Auteur: superman
Date: 18-02-2005 20:29
Bonsoir Arnaud.
Vous m'écrivez que "s'il existait un homme assez fou pour rester athée face à la venue du Christ glorieux, cet homme irait certainement en enfer." Certes. Mais le problème est que le
jugement de salut ou de damnation ne se fait pas au Jugement Dernier, mais au Jugement particulier : à la mort.
Benoît XII, Constitution Benedictus Deus du 29 janvier 1336 :
"Par la présente constitution qui doit rester à jamais en vigueur, et de notre autorité apostolique, nous définissons ce qui suit : D'après la disposition générale de Dieu, les âmes de
tous les saints qui ont quitté ce monde avant la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ ; et de même celles des saints apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles mort
après avoir reçu le saint baptême du Christ, qui n'ont rien eu à expier à leur mort, ou qui à l'avenir n'auront rien à expier à leur mort ; celles aussi qui ont eu ou auront à se
purifier, lorsque après leur mort elles auront achevé de le faire ; de même encore les âmes des enfants régénérés par le même baptême du Christ ou encore à baptiser, quand ils l'auront
été, s'ils viennent à mourir avant l'âge de raison ; toutes, aussitôt après leur mort et l'expiation susdite pour celles qui avaient besoin de cette expiation, même avant la
résurrection de leur corps et le jugement général, et cela depuis l'Ascension de Jésus Christ Notre Sauveur, sont et seront au ciel, au royaume des cieux et au céleste paradis avec le
Christ, admises dans la socièté des anges ; et depuis la mort et la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ, elles ont vu, voient et verront la divine essence d'une vision intuitive et
même faciale, sans aucune créature dont la vue s'interposerait, mais immédiatement, grâce à la divine essence qui se manifeste elle-même à nu, clairement et ouvertement. En outre, par
le fait même de cette vision, les âmes de ceux qui sont déjà morts jouissent de la divine essence, et par le fait même de cette vision et de cette jouissance elles sont vraiment
bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel ; de même en sera t'il des âmes de ceux qui, mourrant dans la suite, verront la divine essence et en jouiront avant le jugement
général. De plus, cette vision et cette jouissance de la divine essence font cesser dans ces âmes les actes de foi et d'espérance, en tant que foi et espérance s'entendent des vertus
théologiques au sens propre. En outre, depuis le moment où elles ont commencé ou auront commencé dans ces âmes, cette même vision intuitive et faciale et cette même jouissance ont duré
et dureront, sans interruption et sans fin, jusqu'au jugement dernier et dès lors à jamais.
Nous définissons encore ce qui suit : d'après la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurrent coupables de péché mortel actuel descendent aussitôt après leur
mort en enfer pour y subir les peines infernales ; et néanmoins au jour du jugement tous les hommes comparaîtront avec leurs corps devant le tribunal du Christ, pour rendre compte de
leurs actes personnels, afin que chacun soit récompensé en son corps suivant qu'il aura fait le bien ou le mal."
Définitions dogmatiques portées ex cathedra par un pape, elles engagent l'infaillibilité de l'Église. Quant à leur note théologique, elles sont des vérités de foi divine et catholique.
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Autrement dit c'est dès avant l'apparition du Christ en Gloire que se fait le Jugement. Car l'apparition du Christ en Gloire est une Théophanie explicite qui ne requiera pas la foi
mais s'imposera à tous. L'épreuve est antécédente. Et il n'y a pas à s'imaginer qu'au Jugement particulier on comparait devant le Christ. Non ! Selon qu'on meurt en état de grâce ou de
péché mortel, on est sauvé, fusse en passant par les terribles souffrances du Purgatoire, ou damné. Autrement dit le Jugement s'opère au moment même de la mort, quand l'âme quitte le
corps, voire même un court instant antécédent, si l'on tient compte des visions des agonisants constatant la venue d'anges (et parfois même du Christ) venant escorter l'âme jusqu'au
Ciel ou au contraire de démons venant s'emparer de l'âme de l'agonisant, venues qui, à ce qu'il semble, indiquent que le Jugement particulier a déjà eu lieu.
