Auteur: Victor
Mérienne (---.w81-48.abo.wanadoo.fr)
Date: 09/12/2003 18:07
Cher Sébastien.
Je suis d'accord avec vous, en ce que vous dites de l'Ecriture et de la
Tradition.. Mais j'ai le regret de vous dire que vous êtes un peu hors
sujet, en reprenant ce que dit "Dei Verbum" du Concile Vatican II. Or
là, ce Concile a été magistral. il a apporté à cette question "Bible et
Tradition" un éclairage plus fort que tout ce qui avait été dit
auparavant, ou du moins plus fort que ce qui avait été conservé vivant
dans l'Eglise, jusqu'à ce Concile. Je vais en finale, vous répondre plus
complètement, en précisant mon vrai sujet de réflexion.
Cher Polaire.
Vous allez avoir aussi une partie de ma réponse en finale, après avoir
répondu à Roland et au père… animateur( je ne sais s'il est prêtre,
c'est la première fois que je suis intervenu sur ce forum). Mais je vous
dis mon désaccord lorsque vous prétendez que pour lire la Bible, il faut
connaître l'hébreu. Le connaître serait souhaitable. Mais c'est grave
d'en faire une obligation, car alors la Bible ne peut être lue que par
peu de croyants. Je ne connais pas l'hébreu et je vis cela comme une
pauvreté. Mais je lis la Bible dans les traductions qui ont été faites
sur 'hébreu ou sur le grec, pour le Nouveau Testament.
Que par vos connaissances hébraïques vous parveniez à saisir des nuances
et des approfondissements supérieurs sur certaines choses et en des
endroits de la Parole Divine, je l'admets. Mais peut-être faites vous
cela avec un sentiment de satisfaction qui vous fait ignorer certaines
choses dites dans les Actes du Magistère.. Mais je crois que de ce fait,
moi qui ne lis la Bible que dans des traductions, ce que vous semblez
mépriser, je la lis alors mieux que vous et ceci pour deux raisons :
-- L'éclairage que me donnent les traductions que je lis, y a été mis
sous formes d'introductions aux Livres bibliques et en des notes dans le
texte. Et cet éclairage y a été mis sous l'autorité du Magistère, par
des spécialistes qui connaissaient autant que vous l'hébreu et le grec.
J'ai donc de ce fait, accès "paresseusement" , comme vous dites, à des
sens et à des nuances qui me pénètrent comme Paroles Divines.
-- D'autre part, en lisant dans les langues d'origines, vous accédez
certes directement à des Paroles Divines, mais vous risquez du faire du
pas à pas, de l'"épluchage" sur lequel vous vous complaisez, mais cela
en perdant le sens global du Don de la Révélation, sens que la Tradition
nous redit et nous met sans cesse à l'esprit. Vous me paraissez vous
mettre en position de "conquérant", alors que je préfère, avec le sens
global de la Révélation dans ma lecture biblique, être alors en position
de "recevant" dans la charité dont parle St Paul, si je sais ce qu'est
la charité... Je sais certes que depuis l'Encyclique "Divino afflante"
de Pie XII, l'étude de la Bible est recommandée et dans les langues
d'origines s'il se peut. Mais ce n'est pas accessible à tous, alors que
la lecture de la Bible est souhaitée pour tous. De plus l'esprit moderne
déforme souvent l'esprit des choses les meilleures, ce sur quoi il y
aurait beaucoup à dire.
Cher Roland.
Vous me semblez craindre chez moi un retour à un "corpus passé
infaillible". Or j'ai bien dit que la Tradition n'est pas terminée. Elle
a toujours à expliciter l'Ecriture Sainte, dans un monde difficile et
qui bouge beaucoup, nous réservant on ne sait quoi. Votre crainte pour
moi est fausse. La Tradition est vivante sur un corpus passé qui
s'enrichit toujours.
Cher père ou animateur.
Je suis en accord presque avec tout ce que vous me répondez. J'aime
beaucoup votre formule "le transfert communautaire d'homme à homme
assisté par l'Esprit Saint et la suite…" J'aime beaucoup également ceci
: "La Tradition n'est pas dans les textes, elle est dans l'existence et
l'identité même de l'Eglise, dans sa personnalité. J'ajouterai juste une
nuance ici. Il faut parfois aller aux textes, pour trouver au mieux
cette identité même de l'Eglise, sa personnalité qui s'est faite pour
partie en une histoire conservée dans des textes.
Si certains, parmi ceux qui m'ont répondu, se sont un peu égarés hors du
sujet, j'en suis peut-être le premier responsable. Mon titre n'était pas
heureux, en ce sens qu'il invitait à réfléchir sur la Révélation et sur
les rapports entre ses deux formes, l'Ecriture et la Tradition, venant
d'une unique source. J'abordais un autre sujet. Mea culpa donc.
