Accueil Archives du forum  

ACCUEIL  TEXTE EN CAUSE   FORUM

Débat en cours sur http://www.thomas-d-aquin.com

a.dumouch@hotmail.com

 apocatastase ?
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   24/11/2003 23:18

Ce thème n'en est pas un, c'est une de ces questions ultimes qui donnent le vertige, je crois connaître la "position" de l'Eglise sur le sujet, il n'est pas question d'un enfermement de Satan de la part de Dieu mais d'un refus sans cesse réactualisé du démon.
Mais dans ces conditions, qu'est-ce qu'une victoire de Dieu sur le mal, s'il faut reconnaître qu'elle est partielle? que sera la béatitude en ayant la connaissance de ce drame permanent?

éclairez-moi !
Thomas

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: Arnaud DUMOUCH (193.191.142.---)
Date:   26/11/2003 11:45

Cher Thomas,
Saint Thomas dit que, quelque soit notre choix final et bien qu'il y ait des damnés, Dieu vainc le mal. "Sa victoire est totale".
Il insiste en disant ailleurs que les élus du paradis se réjouissent du choix des damnés.

C'est que saint Thomas situe Dieu (et les élus) au delà de ce qui nous paraît por le moment comme un échec. Pour nous, choisir l'enfer est certainement un échec pour Dieu (la preuve, la Vierge Marie en pleure dans ses apparitions). Or pour saint Thomas, ces pleurs sont un langage symbolique qui signifie "l'amour" dans un langage adapté à notre état terrestre. En réalité, dit-il, il n'y a pas de pleurs dans le paradis... La Vierge Marie est totalement dans la paix et joie.

EXPLICATION:

En fait, ULTIMEMENT, ce que veut Dieu, c'est que chacun de ses enfants choississe LIBREMENT son destin éternel. C'est ce qui se passe, de manière parfaite et sans erreur possible pour le choix de la "liberté" de l'enfer. Donc, comme on le voit dans le livre de Job, Lucifer a accès librement au "conseil de Dieu". Son avis compte. C'est que Lucifer est considéré comme une personne LIBRE qui refuse les histoires de l'humilité et de l'amour. Donc, les images d'un diable et de damnés privés de liberté de choix sont à exclure.

Lucifer souffre-t-il? Oui, son esprit est en feu car son esprit est fait pour voir Dieu face à face. Pourtant, Lucifer lui-même considère cette souffrance comme seconde par rapport au choix de son orgueil.
De cela, le Ciel se réjouit. Donc le projet de Dieu n'est JAMAIS en échec...
Compliqué, hein? A vous.
Arnaud

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   26/11/2003 18:41

compliquez dites vous ? en effet, car comment se réjouir aussi positivement d'un usage de la liberté qui conduit au refus de l'amour de Dieu, [Dieu pourtant qui veut que tout homme soit sauvé (st Jean) et que l'homme choisisse, certes choisisse mais la vie (deutéronome)], que d'un usage de la liberté qui s'attache à Lui. Il y a un échec, déjà présent, qui doit bien avoir des répercutions quelques parts, sinon, pourquoi même parler d'un refus de l'apocatastase?
encore une fois, il n'est absolument pas question pour moi de parler d'une sorte de refus de la part de Dieu vis à vis de Satan, ce n'est pas la question, mais la situation objective actuelle, comment pourrait elle demeurer sans conséquences ?
Ultimement, le drame du mal se joue ici...

PS Jésus nous demande d'aimer nos ennemis, mais l'Ennemi en aucun cas ? il faudrait être clair sur cette question car sa réponse me semble déterminer beaucoup de choses par la suite.
à vous !

Thomas.

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: Arnaud DUMOUCH (193.191.142.---)
Date:   27/11/2003 09:52

Cher Thomas,
Ce que vous abordez, c'est en fait toute la distinction théologique entre le temps de Dieu (l'éternité) et la façon dont il nous parle dans notre temps humain.
C'est un problème théologique simple à condition de bien voir que tout cela n'est qu'AMOUR, que ce soit en MODE ETERNITE ou langage TEMPS.

DANS L'ETERNITE: Le mode de l'amour de Dieu et des Saints n'est que simplicité, joie, respect du choix des élus comme des damnés. C'est même un dogme confirmé par l'Eglise.
MAIS, DANS LE LANGAGE DE NOTRE TEMPS: Cet amour, dans son immensité, ne peut être traduit qu'en terme de larmes, de douleur du Christ crucifié, cri de soif à la croix, etc. Et ce ne ne sont pas des douleurs de cinéma, vraiment.

Voilà toute la difficulté. Nous nous situons dans LE TEMPS TERRESTRE. Du coup, lorsque nous contemplons en théologie le mode de l'amour de l'ETERNITE, nous mélangeons souvent les deux. Alors nous disons: "Dieu pleure sûrement dans le Ciel. Puisqu'il est amour..." "Il y a sûrement échec quand qqu'un se damne. La preuve: Fatima, la Vierge pleure!" Et bien: oui en langage "TEMPS". Non en "MODE ETERNITE".
Et il n'y a pas contradiction. C'est ce qu'on appelle un Mystère.

Vous dites: """"en effet, car comment se réjouir aussi positivement d'un usage de la liberté qui conduit au refus de l'amour de Dieu."""" Ma réponse: Parce cette liberté des damnés est un choix calme, maître de lui-même, lucide, définitif, sans erreur possible. En ce sens, il est louange de Dieu qui choisit de créer des PERSONNES.
Arnaud

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   27/11/2003 16:33

je poursuis car il me semble justement que vous ne faites pas droit au mystère dont il est question.
La liberté n'est pas un but en elle même, c'est en tant qu'elle choisit d'accuillir l'amour de Dieu qu'elle s'accomplit en plénitude, puisque selon un autre docteur, notre âme est sans repos tant qu'elle ne demeure en Dieu, ce qui fait signe aussi à la doctrine du désir naturel de Dieu et gracieusement donné par Dieu.
Ce que je reproche à votre distinction temps /éternité, c'est qu'elle me parait quelque peu "magique" en la circonstance, il n'y a selon vous aucune différence entre la situation que nous vivons (le diable refuse Dieu) et la situation d'une réconciliation entre les deux (plus précisément une ouverture, un mouvement de Satan vers son créateur); si les mots ont un sens, il y a une situation qui est différente de l'autre, et l'une est plus enviable que l'autre...

de plus, votre conception de l'éternité est dicutable dans la mesure où sa définition ne peut pas se réduire à la négation du temps...

enfin, une chose en plus, un père accueille avec douleur la décision "libre" de son fils de se détruire...

à vous !
Thomas

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: Arnaud Dumouch (---.88.238.118.codenet.be)
Date:   27/11/2003 21:30

Cher Thomas,
Je réponds en quatre parties:

1- Vous dites: """"La liberté n'est pas un but en elle même, c'est en tant
qu'elle choisit d'accueillir l'amour de Dieu qu'elle s'accomplit en
plénitude, puisque selon un autre docteur, notre âme est sans repos tant
qu'elle ne demeure en Dieu"""""
Vous avez raison. Mais vous définissez ici la VRAIE LIBERTE. Il est évident
que la liberté choisie en enfer est fausse car orguilleuse et égoïste. Elle
produit du malheur et du feu car "notre âme est sans repos tant qu'elle ne
demeure en Dieu" (Saint augustin, les Confessions).

2- Vous avez raison de dire que Dieu veut, d'une VOLONTE DIRECTE, que tout
homme choisisse ce pourquoi son âme a été créée. Il en prend d'ailleurs les
moyens, très concrètement ici-bas puisque sa propre passion et toutes les
tribulations que nous subissons visent à disposer notre coeur au bon choix.
Pourtant, lorsqu'un homme, en fin de compte, choisit tout de même la
solitude et la fausse liberté de son orgueil, il fait DE MANIERE ULTIME la
volonté de Dieu. CAR IL SE COMPORTE EN PERSONNE. C'est pourquoi, dit saint
Thomas, il n'y a rien jamais, qui puisse contredire la volonté ULTIME de
Dieu, même si sa volonté DIRECTE l'est.

3- Vous parlez ensuite de ma distinction """ temps /éternité""". Elle est
pourtant essentielle. Elle contient, si elle n'est pas utilisée, l'erreur de
Calvin: Il disait: "Dieu dans SON ETERNITE, sait si je vais me damner. Donc,
dans mon TEMPS, je ne serai pas damné par mon choix libre mais par une
volonté positive de Dieu. Donc la liberté humaine n'existe pas. " En
réalité, Dieu sait depuis son ETERNITE et j'agis LIBREMENT dans la dimension
de mon temps.

4- """"" Il n'y a selon vous aucune différence dans la réaction de Dieu
quand le diable qui refuse Dieu et quand il qui se convertit vers son
créateur; si les mots ont un sens, il y a une situation qui est différente
de l'autre, et l'une est plus enviable que l'autre...""""

Cher Thomas, vous vous rapellez cette parole de Jésus : """Il y a plus de
joie dans le Ciel pour un seul de ces pécheurs qui,se convertit que pour 99
justes qui restent juste. """" Croyez-moi, je ne veux pas faire mentir
Jésus.
J'essaye de vous montrer comment deux réalités apparemment contradictoires
peuvent coéxister:
1- "Il n'y a aucune place à aucune espèce de soufrance, douleur, tristesse
dans la Vision béatifique". (dogme, définition solennelle).
2- " On pleure au Ciel quand un homme se perd" (évangile).
Comment unir ces deux termes? par un principe qui est avant: TOUT CELA
SIGNIFIE QUE DIEU EST AMOUR.

Le point 1 est la réalité substantielle du Ciel.
Le point 2 est la façon de nous le faire comprendre.
Ainsi se résoud votre dernière objection :"""""""""" un père accueille avec
douleur la décision "libre"de son fils de se détruire...""""". Votre
objection oppose le MODE SIMPLE ET PAISIBLE de l'amour dans L'ETERNITE
DIVINE au MODE DOULOUREUX de l'amour ici-bas. Comme si la paix du paradis
était indifférence (ce qu'elle serait ici-bas).
Voilà............
Arnaud

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: Arnaud Dumouch (---.88.238.118.codenet.be)
Date:   27/11/2003 21:31

Cher Thomas,
Je réponds en quatre parties:

1- Vous dites: """"La liberté n'est pas un but en elle même, c'est en tant
qu'elle choisit d'accueillir l'amour de Dieu qu'elle s'accomplit en
plénitude, puisque selon un autre docteur, notre âme est sans repos tant
qu'elle ne demeure en Dieu"""""
Vous avez raison. Mais vous définissez ici la VRAIE LIBERTE. Il est évident
que la liberté choisie en enfer est fausse car orguilleuse et égoïste. Elle
produit du malheur et du feu car "notre âme est sans repos tant qu'elle ne
demeure en Dieu" (Saint augustin, les Confessions).

2- Vous avez raison de dire que Dieu veut, d'une VOLONTE DIRECTE, que tout
homme choisisse ce pourquoi son âme a été créée. Il en prend d'ailleurs les
moyens, très concrètement ici-bas puisque sa propre passion et toutes les
tribulations que nous subissons visent à disposer notre coeur au bon choix.
Pourtant, lorsqu'un homme, en fin de compte, choisit tout de même la
solitude et la fausse liberté de son orgueil, il fait DE MANIERE ULTIME la
volonté de Dieu. CAR IL SE COMPORTE EN PERSONNE. C'est pourquoi, dit saint
Thomas, il n'y a rien jamais, qui puisse contredire la volonté ULTIME de
Dieu, même si sa volonté DIRECTE l'est.

3- Vous parlez ensuite de ma distinction """ temps /éternité""". Elle est
pourtant essentielle. Elle contient, si elle n'est pas utilisée, l'erreur de
Calvin: Il disait: "Dieu dans SON ETERNITE, sait si je vais me damner. Donc,
dans mon TEMPS, je ne serai pas damné par mon choix libre mais par une
volonté positive de Dieu. Donc la liberté humaine n'existe pas. " En
réalité, Dieu sait depuis son ETERNITE et j'agis LIBREMENT dans la dimension
de mon temps.

4- """"" Il n'y a selon vous aucune différence dans la réaction de Dieu
quand le diable qui refuse Dieu et quand il qui se convertit vers son
créateur; si les mots ont un sens, il y a une situation qui est différente
de l'autre, et l'une est plus enviable que l'autre...""""

Cher Thomas, vous vous rapellez cette parole de Jésus : """Il y a plus de
joie dans le Ciel pour un seul de ces pécheurs qui,se convertit que pour 99
justes qui restent juste. """" Croyez-moi, je ne veux pas faire mentir
Jésus.
J'essaye de vous montrer comment deux réalités apparemment contradictoires
peuvent coéxister:
1- "Il n'y a aucune place à aucune espèce de soufrance, douleur, tristesse
dans la Vision béatifique". (dogme, définition solennelle).
2- " On pleure au Ciel quand un homme se perd" (évangile).
Comment unir ces deux termes? par un principe qui est avant: TOUT CELA
SIGNIFIE QUE DIEU EST AMOUR.

Le point 1 est la réalité substantielle du Ciel.
Le point 2 est la façon de nous le faire comprendre.
Ainsi se résoud votre dernière objection :"""""""""" un père accueille avec
douleur la décision "libre"de son fils de se détruire...""""". Votre
objection oppose le MODE SIMPLE ET PAISIBLE de l'amour dans L'ETERNITE
DIVINE au MODE DOULOUREUX de l'amour ici-bas. Comme si la paix du paradis
était indifférence (ce qu'elle serait ici-bas).
Voilà............
Arnaud

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: Arnaud Dumouch (---.88.238.118.codenet.be)
Date:   27/11/2003 21:31

Cher Thomas,
Je réponds en quatre parties:

1- Vous dites: """"La liberté n'est pas un but en elle même, c'est en tant
qu'elle choisit d'accueillir l'amour de Dieu qu'elle s'accomplit en
plénitude, puisque selon un autre docteur, notre âme est sans repos tant
qu'elle ne demeure en Dieu"""""
Vous avez raison. Mais vous définissez ici la VRAIE LIBERTE. Il est évident
que la liberté choisie en enfer est fausse car orguilleuse et égoïste. Elle
produit du malheur et du feu car "notre âme est sans repos tant qu'elle ne
demeure en Dieu" (Saint augustin, les Confessions).

2- Vous avez raison de dire que Dieu veut, d'une VOLONTE DIRECTE, que tout
homme choisisse ce pourquoi son âme a été créée. Il en prend d'ailleurs les
moyens, très concrètement ici-bas puisque sa propre passion et toutes les
tribulations que nous subissons visent à disposer notre coeur au bon choix.
Pourtant, lorsqu'un homme, en fin de compte, choisit tout de même la
solitude et la fausse liberté de son orgueil, il fait DE MANIERE ULTIME la
volonté de Dieu. CAR IL SE COMPORTE EN PERSONNE. C'est pourquoi, dit saint
Thomas, il n'y a rien jamais, qui puisse contredire la volonté ULTIME de
Dieu, même si sa volonté DIRECTE l'est.

3- Vous parlez ensuite de ma distinction """ temps /éternité""". Elle est
pourtant essentielle. Elle contient, si elle n'est pas utilisée, l'erreur de
Calvin: Il disait: "Dieu dans SON ETERNITE, sait si je vais me damner. Donc,
dans mon TEMPS, je ne serai pas damné par mon choix libre mais par une
volonté positive de Dieu. Donc la liberté humaine n'existe pas. " En
réalité, Dieu sait depuis son ETERNITE et j'agis LIBREMENT dans la dimension
de mon temps.

4- """"" Il n'y a selon vous aucune différence dans la réaction de Dieu
quand le diable qui refuse Dieu et quand il qui se convertit vers son
créateur; si les mots ont un sens, il y a une situation qui est différente
de l'autre, et l'une est plus enviable que l'autre...""""

Cher Thomas, vous vous rapellez cette parole de Jésus : """Il y a plus de
joie dans le Ciel pour un seul de ces pécheurs qui,se convertit que pour 99
justes qui restent juste. """" Croyez-moi, je ne veux pas faire mentir
Jésus.
J'essaye de vous montrer comment deux réalités apparemment contradictoires
peuvent coéxister:
1- "Il n'y a aucune place à aucune espèce de soufrance, douleur, tristesse
dans la Vision béatifique". (dogme, définition solennelle).
2- " On pleure au Ciel quand un homme se perd" (évangile).
Comment unir ces deux termes? par un principe qui est avant: TOUT CELA
SIGNIFIE QUE DIEU EST AMOUR.

Le point 1 est la réalité substantielle du Ciel.
Le point 2 est la façon de nous le faire comprendre.
Ainsi se résoud votre dernière objection :"""""""""" un père accueille avec
douleur la décision "libre"de son fils de se détruire...""""". Votre
objection oppose le MODE SIMPLE ET PAISIBLE de l'amour dans L'ETERNITE
DIVINE au MODE DOULOUREUX de l'amour ici-bas. Comme si la paix du paradis
était indifférence (ce qu'elle serait ici-bas).
Voilà............
Arnaud

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   27/11/2003 21:59

Vous parlez, Arnaud, de réalités apparemment contradictoires, certes, si la contradiction n'est qu'apparente, c'est qu'il n'y a pas de contradiction...
Posons une série de questions :
Pourquoi, par exemple, l'Eglise ne prie-t-elle pas pour Satan au moment de la célébration de l'Eucharistie ?
que nous devions comme Dieu, respecter la liberté de chacun, oui, mais que le chois vers la destruction et le blasphème de l'Amour de Dieu n'aie aucune incidence, rigoureusement aucune, puisque si cette rupture n'existait pas, nous serions dans la même situation : la béatitude...
Personnellement, le "problème" du mal est ici dans sa montruosité, et permettez moi de dire mon étonnement devant le peu de cas que les théologiens en font quand ils traitent du mystère du mal...

cela dit, le dogme de la béatitude est fondamental, o combien, mais je ne peu considérer vos distinctions que comme une sorte de magie qui rendent "apparentes" des contradictions qui me semblenr bien réelles...
Thomas

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: Guillaume (---.w81-49.abo.wanadoo.fr)
Date:   27/11/2003 22:38

Bonsoir,

Je voudrais rappeler tout simplement que le choix des anges fut définitif, et qu'il est donc inutile de prier pour les démons car leur choix est irrévocable : ils ne se repentiront pas, ils ont choisi d'être damnés.

Les prières sont là pour aider les âmes qui cheminent, qui font des millions de choix depuis leur naissance jusqu'à leur mort. C'est à la mort que le dernier choix de l'âme se "fixe" définitivement.

Donc, à quoi une prière pour Satan pourrait-elle servir ? Il a choisi, en connaissance de cause, de rejeter Dieu. C'est un crime contre l'Esprit, le seul, selon Notre Seigneur, qui ne puisse être pardonné. Satan ne mérite donc que le mépris et la haine, car il s'est fait notre ennemi. L'amour de Dieu ne va pas sans la justice de Dieu : les impies doivent être punis, c'est la conséquence juste et logique de leur choix, et les justes doivent être récompensés. Chacun reçoit selon son mérite, cela est juste et bon.

Guillaume.

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   28/11/2003 08:30

Mon cher Guillaume, la serennité de votre "réponse" m'étonne quelque peu, j'ai l'impression d'une sorte de récitation automatique : non, non, ya pas de problème, parce que voilà comment ça marche, l'âme se fixe au moment de sa mort, Justice de Dieu etc, etc...
Mais n'oubliez vous pas que le salut n'est précisément pas affaire de mérite? et heureusement !! n'oubliez vous pas que Satan fut créé bon, comme toute créature? n'oubliez vous pas que Jésus, dans sa personne a tué la haine,
et, excusez-moi, mais cette invocation magique de l'éternité pour éviter toute question, et même tout mystère, ça ne me semble pas juste...
à vous lire, il n'y a pas de "mystère d'iniquité"... pas de drame la dedans, notre monde est marqué par ce refus angélique et la question est de savoir comment il n'en serait pas de même dans la béatitude sans employer des procédés magiques pour distinguer des notions qui nous échappe...
Pour la question de l'éternité, on parle de purgatoire, on parle de résurrection au dernier jour et surtout d'incarnation, je ne cois pas que tout cela puisse faire de l'éternité une simple négation du temps...
Thomas

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: Arnaud DUMOUCH (193.191.142.---)
Date:   28/11/2003 09:58

Cher Thomas,
Ce que dit Guillaume est dogmatiquement vrai. C'est d'après l'Evangile et la confirmation de l'Eglise ce qui se passe dans l'autre monde. J'insisterais juste sur une nuance suivante: Dieu, dans son amour qui est justice ne fait que ratifier le choix libre, conscient, volontaire de l'ange ou de l'homme qui refuse violement les conditions du paradis: l'humilité, l'amour... Ce blasphème contre l'Esprit n'est pas une vitrification. C'est l'effet du don d'une liberté totale à l'heure de la mort, lorsque l'ignorance et la faiblesse d'ici-bas disparaissent. La décision vient donc d'abord de l'homme damné.

