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SAINT EPHREM, DOCTEUR DE l'ÉGLISE

SUR LA RÉSURRECTION ET LE JUGEMENT 1

SUR LE SECOND AVENEMENT DE JESUS CHRIST 2

HOMÉLIE SUR LA DIVINE TRANSFIGURATION de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ 12

 

SUR LA RÉSURRECTION ET LE JUGEMENT    

 

  1. Méditation sur la mort ou nécessité de ne jamais perdre de vue le jour qui doit être le dernier de notre vie.     

 

Songez-vous, mes frères, aux terreurs qui vous assiégeront au sortir de ce monde, à l'heure de la séparation de l'âme et du corps ? Quelles angoisses, quelle perplexité pour une âme sur le point d'être initiée aux redoutables mystères de l'autre vie! Tous les anges du Seigneur, la foule des esprits célestes, toutes les puissances infernales, tous les princes des ténèbres se réunissent autour du lit d'un mourant pour se disputer son âme et pour en fixer les destinées éternelles. Si c'est un chrétien riche de vertus, dont la vie a été pure et qui a marché constamment dans les sentiers de la justice, il voit, à son heure dernière, ces mêmes vertus auxquelles il a été fidèle se changer en autant de bons anges qui le défendent contre les attaques des puissances infernales. Les esprits célestes ouvrent leurs rangs pour recevoir l'âme de ce chrétien, et, au milieu de leurs transports de joie et d'allégresse, entonnant un hymne de victoire en l'honneur du Très-Haut, ils vont la porter au pied du trône de Jésus Christ. C'est là que cette âme unit ses adorations à celles que l'armée céleste rend au Roi de gloire; c'est alors qu'elle entre en possession du royaume des cieux; lieu de repos et de joies ineffables, foyer de la lumière éternelle, séjour où l'on ne connaît ni la douleur, ni les gémissements, ni les larmes ni les soucis; séjour de la vie immortelle et de la joie éternelle, où règnent tous ceux qui se sont appliqués à plaire à Dieu. Mais si c'est un chrétien qui a mal vécu, qui s'est livré à des passions d'ignominie, qui s'est plongé dans les voluptés, qui a borné son espoir aux vanités de ce monde, maintenant que le voilà sur le seuil de l'éternité, ces passions et ces voluptés qu'il a tant affectionnées pendant sa vie, deviennent des démons qui se précipitent sur son âme et qui empêchent les saints anges d'approcher. Ce lugubre cortège des esprits infernaux et des puissances des ténèbres, entraînant cette âme malgré sa résistance et ses supplications, malgré ses pleurs et ses cris, la précipite dans ces lieux d'épaisses ténèbres, dans ces noirs cachots où tous les pécheurs attendent, en compagnie des démons et de ses suppôts, le jour du jugement et des supplices éternels. Il faut donc que dès maintenant la fin de notre vie soit l'objet de notre attention et de notre sollicitude; il faut que nous acquérions ces vertus qui nous accompagneront dans l'autre monde, et qui nous protégeront à l'heure fatale.   Or quelles sont ces vertus, quels sont ces anges qui luttent pour nous contre les démons, c'est-à-dire contre nos passions ? Ce sont la charité, la longanimité, la continence, la patience, la discrétion, la soumission, le calme et la force de l'âme, et enfin la justice. Ces vertus, et toutes celles qui s'en rapprochent, se rassemblent autour de nous à l'heure de la mort, et nul ennemi n'est assez ferme pour leur tenir tête. Quant à ces passions qui se changent en démons, ce sont la haine, la fierté, la dureté du coeur, la tiédeur, les discours oiseux, l'aigreur, l'animosité, la jalousie, l'envie, l'orgueil, la vaine gloire, le ressentiment, la nonchalance, la négligence, l'ignorance, le désespoir, l'emportement, la colère, la paresse, le mépris, la méchanceté, la cupidité, la vanité, la mollesse, la gourmandise, l'intempérance, et, par-dessus tout, l'avarice et l'esprit de ruse, esprit vraiment satanique. Ce seront là autant de démons acharnés à notre perte à l'heure de notre mort, sans que nous ayons le droit de nous plaindre. Si nous nous enrôlons sous la bannière de nos ennemis, n'est-ce pas leur reconnaître sur nous un empire absolu ? Or nos passions nous suivent après la mort; elles dominent en nous, et nul ne peut leur échapper. Élevons donc notre esprit et nos pensées, tandis qu'il en est temps encore, vers les célestes intelligences; invoquons les anges de tout notre coeur, conjurons-les de nous accorder leur assistance à l'heure où nous la réclamerons; prions-les de nous délivrer de nos ennemis, et ces ennemis, quelle que soit leur perversité, quelque noirs complots qu'ils trament contre nous, fuiront devant eux comme on fuit devant un reptile ou devant la flamme d'un incendie. Mais si malheureusement ces ennemis sont parvenus à nous éloigner des voies de la vertu, et qu'ils aient élevé une barrière entre Dieu et nous, efforçons-nous en temps propice, alors que la vie nous est laissée, efforçons-nous de déjouer leurs funestes desseins. Recourons aux larmes de la pénitence et à la pratique des vertus les plus saintes pour désarmer la justice divine et pour nous préparer à la mort. Il ne faut pas que le Seigneur frappe à la porte avant que nous soyons prêts à Le recevoir. L'heure de la visite du Seigneur est inconnue; lors donc qu'Il se présentera et qu'Il frappera à la porte, soyons prêts à marcher à sa rencontre, parce que la gloire Lui appartient avec le Père et le saint Esprit, à présent et toujours, dans tous les siècles des siècles. Amen.     

 

Sur le second avènement de notre Seigneur Jésus Christ

 

