La fin de la papauté

Par Arnaud Dumouch, http://eschatologie.free.fr

25 mars 2006

Attention, ceci n’est pas une prophétie. Juste un conte.

Jean 21, 19 « Jésus signifiait, en parlant ainsi, le genre de mort par lequel Pierre devait glorifier Dieu. Ayant dit cela, il lui dit: "Suis-moi." »

 

 

 

Jean 21, 19 « Jésus signifiait, en parlant ainsi, le genre de mort par lequel Pierre devait glorifier Dieu. Ayant dit cela, il lui dit : "Suis-moi." »

 

  

Réduit à sa plus simple expression, dépouillé des ors accumulés par l’Histoire, le Saint Père s’était replié à Jérusalem. Entouré de son secrétaire particulier, de deux cardinaux conseillers et des sœurs chargées de la prière, le pape vivait dans une maison particulière entourée d’un parc. Sa vie était simple, son humilité très grande et sa prière fervente. Le gouvernement israélien avait mis à sa disposition une garde permanente qui veillait sur la sécurité de Pierre.

Or, comme par une règle de l’Histoire, il était apparu que plus les soucis du gouvernement temporel s’amenuisaient du fait de dépouillements historiques successifs, plus le pape prenait du temps et du soin à s’occuper du gouvernement des âmes.

Les encycliques devenaient plus courtes, plus incisives. Leur style littéraire parlait à tous. Cependant elles abordaient toujours, de manière directe et sans honte, non seulement la théologie mais encore les questions du temps. C’était une habitude prise depuis longtemps, et, à chaque époque, elle avait cristallisé un peu plus la haine du monde autour de la papauté, une haine qui, loin de se calmer quand l’Histoire avait donné raison au pape, augmentait (Jean 15, 20) : «  Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront ; s'ils ont gardé ma parole, la vôtre aussi ils la garderont. »

 

Et, parallèlement, plus cette hostilité grandissait dans la chair du monde, plus l’esprit de ce monde reconnaissait l’autorité morale de la parole des papes, manifestement juste et cohérente. Sans doute était-ce lié, comme chez les individus, à la loi de la chair et de l’esprit.

 

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À cette époque, la grande idée en discussion était l’accès à « la vie éternelle ». Le débat des Commissions d’Éthique portait sur l’application des nouvelles technologies génétiques à  l’ADN humain. Fallait-il modifier génétiquement les enfants à naître pour leur donner une espérance de vie de plusieurs centaines d’années ? Fallait-il de ce fait rendre obligatoire la conception in vitro, voire l’imposer aux couples sous peine de crime contre leur enfant ? Les études de prospective, les modèles de population se développaient. Des groupes de pression humanistes parlaient de cet espoir de vie prolongée comme d’un « cadeau fait à l’humanité ».

Et voici que, de Jérusalem, la parole de Pierre était venue, rappelant simplement le sens chrétien de la vie :

« Cette vie est un passage, non un séjour. Ne condamnons pas les enfants à y rester davantage que Dieu n’en a décidé. »

 

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Le monde réagit à cette encyclique avec une violence étonnante et il se mit à reprocher à l’Église, elle qui avait toujours défendu la vie de sa conception à sa fin, d’être opposée à la vie. À compter de ce jour, une nouvelle phase de l’antichristianisme se développa, sous l’accusation de « crime contre l’humanité ».

Des campagnes de presse se déchaînèrent, reprenant à travers l’Histoire les vieux poncifs sur le caractère décidément nuisible de cette institution archaïque. Aucun des papes n’échappa à la calomnie, pas même Benoît XV à qui on reprocha de n’avoir condamné la guerre de 14 qu’en 1916, pas même saint Jean-Paul le Grand, qui se vit reprocher sa condamnation de l’avortement.