L'apocatastase (le pardon de Satan) est impossible pour la raison suivante: Prenons l'hypothèse imaginaire suivante: Dans mille ans, vous êtes dans la Vision béatifique. Vous décidez d'allez voir Lucifer en lui disant: "Vous voyez que vous vous êtes trompé. Vous êtes seul et malheureux. Changez votre choix. Venez avec nous." Vous obtiendrez quoi? Un seul effet: vous raviverez sa souffrance, sa rage de vous voir heureux dans cette attitude d'humilité qu'il exècre. Il vous renverra en disant: "J'ai raison. Je prouverai à Dieu que j'ai raison." C'est que son choix est sans erreur possible.

Quant au ton, plein de souffrance face à l'idée de l'enfer, de votre réponse à Guillaume, il est selon moi très juste. Il est la marque de la charité telle qu'elle s'exerce ici-bas quand on réfléchit au vertige de l'enfer éternel.
Pourtant, il me semble vous avez encore cette incompréhension "purement intellectuelle, théologique" sur le mode de l'amour dans l'éternité. Je vous assure que ce n'est pourtant qu'un MODE de l'amour. En fait, l'amour est même au Ciel infiniment plus grand qu'ici et pourtant, il est dans la paix et la joie...
Je ne sais pas quoi ajouter pour m'expliquer.
A vous.
Arnaud

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: Guillaume (---.w81-250.abo.wanadoo.fr)
Date:   28/11/2003 11:30

Bonjour Thomas,

Pourquoi ne traitez-vous pas mon discours de sectaire pendant que vous y êtes ? Je ne suis pas un zombie, il m'arrive de réfléchir figurez-vous.

Mais il se trouve que je suis catholique. je crois en la Révélation divine, en la Parole du Christ, en l'infaillibilité de l'Eglise guidée par l'Esprit Saint. C'est donc pour moi une perte de temps de réfléchir à des questions dont nous avons les réponses depuis des siècles. Cela ne m'empêche pas de méditer sur l'Enfer ou le choix du diable.

L'éventuel pardon du diable nierait la justice divine, ce qui nierait donc la perfection de Dieu, et nier cette perfection, c'est nier Dieu. L'origènisme a été condamné depuis les premiers siècles de l'Eglise.

Etes-vous catholique ?

Cordialement,

Guillaume.

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   28/11/2003 12:41

moi non plus, je ne sais qu'ajouter, sinon que ce qui me travaille, c'est précisément ceci : comment n'aurions nous pas les entrailles nouées en entendant Satan répondre ce que vous lui faites dire, et à plus forte raison de Dieu..
imaginez que votre propre frère soit dans mille ans en enfer, et que vous alliez le voir aussi, comment sa réponse ne vous blesserait-t-elle pas, c'est ça que vous escamotez sans cesse, me semble-t-il.
Thomas

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   28/11/2003 12:46

on ne se comprend manifestement pas !!
restons calmes et courtois :
l'origérisme, je ne le défends pas pour la raison que vous invoquez : on ne peut contraindre une âme, fut-elle angélique, à aimer, car c'est le contraire de l'amour qui est disons une alliance, OK.
Ce que je ne comprends pas, c'est que le fait de la chute de créatures célestes comme des anges soit sans conséquence aucune sur la manière d'envisager la "béatitude".
Thomas

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: Guillaume (---.w81-250.abo.wanadoo.fr)
Date:   28/11/2003 12:58

Je comprends mieux ce que vous dites. Je ne sais pas si les théologiens ont réfléchi à ce sujet. Sébastien ou Alain Contat pourraient sans doute vous répondre.

J'émets une hypothèse : peut-être que l'objet de notre béatitude, la contemplation de Dieu, nous détourne de tout mal. Il est possible qu'on "oublie" tout simplement les damnés. La compassion ne peut s'exprimer qu'envers celui qui s'égare, pas envers celui qui est définitivement perdu. Le premier peut encore être sauvé en faisant pénitence, il mérite donc la pitié. Pour le second, il est trop tard.

Mais pour nous, l'intérêt n'est pas vraiment dans cette question, même si elle est intellectuellement passionnante : nous devons plutôt chercher les moyens d'éviter que les gens se damnent, pour limiter le nombre d'âmes perdues. Et cela se passe maintenant, autour de nous. Nous devons évangéliser sans cesse, et pratiquer l'amour de Dieu et du prochain. Si vous permettez à votre frère d'obtenir son salut en lui révélant la vérité, vous n'aurez plus de question à vous poser sur son éventuel séjour perpétuel dans le feu et les grincements de dents.

Guillaume.

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   28/11/2003 15:01

voilà, nous sommes d'accord sur la question, mais la difficulté commence dans la réponse, votre hypothèse me semble trop, j'allais dire, individualiste (sans connotation morale, je n'ai pas dit égoïste) car ce qui me trouble, c'est aussi la réalité de la damnation au moins de Satan et de la réalité de la communion des saints, l'oubli dont vous parlez serait la sortie de cette communion jusqu'à l'oubli pur et simple, mais comment Dieu pourrait-il oublier ses créatures? et si Dieu ne les oublie pas, comment les élus qui le contemplent le pourraient-ils ?
Thomas

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: Guillaume (---.w81-250.abo.wanadoo.fr)
Date:   28/11/2003 15:21

Déjà, la communion des saints ne comprend pas les damnés ! Ils n'y sont jamais entrés, ils ne peuvent donc pas en "sortir" comme vous dites.

Je ne pense pas effectivement que Dieu puisse "oublier" au sens où nous l'entendons. J'avais d'ailleurs déjà mis des guillemets à ce terme. Ce n'est qu'une hypothèse, et elle concerne les justes et non Dieu. De toute manière, Dieu ne peut qu'être satisfait de voir accomplie sa justice, qui est toute miséricordieuse. C'est l'homme qui se damne encore une fois, de son plein gré. Dieu "respecte" cela.

Quant aux justes, ils contemplent Dieu, mais ils ne le comprennent pas : seul l'infini peut comprendre l'infini. Il est donc envisageable, je pense, que les justes soient tout autant satisfait de voir la justice divine accomplie. Cela ne veut pas dire qu'on se réjouit du sort des damnés, mais qu'en toute justice, ils ont reçu le salaire de leurs oeuvres. On peut même dire que la miséricorde divine s'applique aux damnés qui pourraient être punis encore davantage (n'oublions pas que leur faute offense l'infini et la perfection).

Je pense même que cela suffit comme explication et qu'on peut abandonner la théorie de l'oubli qui me paraît boiteuse. J'aimerais connaître les points de vue de Sébastien, de Guy et d'Alain Contat.

Guillaume.

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   28/11/2003 16:26

je partage le souhait de connaître l'avis d'autre personne sur ce site, il me semble que la question n'est pas subalterne...
Thomas toujours pas satisfait par des réponses qui émoussent la pointe de la question

 

 Re: apocatastase ?
Auteur: Guillaume (---.w81-250.abo.wanadoo.fr)
Date:   28/11/2003 20:31

Voici le texte de la question 99 (les 4 premiers articles sur les 5 que comprend la question) du supplément de la Somme Théologique. Cette question est sur le sujet qui nous intéresse (je remercie Sébastien de m'avoir communiqué ce texte). C'est long, je suis désolé, mais cela me semble exhaustif :

"QUESTION 99 : LA MISÉRICORDE ET LA JUSTICE DE DIEU À L’ÉGARD DES DAMNÉS

Il nous reste à considérer la justice et la miséricorde de Dieu à l’égard des damnés. Cinq questions se posent : 1. Est-ce la justice divine qui inflige aux pécheurs une peine éternelle ? - 2. La miséricorde divine mettra- t-elle fin à toute peine des hommes et des démons ? - 3. Est-ce que au moins le châtiment des hommes aura une fin ? - 4. Au moins celui des chrétiens ? - 5. Et celui de ceux qui ont accompli des oeuvres de miséricorde ?

ARTICLE 1 : Est-ce la justice divine qui inflige aux pécheurs une peine éternelle ?

Objections :

1. Il ne semble pas que la justice divine puisse infliger aux pécheurs une peine éternelle car la peine ne doit point dépasser la faute. Le Deutéronome dit « La modalité des châtiments sera à la mesure de la faute. » Mais celle-ci est temporelle. La peine ne doit donc pas être éternelle.

2. Si nous considérons deux péchés mortels, l’un est plus grand que l’autre, et doit donc être puni par une peine plus grande. Mais aucune peine n’est plus grande qu’une peine éternelle, car elle est infinie. Dès lors, celle-ci n’est pas due à tout péché mortel. Or si elle n’est pas due à l’un d’eux, elle n’est due à aucun, puisqu’il n’y a pas entre eux de distance infinie.

3. Un juge juste n’inflige de peine que pour corriger. Aristote dit que « les peines sont des médicaments ». Mais la punition éternelle de l’impie ne sert pas à sa correction, ni à celle d’autres êtres, puisque, après le jugement, il n’y aura plus d’hommes qui puissent être corrigés par cette vue. La justice divine n’inflige donc pas aux péchés une peine éternelle.

4. Ce qui n’est point voulu en soi ne peut l’être que pour quelque avantage. Mais Dieu ne veut pas les châtiments pour eux-mêmes il n’en tire aucune jouissance. Puisque Dieu ne peut tirer aucun avantage de la perpétuité du châtiment, il semble qu’il ne doive pas imposer une punition perpétuelle pour le péché.

5. Rien de ce qui n’existe que par accident est perpétuel, comme dit Aristote. Le châtiment fait partie des choses qui existent par accident, en tant qu’il est contraire à la nature. Il ne peut donc être perpétuel.

6. La justice de Dieu semble exiger que les pécheurs soient réduits au néant : en effet, l’ingratitude mérite la perte des bienfaits reçus. Or, parmi les bienfaits de Dieu, il y a l’existence même. Il semble donc juste que le pécheur, ingrat envers Dieu, perde l’existence. Si les pécheurs sont réduits au néant, leur punition ne peut être perpétuelle.

Cependant : il est écrit en saint Matthieu : « Ceux-ci, c’est-à-dire les pécheurs, iront au supplice éternel. »

En outre, la peine est, par rapport à la faute, comme la récompense par rapport au mérite. Mais selon la justice divine, un mérite temporel a droit à une récompense éternelle. Saint Jean : «Tout homme qui voit le Fils et croit en lui, possède la vie éternelle. » La faute temporelle mérite donc, selon la justice divine, une peine éternelle.

De plus, selon Aristote, la peine est mesurée à la dignité de celui qui est offensé : on punit d’un plus grand châtiment celui qui gifle un prince que celui qui gifle un autre homme. Or, celui qui commet un péché mortel pèche contre Dieu, en transgressant ses préceptes, et en adressant à un autre l’honneur qui lui est dû, puisqu’il met sa fin en cet autre. La majesté de Dieu est infinie. Tout être qui pèche mortellement est donc digne d’une peine infinie. Il semble donc juste que pour un péché mortel quelqu’un soit châtié perpétuellement,

Conclusion : Une peine peut être évaluée quantitativement selon sa rigueur, ou selon sa durée. La quantité du châtiment correspond à celle de la faute, selon l’intensité de sa malice, de telle sorte que si quelqu’un a péché plus gravement on lui impose une punition plus grave. L’Apocalypse dit : « Plus il s’est glorifié et a vécu dans les délices, plus vous lui procurerez de torture et de tristesse. » La durée de la peine ne correspond pas à celle de la faute, comme dit saint Augustin. C’est ainsi que l’adultère, accompli en un instant, n’est point puni par une peine brève, même selon les lois humaines. La durée de la peine correspond à la disposition du pécheur. Parfois, en effet, celui qui commet une faute dans une ville, est, à cause de cette faute, rendu digne d’être arraché à la communauté des citoyens, par l’exil perpétuel ou même par la mort. D’autres fois, il n’est pas devenu digne d’être totalement exclu de la société de la cité, et alors, pour qu’il puisse redevenir digne membre de cette ville, on prolonge son châtiment, ou on l’abrège, autant que cela est nécessaire pour sa correction, afin qu’il puisse désormais vivre en cette ville d’une manière décente et pacifique.
De même, selon la justice divine, quelqu’un se rend par le péché digne d’être totalement séparé de la communauté de la cité de Dieu cela se réalise dans le péché contre la charité, qui est le lien qui unit cette cité. C’est pourquoi, à cause du péché mortel, qui est contraire la charité, quelqu’un est, pour l’éternité, frappé de la peine de l’exclusion définitive de la société des saint s. Comme dit saint Augustin : « Les hommes sont enlevés à cette ville mortelle par le supplice de la première mort; et ils sont enlevés à la ville immortelle par le supplice de la seconde mort. »
Le fait que le châtiment infligé par la cité de la terre n’est pas perpétuel provient de quelque chose d’accidentel, ou bien de ce que l’homme ne vit pas perpétuellement, ou bien de ce que la cité elle-même disparaît. Mais si l’homme vivait perpétuellement sur terre, la peine de l’exil ou de l’esclavage qui lui est imposée par la loi humaine, lui resterait perpétuellement. Ceux qui pèchent de telle sorte que cependant ils ne sont point devenus dignes d’être totalement séparés de la communauté de la cité saint e, comme sont ceux qui pèchent seulement véniellement, subiront une peine plus brève ou plus longue, selon qu’ils ont besoin d’être plus ou moins purifiés, c’est-à-dire selon que leurs péchés ont plus ou moins pénétré en eux. C’est ce qui se réalise, selon la justice divine, dans les peines de ce monde ou du purgatoire.
Les saints indiquent aussi d’autres motifs pour lesquels, à cause d’un péché seulement temporel, certains subissent une peine perpétuelle. L’un de ces motifs est qu’ils ont péché contre un bien éternel, en méprisant la vie éternelle. Saint Augustin dit à ce propos « Il s’est rendu digne d’un mal éternel celui qui détruit en lui-même un bien qui pouvait être éternel. » Un autre motif est qu’un homme a péché d’une manière perpétuelle. Saint Grégoire dit « Il appartient à la grande justice du juge, que jamais ne cesse le supplice de ceux qui, en cette vie, n’ont jamais voulu faire cesser leur péché. »
Et si l’on objecte que certains hommes, en péchant mortellement, se proposent d’améliorer leur vie plus tard, et ne seraient donc pas dignes d’un supplice éternel, nous devons dire que, selon certains, saint Grégoire parle d’une volonté qui se manifeste par une oeuvre. En effet, celui qui tombe dans le péché mortel, par sa volonté propre, se met dans un état dont il ne peut sortir qu’avec l’aide de Dieu. Donc, par le fait même qu’il veut commettre ce péché, il veut y demeurer perpétuellement L’homme en effet est l’esprit qui s’en va vers le péché, et qui n’en revient point par lui-même. Si quelqu’un se jetait dans une fosse dont il ne pourrait pas sortir sans aide, on pourrait dire qu’il a voulu y demeurer pour l’éternité, même s’il pensait autre chose. On peut aussi dire, et mieux encore, que par le fait même qu’il a péché mortellement, l’homme met sa fin dans la créature. Et puisque toute la vie est ordonnée à la fin qu’on lui donne, par le fait même, cet homme ordonne toute sa vie à ce péché et il voudrait demeurer perpétuellement dans ce péché s’il le pouvait impunément. C’est ce que dit saint Grégoire, à propos de ce passage de Job « Il verra l’abîme vieillir » : « Les pervers ont péché avec un terme parce que leur vie a eu un terme; mais ils auraient voulu vivre sans terme afin de pouvoir demeurer sans terme dans leurs iniquités; en effet ils désirent plus pécher que vivre. »
On pourrait encore apporter un autre motif de l’éternité de la faute mortelle : c’est que par elle on pèche contre Dieu, qui est infini. Puisque le châtiment ne peut être infini en intensité, la créature n’étant pas capable d’une qualité infinie, il doit l’être au moins par une durée infinie.
Il y a encore un quatrième motif : la peine demeure éternellement, parce que la faute ne peut être effacée sans la grâce et l’homme ne peut plus acquérir la grâce après sa mort. La peine ne doit plus cesser tant que la faute demeure.

Solutions :

1. La punition ne doit pas être égale à la faute en durée, comme nous le voyons même dans les lois humaines. On peut dire aussi, comme saint Grégoire, que bien que la faute soit temporelle en son acte, elle est éternelle dans la volonté qui la commet.

2. Le degré de la peine, en intensité, correspond au degré du péché. C’est pourquoi, pour les péchés mortels inégaux, il y aura des peines inégales en intensité, mais non en durée.

3. Les châtiments infligés à ceux qui ne sont pas complètement chassés de la société civile, sont ordonnés à leur correction, mais non les peines qui constituent une expulsion totale de la société. Celles-ci peuvent du moins servir à la correction et à la tranquillité des autres citoyens qui demeurent dans la cité. De même, la damnation éternelle des impies sert à la correction des membres actuels de l’Église : car les châtiments ne servent pas seulement à corriger quand ils sont appliqués, mais aussi quand ils sont déterminés.

4. Les châtiments des impies, qui dureront perpétuellement, ne seront pas tout à fait inutiles, car ils serviront à deux choses d’abord à maintenir la justice divine, ce qui est en soi agréable à Dieu. Saint Grégoire dit « Le Dieu tout-puissant, parce qu’il est bon, n’est point satisfait de voir la torture des malheureux; mais parce qu’il est juste, il ne sera point apaisé, éternellement, par le châtiment des réprouvés. » Secondement, ces peines sont utiles, parce qu’elles procurent aux justes la satisfaction d’y contempler la manifestation de la justice de Dieu, et de se rendre compte qu’ils ont échappé à ces souffrances. Le Psalmiste dit « Le juste se réjouira de voir la vengeance » et Isaïe : « Les impies seront la satisfaction de la vue de toute chair », c’est-à-dire des saints, comme le précise la Glose. C’est ce qu’affirme saint Grégoire : «Tous les réprouvés envoyés au supplice éternel sont punis à cause de leur iniquité. Cependant, leur supplice servira à autre chose car tous les justes, en Dieu, ont conscience des joies qu’ils goûtent, et en même temps aperçoivent chez les damnés les supplices auxquels eux- mêmes ont échappé. Ils comprendront ainsi d’autant mieux ce qu’ils doivent éternellement à la grâce divine, en voyant combien sont punis éternellement les péchés auxquels ils ont résisté grâce au secours de Dieu. »

5. Bien que le châtiment, par accident corresponde à l’âme, pourtant il correspond, par soi, à cette âme en tant que souillée par la faute. Et puisque la faute commise demeure à jamais en elle, sa peine sera perpétuelle.

6. Le châtiment correspond à la faute, à proprement parler, selon le désordre qu’elle renferme, et non selon la dignité de celui contre qui on a péché, sinon tout péché appellerait une peine infinie en intensité. Bien que, donc, quand quelqu’un a péché contre Dieu, auteur de l’existence, il mériterait de perdre l’existence, cependant, en considérant le dérèglement de cet acte, il n’exige pas la perte de l’existence, parce que celle-ci est présupposée pour tout mérite ou démérite. Elle n’est donc pas enlevée ni corrompue par le désordre du péché. La privation de l’existence ne peut donc pas être la peine exigée par un péché.

ARTICLE 2 : La miséricorde divine donnera-t-elle un terme à tout châtiment des hommes comme des démons ?

Objections :

1. Il semble que la miséricorde divine doive mettre un terme à tout châtiment des hommes aussi bien que des démons, car nous lisons dans la Sagesse : « Tu as pitié de tous, Seigneur, car tu es tout-puissant. » Mais parmi tous ces êtres, il y a même les démons, qui sont les créatures de Dieu. Donc leur peine elle-même aura une fin.

2. S.Paul dit aux Romains : « Dieu a enfermé toutes choses dans la désobéissance, pour faire à tous miséricorde. » Or, Dieu a enfermé les démons dans leur péché, ou du moins permis qu’ils soient enfermés. Il semble donc qu’il doive un jour leur faire miséricorde.