Mes frères bien-aimés de Jésus Christ, prêtez-moi une oreille attentive : je vais parler du second et terrible avènement de notre Seigneur. En pensant à ce redoutable moment, je tremble; je suis glacé d'effroi, quand je songe à tout ce qui sera découvert et mis au grand jour. Qui pourrait peindre ce désolant tableau ? quelle langue peut décrire ces lugubres scènes ? quelle oreille pourra en entendre le récit ? Descendant du trône de sa Gloire, le Roi des rois viendra faire la revue de tous les habitants de la terre, leur demander un compte d'où sortira pour les justes le digne prix de leurs vertus, et le châtiment pour les malheureux qui l'auront mérité; car s'Il est juge, Il est juste aussi. A cette image qui obsède ma pensée, je me sens accablé, mes membres palpitent, mes yeux se remplissent de larmes, ma voix s'éteint, mes lèvres se serrent, ma langue frémit, et ma pensée s'arrête silencieuse et sombre. Excité par l'intérêt que vous m'inspirez, je veux parler, et la crainte enchaîne mes paroles; car jamais, depuis sa création, pareils prodiges n'ont effrayé la terre, et jamais rien de semblable ne viendra consterner le coeur des générations successives. Un coup de tonnerre qui vient tout à coup retentir à nos oreilles porte la terreur au fond des âmes; tous les fronts s'inclinent vers la terre. Que deviendrons-nous, mon Dieu! quand les accents de la trompette, mille fois plus éclatants que ceux du tonnerre, iront éveiller dans leurs tombeaux, les justes et les pécheurs qui dorment depuis les premiers jours du monde ? Alors, à ce bruit terrible, les ossements s'arrachant à la terre qui les enferme courront se rassembler pour reformer des corps. Quel spectacle! Tout le genre humain, renaissant à la fois, viendra, des quatre coins de la terre, comparaître aux pieds du souverain Juge! Le Roi dont le pouvoir s'étend sur toute chair n'aura qu'à dire un mot, et soudain la terre ébranlée s'empressera à rendre les morts qu'elle a reçus dans ses entrailles; ceux que la mer avait engloutis, que des animaux féroces dévorèrent, ceux qui avaient péri victimes des habitants des eaux ou des oiseaux de proie, reparaissent tous ressuscités, sans qu'ils aient à regretter la plus petite partie de leur corps!  Comment pourrons-nous voir sans trembler, mes chers frères, un fleuve de feu, s'élançant avec l'impétuosité d'une mer en furie, embraser les montagnes et les vallées, consumer le monde entier avec tous les travaux des hommes ? Soudain les fleuves se dessèchent, les fontaines se tarissent, les étoiles s'effacent, le soleil s'éteint, la lune a disparu, et le ciel a plié son pavillon comme les feuillets d'un livre, ainsi qu'il est écrit (Mt 24). Les anges courent rassembler de tous les points d'où soufflent les vents, comme dit le Seigneur, d'une extrémité à l'autre de la terre, les fidèles serviteurs de Dieu (II. Pi 3). Un nouveau ciel, une nouvelle terre apparaissent bientôt selon les promesses du souverain Maître (Ap 1; Is 45;46). Tout-à-coup, un trône majestueux s'élève, mes bien-aimés, et l'étendard de la croix, où le Christ expira volontairement pour nous, resplendit de lumière. A l'éclat dont il remplit l'horizon, tous les peuples ont reconnu le sceptre redoutable du grand Roi, et ils se rappellent que le Seigneur a prédit que le signe du Fils de l'homme apparaîtra dans le ciel (Mt 24), et personne ne doute plus alors que le moment est venu. Comment oser se présenter à Jésus-Christ ? Chacun, dans ce fatal moment, sera poursuivi par le souvenir de toutes es actions qui se dresseront devant lui, bonnes ou mauvaises. Les hommes au coeur miséricordieux, et qui ont sincèrement pratiqué la pénitence, se réjouiront en voyant s'accomplir les voeux qu'ils avaient formés. Ceux qui ont compati aux souffrances des pauvres, et les pauvres qu'ils n'ont pas repoussés, plaidant pour leurs nobles patrons, dont ils proclameront les vertus devant les anges et les hommes, tout en rappelant les larmes qu'ils ont versées et leurs pénitences laborieuses, seront tous dans la joie, et plein de l'ivresse du triomphe, et attendant avec confiance "la bienheureuse espérance et le glorieux avènement du grand Dieu sauveur, notre Seigneur Jésus Christ" (Tit 2,13).  Et pourquoi ne pas dérouler devant vous un tableau plus imposant encore ? A cette grande voix, à ce cri terrible parti des sommités du ciel: "Voici l'Époux qui arrive" (Mt 25,6), voici que le Juge approche, que le Roi paraît, voici le Juge des juges qui se révèle à tous les yeux, voici le Dieu de l'univers qui vient juger les vivants et les morts; ô vous les bien-aimés du Christ, un frémissement général agite la terre sur ses bases; tout tremble, la mer et ses profonds abîmes. Les angoisses, la crainte, la stupeur sont dans tous les coeurs; tout est consterné dans l'attente des malheurs qui vont fondre sur la terre: "Les puissances des cieux seront ébranlées" (Mt 24,25), comme il est écrit. Soudain les anges et les choeurs des archanges développent à la fois leurs célestes bataillons; les chérubins et les séraphins, les puissances et les vertus chantent l'hymne de gloire "Saint, saint, saint est le Seigneur des armées, qui est, qui était et qui doit venir, le Tout-puissant!" (Ap 4,8). Toute créature du ciel et de la terre répond d'une voix tremblante et respectueuse: "Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur" (Mt 21,9). A ce moment le ciel s'entrouvre et laisse voir le Roi des rois, notre Dieu sans tache et plein de gloire, semblable à la foudre, revêtu de force et d'une incomparable majesté. Ainsi Jean le Théologien l'avait annoncé: "Le voici qui vient sur les nuées. Tout oeil Le verra et ceux même qui L'ont méprisé; et tous les peuples de la terre se frapperont la poitrine en Le voyant" (Ap 1,7). Quel homme assez audacieux pourra soutenir ce spectacle devant lequel fuiront le ciel et la terre, comme le dit le même apôtre: "J'ai vu un grand trône blanc, et quelqu'un qui était assis dessus, devant la face duquel la terre et le ciel s'enfuyaient, et il n'en resta pas même la place ?" (Ap 20,11) Jamais pareil effroi a-t-il brisé un coeur d'homme ? Jamais vos yeux ont-ils rien vu de plus redoutable ? Quand le ciel et la terre fuient, qui donc pourra se tenir debout ? Pécheurs, hélas! où fuirons-nous, quand devant nous se dressera le trône où s'assied le Dieu des siècles; quand nous verrons se déployer autour de ce trône majestueux les armées innombrables du ciel ?  Alors s'accomplira la prophétie de Daniel: "J'étais attentif à ce que je voyais, jusqu'à ce que les trônes furent placés, et que l'Ancien des jours s'assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa Tête étaient comme la laine la plus pure; son trône était de flammes ardentes, et les roues de ce trône un feu brillant. Un fleuve de feu sortait de devant sa Face; un million d'anges assistaient devant Lui, et mille millions Le servaient. Le Juge s'assit, et le livres furent ouverts" (Dan 7,9-10). De quel effroi, mes frères, ne serons-nous pas saisis, quand, sans acception de personnes, Il prononcera ses arrêts, et que seront ouverts ces livres redoutables où sont inscrits nos oeuvres, nos discours dans cette vie, et que nous avons espéré cacher à Dieu qui, selon l'Écriture, sonde les reins et les coeurs: "Car tous les cheveux de votre tête ont été comptés" (Luc 12,7); c'est-à-dire les pensées et les paroles dont il nous faudra rendre compte. Que de larmes à répandre dans ces cruels instants, et nous n'y pensons même pas! Que de soupirs s'exhaleront avec effort de nos poitrines, à l'aspect des riches présents dont le Roi de gloire comblera ceux qui ont vaillamment combattu! A l'aspect de ce royaume ineffable des cieux, à l'aspect des plus horribles tourments, et de toutes ces générations d'hommes depuis Adam, notre premier père, jusqu'au dernier-né, placées devant la Face de Dieu, comme il est écrit: "Je vis, Moi, dit le Seigneur, et tout genou se courbera devant Moi" (Is 49,18 et 45,24; Rom 14, 11; Ph 11,10).  