
perpétuellement, sinon comme individus, du moins en tant qu’espèce
c’est à cela qu’est ordonnée leur génération continuelle, comme dit
Aristote. Il ne convient donc pas de dire que ces espèces
disparaîtront un jour. Cependant: si les plantes et les
animaux demeurent, cela vaudra pour tous, ou seulement pour
quelques-uns. Si c’est pour tous, il faut que les animaux privés de
raison, morts avant la fin du monde, ressuscitent comme les hommes.
Cela ne peut être, car leur forme disparaît leur mort, et ne peut
donc pas être réincarnée la même individuellement. Si ce n’est pas
pour tous, mais seulement pour quelques-uns on ne voit pas de motif
pour que l’un demeure plutôt que l’autre il semble donc qu'aucun ne
demeurera perpétuellement. Tout ce qui demeure après la
rénovation du monde, demeurera perpétue11ement avec cessation de
génération et de corruption. Il saut donc dire que les plantes et
les animaux cesseront tout à fait d’exister après la rénovation du
monde. En outre, selon Aristote, la perpétuité de l’espèce des
plantes des animaux et autres choses corruptibles, n’est assurée que
par la continuation du mouvement céleste. Mais celui-ci cessera. Les
espèces ne pourront donc pas être gardées perpétuellement. De
plus, quand la fin cesse, ce qui lui est ordonné doit cesser. Les
animaux et les plantes ont été créés pour soutenir la vie animale de
l’homme. La Genèse dit: "Je vous ai donné toute chair comme tout
légume." Avec la cessation de la vie animale de l’homme, les animaux
et les plantes doivent donc cesser. Après la glorification, la vie
animale de l’homme n’existera plus les plantes et les animaux ne
resteront donc plus. Conclusion: Puisque la rénovation du
monde se fera en faveur de l’homme, elle doit être conforme à la
rénovation de l’homme lui-même. Or l’homme renouvelé passera de
l’état de corruption à celui d’incorruption et de repos perpétuel.
Saint Paul dit aux Corinthiens: "Il faut que ce corps corruptible
revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête
l’immortalité." Le monde sera donc renouvelé de telle sorte que,
rejetant toute corruption, il demeure perpétuellement dans le repos.
Rien ne pourra être ordonné à cette rénovation qui ne soit lui-même
ordonné à l’incorrution. Tels sont les corps célestes, les éléments
et les hommes. Les corps célestes sont incorruptibles par nature, en
tout et en particulier. Les éléments sont corruptibles dans leurs
parties, mais incorruptibles dans leur totalité. Les hommes se
corrompent dans leur tout comme dans leurs parties, mais seulement
dans la matière du corps, non dans sa forme, l’âme raisonnable, qui
demeure incorruptible après la corruption du corps. Les animaux
dénués d’intelligence et les plantes et les minéraux et tous les
corps mixtes, se corrompent dans le tout et dans les parties, et
dans leur matière qui perd sa forme, et dans leur forme qui cesse
d’être en acte. Ils n’ont donc aucune disposition à
l’incorruptibilité. Ils ne demeureront pas après cette rénovation,
mais seules resteront les choses que nous avons
dites. Solutions: 1. Ces corps sont l’ornement des éléments en
tant qu’ils amènent jusqu’à des actions supérieures les pouvoirs
actifs et passifs des éléments: ils sont donc un ornement pour les
éléments tant que ceux-ci sont à l’état actif et passif. Mais cet
état ne demeure pas dans les éléments: il ne convient donc pas que
les animaux et les plantes demeurent. 2. Les animaux, les plantes
et les autres créatures corporelles ne méritent rien en servant
l’homme, puisqu’ils sont dépourvus du libre arbitre; on dit que
certains corps sont récompensés, mais c’est parce que l’homme a
mérité que soient renouvelées les choses qui y sont aptes. Les
plantes et les animaux ne sont pas aptes à cette transformation qui
les rendrait incorruptibles, comme nous l’avons vu. L’homme ne peut
donc pas mériter cette transformation, parce que personne ne peut
mériter pour un autre que ce dont celui-ci est capable, pas plus que
pour soi-même. Donc, même si les animaux privés de raison méritaient
au service de l’homme, ils ne devraient pas être renouvelés. 3.
La perfection de l’homme peut être comprise diversement (perfection
de nature telle qu’elle a été créée, et de nature glorifiée). De
même, la perfection de l’univers est double: L’une selon l’état
présent de mutabilité, l’autre selon l’état de la future rénovation.
Les plantes et les animaux appartiennent à la perfection de
l’univers dans l’état présent, non à celui de rénovation, auquel ils
ne sont pas destinés. 4. Bien que les animaux et les plantes, à
certains points de vue, soient plus nobles que les éléments,
cependant, au point de vue de l'incorruptibilité, les éléments sont
plus nobles, comme cela ressort de ce que nous avons dit. 5.
L’appétit naturel de perpétuité qui se trouve dans les animaux et
les plantes, doit être considéré selon le mouvement du ciel,
c’est-à-dire qu’il ne dure que tant que celui-ci demeure. Un effet
ne peut pas posséder un appétit qui demeure au-delà de sa cause. Si
donc, à la cessation du mouvement du premier moteur, les plantes et
les animaux ne demeurent pas selon leur espèce, il ne s’ensuit pas
que l’appétit naturel est frustré.
Arnaud
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