3. Comme dit saint Anselme: « Il n’est pas juste que Dieu permette qu’une créature qu’il a faite pour la béatitude périsse tout fait. » Il semble donc que, puisque toute créature raisonnable a été créée pour la béatitude, il ne soit pas juste que Dieu permette qu’elle périsse totalement.

Cependant : il est dit en saint Matthieu : « Eloignez-vous de moi, maudits, dans le feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. » Ils seront donc punis éternellement.

En outre, comme les bons anges furent rendus bienheureux par leur conversion vers Dieu, ainsi les mauvais anges furent rendus malheureux par leur aversion à son égard. Si le malheur des mauvais anges finissait un jour, la béatitude des bons anges devrait se terminer aussi, ce qui ne convient pas.

Conclusion « Ce fut une erreur d’Origène, comme dit saint Augustin, de penser que les démons seront un jour libérés de leurs peines par la miséricorde de Dieu. » Cette erreur fut réprouvée par l’Église pour deux motifs d’abord, parce que cela est manifestement contraire à l’autorité de la Sainte Ecriture, qui dit dans l’Apocalypse : « Le diable qui les séduisait fut envoyé dans un étang de feu et de soufre, où les gens abêtis et les pseudo-prophètes seront torturés jour et nuit dans les siècles des siècles », formule qui signifie l’éternité; ensuite, parce que d’une part Origène étendait trop la miséricorde divine, et d’autre part il la contraignait trop. Il semble en effet que le même motif exige que les bons anges demeurent dans la béatitude éternelle, et que les mauvais anges soient punis pour l’éternité. C’est pourquoi, comme il affirmait que les démons et les âmes des damnés seraient un jour libérés du châtiment, ainsi, il affirmait que les anges et les âmes des bienheureux seraient quelquefois déçhus de leur béatitude dans les misères de cette vie.

Solutions :

1. Dieu, en lui-même, a compassion de tous. Mais, parce que sa miséricorde est réglée par l’ordre de sa sagesse, elle ne s’étend pas à certains, qui se sont rendus indignes de cette miséricorde, comme les démons et les damnés, obstinés dans leur malice. Cependant, on peut dire que même à leur égard la miséricorde intervient, en tant qu’ils sont punis moins qu’ils le méritent, sans être totalement libérés de leur peine.

2. Ici, l’universalité doit s’entendre de toutes les espèces d’êtres, mais non de tous les membres de chaque espèce. Cette citation doit être entendue des hommes dans leur état terrestre, en ce sens que Dieu eût pitié des Juifs comme des Gentils, mais non de tous les Gentils ni de tous les Juifs.

3. S. Anselme estime que ce ne serait point juste et ne conviendrait pas à la bonté divine; mais il parle de la créature selon son espèce. Il ne convient pas à la bonté divine que toute une espèce de créatures manque la fin pour laquelle elle a été faite. Il ne convient donc pas que tous les hommes ou tous les anges soient damnés. Mais rien n’empêche que quelques-uns parmi les hommes ou les anges périssent éternellement, puisque l’intention de la volonté divine se trouve réalisée en ceux qui sont sauvés.

ARTICLE 3 : La miséricorde divine supporte-t-elle que les hommes soient punis éternellement ?

Objections :

1. Il semble que la miséricorde divine ne supporte pas un châtiment éternel, du moins pour les hommes, car il est dit dans la Genèse : « Mon esprit ne demeurera pas contre l’homme éternellement, car il est chair. » Et ici, le mot esprit signifie « mon indignation, » comme cela ressort de la Glose. Puisque l’indignation de Dieu n’est pas autre chose que le châtiment qu’il inflige, il ne punira pas éternellement.

2. La Charité des saints, en cette vie, les fait prier pour leurs ennemis. Là-haut, ils auront une Charité plus parfaite, et prieront donc pour leurs ennemis damnés. Leurs prières ne pourront être inefficaces, puisqu’ils sont très agréés par Dieu. Donc, à cause de ces prières des saints, la miséricorde divine libérera un jour les damnés de leur punition.

3. La prédiction par Dieu de l’éternité du châtiment des damnés appartient aux prophéties de menace. Mais une prophétie de menace ne s’accomplit pas toujours, comme cela apparaît dans Jonas : il dit que Ninive serait détruite, et elle ne le fut point comme il l’avait prédit, et Jonas en fut attristé. Il semble donc que, bien plus encore, la miséricorde divine changera la menace d’un châtiment éternel en une sentence plus douce, qui ne donnera à personne de la tristesse, mais procurera à tous de la joie.

4. Le Psalmiste dit « Dieu sera-t-il en colère pour l’éternité ? » Or, la colère de Dieu, c’est la punition des méchants. Donc...

5. A propos d’Isaïe, « Tu as été projeté », la Glose interlinéaire dit « Même si toutes les âmes trouvent un jour le repos, toi tu ne l’auras jamais », en parlant du diable. Il semble donc que toutes les âmes humaines trouveront un jour la cessation de leurs tourments.

Cependant : il est dit en saint Matthieu, à propos des élus et des réprouvés : « Ceux-ci iront au supplice éternel, mais les justes, à la vie éternelle ». Il ne convient pas de dire que la vie des justes cessera. Il ne convient donc pas non plus de dire que le supplice des réprouvés se terminera.
En outre, saint Jean Damascène dit : « La mort est pour les hommes ce que la chute fut pour les anges. » Mais les anges, après la chute, furent irréparables. Donc aussi les hommes après leur mort. Le supplice des réprouvés ne cessera donc jamais.

Conclusion :

Comme le dit saint Augustin, certains suivirent sur ce point l’erreur d’Origène, et affirmèrent que les démons seraient punis à jamais, tandis que tous les hommes, même les infidèles, seraient un jour libérés de leur châtiment. Mais cette position est tout à fait déraisonnable. Car, de même que les démons doivent être punis perpétuelle ment à cause de leur obstination dans le mal, ainsi également, les âmes des hommes qui sont morts sans la charité, puisque « la mort est pour les hommes ce que leur chute est pour les anges », comme dit saint Jean Damascène.

Solutions :

1. Cette citation doit être entendue de l’homme selon son genre, parce que parfois l’indignation de Dieu s’éloigne du genre humain, à cause de l’avènement du Christ. Mais ceux qui ne veulent pas entrer ou demeurer dans cette réconciliation que le Christ a opérée, perpétuent en eux-mêmes la colère divine, puisqu’il n’y a point pour nous d’autres manières de réconciliation que celle qui se réalise à travers le Christ.

2. Comme disent saint Augustin et saint Grégoire, « les saints, au cours de cette vie, prient pour leurs ennemis afin qu’ils se convertissent à Dieu, tant que cela est encore possible. Si nous savions qu’ils sont prédestinés à la mort spirituelle, nous ne prierions pas plus pour eux que pour les démons ». Mais puisque, après cette vie, ceux qui sont morts sans la grâce ne connaîtront plus un instant où leur conversion serait possible, aucune prière ne sera faite pour eux, ni par l’Église militante, ni par l’Église triomphante. Pour eux, on ne peut prier, comme dit saint Paul, que pour que Dieu donne de faire pénitence, et qu’ils sortent des lacets du diable .

3. La prophétie de menace ne change que si sont modifiés les mérites de celui contre qui est proférée la menace. C’est pourquoi Jérémie dit : « Je parlerai aussitôt contre cette nation, contre ce royaume, afin de le déraciner, de le détruire et de le disperser. Si cette nation fait pénitence de son mal, je ferai moi-même pénitence pour le mal que j’ai eu l’intention de lui faire. » Puisque les mérites des damnés ne peuvent plus changer, la menace de leur châtiment s’accomplira toujours en eux. Ce pendant, la prophétie de menace s’accomplira toujours en eux en un certain sens, car, comme dit saint Augustin, « Ninive a été bouleversée, puis qu’elle était mauvaise et est devenue bonne : ses remparts et ses maisons sont demeurés, mais les mauvaises moeurs de la ville furent détruites ».

4. Ce mot du psaume vaut pour les vases de miséricorde qui ne se sont pas rendus indignes de la miséricorde; car, en cette vie, qui est comme une manifestation de la colère de Dieu à cause des souffrances d’ici-bas, les vases de miséricorde sont transformés en mieux. D’où ce mot du psaume: « Ce changement est l’oeuvre de la droite du Très-Haut. »
On peut dire aussi que ce passage doit être entendu de la miséricorde qui produit un relâchement, mais sans libérer totalement, si on l’applique aux damnés. C’est pourquoi, il est écrit : non pas « il préservera de sa colère ses miséricordes », mais bien : « dans sa colère », parce que la peine ne sera pas totalement supprimée, et tandis qu’elle demeure, la miséricorde agira pour la diminuer.

5. Cette Glose ne peut pas être prise absolument, mais dans une hypothèse impossible, pour accroître la grandeur du péché du diable lui-même, ou de Nabuchodonosor.

ARTICLE 4 : La miséricorde divine mettra-t-elle fin au châtiment des chrétiens damnés ?

Objections :

1. Il semble que, du moins pour les chrétiens, la miséricorde divine mettra fin au châtiment, car nous lisons en saint Marc : « Celui qui aura cru et aura été baptisé sera sauvé. » C’est le cas de tous les chrétiens : ils seront donc finalement sauvés.

2. Il est dit en saint Jean : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, possède la vie éternelle ». C’est l’aliment et le breuvage communs des chrétiens. Tous ceux-ci seront donc finalement sauvés.

3. Saint Paul écrit aux Corinthiens « Si celui dont l’oeuvre est brûlée subit un dommage, lui-même sera pourtant sauvé, bien que comme à travers le feu. » Il parle ici de ceux qui ont possédé le fondement de la foi chrétienne. Donc, ceux-ci seront tous sauvés finalement.

Cependant : S. Paul dit aux Corinthiens : « Les gens iniques ne posséderont pas le royaume de Dieu. » Mais il y a des chrétiens qui sont iniques. Tous les chrétiens ne parviendront donc pas au royaume, et certains seront punis perpétuellement.

En outre, il est dit en saint Pierre : « Il eût été mieux pour eux de ne point connaître la voie de la justice, plutôt que, après l’avoir connue, de retourner en arrière, loin du saint précepte qui leur avait été donné. » Ceux qui n’ont pas connu la voie de la vérité seront punis éternellement ; donc aussi les chrétiens qui ont reculé après l’avoir connue.

Conclusion : Certains, à ce que dit saint Augustin, promirent l’absolution de la peine éternelle, non à tous les hommes, mais aux seuls Chrétiens ; et ils différèrent dans la précision de leur pensée. Les uns dirent que tous ceux qui ont reçu les sacrements de la foi seront exempts de la peine éternelle. Mais cela est contraire à la vérité, puisque certains reçoivent les sacrements de la foi sans avoir la foi, « sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu ». D’autres dirent que seuls seront exempts de la peine éternelle ceux qui ont reçu les sacrements de la foi et ont possédé la foi catholique. Mais il semble contraire à cette opinion que des hommes aient possédé la foi catholique et s’en soient ensuite éloignés ils sont donc dignes non pas d’un châtiment moindre, mais plus grand. Car, « il eût été mieux pour eux de ne pas connaître la voie de la justice que de retourner en arrière après l’avoir connue ». Il est clair que le péché des chefs religieux qui, abandonnant la foi, fondent de nouvelles hérésies, est plus grand que celui de ceux qui dès le début ont suivi une hérésie. C’est pourquoi, d’autres ont dit que seuls sont exempts de la peine éternelle ceux qui persévèrent jusqu’à la fin dans la foi catholique, quels que soient les crimes dans lesquels ils sont impliqués. Mais cela est manifestement contraire à l’Ecriture, car il est dit en saint Jacques : « La foi sans les oeuvres est morte », et dans saint Matthieu : « Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux, mais bien celui qui accomplit la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » Et en beaucoup d’autres passages, l’Écriture menace les pécheurs de châtiments éternels.
Donc, tous ceux qui persistent jusqu’à la fin dans la foi ne seront exempts de la peine éternelle que si, à la fin, ils sont libérés de tous les crimes.

Solutions :

1. Le Seigneur parle ici de la foi formée, qui agit par amour : tout homme qui meurt avec cette foi sera sauvé. A cette foi s’oppose, non seulement l’erreur de l’infidélité, mais tout péché mortel.

2. Cette parole du Seigneur doit être entendue non au sujet de ceux qui ne font que manger sacramentellement l’Eucharistie, et dont certains parfois la mangent indignement, et, selon saint Paul aux Corinthiens, « mangent et boivent leur condamnation ». Le Maître parle de ceux qui mangent spirituellement, et qui sont incorporés à lui par la charité : c’est ce qu’opère la manducation sacramentelle, si quelqu’un s’en approche dignement. Donc, en vertu du sacrement l’âme est introduite en la vie éternelle, bien que quelqu’un puisse être privé de ce fruit par son péché, même après avoir reçu dignement ce sacrement.

3. Le fondement dont parle l’Apôtre est la foi formée. Celui qui a construit sur elle des péchés véniels subira un dommage, puisqu’il sera puni par Dieu mais lui-même sera finalement sauvé, comme par le feu : soit celui d’une épreuve temporelle, soit celui de la peine du purgatoire après la mort."

Guillaume.

 

 Deux citations à méditer
Auteur: Sébastien (---.w217-128.abo.wanadoo.fr)
Date:   28/11/2003 21:27

Je rajouterai au long textes de Guillaume deux autres citations très frappantes :

Une de Lacordaire :

« Oh ! non, détrompez-vous, l’amour n’est pas un jeu, on n’est pas impunément aimé par un Dieu, on n’est pas impunément aimé jusqu’au gibet. Ce n’est pas la justice qui est sans miséricorde, c’est l’amour. L’amour, nous l’avons trop éprouvé, c’est la vie ou la mort et, s’il s’agit de l’amour d’un Dieu, c’est l’éternelle vie ou l’éternelle mort. » (Conférence de Carême)

Et aussi cette magnifique péroraison de l’Abbé Arminjon en la Cathédrale de Chambéry qui fit la plus grande impression sur sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et sa sœur Céline :

« Cette lecture fut encore une des plus grandes grâces de ma vie, je la fis à la fenêtre de ma chambre d’étude et l’impression que j’en ressentis est trop intime… et trop douce pour que je puisse la rendre… Toutes les grandes vérités de la religion, les mystères de l’éternité, plongeaient mon âme dans un bonheur qui n’était pas de la terre… »


« Enfin, dirons-nous, l'amour est tout-puissant, il a des secrets, des excès dont nos cœurs ne sauraient avoir le soupçon, et, quoi que l'on dise, il ne peut consentir à perdre éternellement la créature, œuvre de ses mains et rachetée de son sang. Ah ! l'amour, nous pourrions l'opposer à la justice, si c'était la justice qui punît ; mais la justice s'est désarmée, il y a dix-neuf siècles, sur le Calvaire ; au pied de la croix elle a signé quittance à l'humanité des dettes que celle-ci avait contractées par ses crimes, elle a brisé le glaive de ses rigueurs pour ne plus s'en ressaisir.
Écoutons saint Paul « Quel est celui qui accusera devant les élus de Dieu ? Le Dieu qui justifie. Quel est celui qui condamne ? Le Christ Jésus, celui qui est mort, qui est ressuscité, qui est assis à la droite de Dieu et qui ne cesse d'interpeller « pour nous . »
Or, c'est parce que la malédiction vient de l'amour qu'il ne saurait y avoir de rédemption.
Si c'était la justice qui punît, l'amour pourrait s'interposer encore une fois sur la montagne et dire : Grâce, pitié, mon Père, épargnez l'homme, et agréez en échange de la mort qui lui est due, l'hommage de ma chair et de mon sang ! ...
Mais, lorsque c'est celui-là même, qui est pour nous plus qu'un frère, plus qu'un ami le plus tendre... qui resserre ce cœur dévoré de tendresse, et le convertit en un foyer inépuisable de haine, comment l'ingratitude de l'homme qui a opéré cette transformation, d'autant plus épouvantable qu'elle est plus contre nature, oserait-elle se promettre une espérance et un abri ?
Ô vous, qui une fois ou l'autre, sur cette terre, avez aimé d'un amour sincère, brûlant, illimité, vous connaissez les exigences et les lois de l'amour... L'amour s'offre longtemps, il s'offre avec insistance et avec excès, il souffre, il se dévoue sans réserve, il s'abaisse, il se fait petit... Mais il est une chose qui le rend implacable et qu'il ne pardonne jamais, c'est le mépris qui s'obstine, le mépris jusqu'à la fin.
Allez donc, maudits, dira le Sauveur au jour de son jugement : Ite maledicti. J'avais tout fait pour vous, je vous avais donné ma vie, mon sang, ma divinité, mon être; et en échange de mes libéralités infinies, je ne vous demandais que cette simple parole : Je t'obéis, je t'aime. Vous m'avez constamment dédaigné, et vous n'avez répondu à mes avances, que par ces paroles : « Va, je te préfère mes grossiers intérêts et mes brutales voluptés... »
Soyez vous-mêmes vos juges, ajoutera le Sauveur : Quelle sentence porteriez-vous contre l'être le plus chéri et le plus adoré, qui vous aurait opposé la même indifférence et la même dureté ?
Ce n'est pas moi qui vous réprouve, c'est vous-mêmes qui vous êtes maudits. Vous avez choisi, de votre plein gré, la cité où l'égoïsme, la haine, la révolte ont assis leur empire. Je retourne dans le Ciel où sont mes anges, et j'y reporte ce Cœur, objet de vos insultes et de vos dédains. Soyez les fils de votre choix, restez avec vous-mêmes, avec ce ver qui ne meurt pas, avec ce feu qui ne s'éteint pas.
Tremblons, mais aussi soyons saisis d'une vive et inébranlable confiance ! La damnation est l’œuvre de l'amour. C'est la miséricorde incarnée qui fixera notre sort et portera l'éternelle sentence. Il est donc aisé de la conjurer pendant le temps que dure la vie présente. L'amour, ici-bas, n'exige pas une parité parfaite entre la faute et la peine. Il se contente de peu, d'un soupir, d'un bon vouloir... Jésus-Christ nous ouvre son Cœur, nous sommes le prix de son sang et sa conquête ; il nous destine l'éternité, non pas une éternité de larmes et de souffrances, mais une éternité de béatitude que nous posséderons avec lui, dans le sein de .son Père, en union avec l'Esprit Saint et au foyer même de sa gloire. Ainsi soit-il. » (6eme conférence)

Cordialement

Sébastien
 Re: apocatastase ?
Auteur: Arnaud DUMOUCH (193.191.142.---)
Date:   29/11/2003 19:58

 

Chers amis, je vous livre  et article de saint Thomas en vous mettant en garde contre ces textes du Supplément. Ils sont des compilations d’œuvres de jeunesse. Lus comme cela, en oubliant tout ce qui a été précisé dans ce débat, (le damné choisit lui-même ; Aucune peine n’est surajoutée par un Dieu vengeur ; Toutes les peines (y compris le feu) viennent du propre choix du damné qui vient contrarier la nature humaine ; la justice de Dieu est des plus terrible car elle n’est qu’amour révélé ; etc.) Oublier cela, c’est devenir rigoriste, sectaire...

D’autre part, saint Thomas parle ici du MODE de l’amour DES ELUS QUI SONT DANS LA VISION BEATIFIQUE pour les damnés. Ce mode nous est impossible ici-bas, sauf don d’intelligence particulier venant du Saint Esprit…  

 

Question 94 : Article 10 : Les bienheureux se réjouiront-ils des peines des impies ?

Objection 1 : Cela ne semble pas : se réjouir du mal d’autrui se rattache à la haine. Dans les bienheureux, il n’y en aura pas. Ils ne se réjouiront donc pas des souffrances des damnés.

Objection 2 : Les bienheureux au Ciel seront tout à fait conformes à Dieu. Mais « Dieu ne se réjouit pas de nos peines ». Donc pas davantage les bien­heureux.

Objection 3 : Ce qui est réprouvable chez l’homme de la terre ne peut aucunement se trouver en celui du Ciel. Mais ici-bas il est tout à fait condam­nable de se réjouir des peines d’autrui, et très louable de s’en affliger. Donc, les bienheureux ne se réjouiront aucunement des peines des damnés.

 

Cependant : Le Psalmiste dit : « Le juste se réjouira en voyant la vengeance ».