C'est alors, ô vous les bien-aimés du Christ, que l'homme, se tenant debout entre le royaume et le tribunal, entre la vie et la mort, entre la liberté et l'esclavage, attendra que l'heure terrible du jugement ait sonné pour lui, l'heure où personne, hélas! ne pourra venir au secours de son prochain. Alors chacun confessera quelle a été sa foi, à chacun sera demandé le signe du baptême, une conscience que les hérésies n'auront pas souillée, s'il a été fidèle, s'il n'a pas flétri la pureté de sa robe, ainsi qu'il est écrit: "Car tous environnant l'autel offriront des présents à ce Roi terrible" (Ps 75,12). En effet, tous ceux dont les noms sont inscrits sur les livres de la sainte Église, au nombre des citoyens, auront à rendre compte, chacun selon son mérite: "Les puissants seront examinés rigoureusement" (Sg 6,7), comme il est écrit; "il sera beaucoup demandé à qui il a beaucoup été donné; et l'on appliquera à chacun la mesure dont il se sera servi pour les autres" (Luc 12,48; Mt 7,2; Mc 4,24). N'est-il pas vrai que, grands ou petits, nous avons professé la même foi, nous avons été marqués du même signe; nous avons tous renoncé au démon, nous l'avons rejeté loin de nous; nous nous sommes tous unis à Jésus Christ, et nous L'avons adoré ? Oui, vous avez été initié au mystère de la piscine, vous avez renoncé à l'ennemi du salut, et la renonciation qu'on exige de vous dans le saint baptême ne semble pas d'abord fort grave, mais quand l'esprit en pénètre bien le sens, il en conçoit toute l'importance, et mille fois heureux celui qui sait en accomplir le devoir! Quelques mots, en effet, suffisent pour déclarer que nous y renonçons à tout ce qui est mal, à tout ce que Dieu abhorre; il ne s'agit pas d'un, de deux ou de mille, c'est du mal en général; il n'y a pas de distinction, c'est tout ce que Dieu hait. Ainsi: "Je renonce à Satan et à ses oeuvres". Quelles sont ces oeuvres ? Écoutez : La débauche, l'adultère, l'impureté, le mensonge, le vol, l'envie, les maléfices, la divination, les sortilèges, l'emportement, la colère, les blasphèmes, les inimitiés, les querelles, les rivalités jalouses. Je renonce encore à l'ivresse, aux vains discours, à l'orgueil, à la paresse; je renonce aux frivoles amusements, aux danses animées par les sons de la harpe, aux chants impies, aux outrages à la pudeur, aux augures, à l'esprit d'interrogation, aux chairs étouffées et au sang (Ac 15,21). A quoi bon s'étendre plus au long ? Je n'ai pas le temps de tout dire; passons donc sous silence une foule d'autres abominations, et disons simplement: Je renonce à toutes les oeuvres dont nous rendons complices le soleil, la lune, les étoiles, l'eau des fontaines, l'ombrage des arbres, les chemins, les liqueurs et les coupes du festin; je renonce à tant d'autres actes absurdes, dont je rougirais de dire même les noms. Oui, plongés dans les eaux du baptême, nous renonçons à tout ce que nous savons bien n'être que des oeuvres du démon. C'est à son école, quand nous étions enveloppés dans ses profondes ténèbres, que nous avons appris à les connaître, avant que la lumière vint briller à nos yeux, quand nous étions vendus au péché (I Jn 1; I Pi 2). Mais du moment où le Dieu plein de bonté et de miséricorde a daigné nous arracher à toutes ces misérables déceptions (Rom 7), "l'Orient d'en haut est venu nous visiter" (Luc 1,78), la grâce du salut nous est apparue, elle s'est donnée comme rançon pour nous, elle nous a arrachés au culte des idoles, et s'est plu à nous renouveler par les eaux et en esprit. Nous avons donc tout quitté, nous avons dépouillé le vieil homme et ses actes impurs, nous avons revêtu le nouvel Adam (Ep 4; Col 3). Ainsi se laisser entraîner aux péchés dont j'ai parlé, c'est, après avoir reçu la grâce, en perdre tous les heureux effets; et à quoi servira le Christ Lui-même à celui qui persévère dans le crime ?   Bien-aimés de Jésus Christ, avez-vous entendu à combien de vos péchés vous avez renoncé dans le peu de mots qui expriment cette renonciation ? Eh bien! c'est en ce moment terrible que chacun de nous aura à répondre, quand il lui sera demandé s'il a gardé ses promesses. Il est écrit: "Vous serez justifiés par vos paroles" (Mt 12,37). Et ailleurs : "Méchant serviteur, je te condamne par ta propre bouche" (Luc 19,22). Il est donc évident que c'est à nos discours qu'est attachée la condamnation ou la justification de notre vie. Mais comment les hommes sont-ils interrogés ? D'abord les pasteurs, je veux dire les évêques, sont interrogés sur leur propre administration et sur leur troupeau, et on leur demande compte des brebis qu'ils ont reçues du Christ, le premier des pasteurs; si donc une seule brebis a péri par la négligence de l'évêque, c'est de son sang qu'il doit payer le sang répandu. Après eux s'avancent les prêtres, puis les diacres, ensuite tous les fidèles, qui doivent déclarer ce qu'ils ont fait, les premiers des églises qui leur avaient été confiées, les seconds de leur propre famille, de leur femme, de leurs enfants, de leurs serviteurs et de leurs servantes (Ep 6), s'ils les ont élevés, instruits dans la connaissance et la crainte de Dieu, comme le veut l'Apôtre. Ensuite vous voyez paraître les rois, les princes, les riches, les pauvres, les grands et les petits, qui tous viennent déposer aux pieds du souverain Juge l'aveu de ce qu'ils ont fait sur la terre; car on lit dans les Écritures: "Nous paraîtrons tous devant le tribunal de Jésus Christ, afin que chacun reçoive ce qui est dû aux bonnes et aux mauvaises actions qu'il aura faites pendant qu'il était revêtu de son corps" (Rom 14,10; II.Cor 5,10). Et ailleurs: "Nul n'est délivré de ma Main" (De 32,39).  Ne nous apprendras-tu pas ce qui vient à la suite ?  Je vous parlerai dans la douleur de mon coeur; vous n'êtes pas en état d'entendre ce qui doit suivre ces premiers instants. Reposons-nous quelque temps, bien-aimés de Jésus Christ.  Ils s'écrièrent de nouveau :   - Quoi donc! y a-t-il quelque chose de plus terrible que ce que nous avons déjà entendu ?   Et Ephrem leur répondit en pleurant :  - Je le dis avec des larmes amères; car qui pourrait retenir ses pleurs au récit de ce qui va suivre ? Mais puisque l'Apôtre dit: "Donnez en dépôt à des hommes fidèles ce que vous avez appris" (II.Ti 2,2), et puisque vous êtes fidèles, mes frères, je vais donc vous raconter ce que vous aurez soin à votre tour à apprendre aux autres. Bien que mon coeur soit en proie à la plus vive douleur, quoiqu'il recule d'horreur à ce récit, écoutez cependant, mes frères, et partagez ma souffrance.  