Je voulais réfléchir sur ce qui porte le Pape Jean-Paul II, à parler de
"biblicismse", en son Encyclique "Fides et ratio". Il serait
complètement insensé d'y flairer une critique quelconque de la Bible. Et
c'est tout de même le Pape qui parle là, mais de choses précises et
autres.. Mais mon texte mal titré certes, a bien posé le problème à la
suite. Je me place au niveau de l'existence présente d'une crise dans
l'Eglise, laquelle n'aime pas en parler. et c'est selon moi, pour cela
que Jean-Paul II a parlé comme il l'a fait, au point de donner, en "Fides
et ratio", des bases pour discerner en cette crise. Il cite notamment St
Augustin : "Si elle n'est pas pensée, la foi n'est rien. Et il y appelle
à une lecture de l'Ecriture, à l'aide d'un éclairage venant de la
Tradition, avec en tout ceci un recours à la philosophie servante.
Jean-Paul II parle de "biblicisme" pour déplorer le regard polarisé
directement et seul sur l'Ecriture, sans appel à l'éclairage de la
Tradition et l'aide de l'ontologie servante. Dans sa réponse l'animateur
a bien montré ce qu'est la Tradition.
Polaire, lui conteste ce point de vue. Notre époque serait hyper-riche
en moyens d'informations sur toutes les traditions. Je lui réponds que
ceci entre dans le domaine de la culture à laquelle beaucoup
s'intéressent, bien plus qu'en celui de la prière et de la Liturgie. Je
répète : là on nous parle très peu de de la Tradition. Toute la vie de
l'Eglise est christocentrique, ce qui serait une bonne chose si nous
pensions au-delà du seul texte des Evangiles.
"Qui m'a vu a vu le Père" dit le Christ.(Jn 14,9). Et St Paul nous dit
que le Christ est "l'image du Dieu invisible"(Col 1,15). A partir de ces
Paroles, nous croyons trop voir le Père en regardant directement et
seulement, l'Homme comme nous, mais sans péché, Jésus Christ parlant et
agissant dans les Evangiles. C'est faux. En considérant cet Homme
parfait et unique, de ce fait, nous ne voyons pas encore le Père comme
nous le croyons. Car notre vécu religieux n'égale jamais la Réalité
Divine, comme l'aurait sans doute prétendu J.P. Sartre, s'il avait été
croyant. Car pour lui "La philosophie contemporaine a réalisé un progrès
considérable en réduisant l'existant à la série des apparitions qui le
manifestent". J'irais jusqu'à dire que seul le Christ lui-même serait
capable de lire les Evangiles de façon à les assimiler vraiment et à y
voir tel qu'il est.
Mais pour améliorer cela, pour ce qui nous concerne, nous hommes et
femmes limités, ayons recours, en notre lecture du texte sacré, au sens
global de la Révélation en l'Eglise, au sens de sa personnalité, comme
le dit si heureusement l'animateur, en la réponse qu'il me fait.
Je maintiens donc que l'on ne nous parle pas assez de la Tradition dans
les homélies notamment. Dans les célébrations eucharistiques, la
majorité des prêtres n'utilisent que le Symbole des Apôtres, lequel plus
ancien, aurait au II° siècle recueilli les premières prédications des
Apôtres eux-mêmes. Le Symbole de Nicée qui était le Credo lu ou chanté à
la Messe, avant la réforme liturgique, est venu plus tard au Concile de
Nicée en 325. Il est trop délaissé pour cette cause, si bien que nos
jeunes ne le connaîtront plus. Or il dit quelques choses importantes qui
ne sont pas dans le Symbole des Apôtres. Or, en la réforme liturgique
voulue par le dernier Concile et appliquée par la volonté du Pape Paul
VI, les deux Credo sont conservés. Ils devraient être utilisés
alternativement ou à peu près dans la proclamation de la foi.
Jean-Paul II a parlé de "biblicisme" pour déplorer ces genres de choses
et d'autres sans doute. Il est le Pape que nous avons le devoir
d'écouter. Je ne connais pas l'hébreu et je me sers alors de traductions
que certains dévalorisent. Je crois compenser ma pauvreté, par une
obéissance plus totale à la personnalité de l'Eglise, laquelle s'exprime
en divers lieux par des paroles, des actes et des faits. Et elle nous
est notamment donnée par les paroles du Pape, que beaucoup oublient trop
lorsqu'elles vont à l'encontre de leurs idées chères.
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