En outre, Isaïe dit que les cadavres des révoltés « donneront une vision de satiété à toute chair ». Mais la satiété signifie l’assouvis­sement de l’esprit. Les bienheureux jouiront donc des peines des impies.

 

Conclusion : Une chose peut être occasion de joie de deux manières : ou bien, par soi, quand on se réjouit d’une chose pour elle-même ; et de cette manière les saints ne se réjouiront pas des peines des impies. Ou bien par accident, c’est-à-dire à cause de quelque chose qui s’y ajoute ; et ainsi les saints se réjouiront des peines des impies en considérant l’ordonnance de la divine justice pour ceux-ci, et leur libération personnelle, source de joie. Ainsi la justice divine et la libération des bienheureux seront par elles-mêmes cause de joie, tandis que la peine des damnés ne le sera que par accident. [1]

 

Solution 1 : Se réjouir du mal d’autrui en soi, appartient à la haine, mais non pas se réjouir de ce mal à cause d’une autre circonstance qui s’y rattache. De cette manière, il arrive même que quelqu’un se réjouisse de son propre mal si, par exemple, quelqu’un se réjouit de ses propres souffrances en tant qu’elles lui procurent du mérite pour le Ciel. Saint Jacques dit « Frères, quand vous tombés en diverses tentations, considérez-le comme une joie ».

Solution 2 : Bien que Dieu ne se réjouisse pas des peines en tant que telles, il s’en réjouit en tant qu’elles sont ordonnées à sa justice.

Solution 3 : Chez les élus du Ciel comme chez les hommes qui vivent de la charité sur la terre, il n’est pas louable de se réjouir des peines des autres en tant qu’elles font souffrir. Mais cela devient louable s’il s’en réjouit en tant qu’elles sont liées à quelque bien. On le voit aussi dans l’amour parental. On se réjouit d’une épreuve subie par un enfant, non parce qu’elle l’a fait souffrir mais parce qu’elle l’a fait mûrir. Ainsi, au Ciel, on se réjouit de la souffrance des damnés non parce qu’elle les torture mais parce qu’elle est le signe de la liberté de leur choix et du respect de Dieu pour ceux qui, pourtant créés pour l’amour, préfèrent subir le feu de leur nature coupée de sa fin que de se repentir de l’orgueil. Cependant, il y a cette différence entre l’homme de la terre et celui du Ciel : en celui du Ciel, les passions naissent fréquemment sans jugement de sa raison ; et pourtant, elles sont parfois louables en tant qu’elles indiquent une bonne disposition de l’esprit, comme les mouvements de la honte ou de miséricorde ou de regret du mal. Chez les hommes du Ciel, il ne peut y avoir de passion qui ne suive pas un mouvement de la raison.

 


 

[1] Les saints ont eu parfois sur le mystère de l’enfer des mots qui donnent le vertige. Reprenant l’invocation des Litanies : «Par tes saints jugements, délivre-moi, Seigneur », Angèle de Foligno disait : «Je ne vois pas plus la Bonté de Dieu dans un homme bon et saint, et dans plusieurs hommes bons et saints, que dans un damné ou dans la multitude des damnés. Cette profondeur ne m’a été montrée qu’une fois, mais jamais je n’en perds le souvenir ni la joie. Et si tout ce qui tient à la foi venait à me manquer, il me resterait encore pour­tant cette unique certitude au sujet de Dieu, celle de ses jugements, de la justice de ses jugements. Mais, oh! quelle grande profondeur est ici! Mais tout ceci va à l’utilité des bons : car toute âme qui aurait ou qui aura la connaissance de ces jugements et de cet abîme, tirera fruit de tout, par cette connaissance du nom de Dieu ». Livre de sainte Angèle de Foligno, fin de la 1re partie, vers te milieu du 7ème passage.

 l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   01/12/2003 09:11

je me permets de vous donnez ce lien : http://dsaurel.free.fr/Apocatastase/Destruction.htm

lisez et dites moi ce que vous en pensez,
Merci
Thomas

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Roland (---.152-200-80.adsl.skynet.be)
Date:   01/12/2003 10:32

Je me permets, pensant vous faire gagner du temps, constater l'incompréhension existant entre au moins deux cultures (incompréhension fondée sur un malentendu ou un pas encore entendu?) de vous donner cette référence : Nayla Farouki, La foi et la raison- Histoire d'un malentendu, Flammarion, 1996.
Cette dame ,de culture musulmane et chrétienne, est professeur de philosophie et d'histoire des sciences. Avec M. Serres, elle dirige la collection 'Dominos' chez Flammarion.
Lisez et ne me dites pas nécessairement ce que vous en pensez; très cordialement, Roland

 

 Quatre objections.
Auteur: Sébastien (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   01/12/2003 10:41

1) J'ai survolé le travail en question, qui doit être un mémoire de maîtrise. L'auteur y combat l'apocatastase. Voici sa conclusion : "Mon choix de rejeter l'apocatastase est, même selon la raison, le bon! Mais sans plaisanterie, l'Eglise l'a toujours enseigné: l'apocatastase est un mensonge."


2) Je vous rappelle que l'opinion d'Origène a été condamnée par le Concile de Constantinople. : "Si quelqu'un dit ou pense que le supplice des démons et des hommes impies prendra un jour fin (...) qu'il soit anathème'' (DB : 211)


3) La réduction à néant du pécheur n'est pas conforme

a) à l'attribut divin de la justice : " Il ne convient pas à la justice de Dieu que le pécheur soit tout à fait réduit à néant, parce que ce serait contraire à la perpétuité de la peine, qu'exige, avons-nous dit, la justice divine. Mais de celui qui est privé des biens spirituels, on dit qu'il est réduit à rien : « Si je n'ai pas la charité, je ne suis rien », dit l'Apôtre (1 Co 13, 2)." (I-II, 87, 4, ad 4)

b) A la puissance ordonnée de Dieu :

Dieu n'agit jamais contre la nature des êtres mais la respecte.
Or la nature des êtres spirituels est d'être incorrputible
Donc Dieu ne réduira pas les êtres spirituels au néant.

c) A la volonté de Dieu qui est immuable et obtient toujours son effet :

'' puisque la volonté de Dieu est cause universelle à l'égard de toutes choses, il est impossible que la volonté de Dieu n'obtienne pas son effet. C'est pourquoi, ce qui semble s'écarter de la divine volonté dans un certain ordre y retombe dans un autre. Le pécheur, par exemple, autant qu'il est en lui, s'éloigne de la divine volonté en faisant le mal ; mais il rentre dans l'ordre de cette volonté par le châtiment que lui inflige la justice." (I, 19, 6, c.)


d) Au motif de la création

Dieu a voulu la créature spirituelle pour elle-même.
Or si Dieu réduisait la créature spirituelle à néant, celle-ci ne serait plus voulue pour elle-même.
Ergo.

4) Le dessein de Dieu n'a pas été frustré par la chute des anges. "L'intention divine n'est frustrée ni à propos de ceux qui pèchent, ni à propos de ceux qui sont sauvés. Dieu a prévu l'un et l'autre événement, et de l'un et de l'autre il tire sa gloire, soit en sauvant les fidèles, en raison de sa bonté, soit en punissant les pécheurs, en raison de sa justice." (I, 63, 7, ad 2). Cette réponse, vous choquera peut-être; mais vous oubliez que le châtiment et la peine sont d'abord dus à la créature en stricte justice

Merci d'examiner sérieusement ces arguments et de ne pas répéter toujours la même chose.

Cordialement

Sébastien

 

 Re: Quatre objections.
Auteur: Roland (---.152-200-80.adsl.skynet.be)
Date:   01/12/2003 11:35

"Qu'est ce qui relie-ou sépare- la science, la philosophie et les religions monothéistes? Il est courant de les opposer en termes de Foi et de Raison. D'un côté, le subjectif et le spirituel; de l'autre, l'objectif et l'universel . De ce fait, la Raison se retrouve réservée aux seules disciplines de la philosophie et de la science. Pour Nayla Farouki, cette opposition est simpliste(...) " 4e de couverture de l'ouvrage précité; ouvrage (1996)que Sébastien n'a peut-être pas lu , ou pu lire quand il a entrepris ses études mais...

 

 Re: Quatre objections.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   01/12/2003 15:04

question : pourquoi pas d'intervention de l'animateur de cet excellent forum sur ces questions ?

j'espere bien l'entendre sous peu !!

Thomas

 

 Re: Quatre objections.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   01/12/2003 15:07

en revanche Roland , j'ai bcp de mal à comprendre de quoi vous parlez...

Thomas

 

 Re: Quatre objections.
Auteur: Sébastien (---.w193-252.abo.wanadoo.fr)
Date:   01/12/2003 17:54

Roland,

Vous êtes hors sujet......

 

 Re: Quatre objections.
Auteur: Roland (---.152-200-80.adsl.skynet.be)
Date:   01/12/2003 18:23

à Thomas, je voulais indiquer que philosophie, science et monothéisme se sont construits de façon rationnelle; que ces trois prennent appui sur l'acceptation de postulats, de croyances préalables; selon moi, dans le cas du monothéisme: Dieu a parlé par les prophètes . Philosphiquement, Dieu (d'où vient ce mot doté d'une initiale majuscule? )est un concept transcendantal; ni plus, ni moins; v. Pascal qui parle du "Dieu des philosophes" et du "sien" . Pascal, il est vrai, aurait été un existentialiste sans encore d'étiquette;
à Sébastien, je vous comprends et vous fais confiance.
Merci à tous les deux, R

 

 Ultime argument
Auteur: Sébastien (---.w193-252.abo.wanadoo.fr)
Date:   01/12/2003 18:33

Chers amis

Internet est un merveilleux outil. Grâce aux ouvrages numérisés de la BNF, j'ai pu accéder à ce profond texte de Lacordaire, que je recopie et vous livre :

« Tout en confessant que l’anéantissement du pécheur a le caractère d’une conclusion, j’ajouterais que cette conclusion soumet Dieu au pécheur, puisqu’elle le contraint de défaire ce qu’il a fait et ce qu’il a fait pour être toujours. Quoi ! l’univers ne périra point, ses plus obscurs éléments conservés et transformés par la toute puissance divine serviront, selon Saint Paul, à la liberté de la gloire des enfants de Dieu ; la jalousie du Créateur veillera éternellement sur leur beauté délivrée de la corruption ; et il serait possible qu’une âme pérît, parce que cette âme n’aurait pas voulu connaître Dieu ! Le chef d’œuvre de la sagesse Incréée, la vase d’honneur pour qui tout le reste a été fait, serait à la merci du pécheur ! Le pécheur, après avoir tués son corps ici-bas, tuerait là-haut son âme, et ce meurtre de son âme, le plus grand de tous les crimes, serait son unique châtiment ! Non, n’y croyez pas, vous ne tuerez pas votre âme. Vous le voudriez bien à présent ; vous ne travailler qu’à ruiner sa lumière, sa liberté, sa grâce ; mais c’est en vain. Quoique habitant le séjour de la caducité, cette sublime essence échappe à vos coups ; que sera-ce lorsqu’elle abordera les rivages où rien ne s’altère et où l’immortalité se respire comme nous respirons l’air ici-bas ? On ne tue pas les âmes dans le temps ; comment les tuerez vous dans l’éternité ? Elles vivront donc, elles vivront à jamais ; ouvrage le plus précieux du Créateur, vous aurez pu les souiller, mais non pas les détruire, et Dieu, en y mettant de sceau de sa justice, parce que vous l’aurez obstinément voulu, saura en faire jusque dans la perdition des signes de l’ordre et des hérauts de sa gloire. » (Henri Lacordaire, 72 e Conférence à Notre-Dame)

 

 Re: Ultime argument
Auteur: Polaire (---.proxy.aol.com)
Date:   01/12/2003 23:01

Rep à Sébastien

""""""""") Je vous rappelle que l'opinion d'Origène a été condamnée par le Concile de Constantinople. : "Si quelqu'un dit ou pense que le supplice des démons et des hommes impies prendra un jour fin (...) qu'il soit anathème'' """"""""""""""

Anathème !
Donc , rien à débattre sur cette question . Je le dis sans aménité .Chacun peut librement exposer son point de vue .Mais nous sommes placés dé-facto dans une axiomatique .Je n' accepte pas les axiomes de cette géométrie céleste donc je ne peux débattre .
Les partisans de l 'apocatastase ne peuvent débattre par défaut d' acceptation des axiomes .

Exemple d' axiome :"""l'attribut divin de la justice : " Il ne convient pas à la justice de Dieu que le pécheur soit tout à fait réduit à néant, parce que ce serait contraire à la perpétuité de la peine, qu'exige, avons-nous dit, la justice divine. """
"La totalité de votre théologie est axiomatique ..

Ces axiomes n'ayant pas le sens commun( non qu'ils soient insensés ) ne sont pas partageables aisément .
Ce qui inviterait au partage ,plus aisément ,serait de s' appuyer sur l 'existence et l'expérience de l'existence .De l'existence commune ,celle de tout un chacun ,celle sur laquelle nous nous accorderions de pouvoir méditer et philosopher .
Votre théologie incite à l'obéissance mais en aucunca à la méditation ,encore moins à la pjhlosophie .


Je vous signale que vous répétez toujours la même chose mais nous tous sommes dans la même situation )

Polaire

 

 Re: Ultime argument
Auteur: L'animateur du forum (---.w80-13.abo.wanadoo.fr)
Date:   02/12/2003 07:38

 
Cher J. L. Polaire,

     Je partage totalement le point de vue de Sébastien, et je comprends votre réaction (Sébastien aussi, certainement). La Théologie dogmatique repose entièrement sur les principes révélés reçus dans la foi. Cela signifie que s'il y a certes des raisons naturelles de convenance à refuser la rémission finale de la damnation ou l'anéantissement des damnés, ces motifs ne seront jamais essentiels. Ils ne sont que des indications du style : "il faut qu'une juste peine soit appliquée pour que la faute soit estimée à sa juste valeur et qu'elle dissuade la personne honnête" ou "mieux vaut vivre souffrant que mourir". Mais nous n'irons pas très loin avec cela.

     Non, l'essentiel du dogme relève de la foi et il est normal que l'incroyant soit bousculé dans ses opinions, voire même scandalisé au premier abord. Il est normal aussi qu'il réclame une explication naturelle, et non moins normal qu'on lui explique qu'on ne peut pas la lui donner au bout du compte. Si explication naturelle il y avait, il n'y aurait plus besoin de croire et seraient coupables tous ceux qui n'adhèreraient pas aux dogmes.

     Cela ne dédouane pas l'incroyant du devoir de recherche objective de la vérité, mais modifie sa responsabilité quant à l'adhésion aux vérités surnaturelles.

Cordialement

 

 Re: Ultime argument
Auteur: Sébastien (---.w217-128.abo.wanadoo.fr)
Date:   02/12/2003 08:28

Cher Jean-Luc P.,

La réponse que je vous ferai est substantiellement la même que celle de Guy. L’éternité des peines de l’enfer ne peut être apodictiquement démontrée.

« Durus est hic sermo, et quis potest eum audire? » « Dure est cette parole. Qui peut supporter de l’entendre ? » (Jean 6 :60)

L’éternité de l’enfer est un mystère de justice, qui est la suite d’un mystère d’iniquité. Elle est, dit Garrigou-Lagrange, plus difficile à saisir encore que les mystères de la grâce qui, de soi, sont très lumineux, mais obscurs pour nous à cause de la faiblesse de notre esprit semblable à l’œil de l’oiseau de nuit face à la clarté resplendissante du soleil. Au contraire, les mystères d’iniquité sont non seulement obscurs pour nous, mais obscurs en soi : ils ont l’épaisseur des ténèbres elles-mêmes.

La seule chose que nous pouvons faire est de donner des raisons de convenance. C’est ce que j’ai essayé de faire ici, sans doute maladroitement. Ces arguments peuvent être profonds et très métaphysiques, néanmoins, ils ne sont pas purement démonstratifs. Dans un autre ordre, on peut toujours multiplier dans un cercle les côtés d’un polygone, ceux-ci s’approcheront toujours davantage de la circonférence, sans jamais s’identifier avec la circonférence elle-même.

Cordialement
Sébastien

 

 Re: Ultime argument
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   02/12/2003 09:16

cher animateur de cet excellent forum...

je veux juste signaler que ce que vous dites à J.L. Polaire vaut aussi pour les croyants...
et si vous lisez le doc dont j'ai communiqué les références, il me semble que l'Ecriture n'est pas aussi catégorique... notamment l'Apocalypse.
De plus il est contradictoire d'affirmer que Dieu sera tout en tous, et d'affirmer l'éternité de l'enfer et autres choses similaires...
Peut être tout simplement que nous n'en savons rien...

Thomas qui aimerait savoir comment vous interprétez (Sébastien aussi) les citations de l'Ecriture du doc signalé plus haut.
Merci

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: L'animateur du forum (---.rain.fr)
Date:   02/12/2003 11:36

 
Cher Thomas,

      «Les méchants qui sont sans amour, Dieu ne les reconnaît pas. Ils n'ont rien par quoi Dieu pourrait les identifier. Ils sont morts à toute vérité de l'être. Ils cessent par là-même d'exister». Cette phrase est terriblement équivoque. L'auteur confond la mort spirituelle et la mort physique. Le fait d'être mort à la Grâce par la faute mortelle ne conduit pas à la mort ontologique (heureusement pour nous pauvres pêcheurs !). C'est pouquoi il fait un contresens total dans sa citation : «"Nous savons, nous, que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n'aime pas demeure dans la mort" (Première épître de Saint Jean, 3.14)». Demeurer dans la mort, c'est continuer d'être.

     «Mais cette même immortalité de l'âme est entre les mains de Dieu un don pour le bonheur, et non un don pour le malheur d'une damnation éternelle. Le malheur de Ses créatures ne rentrant pas dans les desseins de Dieu, la destruction d'un tel malheur satisfait la justice divine. "Dieu change Ses oeuvres et non Ses desseins"». Argumentation particulièrement spécieuse (hélas, le texte en est farci et on ne peut les relever toutes). On vient de montrer longuement que l'enfer n'est pas l'œuvre de Dieu. En changeant l'enfer, Dieu change quelque chose qui n'est pas Son œuvre, contrairement à ce que l'auteur dit, mais change ainsi Ses desseins. Faux sur toute la ligne.

     «Car ce serait au contraire le triomphe du mal si la volonté de l'enfer était satisfaite et éternisée dans sa perversion». Non, ce serait le triomphe du Bien, qui demeure Bien infini en présence de l'Enfer.Le bien suprême, ce n'est pas la suppression du mal, comme le voudraient les bouddhistes ou les stoïciens, c'est la victoire sur le mal. On peut parfaitement être victorieux du mal sans que celui-ci soit anéanti. Au contraire, l'éternité du mal montre que la Victoire est éternelle et non pas seulement un coup heureux.

      D'une manière générale, par ses citations et leur interprétation, l'auteur montre clairement qu'il ne fait aucune différence entre la mort de la vie de la Grâce et la mort de la vie naturelle et ontologique. C'est la source de toute sa confusion.

Cordialement.

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   02/12/2003 17:29

donc, cher animateur, si je vous comprends bien, il y a quelque chose qui demeure "aimable" dans Satan, ontologiquement au moins ? et ce éternellement.

Thomas

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: L'animateur du forum (---.w193-252.abo.wanadoo.fr)
Date:   02/12/2003 17:42

 
Cher Thomas,

     Oui, le fait qu'il soit !

Cordialement

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Polaire (---.proxy.aol.com)
Date:   02/12/2003 18:56

rep à Guy et à Sébastien

Vous me placez devant un choix l'incroyance ou l'essentiel de la foi relevant du dogme .(et non l'inverse ).
Ce dont il s'agit c'est d'un ensemble de dogmes auxquels il faudrait croire sous le motif qu'ils sont révélés .
La foi neserait donc pas en amont mais en aval .
Ce ne serait donc pas la foi qui détreminerait l'altérnative mais le contenu de la foi .
Ainsi un croyant en Dieu ne serait pas un croyant s'il ne croyait pas dans les dogmes de l Eglise catholique .( sil était protestant par exemple ...janséniste ou autre )
Vous devriez parler non d'INCROYANTS mais de croyants non-catholiques .Ou de croyants catholiques mais en désaccord sur l'apocatastase .