Lorsque chacun, après ce redoutable examen, aura fait l'aveu de ses oeuvres en présence des anges et des hommes, "tous ceux qui s'opposaient à Dieu seront mis sous ses Pieds, toute domination, toute puissance sera détruite, et tout genou fléchira devant le Seigneur" (I.Cor 15,24; Rom 14,11; Is 45,24; Ph 2,10), et ainsi qu'il est écrit: "Il séparera les uns d'avec les autres, comme un berger sépare les brebis des boucs" (Mt 25,37). Ceux qui sont riches en bonnes oeuvres et qui ont produit de bons fruits sont séparés à jamais des pécheurs et de ceux qui ont été stériles. Les premiers brilleront de tout l'éclat du soleil, parce que, fidèles aux commandements du Seigneur, ils ont été miséricordieux, ils ont aimé les pauvres et les orphelins, les ont reçus dans leurs demeures, les ont vêtus quand ils étaient nus, ont visité les prisonniers dans leur cachots, sont venus en aide aux travailleurs, ont couru aux lits des malades et de ceux qui sont dans l'affliction, comme dit le Seigneur; ils aspirent aux richesses qui ont été placées dans le ciel; pleins d'indulgence pour les fautes de leurs frères; ils ont gardé sur leur front, inaltérable et pur de toute hérésie, le signe de la foi. A eux la droite, la gauche aux boucs. Quels sont ces derniers ? Tous ceux qui ont langui sans rien produire, ont allumé le courroux du bon Pasteur, et qui, dans leur orgueil et leur ignorance, insensibles à la voix de leur Maître, ont, dans ce temps de pénitence, livré leurs coeurs aux voluptés et ont usé les restes d'une vie honteuse dans l'ivresse et les plus sales débauches; vraies images de ce riche au coeur dur, qui vit sans pitié les maux du pauvre Lazare. Ainsi ceux qui sont rejetés à la gauche (Luc 16,10) sont condamnés, car ils ont manqué de miséricorde, la pitié ne s'est jamais fait entendre à leurs coeurs, ils ont résisté aux exhortations de la pénitence, et leur lampe s'est éteinte faute d'huile. Mais les justes, qui ont rempli leurs vases de l'huile achetée des pauvres, resplendissants de gloire, le front joyeux, portant dans leurs mains des lampes éclatantes, prennent place à leur droite, et recueillent avec délices la douce parole qui leur est adressée: "Venez, bénis de mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé depuis le commencement du monde" (Mt 25,34). A l'oreille des autres, au contraire, retentissent ces mots terribles, cet arrêt sévère: "Arrière, maudits, allez au feu éternel qui a été allumé pour les démons et pour ses anges" (Mt 25,41). Vous n'avez pas été miséricordieux, vous n'obtiendrez pas aujourd'hui miséricorde. Ma parole n'a pu pénétrer jusque dans vos âmes, eh bien, Je serai sourd aujourd'hui à vos cris et à vos plaintes. Vous avez dédaigné de Me servir; vous M'avez refusé des aliments quand la faim torturait mes Entrailles; quand J'avais soif, vous ne M'avez pas donné à boire; quand J'étais voyageur, vous ne M'avez pas reçu; J'étais nu et vous M'avez laissé sans vêtements; malade, Je ne vous ai pas vus près de ma couche, et vous n'êtes pas descendus pour Me consoler dans les ténèbres de ma prison. Vous avez été les ministres et les serviteurs d'un autre maître, du démon; éloignez-vous donc de Moi, artisans d'iniquité. "Et alors ceux-ci iront dans le supplice éternel, et les justes dans la vie éternelle" (Mt 25,46).  Ils vont tous au supplice; mais y a-t-il différentes sortes de supplices ? Il y a différents lieux assignés aux tourments qui les attendent, comme nous l'apprend l'Évangile; il y a des ténèbres extérieures (Mt 8,12; Mc 9,42), mais on ne peut douter qu'il n'y en ait aussi d'intérieures. Ailleurs est la géhenne de feu, ailleurs sont les grincements des dents. Le ver qui ne dort pas est dans un autre endroit (Ap 19.20); dans un autre aussi se trouve l'étang de feu (II.Pi 2,4); ici le lieu assigné particulièrement au Tartare; là la région du feu inextinguible; l'enfer et la perdition ont chacun leur place; plus loin sont les parties les plus basses de la terre (Ep 4,9); l'abîme de l'enfer, lieu plus horrible encore, où les pécheurs sont livrés aux peines les plus cruelles. Ces malheureux se rendent aux différents lieux qui leur sont marqués; chacun selon la gravité de ses péchés, est traité avec une rigueur dont elle est la mesure même, comme il est écrit; car "chacun est lié par la chaîne de ses péchés" (Pro 5,22). Et cette autre parole: "L'un sera battu rudement, l'autre le sera moins" (Luc 12,47-48). Il y a sur la terre une gradation dans les peines, il en sera de même dans le ciel. Ceux qui mourront sans avoir éteint les feux de la haine qui les a divisés seront impitoyablement condamnés au jour du Jugement, et ils seront rejetés dans le feu extérieur, dans les ténèbres éternelles, parce qu'ils n'auront eu que du mépris pour ce commandement si facile à suivre du Seigneur qui a dit: "Aimez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous jusqu'à soixante-dix-sept fois sept fois" (I Jn 3,11; Mt 18,22). L'homme qui a péché ne doit pas se reposer dans une sécurité perfide, ni se livrer non plus au désespoir, "parce que nous avons, un avocat auprès du Père, Jésus Christ qui est juste, et c'est Lui qui est la Victime de propitiation pour nos péchés" (I.Jn 2.12) : non pour ceux qui laissent s'écouler leurs jours dans une molle incurie, livrés tout entiers aux joies et aux plaisirs, mais pour ceux qui pleurent, font pénitence et crient vers Lui le jour et la nuit : ils recevront du saint Esprit un trésor de consolation. Mais celui qui oublie la faute qu'il vient de commettre sera frappé, en mourant, par les traits de la colère divine qui tomberont sur lui et il dira avec Manassé : "Redoutable est la colère qui a inspiré tes Menaces contre les pécheurs" (Prière de Manassé 5; Is 5).  Malheur au débauché, à l'ivrogne; malheur à ceux qui se gorgent de vin au bruit des instruments de musique, qui, sans égard pour les oeuvres de Dieu, ne se rappellent jamais sa sainte Parole! Malheur à ceux qui outragent ses divines Écritures! Malheur à ces hommes qui consacrent le temps de pénitence aux triomphes de l'orgueil, et diffèrent de se convertir, pour ne s'occuper que d'objets frivoles et ridicules! Le temps qu'ils ont perdu, ils le chercheront alors; mais ils ne le retrouveront plus. Malheur à ceux qui se sont livrés aux esprits de l'erreur et à des doctrines diaboliques (I.Ti 4,1), car ils seront condamnés avec leurs maîtres insensés! Malheur à ceux qui écrivent l'iniquité! à ceux qui s'abandonnent à des pratiques sacrilèges, aux enchantements, à la divination, qui corrompent la jeunesse (Sg 18) et commettent mille autres détestables crimes! à ceux qui privent l'ouvrier de son salaire, car c'est répandre son sang que de lui enlever le prix de son travail! Malheur aux juges iniques qui, en absolvant l'impie, dépouillent le juste de ses droits! Malheur à ceux qui souillent leur foi par des hérésies et qui suivent les drapeaux des apôtres du mensonge! à ceux que dévorent une incurable maladie, c'est-à-dire l'envie et la haine! Mais pourquoi cette fatigante énumération ? pourquoi ne pas borner à se dire: Malheur à ceux qui, dans ce jour terrible, seront placés à la gauche; car ils seront enveloppés de ténèbres, et ils pleureront amèrement quand ils entendront prononcer, les uns, ce funeste arrêt: "Arrière, maudits!" (Mt 25,41) les autres: "Les pécheurs seront précipités aux enfers!" (Ps 9,18); ceux-ci: "En vérité, Je vous le dis, Je ne vous connais pas, éloignez-vous, artisans d'iniquité!" (Luc 13,27) ceux-là, je veux dire les envieux: "Recevez ce qui vous appartient et allez!" (Mt 20,14) Où donc ? aux mêmes lieux que ceux à qui il a été dit: "Éloignez-vous de moi, maudits, allez au feu de l'enfer!" (Mt 25,41) Quelques-uns: "Liez leurs pieds et leurs mains, et jetez-les dans les ténèbres extérieurs", quelques autres enfin seront, comme l'ivraie, précipités dans le feu qui doit les consumer (Mt 22).   