JE SUIS SAUVÉE

 

par Antonella Baracco, 31 mai 2006

 

 

Je suis Mara …

 

Mon histoire est longue de plus de 400 ans, mais je vais tenter de vous la raconter.

Je vivais une vie minable ; aucun ami, une famille qui n’en valait pas vraiment la peine mais que j’aimais quand même. Ils étaient comme moi … Seuls, avec un grand nombre de pensées noires plein la tête. Plusieurs fois j’ai tenté de mettre fin à mes jours, je voulais ne plus rien ressentir, ne plus devoir être obligée d’obéir, être libre tout simplement…

Mes tentatives n’ont pas vraiment marché, je ne me suis retrouvée qu’à l’hôpital, dans un grand lit froid à côté d’une vieille dame qui ne faisait rien d’autre que crier. Elle n’allait pas bien et mourut quelques jours plus tard. Cela me fit un choc car malgré mon apparence de fille forte, dure et solide, j’ai quand même un cœur fragile. J’étais décidée à vivre… un peu pour elle. « La vie est quand même cruelle, peut-être est-ce Dieu qui veut cela ? » me demandai-je. Je n’y croyais pas vraiment, jusqu’à ce fameux jour où tout a basculé.

J’ai perdu la vie dans un tragique accident, une voiture m’est rentrée dedans alors que je n’avais que 18 ans. Je souffrais horriblement, le pare-brise m’avait fait des entailles de tous côtés. Puis d’un coup, plus rien ! Je ne ressentais qu’une sensation de légèreté, de bien-être. Je me sentais voler, j’étais en pleine décorporation. Ma vie sur terre n’avait pas été bien longue. Je voyais mon corps en dessous de moi, et toute la scène, les gens se précipitaient vers mon corps tandis que de mon côté, je me retrouvai en quelques fractions de secondes chez moi. J’aperçus ma maman, mon papa et mes deux petits frères, c’était un peu comme si j’étais là pour leur dire au revoir, je leur donnai donc un tendre baiser qu’ils ne ressentirent pas, mais qui pour moi signifiait beaucoup.

 

 

Un tunnel apparut alors, je n’avais plus vraiment de corps, j’étais un peu transparente, seule mon âme était visible pour les êtres des cieux. Mon âme fut attirée par ce tunnel de lumière, et un ange m’accompagnait, il me rassurait. Il m’aidait à traverser ce tunnel, je n’avais pas peur. À la sortie, je fis la rencontre d’un être de lumière, resplendissant, majestueux, un être d’amour et de bonté. Il m’impressionnait, je me sentais petite et pitoyable mais il était tellement compréhensif que cela me rassura, comme avec l’ange du tunnel. Il m’expliqua pourquoi j’avais tant souffert sur terre, la raison de toutes mes angoisses, et je compris que c’était pour me préparer, pour que mon cœur soit rempli d’humilité. Il me montra toute ma vie en me jugeant sur mes bonnes actions, qui n’étaient pas vraiment nombreuses, et sur mes péchés, mais toujours dans une harmonie d’amour. Il possédait un humour formidable. Je l’aimais déjà et compris que cet être était Dieu, le créateur. Il existe vraiment ! Plus tard, je remarquai qu’il était accompagné de mes grands-parents, qui avaient tellement pris soin de moi lorsque j’étais enfant, j’en fus heureuse. J’avais alors un choix à faire : rejoindre le paradis, en demandant pardon et en reconnaissant que je n’étais rien, qu’un petit être pas mieux que les autres, ou choisir « l’enfer » qui me fut présenté par Lucifer. Il me présenta l’enfer d’une belle façon, pas du tout comme je l’imaginais lors de ma vie terrestre. Il m’expliqua que c’était un endroit semblable au paradis, mais avec quelque chose en plus : la liberté. Le paradis était l’endroit où régnait l’amour, et l’enfer, la liberté.

 

Mais la présentation de Lucifer me sembla mal approfondie : aimer Dieu rend infiniment libre! Par contre, la liberté de ceux qui vivent en enfer est illusoire : elle enchaîne..., elle est l'anti-liberté.

Je voulais mériter Dieu et choisis donc le paradis. Je m’excusai profondément, en espérant sincèrement être pardonnée pour tous mes péchés, mais je tenais à être digne de Dieu à tout prix. Je fus donc transportée dans un endroit où je fus seule, où j’attendis. C’était le purgatoire des fiers. Je savais que je n’étais rien mais j’exigeais d’être digne de Dieu ; c’est là que je passai plus de 300 ans, jusqu’à ce que je reconnusse que c’était impossible. C’est à ce moment que l’être de lumière vint me chercher et m’emmena au paradis.

Le paradis est l’endroit où l’amour de Dieu et du prochain sont très forts, il va même jusqu’au mépris de soi-même ; mais c’est ici que je suis heureuse, et cela pour l’éternité. C’est magique, ici !

 

 

                                                                                                                       Antonella Barracco