La foi en Dieu préexiste à la croyance en un corpus de dogmes .Ceux ci resteraient sinon lettres mortes .
Ceux -ci ne sont pas révélés . C'est une thèse qui se défend autant que la vôtre .
Il vous faudrait deux "fois"(deux fidéismes ) . Une en Dieu partageables par biens des humaisn sur terre et une autre en la révélation se concrétisant dans les dogmes catholiques par exemple mais avant tout comme problème de la révélation en soi et en général
Alors distingons les fois .
L'une n'implique pas l 'autre
.
La foi en Dieu n'est pas au même niveau que la foi en la révélation .Que la révélation soit d' ailleurs catholique ou autre .Car c'est de savoir si on peut croire en une REVELATION qui fait problème , aussi .
Cest à dire en une parole de Dieu en direction et audible par les hommes .

Maintant l''apocatastase est refusée par l Eglise , certes ,mais pas par la totalité des chrétiens .Saint Gregoire d Nysse est son plus évident défenseur ( plus clairement qu'Origène ) et il est reconnu comme chrétien et plus ,comme catholique . Qui irait militer pour sa décanonisation .?

Je sais que ce Saint là ( brillant philosophe de surcroit )est une épine .Mais après tout , vous êtes de force à endurer celle là .

polaire

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Sébastien (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   02/12/2003 19:11

"""Maintant l''apocatastase est refusée par l Eglise , certes ,mais pas par la totalité des chrétiens .Saint Gregoire d Nysse est son plus évident défenseur ( plus clairement qu'Origène ) et il est reconnu comme chrétien et plus ,comme catholique . Qui irait militer pour sa décanonisation .?""

Vous savez Saint Thomas était contre l'Immaculée Conception.....Il n'est pas question non plus de le décanoniser. Simplement, au moment où Saint Thomas écrivait, l'Eglise ne s'était pas prononcée sur le sujet. Pareil pour Grégoire de Nysse.

Cependant, pour un catholique, la norme est le Magistère, quand il définit une vérité. Or c'est précisement ce qu'il a fait a propos de l'apocatastase, comme le rappelle Roland en citant le dictionnaire de Karl Rahner.
Cf. Saint Thomas :


« Ce qui possède la plus haute autorité, c'est la pratique de l'Église à laquelle il faut s'attacher jalousement en toutes choses. Car l'enseignement même des docteurs catholiques tient son autorité de l'Église. Il faut donc s'en tenir plus à l'autorité de l'Église qu'à celle d'un Augustin ou d'un Jérôme ou de quelque docteur que ce soit. » (II-II, 10, 12, c).
Et « il est dit dans une décrétale : ‘‘Aussi souvent qu'un problème de foi est agité, j'estime que tous nos frères et coévêques ne doivent se référer qu'à Pierre c'est-à-dire à l'autorité qui est sous son nom.’’ Or ni S. Jérôme, ni S. Augustin, ni aucun des saints Pères n'a défendu sa manière de penser contre l'autorité de Pierre. » (II-II, 11, 2, ad 3m.)

Cordialement

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Sébastien (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   02/12/2003 19:20

Cher Thomas,

L'animateur et moi-même, nous avons pris la peine de répondre à vos objections. Par contre, vous êtes resté étonnamment silencieux sur les miennes. Dois-je comprendre que vous les trouvez convainquantes ?

Cordialement

Sébastien

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: L'animateur du forum (---.w80-14.abo.wanadoo.fr)
Date:   02/12/2003 21:22

 
Cher Polaire,

     Votre diagnostic est juste. Ce n'est pas sur l'existence de Dieu que porte la foi, mais bien sur la Révélation qu'il nous a donnée. L'objet de la Foi, c'est le contenu de l'Ecriture Sainte : la Doctrine Sacrée. Croire, c'est croire à ce que Dieu nous a révélé de Lui-même et de notre salut. Révélation consignée dans la Bible, et confiée en dépôt à l'Eglise qui est maîtresse de son interprétation. Notamment par la formulation des dogmes.

     Croire en Dieu ne relève pas formellement de la foi. C'est pourquoi c'est une attitude largement répandue dans le Monde.

     Plus je réfléchis à ce thème et plus je me dis que le nœud de la foi consiste à croire en l'Eglise. C'est l'expérience "cruciale", l'endroit où le madrier horizontal croise celui vertical. Malheureusement c'est aussi ce qui est le plus difficile à faire admettre, y compris à beaucoup de catholiques qui se revendiquent tels et qui le sont certainement. L'Eglise est la maîtresse de la Révélation, elle est la voie de la connaissance et de la pratique surnaturelles. C'est Elle qui fixe le sens et les limites de la Révélation. Elle qui transmet oralement de personne à personne, depuis les apôtres jusqu'à nos jours, la juste attitude envers la Parole de Dieu (véritable sens de la "Tradition"). l'Eglise est le corps dont le Christ est la tête.

     La mission de l'Eglise n'est pas de rendre la Parole audible à l'homme, mais de rendre l'homme auditeur de la Parole.

Cordialement

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: L'animateur du forum (---.w80-14.abo.wanadoo.fr)
Date:   02/12/2003 21:31

 
Cher Polaire,

     «La foi en Dieu préexiste à la croyance en un corpus de dogmes .Ceux ci resteraient sinon lettres mortes». Je dirai exactement le contraire : C'est parce que l'existence de Dieu ne relève pas de la foi, mais de la raison naturelle qu'il devient subitement tout à fait croyable que Celui-ci se soit révélé aux hommes dans les conditions définies par Lui et dans une intention qui Lui appartient. Parce que Dieu ne relève pas de la foi, les dogmes en deviennent plus croyables.

Cordialement

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Polaire (---.ipt.aol.com)
Date:   02/12/2003 22:47

rep à Guy Delaporte

Que l'existence de Dieu ne relève pas de la foi ?

Vous pourriez tenir un discours sur un être X paré de diverses qualités ,invisible ne tombant pas sous les sens, mais qui aurait la possibilité de parler aux hommes , le feriez- vous que vous obtiendriez diverses réponses sur de puissants extra-terrestres dont l'existence serait à demontrer ,mais vous n'auriez jamais Dieu ,si Dieu n'était pas là présent avant la théologie .
C'est ainsi que le discours s' amplifie et enveloppe de ses mots une intuition qui est de l'ordre de l' IDEE de dieu .

(Mais vous pourriez faire l'analogie entre raison naturelle et intiuition de Dieu ).
...........................................................................................
L' intuition est une idée qui nous vient . Que nous ne voulons pas, qui possède qui s'impose .
Elle transcende toutes les détermnations ultérieures , ce que vous nommez les dogmes .
Lesquels sont des approches , dans l'ordre du langage, de l'intuition .

A cet effet L'ARGUMENT ONTOLOGIQUEest supérieur à toutes démonstrations logiques
Pour rmoi l'idée que de Dieu l'essence coincide avec l 'existence n'est pas de la logique, donc n'est pas médiatisée, elle est immédiate .

.............................................................................................
Les dogmes participent de l'effort de chaque humain( et d 'un rassemblement ecclésial ) de dire dans le langage des hommes et à leur usage la relation intuitive à Dieu .

L 'Eglise n' a pas d'existence hors ou au dessus de la mutiplicité( d' ailleurs conflictuelle) de ses membres .Vous pouvez l'affirmer , c'est là un nouvel objet de foi auquel il faudrait que j adhère .

Il est évident que l 'Eglise n'est pas une ,unifiée ,toute unie en une seule foi .. comme un seul homme et la rappel solennel à Pierre sous un seul vocable est trop fort pour ne pas laisser penser à des désunions possibles .
Il y en eut.Et je vous vois combattre ,vous et Sébastien , pour qu'il n'y en ait .
point .

Polaire jean luc

PS""" La mission de l'Eglise n'est pas de rendre la Parole audible à l'homme, mais de rendre l'homme auditeur de la Parole."""
Votre maxime est bien frappée ,mais en général dans la quotidienneté et même dans l'extraordinaire ,Il y a pas d'auditeur pour ce qui est inaudible .Et je le dis sans ironie aucune .

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: L'animateur du forum (---.w217-128.abo.wanadoo.fr)
Date:   02/12/2003 23:24

 
Cher J. L. Polaire,

     «Que l'existence de Dieu ne relève pas de la foi ?» C'est ce que je vais essayer de montrer avec une série de cours qui ont commencé sur le E_Studium.

     «L'ARGUMENT ONTOLOGIQUE est supérieur à toutes démonstrations logiques». Oui, c'est vrai, st Thomas le reconnaît, c'est pourquoi il ajoute que seul Dieu peut le comprendre pleinement. Pour Dieu seul, il est démonstratif, car Son essence est Son existence et Lui seul peut connaître pleinement Son essence. Pour nous, jamais une existence ne pourra être déduite d'une essence.

     «L'Eglise n'a pas d'existence hors ou au dessus de la mutiplicité (d' ailleurs conflictuelle) de ses membres. Vous pouvez l'affirmer, c'est là un nouvel objet de foi auquel il faudrait que j'adhère». Exact (pour la seconde partie de la citation). C'est même un objet "crucial" comme je vous le disais précédemment.

     «Il est évident que l'Eglise n'est pas une, unifiée, toute unie en une seule foi .. comme un seul homme». L'Eglise n'est pas monolitique, et tout n'est pas dogme, Dieu merci. Le dogme, pour lequel la foi est une depuis les Apôtres jusqu'à nos jours, ne représente que le fondement de la Doctrine. Mais le plus clair de son contenu est encore objet de débats légitimes et conflictuels dans l'Eglise. Pas de problème là-dessus. Sans arrêt d'ailleurs surgissent de nouvelles questions avec les progrès et régressions de l'espèce humaine. C'est le propre d'une secte que de tout ériger en dogme.

     «Il y a pas d'auditeur pour ce qui est inaudible». Peut-être que chez nous, aujourd'hui, l'Eglise (moi) ne remplit pas assez bien sa mission. Ce n'est pas le cas partout.

Cordialement

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 09:21

Cher animateur,

donc si Satan est aimable en tant qu'il est, un amour bafoué semble entrainer des conséquences douloureuses en celui qui aime, non?

Thomas

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 11:42

à Sébastien, (mais aussi à tous !)

ce qui fait toujours difficulté pour moi se concentre dans la phrase de St Thomas selon laquelle les supplices des damnés "augmente" la béatitude des élus alors que je penserais volontiers le contraire.
intégrer le mal dans le plan de Dieu comme un passage versun plus grand bien ne me semble possible qu'a posteriori, même pour Dieu j'allais dire.
Enfin, l'Apocalypse ne me semble pas en phase avec l'idée d'éternité de l'Enfer, il est dit que de mort il n'y en aura plus, etc, etc, (voire les citations du document que je vous ai communiqué)...
la seconde mort, pourquoi l'interpréter dans le sens d'une "durée" éternelle et non pas d'un anéantissement, ce qui je vous l'accorde pose question tout de même au niveau du souvenir...
l'hyp de Jean Luc est intéressante aussi ...

Mais ce qui me travaille le plus, c'est que j'aurais tendance à voir Satan comme devenu non aimable en soi, comme devenu refus, comme auto-destruction et pas seulement auto-damnation...
Thomas

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Roland (---.145-200-80.adsl.skynet.be)
Date:   03/12/2003 14:05

Un constat: il y a Dieu(concept transcendant; problème ou mystère? et il a le Mal(problème ou mystère?)
Le Mal: objection à l' "existance" de Dieu (outre l''inutilité "scientifique"; v. par exemple, Laplace). C'est D ou M?
Réponses:
-athéisme: suppression du premier terme;
-maintien de celui-ci; actuellement, D= Energie=D impersonnel;
-négation du M: a)-par l'harmonie totale: il faut des ombres et des lumières;
un théologien (peut-on me rappeler son nom? on m'a cité un jour saint Thomas)
aurait parlé de lion mangeant gazelle mangeant de l'herbe...;

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Roland (---.145-200-80.adsl.skynet.be)
Date:   03/12/2003 14:20

suite de ce qui précède

b)création d'un univers imparfait; à l'homme de l'achever.
Toutes réponses "inutilisables" quand on (p. ex, Albert, Bernard, Constant, Désiré...) est dans la-pardon!- le pétrin.
Une réponse d'un "non philosophe", rapportée par quelqu'un d'assez fort en philosophie, J XI, 35.
Hors sujet ou mauvais sujet, R

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Sébastien (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 15:11

Cher Thomas,

Nous avons déjà répondu à vos objections qu'une nouvelle fois vous présentez. Relisez le message de l'animateur, il propose autre lecture des passages sus mentionnés de l'apocalypse.Relisez mes messages, j'explique en quoi Dieu ne se " réjouit'' pas de supplices mais de voir sa justice accomplie. Relisez l'extrait de Lacordaire, il montre combien, il n'est pas conforme de réduire à néant les esprits des pécheurs.
A aucun moment, vous n'examinez les réponses qu'on peut vous faire ni les objections qu'on vous oppose.
Si vous voulez dialoguer, il conviendrait de réprendre les cinq arguments que je vous ai présentés et de les réfuter.
Sans quoi, cela ressemblera de plus en plus à un diaologue de sourds.

Cordialement

Sébastien

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Guillaume (---.w81-50.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 15:40

Cher Sébastien,

Je pense que Thomas attend qu'un hérétique de passage lui donne quelques arguments fallacieux qui soutiendraient en apparence son sentiment plutôt que de vouloir se remettre en question et se soumettre à la vérité.

C'est n'est pas une démarche intellectuelle honnête. Elle est prouvée par ses multiples dérobades, ses nouveaux fils ouverts dès que les réponses (qu'il n'a pas réfutées une seule fois) du précédent le gênent, et ses appels à d'autres arguments, toujours sans répondre aux premiers.

C'est logique, car l'évidence est irréfutable !

Mais comme bien souvent, la vérité effraie, on préfère lui tourner le dos et faire comme si on avait rien vu. C'est plus confortable, en effet, de se dire que, au pire, si on ne va pas au Paradis directement, ou bien on finira par y arriver car Dieu pardonnera même au diable, ou bien on sera détruit et donc, on ne souffrira plus. On ne saura donc pas ce qu'on a perdu. Tout ceci au mépris des évidences théologiques et métaphysiques.

Mais cet angélisme sucré, tournant autour de versions plus ou moins édulcorées du slogan "on ira tous au Paradis" sont le mal de notre temps, une des conséquences de l'absence des fins dernières dans les homélies de nos prêtres depuis des décennies.

Mais j'attends avec grande impatience les réfutations de Thomas qui me feront mentir...

Cordialement,

Guillaume.

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 17:10

Vous dites :

C'est plus confortable, en effet, de se dire que, au pire, si on ne va pas au Paradis directement, ou bien on finira par y arriver car Dieu pardonnera même au diable, ou bien on sera détruit et donc, on ne souffrira plus.

Mais précisément, je ne me place pas dans ce cas, le cas que vous mentionné, comme Lacordaire, comme beaucoup d'autres citations, n'est pas le cas qui me fait question. La question n'est pas "de tous aller au paradis", et encore moins d'angélisme sucré, puisque mon propos est de remettre en cause l'idée d'une Béatitude sans ombre pécisément parce que l'Enfer n'est pas vide, en tout cas de créatures angéliques. Je vois pas comment on peut être moins sucré !!

Cela dit, c'est des considérations de logique qui m'amènent à dire cela : parler de grincement de dents éternel et de béatitude éternelle me semble contradictoire, en tout cas avec les éléments que nous avons...

Peut être justement nous faisons nous une idée trop "sucrée" de la béatitude, c'est une question...

tout cela parce que Satan demeure aimable ontologiquement, mais si on soutient ce que j'ai appelé un manichéisme faible, alors Satan serait devenu haissable en soi par son radical refus qui le coupe de la sève de la vie divine... Alors là d'accord, l'accomplissement de la justice divine serait sans ombre, sans regret pour les créatures perdues et dans la joie de déroute, mais pour penser cela il faut que Satan et le Mal soient confondues, non?

qu'on me permette sur pareil mystère, de persister quelque peu dans le doute et l'expectative, je vous assure que je ne le fais pas pour jouer...

Thomas.

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 17:20

cher animateur, vous dites dans un précédant message :

Le bien suprême, ce n'est pas la suppression du mal, comme le voudraient les bouddhistes ou les stoïciens, c'est la victoire sur le mal. On peut parfaitement être victorieux du mal sans que celui-ci soit anéanti. Au contraire, l'éternité du mal montre que la Victoire est éternelle et non pas seulement un coup heureux.

question : c'est quoi ce mal, des actes, ou une personne ? Le mal, est-ce Satan, ou ce que fait Satan ainsi que chacun d'entre nous ?
Mais si le mal est uniquement dans le faire et non dans l'être, il y a queslque chose de bon qui est sous la coupe du mal, dans son auto-damnation, non ?

Thomas

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Guillaume (---.w81-50.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 17:21

Ecoutez, nous vous avons donné tous les textes, y compris la position du magistère à laquelle vous êtes tenu d'adhérer si vous êtes catholique.

Alors si vous voulez continuer à discuter, réfutez et contre-argumentez. Cela fait 20 fois que vous écrivez la même chose, sans jamais rien répondre aux textes !!

Guillaume.

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 18:06

guillaume,
je ne comprends pas bien votre agressivité apparente, il me semble que la question mérite un peu plus de considérations, si je pose des question supplémentaires, c'est aussi pour comprendre que ce qui me pose question ne vous en pose manifestement pas à vous. Que voulez vous, une phrase comme : "la position du magistère à laquelle vous êtes tenu d'adhérer si vous êtes catholique" n'est pas illégitime en soi, mais je n'irais pas sur un forum s'il s'agissait simplement de m'informer d'une position.
cordialement,
Thomas.

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Guillaume (---.w81-50.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 18:55

Et vous allez y répondre à nos arguments ou non ?

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: L'animateur du forum (---.w80-14.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 22:30

 
Cher Thomas,

     Le bien et le mal qui conduisent au salut ou à la damnation est évidemment celui dont nous sommes responsables. Satan n'est pas responsable du bien que représente le fait qu'il existe. On ne peut donc en tirer argument pour lui faire miséricorde. En tant que personne libre, Satan représente le mal moral absolu. En tant que créature contigente, il n'est qu'un mal relatif, reposant sur un bien relatif.

Cordialement

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 22:38

"En tant que personne libre, Satan représente le mal moral absolu"

n'est-ce pas , cher animateur, quelque chose comme un manichéisme faible (relatif au domaine moral) et donc qui justifie le combat sans merci et sans miséricorde que nous révèle la Bible tout entière, depuis le serpent écrasé par la femme (pour nourrir l'hypothese de Jean Luc) jusqu'à la mort de la mort dans l'Apocalypse ?

Thomas

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: L'animateur du forum (---.w80-14.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 22:47

 
Cher Thomas,

     Le manicheisme consiste à faire de Satan une entité à l'égal de Dieu, ce qui ne saurait être. Même le mal le plus absolu n'est que relatif au bien et contingent.

Cordialement

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: L'animateur du forum (---.w80-14.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 22:48

 
Cher Thomas,

35 - Le ciel et la terre passeront,

mais mes paroles ne passeront point.

36 - Quant à la date de ce jour, et à l'heure, personne ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne que le Père, seul ...

40 - Alors deux hommes seront aux champs : l'un est pris, l'autre laissé ;
41 - deux femmes en train de moudre ; l'une est prise, l'autre laissée ...

48 - Mais si ce mauvais serviteur dit en son cœur : "Mon maître tarde"
49 - et qu'il se mette à frapper ses compagnons, à manger et à boire en compagnie des ivrognes,
50 - le maître de ce serviteur arrivera au jour qu'il n'attend pas et à l'heure qu'il ne connaît pas ;
51 - il le retranchera et lui assignera sa part parmi les hypocrites : là seront les pleurs et les grincements de dents.
(Mt 24)

Cordialement

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   03/12/2003 22:56

Bon et ce mal absolu au niveau moral est-il de nature à entrainer aucun "trouble" chez Dieu et les elus?

Thomas

PS je parle de manichéisme faible pour la raison que vous avancez

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: L'animateur du forum (---.w193-253.abo.wanadoo.fr)
Date:   04/12/2003 07:29

 
Cher Thomas,

     Non aucun, car le trouble viendrait d'une possibilité de solution qui n'est pas encore obtenue, mais comme le mal est absolu, cette possibilité n'existe pas. Donc il n'y a pas de trouble.