Il ne faut donc pas s'imaginer que Dieu se révèle soudainement à l'agonisant en lui demandant abruptement de croire en Lui. Le Jugement s'opère selon qu'on est en état de grâce ou de
péché mortel au moment de la mort. Or celui qui a méprisé la grâce sa vie durant ou même seulement les derniers temps de son existence, qui donc est en état de péché mortel, encourt du
fait même la damnation éternelle. Car si jusqu'au dernier souffle la grâce actuelle (et non pas habituelle) est donné au pécheur pour qu'il se convertisse et vive, et si Dieu peut
donner une grâce qu'il sait devoir être efficace pour le salut du pécheur, Il peut tout autant se contenter de lui donner une grâce suffisante en sachant que le pécheur refusera de se
convertir. Or celui qui a vécu dans le péché ne mérite certainement pas de condigno une grâce efficace de conversion.
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De plus il ne suffit pas de croire en Dieu : il faut encore les mœurs (la charité impérant les œuvres, donc la charité à tout le moins). C'est la traditionelle distinction foi morte /
foi vivante. Je peux donc croire en la Trinité et l'Incarnation et être pas trop mauvais théologien, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. D'où cette phrase de S.Maxime le
Confesseur : "diabolique est la science sans la charité." Or tout péché mortel fait perdre la charité, et c'est par cela qu'il est mortel. Je peut donc croire en Dieu et même l'aimer,
mais lui préférer mon vice, par exemple une sexualité désordonnée. Et quand viendra mon Jugement particulier, ce n'est pas sur des paroles que je serait jugé, mais sur la vérité de mon
cœur. Et si aujourd'hui je préfère l'attrait du plaisir à la Loi de Sainteté, nonobstant ma connaissance de la Loi, de quel droit penserais-je qu'au moment ultime je me convertirais.
Cela n'est pas espérer : cela est présumer, autrement dit pécher par excès contre la vertu d'espérance.
Et si tu veux espérer, produits les œuvres de la foi vivante, car c'est la fidélité dans les tribulations qui produit la constance, et la constance l'espérance.
Et si tu es en état de mort spirituelle, en état de péché mortel, que donc tu n'a pas les œuvres de la foi vivante, ne désespères pas, mais rappelle toi l'enseignement de l'Église : "Les
hommes sont disposés à la justice (n.b : être disposé à l'état de justice = à la grâce habituelle et sanctifiante, ce n'est pas être en état de justice )
elle-même lorsque, poussés et aidés par la grâce divine, concevant en eux la foi qu’ils entendent prêcher, ils vont librement vers Dieu, croyant qu’est vrai tout ce qui
a été divinement révélé et promis et, avant tout, que Dieu justifie l’impie par sa grâce, au moyen de la rédemption qui est dans le Christ Jésus (Rm III 24) ;
lorsque, aussi, comprenant qu’ils sont pécheurs et passant de la crainte de la justice divine qui les frappe fort utilement, à la considération de la miséricorde de Dieu, ils
s’élèvent à l’espérance, confiants que Dieu, à cause du Christ, leur sera favorable, commencent à l’aimer comme source de toute justice et, pour cette raison, se dressent contre les
péchés, animés par une sorte de haine et de détestation, c’est à dire par cette pénitence que l’on doit faire avant le baptême ; lorsque, enfin, ils se proposent de recevoir le
baptême, de commencer une vie nouvelle et d’observer les commandements divins. ...” Trente, Décret sur la Justification, chapitre 2.
