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Questions disputées

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 Tout le monde va au paradis?
Emmanuel GUIGNIER, 20 mai 2005

 

Bonjour Arnaud,

 
Tout d'abord un grand merci pour votre travail de qualité.
J'ai découvert votre site fortuitement, tout d'abord un peu méfiant, puis rassuré par votre fidélité sans cesse rappelée à l'Eglise Catholique.
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le premier volume "à l'heure de la mort" pour lequel j'adhère à vos écrits.
Je suis en train de lire le second sur "la fin du monde", vision plus globale.
 
Je me pose tout de même une question que j'ai du mal à exprimer. Il me faudra peut être plusieurs aller-retours.
 
Cette question est relative à la morale des actes humains et à leurs conséquences pour l'au-delà.
 
Dans le premier volume, on voit que notre parcours sur terre nous détermine quelque peu pour notre choix final, mais que Dieu nous tend la main jusqu'au bout, quelques aient été nos oeuvres ici-bas. Je suis pleinement en phase. Mais on ne voit guère le lien avec nos choix actuels et notre situation morale à l'heure de la mort. Bien entendu, une vie passée en présence de Dieu au quotidien ne peut que creuser notre amour et notre désir de Dieu, dans un service de tous les hommes, ce qui fait que la mort constitue une continuité plus qu'une rupture.
 
Pour ma part, je me confesse très régulièrement pour lui demander pardon de mes infidélités, dire combien j'aime Jésus, et pour qu'il creuse en moi le désir de le recevoir toujours plus et qu'ainsi l'Esprit Saint me façonne à son Image. En cela, et à travers une profonde vie de prière et une vie sacramentelle, je vis déjà de cette vie éternelle promise par le Christ.
 
D'un coté, la théologie et la doctrine chrétienne nous enseigne la moralité des actes humains, avec une distinction entre péchés dits véniels et les mortels, qui pour ces derniers, supposent matière grave, advertance et plein consentement, même si Dieu n'est pas "attaqué" explicitement. Avec ce que vous rappelez, à savoir qu'une personne morte en situation de péché mortel va en enfer !
 
D'un autre coté,  j'ai dans mon entourage beaucoup de personnes en situation morale délicate voire inextricable. Loin de moi de juger les personnes, mais les actes sont clairement contraires à la Volonté de Dieu. Cependant, même des actes mauvais en soi peuvent être dictés par une forme d'amour sincères ...
 
Prier, les aider à cheminer et les abandonner à la miséricorde de Dieu. Mais je crains un certain relativisme chez nos contemporains. Pourquoi respecter "une morale", certes qui nous rend pleinement heureux car conforme à ce que Dieu attend de nous et conforme à notre être profond, mais qui pour certain est plus source de difficultés voire de rejet car jugée inapplicable ? Pourquoi proposer un chemin de sainteté à tous (Soyez parfaits comme votre Père est parfait) si en final, la miséricorde divine peut être plus forte que notre endurcissement actuel ?
 
Je vais être provocateur : à quoi bon répondre à la volonté de Dieu exprimée par son Eglise si en final "on ira tous au paradis" sauf endurcissement final ? Pourquoi se souciez de l'état des âmes de nos amis (état de grâce ou non) si leur situation peut se retourner plus facilement à l'heure de la mort que pendant la vie ici-bas ? Pour quelqu'un qui ne vit pas en état de grâce, et je pense que beaucoup d'hommes et de femmes sont dans cette situation de mort spirituelle, qu'advient-il au moment de la mort ? Quelle est la différence avec les saints ?
 
J'ai conscience d'être fouillis dans mes propos tout en pressentant les choses, car les réponses essentielles je les connais. Mais l'articulation me semble floue. Je suis sans doute trop rationnel, mais afin d'expliquer les choses à mes amis, il est nécessaire de connaître les bouts et les aboutissants.
 
Pourriez-vous m'éclairer ?
 
Avec tous mes remerciements.
 
Emmanuel GUIGNIER

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 Re: A Guillaume: Un raisonnement suffit-il à prouver la disparition des sensations
Réponse, Arnaud Dumouch, 20 mai 2005

 

Cher Emmanuel,
Je réponds à vos questions:
C'est la première qui est l'objection principale:

Vous dites: """Mais on ne voit guère le lien avec nos choix actuels et notre situation morale à l'heure de la mort.""

Ce qui est terriblement dangereux, c'est que l'enfer est la proposition d'un "BIEN": La liberté, l'autonomie, être comme des Dieu. Mais ce n'est qu'en conséquence qu'un mal y est attaché: solitude et toutes les autres peines d'une âme sans finalité. En conséquence, TOUT NOTRE EGOISME ACQUIS EN CETTE VIE nous attire vraiment vers l'enfer. "L'arbre tombe du côté où il penche" disait le Curé d'Ars.