Cordialement

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   04/12/2003 10:04

bon d'accord, il n'y a pas de solution en aval, mais le fait que cet absolu refus est contingent en tant qu'il est libre en sa source, donc en amont, pourquoi n'y aurait-il pas une sorte de regret de voir cette créature s'être librement fourvouyée chez Dieu et les elus ?

Thomas

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Sébastien (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   04/12/2003 18:02

Cher Thomas,

Il y a un texte de Saint Thomas, qui peut aller dans votre sens :

« Ceux qui ne sont pas avec Dieu sont, pour autant qu’il est en eux, contre Dieu, du fait qu’ils contrarient la volonté divine antécédente. »

Rappelant ce texte, Jacques Maritain le commente de la façon suivante :

« Le péché prive la volonté divine de quelque chose qu’elle a réellement voulu… Dans sa volonté antécédente, Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, il veut même que tous mes actes soient bons. Si je )èche, quelque chose que Dieu a voulu et aimé ne sera éternellement pas. Je suis ainsi cause –néantante- d’une privation à l’égard de Dieu, privation quant au terme ou à l’effet voulu (nullement quant au bien de Dieu lui-même). Le péché ne prive pas seulement l’univers d’une chose bonne, il prive Dieu lui-même d’une chose qui était voulue conditionnellement mais réellement par lui. La faute morale atteint l’incréé, nullement en lui-même, il est absolument invulnérable, mais dans les choses, les effets qu’il veut et qu’il aime. Là, on peut dire que Dieu est le plus vulnérable des êtres. Pas besoin de flèches empoisonnées, de canons, de mitrailleuses, il suffit d’un invisible mouvement dans le cœur d’un agent libre, pour blesser, priver sa volonté antécédente, de quelque chose ici-bas qu’elle a voulu et aimé de toute éternité, et qui ne sera jamais. » (Maritain, Neufs leçons sur les notions premières de la philosophie morale, Paris, 1961, pp. 175-176)

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   04/12/2003 21:38

un grand merci Sébastien,

c'est exactement là qu'est le mystère pour moi, et ce que dit maritain pour chacun d'entre nous, combien plus faut il le dire pour le refus éclairé et radical de Satan ?

n'y a-t-il pas quelque chose de vertigineux dans cette réalité ?

surtout que le refus ne prive pas seulement d'un effet futur voulu et aimé par Dieu, il est actuel, il prive en lui-même au présent quelque chose que Dieu aime en celui qui péche, et là encore, combien plus quand il s'agit de Satan...

Thomas

si vous avez autre chose, je suis évidemment preneur, Maritain parle t-il de Satan de ce contexte ?

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Sébastien (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   04/12/2003 22:03

Il y a l'ouvrage suivant, qui est une référence dans le domaine :

Le péché de l'ange : peccabilité, nature et surnature, par Charles Journet, Jacques Maritain, Philippe de la Trinité, Rennes, Beauchesne, 1961.

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Roland (---.154-200-80.adsl.skynet.be)
Date:   05/12/2003 10:24

Thomas réinterviendra peut-être plus tard, après avoir étudié l'ouvrage mentionné.
Reste la profession de foi de Polaire que j'ai lue dans la première phrase de son PS
du 02.12/22.47'. Je ne suis pas le seul à y adhérer. J'ajoute que je pense haïr l'ironie autant que lui et plus que lui; et apprécier probablement plus que lui, l'humour (surtout juif).
Plus d'un m'a entendu parler un jour de grilles , de langages, de cultures (plus ou moins "pures"), de codes. Celui qui n'est pas entendu, c'est un de mes anges qui fait "Kode kode kodak!"
Et enfin(fausse sortie) ceci :"iniquité", c'est bien "mal non médiatisable"?
Restant ensemble ,bons élèves et enfants terribles, on ouvre un nouveau débat sur le PS précité? Sébastien, Guy, à vous.

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   05/12/2003 20:43

cher Roland,
je n'ai pas l'intention de partie comme cela, il y a encore des messages sans réponse qui attendent l'avis notamment de l'animateur de cet excellent forum!

Thomas

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Polaire (---.ipt.aol.com)
Date:   05/12/2003 23:53

mon cher Roland
Ne citez pas j -luc Polaire vous l'obligez à se tout relire pour y dénicher quelque PS déjà loin et oublié .. quel travail ..
Avançons que diable ( sans ironie sur le débat ci-dessus )
Avançons et avancez , et avancez clairement .
Car ma foi ,pour reprendre mon PS -retrouvé :"il n'y aura pas d' auditeur pour ce qui est inaudible ."""
Ce qui est la règle la plus générale de la conversation .
Conclusion adoptez votre style à ce que vouspouvez présumer être le niveau de compréhension de vos interlocuteurs .

amicalement
jean luc Polaire

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Roland (---.154-200-80.adsl.skynet.be)
Date:   06/12/2003 10:46

Cher Thomas , cher Jean-Luc,
c/ vos deux constats
je tente de vous répondre ailleurs dans quelques minutes; clairement; amicalement, Roland

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Sébastien (---.w193-252.abo.wanadoo.fr)
Date:   06/12/2003 10:56

Cher Thomas;

Regardons les vérités assurées et posons une simple question :

1) Dieu ne peut pas créer une nature impeccable. Par nature, toute créature peut défaillir.
2) Si Dieu décide de créer, il y aura forcément des défaillances : "l'ordre de l'univers requiert que certains êtres puissent défaillir et parfois défaillent." (I, 49, 2). Cette phrase est particulièrement difficile à comprendre, car il faut voir cette défaillance sans être voulue par Dieu est tolérée en vue d'un plus grand bien. C'est le principe suprême. Lisez attentivement ce passage :

" Les destructions et les défaillances qui se constatent dans les choses de la nature sont considérées comme contraires à telle nature particulière ; mais elles n'en sont pas moins dans l'intention de la nature universelle, en tant que le mal de l'un tourne au bien de l'autre ou au bien de tout l'univers. Car la destruction de l'un est toujours la génération de l'autre, génération par laquelle l'espèce se conserve. Donc, puisque Dieu est le Pourvoyeur de l'étant dans son universalité, il appartient à sa providence de permettre certains défauts à l'égard de telles choses particulières, afin que le bien parfait de l'univers ne soit pas empêché. S'il s'opposait à tous les maux, beaucoup de biens feraient défaut à son oeuvre entière. Sans la mort de beaucoup d'animaux, la vie du lion serait impossible, et la patience des martyrs n'existerait pas sans la persécution des tyrans. Aussi S. Augustin écrit-il : « Le Dieu tout puissant ne permettrait en aucune manière qu'un quelconque mal s'introduise dans ses oeuvres, s'il n'était assez puissant et assez bon pour tirer du bien du mal lui-même. »." (I, 22, 2, ad 2)

L'alternative est donc la suivante :
- Ou Dieu crée et des défaillances surviendront forcément, non pas voulues par Dieu, mais tolérées par lui en vue d'un plus grand bien
- Ou Dieu ne devait pas créer.

Quelle solution choisissez vous ?

Sébastien

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   06/12/2003 14:02

Que Dieu tente de tirer du bien du mal, ça d'accord, mais que le mal comme tel permette un plus grand bien, là non ! sinon je ne vois pas de différence avec la théorie de Leibniz sur la question...

Ce qui me paraît clait, c'est que nous pouvons mettre notre confiance en Dieu mais dans l'obscurité de la foi et qu'est-ce que le mal sinon l'obscur de nos vie et du monde ?

Thomas

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Sébastien (---.w193-252.abo.wanadoo.fr)
Date:   06/12/2003 14:25

Cher Thomas,

Donc si je vous comprends bien, il eût été préférable que Dieu ne crée pas.

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   06/12/2003 16:50

Non pas, cher Sébastien, il eut été préférable que la mort n'entre pas dans le monde par l'orgueil pour reprendre les paroles de la Sagesse, et cela, j'ai du mal (précisément) à le lier de manière nécessaire à la création comme telle .

C'est pourquoi, j'ai recours au thème de la "surprise" de Dieu devant le Mal, et non à sa planification nécessaire ce qui fait froid dans le dos quand on considère le mal-malheur en particulier.

Je me demande aussi, si votre raisonnement ne pourrait pas figurer dans le livre de Job, qu'en pensez-vous ?

Thomas

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Sébastien (---.w193-252.abo.wanadoo.fr)
Date:   06/12/2003 16:52

Cher Thomas,

Si le mal est une suprise, alors cela veut dire qu'il ne l'a pas prévu..... Cependant, comment reussivez vous à concilier ce point avec la causalité universelle de Dieu et son corrolaire l'omniscience divine ?

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Roland (---.240.81.adsl.skynet.be)
Date:   06/12/2003 19:00

La métaphore* est:
- la modalité dans laquelle se dévoile l'Originaire (l'être , l'abyssal, l'indéductible,l'énigmatique ,la sructure abyssale mystérieuse; comment dire mieux?)
le mode selon lequel parle l'Originaire?

Recherche -de la Parole unique*:
--parlant des différentes significations de l'étant;
---renvoyant à leur unique racine commune.
de la Parole exquise, sublime, réponse aux interrogations.

O bien( est-ce mal poser la question?)
- cette Parole apparut, apparaît, apparaîtra, non de façon définitive mais comme une invitation à passer de voix en voix, incessante translation, passage constituant le sens de notre errance et de notre Parole même;
-ou bien, cette Parole(ce Logos? ce Verbum?) est parue et s'est, comme on dit, incarnée; ou non ( words,just words); autrement dit, cohérence(valeur très contemporaine) ou incohérence.

savoir(processus rationnel; chaîne)/ doxa(opinion);
pensée théorétique, rationnelle, scientifique // pensée langage poétique, imaginatif, rhétorique, pathétique.

La structure absente, il disait ce sémioticien vers la fin des années soixante;
La métaphore inouïe, ce philosophe (italien également) une vingtaine d'années plus tard(dont j'ai résumé la pensée*** à laquelle j'ai entrelacé la mienne) Parlaient-ils de la "même chose"? Comment faut-il entendre la question? Une chose est certaine : ils nous parlaient et nous parlent encore ; un autre l'est également: de rhétorique .
Quant à la figuration(à l'insertion) d'un tel magistral discours dans le Livre de Job, elle ne m'est pas posée. Je me suis reporté à l'Introduction à Job de ma TOB.
J'y ai trouvé ceci que je reproduis**: Le but du Livre de Job n'est pas d'expliquer-ainsi qu'on le dit communément- l'énigme de la souffrance injuste, ni de résoudre le problème ¨[comme on le dit communément]du mal. C'est plutôt une tentative de l'homme en désarroi pour se situer par rapport au Dieu saint et tout-puissant.

*toujours voir vers où ça "phore".
** reproduction donnée à titre d'information et dans l'espoir de justifier quelque peu mon insertion dans un dialogue en cours.
*** Dédicace: Avec désespoir et la conscience de l'inutile en mémoire d'Elena
Exergue: "Viens à moi, délivre-moi du souci lourd à supporter, et tout ce que mon coeur désire accomplir, accomplis-le. Sois mon compagnon de combat!"
SAPHO , Hymne à Aphrodite, v. 25-28

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   06/12/2003 19:50

c'est là le noeud de l'affaire, cher Sébastien, c'est là où je pense que le langage le plus adéquat pour dire Dieu n'est pas celui de la somme théologique mais de la Bible. Le vocabulaire du plan et de l'omniscience est peut être plus anthropomorphique que celui de la surprise, les amis de Job ont un discours tres bien structuré, presque convaincant, mais ils ont mal parlé de Dieu...
Ici, je vois pas la différence avec Leibniz, et vraiment avec cette question de l'omniscience, je vois non plus comment vous pouvez éviter les horreur de la prédestination à la Calvin. L'homme est destiné à voir Dieu, à entrer en communion avec Lui, mais si avant de creer, Dieu "savait" tout par avance...
l'imprévisibilité de la rencontre serait l'apanage de la créature ?
l'absolu serait trop grand pour s'abaisser à connaitre la quête inquiète et amoureuse de la réponse libre de l'autre ?
non, vraiment, je ne le crois pas, le Christ, la Bible et la tradition qui le montrent ne me donnent pas à voir un tel Dieu.

Thomas

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Guillaume (---.w81-249.abo.wanadoo.fr)
Date:   06/12/2003 22:45

Vous vous trompez.

L'omniscience de Dieu ne contraint pas l'homme : Dieu sait simplement à l'avance les choix que chaque homme fera librement.

Si Dieu "obligeait" l'homme a faire le choix de son salut, alors l'homme ne serait plus libre (et ce ne serait plus un choix).

Guillaume.

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   06/12/2003 23:15

oui, je connais cela, Dieu pourrait dire à un nourrisson, tu sais, tu vas librement refuser de m'aimer... mais pour un plus grand bien...

c'est quand même pas évident comme thèse...

Thomas

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Sébastien (---.w193-252.abo.wanadoo.fr)
Date:   06/12/2003 23:38

Cher Thomas,

Vous voudriez qu'on parle le langage de la Sainte Ecriture, sensé être plus juste et moins terrible que celui de la Somme Théologique. Je veux bien, alors commençons :

Isaïe (26, 12) : " Toutes nos oeuvres, tu les accomplis en nous, Seigneur. "
Epître aux Philippiens (2, 13) " C'est Dieu qui opère en nous le vouloir et le faire. "
le Psaume (33,15) dit de Dieu à l'égard des hommes : « Il forme le coeur de chacun ; il connaît toutes leurs actions. »
Daniel 13 : 42 « O Dieu éternel ! Toi qui connais les secrets et sais toutes choses avant leur origine ! »
Jean 6:64 " Jésus savait en effet dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas et qui était celui qui le livrerait. "

Le dernier exemple devrait vous frapper : Jésus savait que Judas allait le trahir.... Il l'a pourtant choisi comme disciple. Pourquoi ?

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Yves (---.214-130-66.mc.videotron.ca)
Date:   07/12/2003 06:22

Parce que... être trahi, ça faisait partie du super plan de sauvetage de l'humanité?

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Sébastien (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   07/12/2003 09:55

Cher Yves, (et cher Thomas qui a dû comprendre la même chose qu'Yves)


C'est effectivement l'opinion de Saint Augustin ;

''S. AUG. (Traité 27.) Judas a été choisi pour devenir l'instrument d'un grand bien qu'il ne voulait pas et qu'il ne connaissait même pas ; car de même que les impies font servir au mal les œuvres bonnes de Dieu, Dieu au contraire sait faire servir au bien les actions coupables des hommes. Quoi de pire que Judas ? et cependant le Seigneur a su tirer le bien du crime qu'il a commis, et il a souffert d'être trahi par lui pour nous racheter. ''

Cependant, je ne pense pas que ce soit le cas. Je prefère l'opinion de Saint Jean Chrysostome rapportée par St Thomas dans le commentaire sur St Jean : Judas a été choisi non en tant qu'il allait devenir pécheur mais en tant qu'il était juste au moment où le Christ l'a choisi car d'une part l'élection sans fait "ante previsia merita", avant la prévision des mérites et d'autre part, cette élection n'ote pas la liberté et la possibilité de pécher. "Sic ergo dominus elegit Iudam non tamquam malum tunc, nec tamen per electionem ablata est ei possibilitas peccandi." (Super Io, chap. 6, lec. 6) Ce n'est que par la suite que Jésus a su faire de la trahison de Judas un plus grand bien.

De même ce n'est pas en vue de leur juste châtiment et de la manifestation de la Justice que Dieu permet les péchés. Non, c'est en raison de l'obstination dans le mal que les fautes servent finalement " à l'épiphanie de la justice de Dieu apparaissant dans sa terrifiante beauté." (Maritain)

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Polaire (---.proxy.aol.com)
Date:   07/12/2003 13:25

rep à Sébastien

"""""""""""""""Non, c'est en raison de l'obstination dans le mal que les fautes servent finalement " à l'épiphanie de la justice de Dieu apparaissant dans sa terrifiante beauté." (Maritain)"""""""""""""

De l'utilité de l'obstination dans le mal pour la plus grande gloire de Dieu .

Et bien voila.qui vous honore ,quelque gratitude envers les pêcheurs .
Le problème étant que les pêcheurs restent indifférents au spectacle ,
lequel se jouant à l'interne de la société des non- pêcheurs .

On se demande alors toujours pourquoi Dieu permet les péchés .Péchés méconnus chez les pêcheurs et inconnus chez les élus .

Le type de l' 'hommes croyant et se pensant dans le péché se fait de plus en plus rare .On peut tenir cette conscience malheureuse sous la menace de la damnation éternelle . On le peut . On le pouvait .Les confesionnaux sont vides .
Vous nous parlez d'une époque révolue où ils ne l'étaient pas .
polaire

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: Roland (---.147-200-80.adsl.skynet.be)
Date:   07/12/2003 19:42

J'entends bien. Plusieurs qui m'ont lu ailleurs, m'ont entendu parler de concepts, de grilles, de codes, . Qqs uns se sont interrogés sur ces "Kod' kod' kodak" (rappel, moyen mnémotechnique: Roland, son code!)Chacun a sa boîte à outils et son tour de main, est plus ou moins riche d'un appareillage méthodologique et conceptuel; et il arrive que cette richesse suscite maints sentiments; chez le riche et chez le pauvre; et chez l'adroit et le maladroit.
Ceci dit, il est évident que depuis que l'infaillibilité n'est plus à Rome, elle est dans toutes les chaumières.
Il est non moins évident que les confessionaux se vident "parce qu'il n'y a plus de péchés".Le péché: le mot? le signifiant, le signifié ou le référent?
"Le péché, c'est judéo-chrétien, ça n'existe pas!" Il y avait, bien évidemment( je
m'efforce, on l'aura remarqué, de rester dans l'évidence) le peccatum des Latins; qui étaient tout , il est vrai,sauf
judéo-chrétiens. On connaît le système des vases communicants; oui, les confessionaux se vident;pourquoi, au profit de quoi?
Il n'y a pas huit jours, je suis allé prendre un premier verre chez un ami qui avait ouvert un café il y a qqs mois. Très vite, un homme d'une quarantaine d'années m'a fait qqs confidences; parmi, un aveu à son épouse (et il ne s'agissait nullement, j'insiste, d'adultère); je lui ai parlé de ce que l'on appelle "confession à
un(e) laïque".Je lui ai parlé également, pour le documenter, de ce dont on parlait
dans la tribu des Katoliks: d'aveu, de réparation, de pardon; de péché, ça il connaissait; de péché collectif pas encore. Que mettre un litre d'essence dans le réservoir de sa voiture "présupposait" marchés soit camion-citerne, terminaux, tankers, pipe-lines, , pots de vin éventuels (on parle alors de corruption), accidents de travail, salaires que l'on sait, occasionnelle liquidation de quelques syndicalistes,
etc.
Il y a des gens qui ne pèchent jamais; ils pensent, tout simplement-façon de parler- avoir fait de (très) "grosses conneries". Il y en a d'autres qui croient, à juste ou injuste titre -ça se discute- qu'il y a des péchés qui crient vengeance au ciel.
Tout ça c'est affaire de croyance, de conscience ou d'inconscience; de lucidité ou d'aveuglement; de prise de conscience; de codes également.

En d'autres lieu et temps(qu'est-ce qu'un amour vrai?) , nous avions commencé à parler de culpabilité et de sentiment de culpabité; vous vous souvenez?" convient-il...?" Et pas encore de responsabilité. Et ne pas en parler ne signifie pas ne pas les exercer; mais nous sommes sur un forum, nous manipulons des mots, des concepts; nous théorisons. Est-ce utile? oui, si on avance quelque peu.
Tout ce qui précède, en vrac.
Concernant confessions et confessionaux; on en raconte parfois des drôles
dans la tribu précitée.
Une dame s'accuse d'un péché d'orgueil (qui est, je pense, le plus grave; ou qui vient "après" celui appelé contre l'esprit. Qu'avez-vous fait? Je me suis regardée ds un miroir et me suis trouvée très belle. Ma fille, nul péché d'orgueil en cela; tout
au plus un péché de vanité. Et, même pas; dans votre cas, il s'agit... d' une erreur.