Plus d'une voie est ouverte au salut, plus d'une demeure est réservée au juste dans le royaume des cieux, et comme il y a mille sortes de péchés et d'erreurs, il y a aussi mille différents supplices. O vous qui avez des larmes dans les yeux, de la componction dans le coeur, pleurez, pleurez avec moi au souvenir de ce terrible partage dont l'idée m'épouvante, frères bénis de Dieu! car c'est à ce moment cruel que nous serons séparés les uns des autres, et que chacun se rendra dans le séjour qui lui sera assigné et qu'il ne devra plus quitter. Quel coeur serait assez dur pour ne pas pleurer, quand évêques, prêtres, diacres, sous-diacres et lecteurs seront à jamais arrachés des bras de ceux qui ont été leurs compagnons dans la vie et qui ont porté les mêmes fardeaux ? Et ceux qui ont été rois sur la terre, ils pleureront aussi et seront chassés comme de vils esclaves; avec eux s'en iront, le coeur gros de soupirs, les princes, les riches sans miséricorde; ils jetteront de tous côtés de regards inquiets, ils imploreront des secours que nul ne pourra donner à leur faiblesse. Plus de trésors, plus de flatteurs, point de pitié pour eux; car leurs oreilles furent toujours fermées aux cris du malheur, et ils ne se sont pas fait à l'avance des provisions de salut dont ils puissent user maintenant. C'est en parlant de ces hommes que le prophète a dit : "Ils ont dormi leur sommeil, et ils n'ont rien trouvé" (Ps 75,6). Alors, mes frères, le père sera séparé de son fils, l'ami de son ami; alors seront entraînés loin l'un de l'autre les époux qui n'ont pas conservé pur le lit nuptial; alors seront rejetées ces vierges dont le corps fut chaste, mais dont le coeur fut sans pitié. Car il n'y aura pas de miséricorde pour celui qui n'a pas eu la miséricorde. Mais l'effroi que m'inspire ce récit, la crainte que jettent dans mon coeur ces cruelles images, m'empêchent d'entrer dans de plus longs détails; et, pour tout dire en peu de mots, les pécheurs, hélas! seront repoussés du saint tribunal, chassés, frappés par les gens irrités,les membres palpitants, ils tourneront les yeux sur les justes et vers cet asile de paix et de bonheur d'où ils seront bannis. L'éclat d'une lumière ineffable vient baigner leurs regards avides qu'éblouissent toutes les beautés du paradis, où ils voient ceux qu'ils ont connus sur la terre s'empresser de recevoir les riches dons que leur a préparés le Roi de gloire. Puis, arrachés d'avec les justes, d'avec leurs amis et leurs proches, ils seront éloignés violemment de la vue de Dieu même, dont les joies pures et l'éclatante lumière s'effacent à jamais pour eux. Enfin, ils arrivent au seuil du séjour affreux des supplices qui les attendent.  A l'aspect de l'isolement où ils sont tombés, l'espoir s'éteint, plus de secours à attendre, plus de défenseurs, car le jugement de Dieu est juste, et ils s'écrient en hurlant: Ah! combien avons-nous perdu de temps dans l'oisiveté! De quelles illusions nous avons été le jouet! Hélas! comme nous nous sommes raillés des saintes Écritures! C'était la voix de Dieu qui s'y faisait entendre, et nous ne l'avons pas écoutée! Nos cris implorent aujourd'hui sa Bonté, mais Il a détourné de nous sa Face indignée! Oh! pourquoi nous sommes-nous laissés aller aux séductions du siècle ? A quoi nous a-t-il servi d'obéir au monde ? Où sont les parents de qui nous avons reçu le jour ? Où sont nos frères, nos fils, nos amis, nos richesses ? Où sont les biens, les plaisirs, ces trésors inutiles que nous avions amassés ? Que sont devenus les rois et les princes ? Eh quoi! pas un d'eux ne peut nous sauver ? pas un d'eux qui puisse nous prêter quelque appui ? ... Nous sommes, hélas, abandonnés de Dieu et des saints! Que faire, malheureux ? le temps du repentir est passé. Que pourrait faire une vaine protection ? que pourraient faire des larmes superflues ? Plus de pauvres, plus d'indigents qui se pressent autour de nous et nous vendent le fruit de leur travail; nous voilà seuls maintenant! Quand nous avions le temps et le moyen, et que ces infortunés nous criaient en pleurant: "Achetez", nous fermions les oreilles et nous n'achetions rien. C'est à notre tour de chercher, d'implorer; et rien, rien ne vient à nous. Nous n'avons pas à espérer d'être délivrés de nos misères; nous n'avons pas à compter sur la pitié, nous n'en sommes pas dignes. Le jugement de Dieu est juste. Nous ne verrons plus les saintes légions des justes, nous ne verrons plus la véritable lumière. Tout nous abandonne. Et que dire encore ? Adieu, adieu à jamais, saints et justes! adieu, prophètes, apôtres et martyrs du Seigneur! adieu, patriarches et solitaires! adieu, croix, source de vie et de gloire! royaume des cieux, adieu! adieu, céleste Jérusalem! délices du paradis, adieu! auguste mère du Sauveur, d'un Dieu plein de miséricorde, adieu! adieu, parents, famille, enfants que nous ne verrons plus jamais!" Ils partent alors pour le séjour des douleurs où leurs crimes ont marqué leurs places, où le remords, comme un ver rongeur, se dresse sans cesse contre eux, où brûle un feu qui ne s'éteint jamais.   Eh bien, mes frères, j'ai satisfait à vos désirs, j'ai répondu à vos voeux! Vous savez maintenant quel sort nous nous préparons par nos fautes; vous savez maintenant ce qu'on gagne à se laisser aller à cet engourdissement du coeur, à cette paresse d'esprit qui s'oppose à la pénitence. Vous avez entendu les sarcasmes cruels qui sont tombés sur ceux qui se rient des préceptes de Dieu; je vous ai dit à combien d'illusions nous livre le siècle en corrompant nos âmes; quelle amertume empoisonne ceux qui se font un jeu des saintes Écritures. Gardons-nous de ces vaines chimères, mes bien-aimés frères; défendons-nous de ces pensées d'incrédulités qui ne nous présentent le Jugement que sous les couleurs du mensonge. Mais croyons fermement en Dieu, croyons à la résurrection des morts, au jugement et à la rétribution que chacun a méritée par ses bonnes et par ses mauvaises actions; et, foulant aux pieds toutes les choses de la terre, pensons à nous mettre à l'abri, par nos actes, des arrêts du tribunal terrible qui nous jugera dans ce moment redoutable. Car c'est l'heure des gémissements, de la douleur, des souffrances: c'est l'heure où la vie tout entière est justifiée ou condamnée.  Mais cette heure qui nous épouvante, ce jour qui doit se lever si plein de menaces, les saints prophètes et les apôtres l'ont prédit. D'un bout de la terre à l'autre, les églises, les villes ont retenti du bruit de cette grande voix qui l'annonce: "Ouvrez les yeux, veillez, soyez sobres, miséricordieux, priez, tenez-vous prêts, parce que vous ne savez ni le jour ni l'heure où le Seigneur viendra" (Mt 25,14). Voilà, comme je le disais, les saintes paroles que nous adressent, en versant des larmes, ces hommes inspirés de Dieu, dans l'attente de ce grand jour. Écoutez le prophète Isaïe : "Voici que le Seigneur va venir pour dépeupler la terre et perdre les pécheurs" (Is 13,9). Écoutez encore : "Voici le Seigneur qui vient, apportant à chacun la récompense de ses oeuvres" (Is 40,10 et 62,12). Un autre prophète s'écrie: "Voici le Seigneur qui vient; qui pourra seulement penser au jour de son Avènement, ou qui pourra en soutenir la vue" (Mal 3,2) ? Un autre dit aussi: "Seigneur, j'ai entendu tes paroles, j'ai tremblé, mes entrailles se sont émues" (Hab 3,16). Le Seigneur dit par la bouche d'un autre prophète : "A Moi la vengeance et la rétribution" (De 32,35) et "nul n'est délivré de ma Main" (De 32,39). David dit en parlant de ce jour fatal: "Dieu viendra manifestement, notre Dieu viendra, et Il ne se taira point. Le feu s'enflammera en sa Présence, et une tempête violente L'environnera" (Ps 49,3). L'apôtre Paul dit encore: "Au jour où Dieu jugera tout ce qui est caché dans le coeur des hommes, selon l'Évangile que je prêche" (Rom 2,16). Et ailleurs : "Voyez donc dans quelle voie vous marchez" (Ep 5,15) : "il est redoutable de tomber dans les mains du Dieu vivant" (Hé 10,30). Et le bienheureux Pierre, le prince des apôtres, s'écrie en parlant de ce jour : "Le jour du Seigneur viendra comme un larron pendant la nuit; et les éléments embrasés se dissoudront, et la terre sera brûlée avec tout ce qu'elle contient" (II.Pi 3,10). Mais que parlé-je ici de prophètes et d'apôtres ? Notre Seigneur, notre Maître et notre Dieu rendu témoignage de ce jour funeste: "Prenez donc garde à vous, de peur que vos coeurs ne s'appesantissent par l'excès de viandes et du vin et par les inquiétudes de cette vie, et que ce jour ne vous vienne tout d'un coup vous surprendre; car il enveloppera comme un filet tous ceux qui habitent sur la surface de la terre" (Luc 21, 34-35). "Tenez-vous donc aussi toujours prêts, parce que le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous n'y penserez pas, et efforcez-vous d'entrer par la porte étroite qui conduit à la vie" (Luc 12, 40).   