 

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Des groupes se réunirent un peu partout en Occident pour réfléchir à la manière de faire disparaître l’institution ecclésiale. Ces groupes étaient extrêmement motivés, portés par leur certitude médiatique du bilan négatif de ce magistère qui tirait sa force de sa faiblesse. On fit appel à l’expérience du passé, se souvenant que l’expulsion des papes des Etats du Vatican n’avait pas été la solution finale. On fit même appel à des canonistes. Plusieurs théologiens progressistes, très opposés à la ligne de Jérusalem, donnèrent leur conseil : « Le pape doit être évêque et les évêques sont très nombreux. Tant qu’il y aura des évêques, il y aura un pape… » Mais ils firent remarquer qu’un pape élu sans cardinaux le serait en dehors des règles du Droit Canonique actuel, ce qui retirerait beaucoup du pouvoir « magique » de cette institution.

 

C’est ainsi que certains groupes de zélotes anti-chrétiens commencèrent à élaborer divers scénarios pour éliminer du monde la papauté, des plus légaux aux plus sanglants.

 

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Le pape avait pris le nom de Pierre. Depuis un certain temps, les papes s’appelaient tous Pierre, en mémoire du premier pape et de leur fin qu’ils sentaient venir. Vers la fin, il reçut de plus en plus de lettres l’avertissant des projets mortels qui le visaient. Des voix, toutes pleines d’humanité, se faisaient entendre autours de lui et lui disaient : « Très Saint Père, fuyez ! On aura besoin de votre parole après la persécution. Cela ne sera que pour un temps. » Et il s’y laissa prendre, comme si Jésus pouvait avoir besoin du pêcheur de Galilée. Il ne se souvint pas que les meilleurs amis sont parfois plus tentateurs que Satan (Matthieu 16, 23). Il enleva la soutane blanche, se déguisa donc en laïc, et il sortit discrètement de Jérusalem, accompagné d’amis sûrs. Mais il croisa sur sa route un mendiant qui montait vers Jérusalem. Et il reconnut sans aucune hésitation Jésus.

Se tournant vers lui, il lui demanda : « Où vas-tu, Seigneur ?

- Je vais à Jérusalem pour être à ta place avec mes brebis. »

Le vieux pape Pierre dit au Seigneur : « J’ai compris, Seigneur. Tu vois, je ne change pas. Et tu m’as pourtant choisi. Je retourne là où tu me veux. »

Le pape ressortit vraiment transformé de cette dernière humiliation due à sa faiblesse. Cette fois, il était devenu le saint Père. Et il avait réalisé une dernière fois la prophétie de Jésus (Jean 21, 18) : « En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas. Il signifiait, en parlant ainsi, le genre de mort par lequel Pierre devait glorifier Dieu. Ayant dit cela, il lui dit: "Suis-moi." »

Il remonta vers Jérusalem et attendit que l’heure vienne.

 

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Concrètement, l’attaque fut sanglante. La demeure de Jérusalem fut attaquée par surprise lors d’un consistoire, et l’attentat à l’explosif fit mourir le corps entier des cardinaux électeurs. Les autorités israéliennes, pourtant très renseignées habituellement, furent totalement prises au dépourvu.

Au même moment, partout dans le monde, sévit une campagne d’assassinat d’évêques et de prêtres. Ce fut donc, à une époque de tolérance, le plus grand crime de l’intolérance.

 

 

Ainsi se réalisa la parole de Marie, à Fatima :

"Après les deux parties que j’ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre Dame, un peu plus en hauteur, un ange avec une épée de feu dans la main gauche. Elle scintillait et émettait des flammes qui devaient, semblait-il, incendier le monde. Mais elles s’éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre Dame en direction de lui. L’ange, indiquant la terre avec sa main droite, dit : "Pénitence! Pénitence! Pénitence!" Et nous vîmes, dans une lumière immense qui est Dieu, quelque chose de semblable à la manière dont se voient les personnes dans un miroir, un évêque vêtu de blanc, nous avons eu le pressentiment que c’était le Saint-Père.

Nous vîmes divers autres évêques, prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande croix en troncs bruts, comme s’ils étaient en chêne-liège avec leur écorce. Avant d’y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin. Parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches. Et de la même manière moururent les uns après les autres les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classe et de catégorie sociale différentes. Sous les deux bras de la croix, il y avait deux anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s’approchaient de Dieu." (troisième secret de Fatima[1]).


 

[1] Apparition reconnue canoniquement par l’Église. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin d’ouvrage. La béatification de deux des trois voyants montre l’importance que donne l’Autorité apostolique romaine à cet événement.