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   08/12/2003 09:35

cher Sébastien, il me semble que vous oubliez la gratuité du salut : tout ce que vous dites me semble pouvoir fonctionner sans la grâce... C'est pas seulement Juda qui trahit Jésus c'est chacun d'entre les hommes, et plus encore ceux qui se réclament de Lui !! Les Paroles de l'Ecriture que vous citez veulent dire certes que Dieu est plus grand que nous, nous connaissons peu de chose, Il connait toute chose, faut-il en déduire tout ce qu'on en a déduit ? et surtout, compte tenu de ce que nous pouvons en déduire, s'agit-il toujours d'une Bonne Nouvelle, de La bonne nouvelle par excellence. Je me souviens que Jésus demande d'interpréter la Loi selon le commandemant de l'amour. Le risque serait de devenir des pharisiens à la puissance 2 (et rassurez vous je parle pour moi) on est d'accord pour dire que la Loi ne sauve pas, mais nous replaçons sur cet accord tout un chateau de carte de mérites et autres choses...en vued'être ou non sauvé...

Je vais vous dire comment je vois les choses : Jésus s'est fait péché pour nous, au moment où les hommes le tuaient, il répand sur nous l'eau et le sang du Salut, et les chrétiens ont sinplement, mais c'est énormissime, la grâce de le savoir dans la foi et d'essayer de vivre à cette lumière toujours présente parce que vivante.

Thomas

 

 Re: l'hypothèse de la destruction de l'Enfer.
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   08/12/2003 09:51

autre chose aussi, j'emprunte cette citation à je sais pas qui : la vraie grandeur (entendons la seule qui compte vraiment) ce n'est pas de composer avec le mal des autres pour en tirer quand même du bien, j'allais dire in extremis, c'est de rendre le bien pour le mal, et le combat de la croix et de la résurrection puis de l'eucharistie manifeste cette réalité inouie, le connaitre en vivre et l'annoncer c'est la bonne nouvelle, la seule qui soit ultimement. (c'est pour cela que je me permet de parler de "surprise" de Dieu devant notre mal, et notre peur de Lui, il s'agit de rendre le bien pour le mal et non de savoir à l'avance qu'il y aura du mal mais qu'il sera finalement noyé dans le plan total, non, le mal reste le mal, et Lui qui est la Vie même, a connu le contraire, qui reste le contraire, la mort et le séjour aux enfer et ce pour nous les hommes et pour notre salut, nous les hommes qui étions et sommes encore bien souvent enfermés dans le péché.

Thomas

 

 Le mal est connu de Dieu de toute éternité
Auteur: Sébastien (---.w193-253.abo.wanadoo.fr)
Date:   08/12/2003 10:25

Cher Thomas,

>>>Jean 6:64 " Jésus savait en effet dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas et qui était celui qui le livrerait. "

Le sens obvie de ce texte n'est pas seulement que "Dieu est plus grand que nous", mais bel est bien que le Christ savait que Judas allait Le livrer.
C'est ainsi que la Tradition de l'Eglise l'a compris et c'est faire peu de cas du Christ Johannique qui a une connaissance surnaturelle des hommes et des événements (II :24 ; IV : 17-18, 29 ; XIII : 1, 11, 27, 28 ; XVI, 19, etc...)
Je vous rappelle que le don de Prophétie est également une caractéristique du Messie et un signe de crédibilité (Cf. Vatican I)

Enfin, au niveau philosophique, si l'on se place du côté de la théologie naturelle, il faut affirmer quatre choses :

1) Dieu est une cause absolument universelle de laquelle l'action de la créature jusqu'au moindre iota, même et surtout, dit Maritain, l'action du libre arbitre, qui, bien entendu, est causé dans sa spécificité propre qui est d'être une action vraiment libre.
2) La science de Dieu est cause des choses. Dieu connaît de toute éternité les choses parce qu'il les fait.
3) Dieu n'est pas cause du mal même indirectement. C'est la créature libre et spirituelle qui est seule cause du mal.
4) Le mal est connu de Dieu sans être nullement causé par lui, car le mal n'est pas de l'être, mais la privation d'un bien dû.


Telle est l'école à laquelle, j'ai honneur d'appartenir. Vous êtes bien entendu libre de croire autre chose, mais encore faudrait-il que vous répondiez sérieusement aux objections philosophiques que l'on vous présente sans vous dérober perpétuellement et vous réfugier dans des consédérations pieuses, mais hors sujet. C'est pourquoi, je vous propose de vous placer uniquement du côté philosophique et d'examiner sérieusement les quatre affirmations ci dessus pour les discuter et les réfuter.

Cordialement

Sébastien

 

 Re: Le mal est connu de Dieu de toute éternité
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   08/12/2003 13:48

C'est bien la question en effet, je ne crois pas que l'entreprise "uniquement philosophique" puisse dire grand chose du coeur de Dieu, et l'école à laquelle vous dites appartenir ne le pense pas non plus... ce qui ne veut pas dire que la philosophie doit être bannie pour autant rassurez-vous.
Mais je trouve que l'articulation entre le Dieu pur acte d'exister et Jésus Christ n'est pas clairement évidente dans votre démarche, non ? d'ailleurs vous parlez de théologie naturelle à juste titre.

Mais, par exemple, selon cette science naturelle, pourquoi ne pas conclure que Dieu est aussi bien auteur du bien que du mal, qu'est-ce qui naturellement fait obstacle à cette hypothèse ?

Deuxième chose, qu'est-ce qui vous différencie de la prédestination de Calvin ?

Thomas

 

 Re: Le mal est connu de Dieu de toute éternité
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   08/12/2003 13:53

une autre chose : j'ai cru lire un certain dédain dans le mot "pieuses", mais peut être est-ce que je me trompe. Je ne le comprends pas.


Thomas

 

 Re: Le mal est connu de Dieu de toute éternité
Auteur: Sébastien (---.w193-253.abo.wanadoo.fr)
Date:   08/12/2003 17:03

>>>C'est bien la question en effet, je ne crois pas que l'entreprise "uniquement philosophique" puisse dire grand chose du coeur de Dieu, et l'école à laquelle vous dites appartenir ne le pense pas non plus... ce qui ne veut pas dire que la philosophie doit être bannie pour autant rassurez-vous.

Je vous rappelle que la question était de savoir si Dieu savait par avance que Satan allait pécher. Je vous ai cité des textes de la Sainte Ecriture affirmant l'omniscience divine qui se porte jusqu'aux actions contingentes et vous ne les avez pas discutés. J'aurais pu vous citer des textes du Magistère et de la Tradition qui allaient dans le même sens mais j'ai supposé que vous auriez fait de même. C'est donc délibéremment que j'ai choisi le terrain philosophique parce que pour le moment c'est la seule chose que nous partageons.


>>>>Mais, par exemple, selon cette science naturelle, pourquoi ne pas conclure que Dieu est aussi bien auteur du bien que du mal, qu'est-ce qui naturellement fait obstacle à cette hypothèse ?

Ce qui fait obstacle à cette hypothèse est que le mal n'est pas un être, mais une privation d'être. Or Dieu est cause de l'être. Le néant, qui est le péché, vient donc tout entier de la créature, qui annihile en quelque sorte la volonté antécédante de Dieu en se dérobant à l'être. C'est ainsi que Maritain comprend de façon très profonde la parole de Jésus : Sine me nihil potestis facere : Sans moi, vous pouvez faire "le rien."

>>>Deuxième chose, qu'est-ce qui vous différencie de la prédestination de Calvin ?

Pour Saint Thomas, contrairement à Calvin, la prédestination n'est pas absolue. En d'autres termes Dieu ne prédestine postivement personne, c'est-à-dire sans tenir compte des démérites futurs, à aller en enfer. Par contre, il existe bien, ne vous en déplaise, une réprobation négative : Dieu veut par avance la damnation d'hommes déterminés, EN TENANT COMPTE DE LEURS DEMERITES FUTURS.
Cf. St Augustin " Dieu est bon, Dieu est juste. Il peut sauver quelques hommes sans bons mérites, parce qu'il est bon ; mais il ne peut damner personne sans démérites, parce qu'il est juste" (Contra Julian., III, 18, 35)

 

 Re: Le mal est connu de Dieu de toute éternité
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   08/12/2003 18:03

vous dites : Ce qui fait obstacle à cette hypothèse est que le mal n'est pas un être, mais une privation d'être. Or Dieu est cause de l'être. Le néant, qui est le péché, vient donc tout entier de la créature, qui annihile en quelque sorte la volonté antécédante de Dieu en se dérobant à l'être.


Donc il n'y a pas de peccabilité en Dieu, Dieu ne peut pas pécher ?

Thomas

 

 Re: Le mal est connu de Dieu de toute éternité
Auteur: Guillaume (---.w81-250.abo.wanadoo.fr)
Date:   08/12/2003 18:12

Vous en avez d'autres des comme ça ?

Dieu est parfait, c'est donc une évidence qu'il ne peut pas pécher !

S'il le pouvait, il ne serait pas parfait, donc il ne serait pas Dieu.

Guillaume, qui doute de plus en plus de votre bonne foi...

 

 Re: Le mal est connu de Dieu de toute éternité
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   08/12/2003 18:19

la perfection , c'est ne pas ouvoir pêcher, ou ne pas pécher ?
Jésus a été tenté en toute chose mais il n'a pas péché,
Thomas, qui sait que la bonne foi ne se prouve pas...

 

 Re: Le mal est connu de Dieu de toute éternité
Auteur: Guillaume (---.w81-250.abo.wanadoo.fr)
Date:   08/12/2003 18:22

C'est l'homme en Jésus qui n'a pas voulu pécher. En tant que Dieu, il ne pouvait pécher.

Seriez-vous monothéliste ?

Guillaume.

 

 Re: Le mal est connu de Dieu de toute éternité
Auteur: Sébastien (---.w193-253.abo.wanadoo.fr)
Date:   08/12/2003 18:25

CHer Thomas,

Je vois poindre votre objection, qui est un grand classique.... En voici le syllogisme.

La liberté consiste dans le pouvoir de choisir le bien et le mal.
Or Dieu ne peut pas choisir le bien et le mal.
Donc Dieu ne n’est pas libre.

Pour répondre à cette objection subtile, il convient tout d’abord de définir ce qu’est la liberté. Deux schémas serviront de base à notre réflexion.

Premier schéma. Un être peut :

1. Pâtir : les minéraux qui sont mus par autrui
2. Agir : les êtres vivants qui se meuvent eux-mêmes

Ceux qui se meuvent eux-mêmes peuvent :
2.1. être déterminés ad unum : les végétaux qui ne réalisent qu'un seule opération
2.2. être déterminés ad multa : les animaux qui réalisent plusieurs opérations

Les animaux peuvent être déterminés ad multa :
2.2.1. sans connaissance de la fin parce qu'ils n'ont pas l'intelligence
2.2.2. avec connaissance de la fin parce qu'ils ont intelligence : les hommes.
La liberté se définit ainsi par ce schéma comme le fait de se mouvoir par soi-même vers plusieurs objets différents avec connaissance de la fin. La racine de la liberté se trouve donc dans l'intelligence.

Deuxième schéma :

La liberté se définit de manière générale comme absence de détermination, parce que la détermination porte sur un seul objet.

Or cette absence de détermination peut être :
1. Passive : à recevoir plusieurs choses : c'est la puissance passive
2. Active : à faire plusieurs choses : c'est la puissance active

A son tour cette puissance active peut être :
2.1. Extrinsèque à l'être même : c'est la liberté physique qui est une immunité de coaction
2.2. Intrinsèque à l'être même : c'est le libre arbitre
Vous remarquerez que seule l'absence de nécessité intrinsèque constitue le libre arbitre : on demeure libre même si l'on est empêché d'agir à cause d'un agent extérieur.

On peut aussi faire une distinction au sein même du libre arbitre :
2.2.1. On peut agir ou ne pas agir : liberté de contradiction
2.2.2. Agir ceci ou agir cela : liberté de spécificité

Enfin dernière distinction au sein de la liberté de spécificité :
2.2.2.1. agir ceci bien ou cela bien : liberté de spécificité proprement dite
2.2.2.2. agir ceci bien ou agir cela mal : liberté de contrariété.

Or comme l'objet de la volonté est le bien, on doit affirmer que la liberté de contrariété est une imperfection de la liberté plutôt qu'une propriété essentielle. Néanmoins, on peut dire que la liberté de contrariété est le signe de la liberté. (Cf. De veritate, q. 22, a. 6 : « Et pro tanto dicitur, quod velle malum nec est libertas, nec pars libertatis, quamvis sit quoddam libertatis signum. » : « vouloir le mal, n’est pas la liberté, ni une partie de la liberté, néanmoins c’est un indice de la liberté. ») Saint Thomas, commentant l’évangile de Saint Jean (Celui qui commet le péché, est esclave du péché) montre ainsi que la faculté de pécher est un défaut de liberté :

« Tout être est ce qui lui convient d'être selon sa nature. Donc, quand il se meut par un agent extérieur, il n'agit point par lui-même, mais par l'impulsion d'autrui, ce qui est d'un esclave. Or, selon sa nature, l'homme est raisonnable. Donc, quand il se meut selon la raison, c'est par un mouvement qui lui est propre qu'il se meut, et il agit par lui-même, ce qui est le fait de la liberté ; mais, quand il pèche, il agit contre la raison, et alors c'est comme s'il était mis en mouvement par un autre et qu'il fût retenu sous une domination étrangère : c'est pour cela que celui qui commet le péché est esclave du péché. » ( In Joan., cap. VIII, lect. 4, n. 3 (éd. Vives, Vol. 20 p. 95).

Confirmation théologique : le Christ avait le libre arbitre humain donc la liberté de contradiction et la liberté de spécification proprement dite, mais pas la liberté de contrariété : il ne pouvait pas pécher. En ce sens, il avait une liberté plus parfaite que la nôtre : « La volonté du Christ, bien que déterminée au bien, n'est cependant pas déterminée à TEL ou TEL bien. [par exemple choisir Pierre ou Jean pour être son vicaire] C'est pourquoi il appartenait au Christ de faire un choix par son libre arbitre, comme font les bienheureux. » (III, 18, 4, ad 3) De même si Dieu décide de créer (liberté de contradiction), il peut décider créer ce bien créé plutôt que cet autre bien créé, ce monde possible plutôt que cet autre (liberté de spécificité proprement dite), mais il ne pas vouloir le mal (liberté de contrariété), parce que la liberté de contrariété est une imperfection de la liberté et n'appartient pas à son essence. Ainsi saint Thomas enseigne-t-il que Dieu pouvait créer un autre monde qui aurait pu être meilleur : « quelque chose qu’il ait faite il peut en faire une autre. » (I, 25, 6)

Une autre objection peut alors paraître : si Dieu pouvait créer d’autres mondes meilleurs que le nôtre, il le devait au titre de sa bonté infinie. En d’autres termes, Dieu ne devait créer que le meilleur des mondes possibles. C’est la thèse de Leibniz dont Voltaire s’est moqué dans Candide. « Nous vivons dans le meilleur des mondes possibles. » Leibniz nie donc que Dieu pouvait faire un monde meilleur que le nôtre. Comme le fait remarque le cardinal Journet, l’erreur de Leibniz vient du fait qu’il ne distingue pas entre ces deux propositions : « 1° Dieu pouvait faire des choses meilleures ; 2° Dieu ne pouvait pas faire MIEUX mes choses qu’il a faites. » (Le mal, p. 123) Saint Thomas répond à l’objection en distinguant entre la puissance divine absolue et la puissance divine ordonnée : « En nous, chez qui la puissance et l'essence sont autres que la volonté et l'intelligence ; et chez qui autre est l'intelligence, et autre la sagesse ; autre la volonté, et autre la justice, quelque chose peut être en notre puissance, qui ne peut être dans la volonté juste ou dans l'intelligence sage. Mais en Dieu la puissance et l'essence, la volonté et l'intelligence, la sagesse et la justice sont une seule et même chose. De sorte que rien ne peut être dans sa puissance qui ne puisse être dans sa juste volonté et dans sa sage intelligence. Alors, puisque sa volonté n'est pas déterminée nécessairement à ceci ou à cela, sinon conditionnellement, ainsi qu'on l'a exposé, et puisque, nous venons de le dire, la sagesse de Dieu et sa justice ne sont pas déterminées à tel ordre de choses, rien n'empêche qu'il y ait en la puissance de Dieu quelque chose qu'il ne veut pas et qui n'est pas compris dans l'ordre qu'il a imposé aux choses. Et parce que la puissance de Dieu est conçue par nous comme exécutrice, sa volonté comme impérante, son intelligence et sa sagesse comme directrices : pour cela, ce qu'on attribue à la puissance considérée seule sera dit au pouvoir de Dieu selon sa puissance absolue et nous avons reconnu a tel tout ce en quoi la raison d'étant peut se trouver. Mais pour ce qu'on attribue à la puissance divine comme exécutrice du vouloir de la volonté juste, on dit que Dieu peut le faire de puissance ordonnée. Donc, selon cette distinction, nous devons dire que Dieu peut, de puissance absolue, faire autre chose que ce qu'il a prévu et préordonné qu'il ferait ; et cependant il est impossible qu'il fasse réellement des choses qu'il n'aurait pas prévu et préordonné devoir faire. » (I, 25, 5, ad 1) Le cardinal Journet donne cette comparaison éclairante pour nous faire saisir cette distinction : « Michel-Ange, au bout de sa vie, disait que toute que toute la peinture et toute la sculpture étaient trop pauvre pour séduire l’âme enfin tournée vers l’Amour qui mourut en croix. Ce sculpteur, qui dominerait tellement le but et les moyens de son art, pourrait, dans UNE COMPLÈTE INDIFFÉRENCE, renoncer ou consentir à sculpter, et dans le second cas, choisir n’importe quel sujet : vase, buste, statue, groupe, toutes choses étant absolument inégales à son idéal. Pourtant les œuvres qui sortiraient de sa main témoigneraient toutes, selon leur ressources et à des degrés DIFFÉRENTS, d’une suprême maîtrise. »(Le mal, p. 125)

Ceci posé, on peut donc répondre au syllogisme initial de la manière suivante :
La liberté consiste dans le pouvoir de choisir le bien et le mal, je nie. En effet, la capacité de choisir entre le bien et la mal est un indice de la liberté. La liberté consiste dans le pouvoir d’agir ou de ne pas agir, ou d’agir ceci bien ou cela bien, je concède.
Je contre distingue la mineure : Dieu ne peut pas vouloir le mal, je concède ; Dieu ne peut pas choisir entre deux biens différents, je nie.

 

 Re: Le mal est connu de Dieu de toute éternité
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 09:28

votre réponse est donc la suivante :la capacité de choisir entre le bien et le mal est un indice de la liberté. La liberté consiste dans le pouvoir d’agir ou de ne pas agir, ou d’agir ceci bien ou cela bien, je concède.


mais si l'on prend votre conclusion, il faut renverser le premier terme du raisonnement : la capacité (et non la réalisation effective, entendons nous bien) de choisir entre le bien et le mal serait plutôt un indice que l'homme n'est pas si libre que ça...
cela contredirait tout le raisonnement qui consiste à dire que la possibilité de pécher serait une condition sine qua non de l'amour, sinon les hommes seraient des marionnettes dans les mains de Dieu...

Si je vous suis, pourquoi donc convient-il que les hommes héritent de cette liberté là, alors qu'une liberté qui ne pèche pas est possible et même la plénitude de celle-ci ? même question pour les anges (nous retrouvons le thème de cette discussion).

Thomas

 

 Re: Le mal est connu de Dieu de toute éternité
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 09:35

juste une remarque à Guillaume,
je ne vais pas recopier les article de la somme pour que nous soyons d'accord, laissez moi une chance au moins de cheminer sans hériter d'étiquette hérétique à tout instant...
cela dit, soyez sûr que je fuis pas l'accord par principe mais je profite de ce forum pour poser toutes les questions qui me traversent, j'allais dire sans retenue !!
tenez en compte dans vos remarques !
Thomas (mon saint patron n'est pas thomas d'Aquin mais l'Apôtre !)

 

 Re: Le mal est connu de Dieu de toute éternité
Auteur: Guillaume (---.w81-249.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 10:19

Je ne vous colle aucune étiquette, je pose simplement une question qui me paraît tout à fait légitime étant donné celle qui a précédé de votre part, et qui est soit provocatrice, soit bête (ceci dit sans agressivité mais avouez que se demander si Dieu peut pécher ne viendrait pas à l'idée de quelqu'un ayant réfléchi un tant soit peu à la nature de Dieu).

Car vous dites : "la perfection, c'est ne pas pouvoir pécher, ou ne pas pécher ?
Jésus a été tenté en toute chose mais il n'a pas péché.
"

Si vous dites cela pour monter que Dieu aurait pu pécher en la personne du Christ, c'est que vous tenez la position monothéliste affirmant qu'en Jésus, il n'y a qu'une volonté. Or, la vérité c'est qu'en Jésus il y a deux volontés : la volonté humaine et la volonté de Dieu.