Donc commence à croire que Dieu hait les péchés, qu'il veut ta conversion, et qu'il t'en donne les moyens. Puis, ayant cette foi, commence à de détourner du péché par haine du mal et
amour du bien, haine de la damnation et amour de Dieu. Et quand tu passeras de la crainte simplement servile (vs servilement servile) à la crainte filiale, quand ton détournement du
péché sera non pas seulement crainte de l'Enfer mais amour pour Dieu, alors tu sera en train d'opérer par charité, tu sera en état de grâce : en état de grâce parce que charitable et
charitable parce qu'en état de grâce (causalité réciproque). Mais prends bien garde à ceci qu'il s'agit d'être véritablement en état de grâce, d'être véritablement charitable. La
preuve en sera dans tes œuvres, pas dans tes discours. Car ce n'est pas celui qui dit Seigneur qui aime, mais celui qui fait la volonté du Père.
“... bien que personne ne puisse être juste si les mérites de la Passion de NSJC lui sont communiqués, c’est cependant ce qui se fait dans la justification de l’impie, alors que, par
le mérite de cette très sainte Passion, la charité de Dieu est répandue par l’Esprit-Saint dans les cœurs de ceux qui sont justifiés et habite en eux. Aussi, avec la rémission des
péchés, l’homme reçoit-il dans la justification .. tous les dons infus en même temps : la foi, l’espérance et la charité. Car la foi à laquelle ne se joignent ni l’espérance ni la
charité n’unit pas parfaitement au Christ, et ne rend pas membre vivant de son corps. Pour cette raison, on dit que la foi sans les œuvres est morte et inutile, et que dans le Christ
Jésus ni la circoncision ni l’incirconcision n’ont de valeur, mais la foi qui opère par la charité. ...” id, chapitre 7.
“Lorsque l’Apôtre dit que l’homme est justifié par la foi et gratuitement, il faut comprendre ces mots dans le sens où l’a toujours et unanimement tenu et exprimé l’Église catholique,
à savoir que si nous sommes dits être justifiés par la foi, c’est parce que la foi est le commencement du salut de l'homme, le fondement et la racine de TOUTE justification, que sans
elle il est impossible de plaire à Dieu et de parvenir à partager le sort de ses enfants ; et nous sommes dits être justifiés gratuitement parce que rien de ce qui précède la
justification, que ce soit la foi ou les œuvres, ne mérite cette grâce de la justification. En effet si c’est une grâce, elle ne vient pas des œuvres ; autrement (comme le dit le même
Apôtre [Rm XI 6]) la grâce n’est plus la grâce.” id, chapitre 8.
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Tu m'écris encore que la souffrance générée par le péché appelle à la conversion. Oui, mille fois. Mais ce n'est qu'une disposition éloignée ou prochaine et nullement immédiate.
Autrement dit tu restes libre de refuser de coopérer à la grâce actuelle qui t'incites à la conversion pour que tu vives.
Et n'oublies jamais que Dieu est Acte Pur, que donc il ne patit pas ni donc ne souffre si tu es damné. Et la joie au Ciel pour le pécheur repentant : celle du Christ-homme, de la
Vierge, des anges, des élus. Mais Dieu, parce que Souveraine Béatitude, Béat et probablement même Hilare, ne peut pas être affecté par le créé. Sa Perfection est trop Parfaite.
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Et si la grâce surabonde, tu reste libre de refuser. Et si Dieu peut rendre droit les sentiers, Il ne le fera jamais sans nous. D'où la prédication de S.Jean Baptiste : "rendez droits
Ses sentiers", autrement dit coopérez à la grâce, ou soyez damnés, tel le figuier de l'Évangile. Et encore une fois, rien ne t'assure que Dieu te donnera la grâce de la persévérance
finale, car rien ne l'oblige à la donner, et qu'Il n'a pas promis qu'il ferait une telle chose. Espères donc, mais ne présume pas. Cela est un travers de l'hérésie miséricordiste :
"Dieu est Amour donc l'Enfer est vide". Et non !
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À la Résurrection.
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