Marchons dans cette voie, mes frères, pour arriver un jour à l'héritage de la vie éternelle. En effet, c'est le prix réservé à l'homme qui la suit. Cette voie, n'est-ce pas la vie ? Même si peu de chrétiens savent la trouver, sachons, mes bien-aimés, ne pas nous en écarter. Qu'aucun de vous n'en sorte, s'il ne veut pas se perdre; car le Prophète a dit: "Prenez garde que le Seigneur ne s'irrite, et que vous ne périssiez hors des voies de sa Justice" (Ps 2,12). Écoutez encore cette parole du Seigneur: "Je suis la Lumière du monde, Je suis la Vie; Je suis la Porte, si quelqu'un entre par Moi, il sera sauvé. Je suis la Voie, et celui qui Me suit ne se heurtera point, parce qu'il verra la lumière de la vie" (Jn 8,12; 10,9 et 11,9). Marchons donc dans l'heureux sentier qu'ont parcouru tous ceux qui ont voulu s'unir à Jésus Christ; il est étroit sans doute, mais le bonheur nous attend au terme; il est âpre et triste, mais la récompense qu'il promet est douce et riante; il est resserré entre les défilés, mais le lieu de repos est vaste; sur les bords se trouvent la pénitence, le jeûne, la prière, les veilles, l'humilité, la pauvreté d'esprit, le mépris de la chair, la vigilance, une couche sur la terre, l'abstinence du bain, une nourriture aride et sèche, la faim, la soif, la nudité, la pitié, les larmes, les gémissements, les soupirs, les génuflexions, l'ignominie, la persécution, le larcin, les mauvais traitements, les travaux des mains, les dangers, les embûches; c'est là qu'il faut se résoudre à ne pas répondre à un outrage par un autre outrage, à ne pas haïr ceux qui nous haïssent, à souffrir le mal et à rendre le bien en échange; à pardonner à ceux qui nous ont offensés, à mourir pour ses amis, et enfin à répandre son sang pour le Christ, quand il le faut. Si quelqu'un est assez heureux pour entrer par cette porte étroite, il recevra pour prix le bonheur dans les cieux, le bonheur éternel.  Mais l'autre porte est large et spacieuse, elle conduit à la mort; l'abord en est plein de charmes, mais la douleur est assise derrière; ici des objets charmants, là empoisonnés d'amertumes; ici rien ne nous pèse, là tout est lourd et accablant; ici on les juge futiles, sans importance, sans conséquences dangereuses; là, semblables à des bêtes féroces, ils entourent le pécheur qui ferme son coeur à la pénitence, selon ces paroles du Prophète: "Je serai enveloppé dans ce jour funeste dans l'iniquité de ma voie" (Ps 48,6); il veut dire l'iniquité de la vie, et par ce mot il entend chacun des pas que l'on fait dans la voie large, et dont l'Apôtre a fait en partie l'énumération : "La fornication, l'adultère, l'impudicité, l'idolâtrie, la discorde, la jalousie, la colère, les séditions, l'envie, le meurtre, et autres choses semblables" (Ga 5,19-21). Voilà les degrés de cette voie spacieuse, de cette vie qu'accompagnent, pour l'enivrer de leurs philtres corrupteurs, les jeux, les délices, les cris de joie, les harpes et les flûtes, les danses, les bains, les moelleux tissus, les festins somptueux, les applaudissements et les félicitations de la foule, des hymnes d'un triomphe anticipé, des couches délicates, des unions illégitimes, des appétits charnels que rien ne peut satisfaire, la discorde allumant sa torche dans le sein des frères, et ce qui est plus affreux mille fois, l'impénitence et l'oubli de la mort. C'est un sentier rude où trop de malheureux s'engagent témérairement, et au bout duquel les attend un séjour digne d'eux, où ils verront la faim succéder aux plaisirs, la soif à l'ivresse, la douleur au repos, les pleurs aux rires, les gémissements aux accords de la harpe, la maigreur à un heureux embonpoint, les chagrins à une douce quiétude, la société des démons aux orgies de la danse, et enfin à tout ce qui excitait les désirs, charmait les esprits, à toutes les passions extravagantes ou criminelles les ténèbres extérieures, le feu de l'enfer, et cent autres tourments, tribut imposé par la mort qui déchire ses propres brebis, ses propres disciples, et ses amis qui ont suivi la voie large et spacieuse, comme dit le Prophète: "Ils ont été placés dans l'enfer comme des brebis, et la mort les dévorera" (Ps 48,15).  Pour nous, mes frères bien-aimés en Jésus Christ, fuyons ce sentier empesté, et ne fermons pas les oreilles à cette parole du Seigneur: "Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite; car Je vous le dis, plusieurs chercheront à y entrer, et ils ne le pourront" (Luc 13,24). Voilà ce que nous crient le Seigneur et les hommes qu'Il a inspirés de son Esprit. C'est en pensant à ce grand jour que les saints martyrs, sans être arrêtés par les douleurs du corps, ont enduré les plus cruels supplices, dans l'espérance de mériter la couronne de gloire; d'autres, enfoncés dans la profondeur des solitudes, cachés dans les antres des montagnes, ont jeûné et jeûnent encore, ont lutté sans cesse contre les désirs de la chair : ce ne sont pas seulement des hommes, ce sont même des femmes, ce sexe si faible et si délicat, qui, se précipitant par la porte étroite, ont conquis le royaume des cieux. Qui donc ne rougira pas de honte quand des femmes seront couronnées au jour du Jugement, et qu'une foule d'hommes seront couverts d'ignominie ? "Il n'y a plus ici ni d'homme, ni de femme" (Ga 3,28); mais "chacun recevra sa récompense selon ses oeuvres" (I.Cor 3,8). Ce ne sont pas les montagnes et les déserts seulement qui ont été témoins de ces prodiges, c'est dans les villes surtout, dans les îles, dans les églises qu'ils ont éclaté, lorsque les élus de Dieu, chacun dans sa condition, observaient fidèlement ses pieux Commandements, tous fidèles à la loi, évêques, prêtres, et les autres ordres de l'Église, rois et princes, grands et nobles. Car Dieu n'admet pas de distinction de classes, Dieu n'a pas de prédilections exclusives; mais Il le dit Lui-même: "Partout où ils sont réunis en mon Nom" (Mt 18,20), dans les déserts, sur les montagnes, dans les grottes, dans tous les lieux où s'exerce mon empire, "Je suis au milieu d'eux" (Mt 18,20) et J'y resterai jusqu'à la consommation des siècles, et après cette vie Je ferai paître cet heureux troupeau dans l'éternité.  En pensant au Jugement et à l'inflexibilité du Juge, David mouillait toutes les nuits sa couche de larmes, et implorait le Seigneur en disant: "N'entre pas en jugement avec ton serviteur" (Ps 142), ne me cite pas à ton Tribunal, Miséricordieux; et permets-moi, sans défense comme je le suis, de Te supplier de désarmer ta Justice irritée, et de me traiter avec bonté. Car si Tu appelles devant Toi tous les hommes, il n'y aura pas même un qui sera justifié. Voyez, mes frères, quelles craintes ce jour et cette heure inspirent à David, tombé aux pieds de Dieu et préparé à ce terrible appel.Venez donc, ô vous les bien-aimés de Jésus Christ, avant que ce jour ne se lève, avant que les liens qui nous unissent ne soient brisés, venez avec moi avant que Dieu ne se manifeste et ne nous surprenne dans notre imprévoyance; venez et "disposons-nous à paraître devant sa Face par la confession", la pénitence, la prière, le jeûne, les larmes, l'accueil envers les voyageurs: voilà, mes frères, ce que nous avons à faire, les précautions qu'il nous faut prendre. Ne cessons point de faire pénitence, de prier, de nous tenir prêts à recevoir le Seigneur, hommes et femmes, riches et pauvres, esclaves et hommes libres, vieux et jeunes.  Veillons à ce qu'aucun de nous ne puisse dire: "Parce que j'ai beaucoup péché, mes fautes ne me seront pas remises". Ce langage dans la bouche d'un chrétien prouve qu'il ignore que Dieu est le Dieu de ceux qui se repentent, qu'Il vient pour punir ceux qui vivent dans le mal, et qu'Il a dit: "Il y a grande joie dans le ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence" (Luc 15,7); et ailleurs: "Je suis venu pour appeler non les justes mais les pécheurs à la pénitence" (Luc 5,32). Et la véritable pénitence consiste à s'abstenir du péché, à le haïr, selon cette parole du Prophète: "J'ai haï l'iniquité et je l'ai eue en abomination" (Ps 118,163). Et encore : "J'ai juré, j'ai résolu fortement de garder les jugements de ta Justice" (Ps 118,106). C'est alors que Dieu accueille avec joie celui qui vient à Lui.  