C'est bien la première volonté qui est tentée et non la seconde car c'est impossible.

Guillaume.

 

 Re: Le mal est connu de Dieu de toute éternité
Auteur: Sébastien (---.w193-253.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 10:30

Cher Thomas,

Relisez cet extrait de l'encyclique Libertas de Léon XIII

"Mais, de même que pouvoir se tromper et se tromper réellement est un défaut qui accuse l'absence de la perfection intégrale dans l'intelligence, ainsi s'attacher à un bien faux et trompeur, tout en étant l'indice du libre arbitre, comme la maladie l'est de la vie, constitue néanmoins un défaut de la liberté. Pareillement la volonté, par le seul fait qu'elle dépend de la raison, tombe dans un vice radical qui n'est que la corruption et l'abus de la liberté.
Voilà pourquoi Dieu, la perfection infinie, qui, étant souverainement intelligent et la bonté par essence, est aussi souverainement libre, ne peut pourtant en aucune façon vouloir le mal moral; et il en est de même pour les bienheureux du ciel, grâce à l'intuition qu'ils ont du souverain bien. C'est la remarque pleine de justesse que saint Augustin et d'autres faisaient contre les Pélagiens. Si la possibilité de faillir au bien était de l'essence et de la perfection de la liberté, dès lors, Dieu, Jésus-Christ, les anges, les bienheureux, chez qui ce pouvoir n'existe pas, ou ne seraient pas libres, ou du moins ne le seraient pas aussi parfaitement que l'homme dans son état d'épreuve et d'imperfection." (Léon XIII, encyclique Libertas)


Vous me demandez ensuite pourquoi Dieu a accordé à l'homme et à l'ange une liberté imparfaite. On tourne en rond !!!! J'ai déjà répondu à cette question longuement : Dieu ne peut pas faire une créature qui soit par nature impeccable "L'ange, aussi bien qu'une créature rationnelle quelconque, si on le considère dans sa seule nature, peut pécher (...) Dans la seule volonté divine, par conséquent, il ne peut y avoir de péché. En retour, le péché peut exister dans n'importe quelle volonté créée, à ne considérer que sa condition naturelle " (I, 63, 1, c.)

Certes de puissance ordonnée, Dieu aurait pu créer les anges et les hommes dans l'état de Vision béatifique, sans qu'ils aient un choix à faire. Cependant, il ne l'a pas fait. Pourquoi ? Eh bien, parce que nous dit Journet cela n'est pas conforme à leur NATURE :

La loi normale de la grâce est d’être donné aux créatures en tenant compte du régime exigé par leur nature d’êtres libres, en laissant non seulement la liberté de consentir au bien, mais encore celle de choisir entre le bien et le mal, de préférer le bien au mal. Dieu attendra d’être librement préféré par sa créature ange ou homme. Mais alors il fait qu’il accepte d’être librement rejeté par sa créature ange ou homme. Il tient tant à ce libre amour de préférence qu’il passe dessus le risque d’être refusé.

 

 Sur la tentation du Christ
Auteur: Sébastien (---.w193-253.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 10:34

Si Satan a tenté le Christ c’est parce qu’il n’était pas sûr que le Christ fût Dieu. Il pensait donc qu’il pouvait peut-être pécher.


« Selon S. Augustin, « les démons ont connu le Christ dans la mesure où il l’a voulu, non par le fait qu’il est la vie éternelle, mais par certains effets temporels de sa puissance » qui leur faisaient plus ou moins conjecturer qu’il était le Fils de Dieu. Mais d’autre part, voyant en lui des signes de la faiblesse humaine, ils n’en étaient pas sûrs. Et c’est pourquoi le démon a voulu le tenter. S. Matthieu (4:2) le signale en disant : « Quand il eut faim, le tentateur s’approcha de lui ». En effet, dit S. Hilaire, « le diable n’aurait pas osé tenter le Christ, s’il n’avait connu la faiblesse de la faim ». Et cela se voit bien à la manière dont le démon l’a tenté en disant : « Si tu es le Fils de Dieu... ». Ce que S. Ambroise explique ainsi : « Que signifie cette entrée en matière, sinon qu’il savait que le Fils de Dieu viendrait, mais sans se douter qu’il viendrait dans la faiblesse du corps humain ? » (S. Th., IIIa, q. 41, a. 1).

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: Guillaume (---.w81-249.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 10:57

J'ai oublié ed vous inviter à lire la question 18 de la tertia pars de la Somme théologique : L'unité du Christ quant à sa volonté.

"Et c'est pourquoi le VIe Concile oecuménique célébré à Constantinople détermina qu'il fallait admettre deux volontés dans le Christ, en ces termes : " Conformément à ce que les prophètes nous ont jadis enseigné sur le Christ, à ce que lui-même nous a enseigné et à ce que nous a transmis le Symbole des saints Pères, nous proclamons qu'il y a dans le Christ deux volontés et deux opérations selon ses deux natures.
Et il était nécessaire de parler ainsi. Car il est évident que le Fils de Dieu a assumé une nature humaine parfaite, nous l'avons montré plus haut. Or la volonté appartient à la perfection de la nature humaine, dont elle est une puissance naturelle, comme l'intelligence, cela se déduit de nos exposés de la première Partie. Aussi est-il nécessaire de dire que le Fils de Dieu devait assumer, avec la nature humaine, une volonté humaine. Toutefois, en assumant la nature humaine, le Fils de Dieu n'a éprouvé aucun amoindrissement dans ce qui appartient à la nature divine, à laquelle convient la volonté, nous l'avons établi dans la première Partie. Aussi est-il nécessaire de dire que dans le Christ il y a deux volontés : divine et humaine. " ST,III, qu.18,a.1, resp,

Guillaume.
"Heureux ceux qui croient sans avoir vu"

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 11:44

sébastien,
je réponds si l'on peut dire à votre premier message : il me semble que ce que dit le C Journet est précisément contradictoire avec le début de votre exposé.
celui ci dit : préférer le bien au mal. Dieu attendra d’être librement préféré par sa créature ange ou homme. et donc libre signifie preferer le bien au mal, mais vous expliquer que cela n'est qu'un indice de la liberté, et qu'elle consiste à ne pas pouvoir refuser Dieu : c'est contradictoire : Dieu aurait créé des êtres d'une liberté capable de mal comme de bien, dans le but d'être préféré librement, mais la plénitude de la liberté n'est pas dans ce choix de préférence m'expliquez-vous...

le rond dans lequel on tourne devient carré !!

Thomas

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 11:48

sur la tentation du Christ, ça me paraît unpeu gros, mais pourquoi pas, il me semble cpdt queles démons sont les premiers à reconnaitre Jésus comme Fils de Dieu en st Marc et que tout l'Evangile de Jean est un compbat de la lumière sur les ténèbres.

Thomas

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 11:53

merci Guillaume de ces références
j'avoue qu'il m'est difficile de comprendre cela dans la mesure où nous associons (en tout cas moi) spontanément deux personnes à deux volontés, comment penser une seule personne et deux volontés ? n'est pas une manière de dire, dans ce dogme, qu'on y comprend pas grand chose ?

Thomas

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: Sébastien (---.w193-253.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 13:20

Cher Thomas,


Vous ne comprenez pas ce que l'on vous explique. Bien sûr, qu'il est mieux pour une liberté de ne pas défaillir, cependant il est impossible pour Dieu de créer une liberté qui naturellement ne puisse défaillir. L'alternative est donc : ou Dieu ne crée pas, ou Dieu crée, mais dans ce cas lui demander de faire une liberté qui ne puisse naturellement défaillir est lui demander de faire un carré rond.

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 13:58

donc si je comprends bien, on utilise le même mot pour dire des choses tout de même tres différentes
1) liberté incréée : elle ne peut pas choisir le mal (impeccable)
2) liberté créée : elle peut choisir le mal et donc préférer le bien.
la liberté des élus ne pourra plus pécher par grâce mais elle le pourra encore par nature, c'est ça ? donc par grâce le 2) revient au 1)

bon, ce que je trouve toujours assez étonnant c'est que Dieu choissise de nous placer avec une liberté 2) pour, dans le but, que nous préférions librement (1ou2?) sa communion (donc 1), le sénario le plus libre selon vos définitions aurait été de nous créer dans la vision béatifique comme vous le mentionnez plus haut. et vous répondez à cela que la condition pour que nous soyons libre est que nous héritions d'une liberté inférieure, disons peccable.

Si vous voulez, il y a une automaticité dans le "non pouvoir pécher" qui donne un tout autre sens au mot liberté, peut être en faudrait-il un autre ?

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: Sébastien (---.w193-253.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 14:33

Cher Thomas,

Vous commencez à comprendre... Il reste donc une question : pourquoi Dieu a-t-il choisi de nous créer en [2] c’est-à-dire de nous laisser à notre nature et de ne pas nous rendre impeccable par la grâce ? Deux textes de saint Thomas vous apporteront la réponse :

« C’est le propre de la providence divine de conduire chaque être selon sa nature, car, comme le dit Denys, la providence n’est pas corruptrice, mais salvatrice des natures. » (II Sent., dist. 23, q. 1, a. 2 : Dieu devait-il permettre la tentation ou le péché de l’homme ?)

De même, en permettant les maux Dieu ne déroge pas à sa bonté : « Le rôle de la providence n’est pas de perdre la nature des êtres qu’elle gouverne, mais de la sauver... Si le mal était totalement exclu des choses, elles ne seraient pas régies selon leur nature par la providence divine. » (Compendium theologiae, chap. 142)

Cordialement

Sébastien

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 16:16

bon, j'essaie de comprendre :
vos deux textes restent opaques pour moi, et particulièrement la phrase :Si le mal était totalement exclu des choses, elles ne seraient pas régies selon leur nature par la providence divine.

en effet, dans sa formulation elle donne à entendre que la mal est une condition de la providence divine...

je vois pas en quoi cela répond à la question que vous soulevez vous -même ?

Thomas

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: Sébastien (---.w193-253.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 16:44

Cher Thomas,

Je vous l'ai déjà écrit : Dieu ne peut pas faire de créature, qui par nature, est impeccable. Qu'est-ce à dire, sinon que la capacité de défaillir appartient par nature à la liberté chez la créature ? Par conséquent, si Dieu empêchait notre liberté de défaillir, il irait contre la nature de notre liberté.
Bien entendu, il le pourrait, de puissance aboslue.

Cependant, ceci n'est pas conforme à la Providence qui régit les êtres en respectant leur nature. Le mode NORMAL et ORDINAIRE de la Providence consiste en effet à tenir compte du régime exigé par leur nature, qui étant de soi faillible, peut ne pas adhérer à Dieu.

A noter, toutefois, que la possibilité de pécher n'est pas voulue directement par Dieu, mais tolérée comme étant inséparable de la première capacité de la liberté qui est de se tourner librement vers lui. En d'autres termes, vous ne pouvez pas écrire que le mal est voulu par Dieu, mais bien plutôt qu'il est la rançon inévitable de la possibilité chez la créature de faire le bien. En ce sens, la faculté de pécher, est tolérée par Dieu en vue d'un plus grand bien.

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 17:03

"la possibilité de pécher n'est pas voulue directement par Dieu, mais tolérée comme étant inséparable de la première capacité de la liberté qui est de se tourner librement vers lui."

mais alors quand on parle de liberté de Dieu, de quoi on parle ? il y a différents ordres de liberté qui n'ont rien à voir entre eux, laquestion c'est qu'un élu passe d'un régime à un autre dans la béatitude, non?
pourquoi utiliser le même vocable pour chacun ?

Thomas

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: Sébastien (---.w193-253.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 19:02

Cher Thomas,

C'est toute la notion de l'analogie qu'il faudrait reprendre ici. La théologie de Saint Thomas, n'est ni équivociste, ni univociste, mais analogue. C'est toute la possibilité d'un discours sur Dieu qui est en cause derrière cette question.

De même que la notion d'être convient aussi bien à Dieu qu'à la créature, mais sous des modes différents, de même la liberté convient aussi bien à Dieu qu'à la créature. Encore une fois, la capacité de pécher n'est pas liée à la définition de la liberté : celui qui péchè n'est pas libre mais esclave du péché. C'est pourquoi, la souveraine liberté appartient à Dieu seul.

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 20:27

cher Sébastien,
soyez remercié pour votre patience ; je continue donc, votre dernier message me donne l'occasion de préciser un point important :

vous dites : "Encore une fois, la capacité de pécher n'est pas liée à la définition de la liberté"

OK d'accord, c'est bien le fond de ma question, mais vous ajoutez en guise d'explication (ce que signifie les ":"):

": celui qui péchè n'est pas libre mais esclave du péché"

et là, ce n'est plus la question, puisqu'on passe subrepticement de la possibilté de pécher, au péché effectif, ce qui change tout, pour le moins

La question c'est : auriez vous pu dire "celui qui EST CAPABLE de pécher n'est pas libre mais esclave" ?

Thomas

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: Sébastien (---.w193-253.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 20:30

Les guillemets viennent de ce que cette phrase est tirée de l'Evangile de St Jean. Saint Thomas nous en livre un beau commentaire :


« Tout être est ce qui lui convient d'être selon sa nature. Donc, quand il se meut par un agent extérieur, il n'agit point par lui-même, mais par l'impulsion d'autrui, ce qui est d'un esclave. Or, selon sa nature, l'homme est raisonnable. Donc, quand il se meut selon la raison, c'est par un mouvement qui lui est propre qu'il se meut, et il agit par lui-même, ce qui est le fait de la liberté ; mais, quand il pèche, il agit contre la raison, et alors c'est comme s'il était mis en mouvement par un autre et qu'il fût retenu sous une domination étrangère : c'est pour cela que celui qui commet le péché est esclave du péché. » ( In Joan., cap. VIII, lect. 4, n. 3 (éd. Vives, Vol. 20 p. 95).

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 20:38

vous êtes rapide !!

évidemment cela ne touche pas la question, que le péché effectif soit esclavage, je suis heureux de vous dire que nous sommes totalement d'accord !!
mais pouvez-vous répondre au fond de ce même message ?

Thomas

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: Sébastien (---.w193-253.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 20:45

Quant au fond de la question, Saint Thomas a traité de la liberté de Dieu à la question 19, article 10 de la prima pars. Il y montre clairement que Dieu est souverainement, bien qu'il ne puisse vouloir le mal (a. 9)

"Puisque le mal de faute consiste dans le rejet de la volonté divine, en raison de laquelle Dieu veut tout ce qu'il veut, comme on l'a montré, il est manifestement impossible que Dieu veuille le mal de faute. Et pourtant il est libre à l'égard des contraires, en tant qu'il peut vouloir que ceci soit ou ne soit pas. C'est ainsi que nous-mêmes, sans pécher, nous pouvons vouloir nous asseoir, et ne pas le vouloir. " (a. 10, ad 2)

 

 Re: Sur la tentation du Christ
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 20:52

c'est quoi le mal de faute exactement ?

 

 Le mal de faute
Auteur: Sébastien (---.w193-253.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 20:57

Le mal de faute est le mal moral, c'est à dire le mal qui prive la créature de son ordination au bien. Il s'oppose au mal de peine qui est par exemple le châtiment du coupable.

 

 Re: Le mal de faute
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 21:02

bon dans ce cas j'insiste sur mon précédant message , le voici de nouveau :

vous dites : "Encore une fois, la capacité de pécher n'est pas liée à la définition de la liberté"

OK d'accord, c'est bien le fond de ma question, mais vous ajoutez en guise d'explication (ce que signifie les ":"):

": celui qui péchè n'est pas libre mais esclave du péché"

et là, ce n'est plus la question, puisqu'on passe subrepticement de la possibilté de pécher, au péché effectif, ce qui change tout, pour le moins

La question c'est : auriez vous pu dire "celui qui EST CAPABLE de pécher n'est pas libre mais esclave" ?

Thomas

 

 Re: Le mal de faute
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   09/12/2003 21:05

est-ce que je suis fidèle en disant :
Dieu est le bien, donc il ne peut vouloir le mal
la créature que nous sommes n'est pas le bien, elle peut donc inévitablement vouloir le mal , sinon le commettre effectivement?

 

 Re: Le mal de faute
Auteur: Sébastien (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   10/12/2003 11:00

Cher Thomas,

Dieu est le bien par antonomase. Il n’a aucunement la liberté de pécher parce qu’il ne peut pas se détourner de lui-même. Poser la capacité de pécher en Dieu reviendrait à poser une contradiction en lui car cela reviendrait à dire qu’il peut entrer en quelque sorte en dialectique avec lui-même : il pourrait vouloir autre chose que sa propre bonté. Pour comprendre cela, il faut se rappeler que la volonté est toujours attirée par le bien ; il est impossible qu’une chose mauvaise en tant que telle soit attirante. Rappelez vous ce que je vous ai déjà dit : le mal n’est pas un être, mais la privation d’un bien dû. Ainsi, la cécité est un mal pour l’homme auquel il appartient de voir, mais non pour la pierre, car il n’est pas de la nature de la pierre de voir. Au niveau moral, la faute ou mal vient du fait que la volonté est attirée par un bien désordonné : le fornicateur cherche ce bien qui est la jouissance, à laquelle est liée la difformité de la faute. « le mal qui est lié à un bien est la privation d'un autre bien. Jamais donc le mal n'attirerait l'appétit, même accidentellement, si le bien auquel est lié le mal n'attirait pas davantage que le bien dont le mal est la privation. Or, Dieu ne veut aucun bien plus que sa propre bonté. » (I, 19, 9, c.) Donc Dieu ne peut vouloir le mal. Et pourtant il jouit d’une souveraine liberté dans l’ordre du bien, en tant que sa divine bonté le porte à aimer les créatures, à créer ou à ne pas créer. De même donc que Dieu jouit de la suprême sagesse qui exclut tout erreur, de même la liberté de Dieu est-elle absolument impeccable et parfaitement libre, d’une liberté qui ne peut s’exercer que dans l’ordre du bien.

Pour la créature, c’est différent : il est nécessaire, s’il l’on se place du point de vue de sa nature qu’elle puisse défaillir, parce qu’elle se règle non sur elle-même, mais sur une règle qui lui est extérieure : « la volonté divine seule est la règle de sa propre action, car elle n'est pas ordonnée à une fin supérieure. La volonté de la créature, au contraire, ne parvient à la rectitude de son acte qu'en se réglant sur la volonté divine à laquelle ressortit la fin dernière. Ainsi, le vouloir d'un inférieur doit-il se régler sur le vouloir du supérieur, le vouloir du soldat sur celui de son chef. Dans la seule volonté divine, par conséquent, il ne peut y avoir de péché. En retour, le péché peut exister dans n'importe quelle volonté créée, à ne considérer que sa condition naturelle. » (I, 63, 1, c.)
De même : « S’il y a libre arbitre, il faut que la créature puisse adhérer ou ne pas adhérer à la cause dont elle dépend. Or dit qu’elle ne peut pas pécher, serait dire qu’elle ne peut pas ne pas adhérer à sa cause , d’où la contradiction. » (II Sent., dist. 23, q. 1, a. 1)

Cependant, et c’est sans doute là que se situe votre difficulté, vous n’arrivez pas à comprendre pourquoi cette possibilité de pécher, bien qu’appartenant nécessairement à la liberté créée est néanmoins un défaut. En effet, comme l’écrit le pape Léon XIII, « de même que pouvoir se tromper et se tromper réellement est un défaut qui accuse l'absence de la perfection intégrale dans l'intelligence, ainsi s'attacher à un bien faux et trompeur, tout en étant l'indice du libre arbitre, comme la maladie l'est de la vie, constitue néanmoins un défaut de la liberté. Pareillement la volonté, par le seul fait qu'elle dépend de la raison, tombe dans un vice radical qui n'est que la corruption et l'abus de la liberté. » ( Libertas praestantissimum )


Cordialement

Sébastien

 

 Re: Le mal de faute
Auteur: thomas (---.w193-251.abo.wanadoo.fr)
Date:   10/12/2003 13:29

Cependant, et c’est sans doute là que se situe votre difficulté, vous
n’arrivez pas à comprendre pourquoi cette possibilité de pécher, bien
qu’appartenant nécessairement à la liberté créée est néanmoins un défaut


en effet !!

Thomas

 

ACCUEIL  TEXTE EN CAUSE   FORUM