Vous dites: > Pour ma part, je me confesse très régulièrement pour lui demander pardon de mes infidélités, dire combien j'aime Jésus, et pour qu'il creuse en moi le désir de le recevoir toujours plus et qu'ainsi l'Esprit Saint me façonne à son Image. En cela, et à travers une profonde vie de prière et une vie sacramentelle, je vis déjà de cette vie éternelle promise par le Christ.

C'est exactement cela: Nous sommes d'abord jugés sur notre HUMILITE: (celui qui arrive de l'autre côté en reconnaissant qu'il est pécheur a peu de chance de choisir l'enfer, ce séjour des orgueilleux) et sur notre AMOUR. Celui qui a essayé d'aimer et a reconnu ne pas y être beaucoup arrivé est hors de danger.


Vous dites, à propos du péché mortel: "D'un autre coté,  j'ai dans mon entourage beaucoup de personnes en situation morale délicate voire inextricable. Loin de moi de juger les personnes, mais les actes sont clairement contraires à la Volonté de Dieu. Cependant, même des actes mauvais en soi peuvent être dictés par une forme d'amour sincères

Il y a beaucoup de personne en état de mort spirituelle et dont le péché mortel
ne subsistera pas quand elle verront le Christ à l'heure de la mort. Jésus montre que certains pèchent par ignorance (le peuple qui l'a tué ne "savait pas ce qu'il faisait") ou par faiblesse (la femme adultère). Avez vous remarqué qu'il n'a pas de colère contre elle? C'est que, profondément, cette femme est de bonne volonté. Et quand, à l'heure de sa mort, cette femme verra que ce qu'elle cherchait en fait, c'était le vrai Dieu, il est certain qu'elle se convertira.

Ceux qui sont en danger, ce sont les VRAIS EGOISTES: Ceux qui le sont par choix.
Or la frontière de l'égoïsme ne passe pas par la foi ou l'athéisme, la vie dissolue et ratée ou la vie réussi. Le pharisien, fidèle extérieurement,
est jugé par Dieu de manière dure ce qui n'est pas le cas du publicain qui prie au fond de la synagogue.

Vous dites: Pourquoi respecter "une morale", certes qui nous rend pleinement heureux car conforme à ce que Dieu attend de nous et conforme à notre être profond, mais qui pour certain est plus source de difficultés voire de rejet car jugée inapplicable ?
Non pas seulement à cause de la crainte d'un enfer où Dieu nous précipiterait par surprise, mais par crainte d'un enfer que nous pourrions bien choisir...


> Pourquoi proposer un chemin de sainteté à tous (Soyez parfaits comme votre Père est parfait) si en final, la miséricorde divine peut être plus forte que notre endurcissement actuel ?

C'est toute la question: "Beaucoup vont en enfer" dit Marie dans ses apparitions... C'est que beaucoup, arrivant à l'heure de la mort et libérés de toute crainte de l'enfer disent: Mais cet endroit est ce dont j'ai toujours rêvé: "Faire ce que je veux quand je veux."

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> Je vais être provocateur : à quoi bon répondre à la volonté de Dieu exprimée
> par son Eglise si en final "on ira tous au paradis" sauf endurcissement final ?
On n'ira pas tous au paradis. Je me demande si, au contraire, parce que l'enfer
c'est cela, beaucoup ne choisiront pas l'enfer. Je regarde la terre. Il y a trois sortes d'hommes: de vrais généreux (5%?), de vrais méchants (5% peut-être) et 90% qui font ce qu'ils peuvent, entre égoïsme et amour. Ce sont eux qui sont à attirer vers le vrai Dieu, le Dieu humble et aimant...

Pourquoi se souciez de l'état des âmes de nos amis (état de grâce ou non) si leur situation peut se retourner plus facilement à l'heure de la mort que pendant la vie ici-bas ? Pour quelqu'un qui ne vit pas en état de grâce, et je pense que beaucoup d'hommes et de femmes sont dans cette situation de mort spirituelle, qu'advient-il au moment de la mort ? Quelle est la différence avec les saints ?
Il ne faut pas avoir trop de soucis pour les gens qui manifestent un peu d'amour, ou ceux qui sont plein de bonne volonté. A l'heure de la mort, après les souffrances de ce monde, ils voient le monde du Christ. Ils comparent au monde de Lucifer. Ils savent que le bien est dans l'amour. Ils deviennent de grands saints, mais ils doivent souvent prolonger leur apprentissage dans divers autres étapes du purgatoire. (Apparemment, il existe 5 purgatoires en plus de cette vie).
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> Avec tous mes remerciements.
Arnaud


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 Re: Tout le monde va au paradis?