Que personne ne dise dans son fol orgueil : "Je n'ai point péché"! Parler ainsi, c'est être aveugle, c'est vouloir se tromper soi-même, c'est ne pas savoir comment le démon, comme un larron adroit, se glisse dans nos paroles, dans nos oeuvres, entend par nos oreilles, voit par nos yeux, touche par nos mains et inspire nos pensées. Qui donc osera dire que son coeur est pur, et que ses sens ne l'ont pas égaré ? Nul n'est sans péché, nul n'est sans souillure, nul parmi les hommes n'est tout à fait innocent, si ce n'est pourtant Celui qui, riche, S'est fait pauvre pour nous. Oui, Celui-là seul est sans péché, qui est venu délier les péchés du monde, qui veut sauver tous les hommes et qui ne veut pas la mort du pécheur; Il aime l'homme, son Coeur est un trésor de miséricorde; Il est bon, propice, tout-puissant, rédempteur du genre humain, le père des orphelins, le justicier des veuves, le Dieu de ceux qui font pénitence, le médecin des âmes et des corps, l'espérance des affligés, le port de ceux qui sont battus par la tempête, l'appui des infortunés que tous ont abandonnés, la voie de la vie enfin, et qui nous appelle tous à la pénitence, et qui ne rejette pas les pécheurs repentants. Réfugions-nous dans ses Bras; c'est en Lui que nous trouverons notre salut.  Ne désespérons pas de notre salut, mes frères; avons-nous péché ? faisons pénitence. Avons-nous péché mille fois ? que mille fois aussi le repentir pénètre dans nos âmes. Toute bonne oeuvre est agréable à Dieu; mais c'est surtout un coeur repentant qu'Il aime : Il va tout entier à lui, Il lui tend une main secourable, Il l'appelle en disant: "Venez à Moi, vous tous qui êtes dans la peine"; Je ne rejetterai point le pécheur qui vient à moi; "venez à Moi, vous tous qui êtes chargés, Je vous soulagerai" (Mt 11,28), dans la cité éternelle. C'est là que mes saints se reposent dans une douce joie. Venez boire à cette coupe de félicité inépuisable, dont les charmes ne peuvent se comparer à rien, que le langage est impuissant à expliquer; venez vous rassasier des biens "après lesquels soupirent les anges" (I.Pi 1,12) et l'assemblée des justes.  Le sein d'Abraham s'ouvre à tous ceux qui, comme le pauvre Lazare, ont gémi dans les douleurs; là sont étalés mes riches trésors; là s'élève le Jérusalem céleste, heureuse patrie des premiers-nés de mon Père; là vous offre un abri la douce région des coeurs pacifiques. "Venez tous à Moi et Je vous soulagerai"; car dans ces lieux charmants tout est repos et liberté, tout s'éclaire de la lumière de Dieu; point d'esclaves, point de tyrans; point de péchés, point de remords; tout y brille d'un pur éclat, tout y est inondé d'ineffables délices. "Heureux ceux qui pleurent" (Mt 5,5). Laissez donc couler vos larmes, soyez repentants, convertissez-vous à Moi, et J'effacerai la trace de vos maux; alors plus de chagrins, plus de pleurs amers, plus de soucis cuisants, plus de dévorantes inquiétudes, plus de plaintes. Convertissez-vous, fils des hommes; et Je vous rendrai la tranquillité, Je ne ferai point de distinction entre l'homme et la femme; le double empire du démon et de la mort sera détruit. Vous n'aurez plus de jeûnes à pratiquer, plus de tristesse qui vous perce le coeur, plus de haines jalouses et d'ardentes rivalités; mais partout et toujours, la joie, la paix, le repos et le bonheur. Convertissez-vous, et Je ferai couler pour vous des sources d'eau vive, J'étendrai sous vos pas les frais tapis de gazon, de mes Mains divines Je cultiverai la vigne de chacun de vous; venez dans la contrée où habitent les coeurs humbles et doux; "c'est Moi qui suis la vraie Vigne dont mon Père est le Vigneron" (Jn 15,1).  "Venez, vous tous qui êtes fatigués et courbés sous le joug, venez, et Je vous soulagerai" (Mt 11,28). Avec Moi est la vie, mais pure, mais inaltérable; avec Moi tous les plaisirs vous attendent. Venez, il n'y a près de Moi rien que d'aimable, rien que du bonheur, rien que d'éternel; avec Moi est la lumière, mais inextinguible, et mon soleil ne s'éclipse jamais. "Prenez mon joug sur vous et apprenez de Moi que Je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes" (Mt 11,29). Ici se font entendre les sons joyeux des instruments de fête; ici vous sont enfin découverts les trésors cachés de la sagesse et de la science. Venez tous à Moi, et Je vous soulagerai; c'est ici que vous attendent une grande récompense, une joie incomparable, une félicité immuable, des concerts de louanges sans fin, de perpétuelles actions de grâces, des entretiens dont Dieu seul est l'objet, un royaume éternel, des richesses infinies, des siècles qui vont se déroulant sans cesse, un abîme de miséricorde, une mer de propitiation; tout ce qu'enfin ne saurait expliquer la parole imparfaite de l'homme, et dont on ne peut vous offrir qu'une image enveloppée d'un voile épais. Venez et vous verrez près de Moi les régions innombrables des anges, des premier-nés, les trônes des apôtres, les sièges des prophètes, les sceptres des patriarches, les couronnes des martyrs et le triomphe des justes. Ici tout reçoit le prix qu'il a su mériter; ici, chacun a un séjour tout préparé. Venez, vous tous qui avez faim et qui avez soif de la justice, Je vous rassasierai des biens que vous avez désirés et "que l'oeil n'a point vus, que l'oreille n'a point entendus et qui ne sont jamais montés au coeur de l'homme. C'est là que je les tiens en dépôt pour ceux qui ont déserté la voie du mal, pour les hommes miséricordieux, pour les pauvres d'esprit, pour ceux qui versent les larmes de la pénitence, pour les pacifiques, pour tous ceux qui ont souffert à cause de Moi la persécution, et qui ont été en butte à la calomnie et à l'amère dérision.  Venez à Moi, vous tous qu'un poids pesant accable; rejetez loin de vous le fardeau de vos péchés; quiconque se réfugie dans mes Bras est soulagé. Mais renoncez à de funestes pratiques, oubliez les artifices que vous a enseignés le démon, pour ne vous souvenir que des pieuses leçons que Je vous ai données. En s'approchant de Moi, les mages renoncèrent à leur art imposteur, et reçurent en retour la connaissance de Dieu. Les publicains ont abandonné leurs comptoirs pour Me suivre, et ils se sont rassemblés en mon Nom. Les persécuteurs ont été désarmés, et de bourreaux sont devenus victimes sans se plaindre. Les femmes débauchées ont déserté leurs immondes plaisirs pour embrasser une vie de continence. Le fer est tombé des mains de l'assassin, son coeur s'est rempli de foi, et, renonçant à son infâme métier, il s'est acquis une place dans le paradis. Venez donc à Moi, parce que "Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à Moi" (Jn 6,37).  Vous avez entendu, mes chers frères, les grandes et belles promesses, les douces paroles du Sauveur de nos âmes. Quel père fut jamais plus tendre! quel meilleur médecin! venez donc, adorons-Le, tombons à ses Pieds et faisons l'aveu de nos fautes. Gloire à sa Bonté! Gloire à sa Patience, à sa Générosité, à son Indulgence! Gloire au Dieu miséricordieux! Gloire à son règne éternel! Gloire, honneur et adoration à son Nom dans tous les siècles! Amen.   Je vous le dis, mes frères, et je ne cesserai de le répéter, ne nous laissons point entraîner à la paresse, à la crainte; ne cessons de crier vers Lui nuit et jour, et de pleurer. Car Il est plein de miséricorde, sa parole est sincère, et sa vengeance sera désarmée en faveur de ceux qui s'adressent à Lui, pendant le jour ou quand il s'éteint; Il est le Dieu des coeurs pénitents, Père, Fils et saint Esprit; à Lui gloire et puissance dans les siècles des siècles! Amen.

 

 

HOMÉLIE SUR LA DIVINE TRANSFIGURATION de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ

 

Du champ, la réjouissance de la moisson; de la vigne les fruits délectables; et des divines Écritures, l'enseignement vivifiant. Le champ a un temps pour la moisson, la vigne a un temps pour la vendange, mais l'Écriture lue en tout temps répand un enseignement vivifiant. Le champ reste nu après la moisson, la vigne est amoindrie après la vendange; mais l'Écriture est chaque jour moissonnée, et les épis de ce qui est interprété en elle ne manquent pas; chaque jour elle est vendangée, et en elle, les grappes de l'espérance ne s'épuisent pas.  Approchons-nous donc de ce champ, jouissons de ses ruisseaux vivifiants, et moissonnons en elle des épis de vie, les paroles de Notre Seigneur Jésus Christ, qui dit à ses disciples : "Quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point qu'ils n'aient vu le Fils de l'homme venir dans son règne (Mt. 16, 28), et "Six jours après, Jésus prit avec Lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les conduisit à l'écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux; son Visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière" (Mt 17,1-2). Les hommes dont Il avait dit qu'ils ne verront pas la mort jusqu'à ce qu'ils voient la marque de sa venue sont ceux qu'Il a pris et emmenés sur la montagne; et il leur a montré comment Il viendrait au dernier jour, dans la Gloire de sa Divinité et dans le Corps de son humanité.  Il les conduisit sur la montagne pour leur montrer qui est le Fils. En effet, quand il leur avait demandé que disent les hommes qu'est le Fils de l'homme, ils lui dirent : "Les uns Élie, les autres Jérémie ou l'un des prophètes." C'est pourquoi Il les a conduit sur la montagne et leur a montré qu'Il n'est pas Élie, mais le Dieu d'Élie; ni Jérémie mais Celui qui a sanctifié Jérémie dans le ventre de sa mère; ni l'un des prophètes, mais le Seigneur des prophètes, celui qui les a envoyés et qui leur a montré qu'Il est le Créateur du ciel et de la terre, qu'Il est le Seigneur des vivants et des morts. en effet, Il commanda au ciel et il a fait descendre Élie; Il fit signe à la terre et elle a attiré Moïse. Il les conduisit sur la montagne, pour leur montrer qu'Il est le Fils de Dieu, Celui qui est né du Père avant les siècles, et dernièrement incarné de la Vierge, comme Lui le sait, enfanté sans semence et ineffablement, en gardant la virginité incorruptible. En effet, là où Dieu veut, l'ordre de la nature est vaincu; car Dieu le Verbe a demeuré dans le ventre de la Vierge, et le feu de sa Divinité n'a pas brûlé les membres du corps de la Vierge, mais Il l'a même protégée durant les neuf mois. Il a demeuré dans le ventre de la Vierge sans exécrer la mauvaise odeur de sa nature, et c'est d'elle qu'Il provint comme Dieu incarné, pour nous sauver. Il les conduisit sur la montagne pour leur montrer la Gloire de la Divinité et pour leur faire connaître que c'est Lui le Rédempteur d'Israël, comme Il l'a déclaré par les prophètes et pour qu'ils ne soient pas troublés en voyant sa Passion volontaire, qu'Il allait souffrir humainement pour nous. Car ils le connaissaient comme homme fils de Marie, les fréquentant dans le monde; et leur fit savoir qu'Il est Fils de Dieu. Ils l'ont vu manger, boire, se fatiguer, se reposer, avoir sommeil, dormir, avoir peur, transpirer, toutes choses qui ne s'accordaient pas à la nature de sa Divinité, mais seulement à son humanité. Et c'est pourquoi Il les a emmenés sur la montagne, afin que l Père appelle le Fils, et leur montre qu'Il est en vérité son Fils et Dieu. Il les conduisit sur la montagne, et leur a montré sa Royauté avant sa Passion, sa Puissance avant sa mort, sa Gloire avant son blâme, et son Honneur avant son déshonneur, afin que, lorsqu'il serait saisi et crucifié par les Juifs, ils sachent qu'Il n'a pas été crucifié par faiblesse, mais par sa Bienveillance, volontairement, pour le salut du monde. Il les a emmenés sur la montagne et leur a montré la Gloire de sa Divinité avant sa Résurrection, afin que lorsqu'il ressusciterait des morts dans la Gloire de sa nature divine, ils sachent qu'Il n'a pas reçu la Gloire pour sa peine, comme un pauvre, mais qu'elle était sienne avant les siècles en le Père, et avec le Père, comme Il l'a dit en allant vers la Passion volontaire : "Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de Toi-même de la Gloire que j'avais auprès de Toi avant que le monde fût." (Jn 17,5).   C'était donc cette Gloire de sa Divinité non manifestée et cachée dans son humanité qu'il a démontrée a ses apôtres sur la montagne, car ils virent son Visage briller comme un éclair et ses vêtements blancs comme la lumière. Les disciples voyaient deux soleils; un dans le ciel comme d'habitude, et un autre contraire à l'habitude. L'un qui leur apparaît et qui éclaire le monde dans le firmament, et l'autre qui fait apparaître à eux seuls son Visage. "Ses vêtements étaient blancs comme la lumière"; Il a montré que la gloire de sa Divinité jaillissait de tout son corps et que, de tous les membres de son Corps brillait la lumière. En effet, sa Chair ne luisait pas d'une beauté extérieure comme Moïse, mais c'est de lui-même que jaillissait la Gloire de sa Divinité. Sa lumière parut, et se rassembla en lui-même; En effet, elle ne l'a pas quitté pour aller à un autre lieu, car si elle était venue d'ailleurs pour l'embellir, elle aurait été inutile. Et Il n'a pas déployé tout l'abîme de sa Gloire, mais seulement autant qu'en pouvait contenir la dimension des pupilles de leurs yeux.  Et "voici Moïse et Élie leur apparurent, s'entretenant avec Lui." (Mt. 17,3). Et telles étaient les paroles qu'ils échangeaient : ils Lui rendaient grâce, car leurs paroles, et celles de tous les prophètes avec eux, ont été accomplies en sa Présence. Ils Lui firent une prosternation pour le salut qu'Il a opéré pour le monde, - le genre humain - et parce que le mystère qu'eux-mêmes ont peint, Lui l'accomplit en oeuvres. La joie envahit les prophètes et les apôtres en cette ascension sur la montagne. Les apôtres se réjouirent de voir la Gloire de sa Divinité, qu'ils ne connaissaient pas, et d'écouter la Voix du Père rendant témoignage du Fils et à travers elle, ils connurent sa Divinité qui était cachée pour eux. Et, avec la Voix du Père, la Gloire apparue de son corps, venue de la Divinité unie avec celui-ci, sans changement et sans confusion, les a convaincus.  Et le témoignage des Trois a aussi été confirmé par la Voix paternelle, à Moïse et à Élie qui se tenaient près de Lui comme des serviteurs, et ils se voyaient les uns les autres. Les prophètes voyaient les apôtres, et les apôtres les prophètes. Là, ils se virent les uns les autres, les chefs de l'Ancien Testament [virent] ceux du Nouveau Testament. Moïse le saint vit Simon sanctifié. L'économe du Père vit l'épitrope du Fils. L'un déchira la mer pour faire passer un peuple à travers les vagues; l'autre dressa une tente pour bâtir l'Église. Le Vierge de l'Ancien Testament vit le Vierge du Nouveau Testament : Élie et Jean. Celui qui monta sur le char de feu vit celui qui se pencha sur la poitrine de feu. Et la montagne devint le modèle de l'Église; sur elle, Jésus a uni les deux Testaments que l'Église a reconnus; et Il nous a fait connaître que c'est le deuxième qui a révélé la Gloire de ses Oeuvres. Simon dit : "Seigneur, il est bon que nous soyons ici" (Mt. 17,4). Ô Simon, que dis-tu  ? Si nous demeurons ici, qui accomplira la parole des prophètes  ? Qui confirmera la parole des prédicateurs  ? Qui achèvera les mystères des justes  ? Si nous restons ici, pour qui s'accomplira le "Ils ont percé mes mains et mes pieds" (Ps. 21,19)  ? À Qui s'accordera le "ils se sont partagés mes vêtements, ils ont tiré au sort ma tunique" (Ps. 21,19)  ? A qui arrivera le "ils m'ont donné pour nourriture du fiel, pour étancher ma soif, ils m'ont abreuvé de vinaigre" (Ps. 68,22)  ? Qui affirmera le "libre parmi les morts" (Ps 87,5)  ? Si nous restons ici, qui déchirera la créance d'Adam  ? Et qui acquittera sa dette  ? Qui lui restituera le vêtement de gloire  ? Si nous restons ici, comment se réalisera tout ce que j'ai dit  ? Comment l'Église sera-t-elle bâtie  ? Comment recevras-tu de moi les clefs du Royaume des Cieux  ? Que lieras-tu  ? Que délieras-tu (Mt. 18,18)  ? Si nous restons ici, tout ce qu'on dit les prophètes tardera.  Il dit encore : "Je dresserai ici trois tentes, une pour Toi, une pour Moïse, et une pour Élie" (Mt 17,4). Simon a été envoyé pour bâtir l'Église dans le monde, et il veut rester ici pour dresser des tentes sur la montagne; en effet, il voyait encore Jésus humainement et le plaça au même rang que Moïse et Élie. Et aussitôt Il lui montra qu'Il n'avait pas besoin de sa tente. C'est en effet Lui qui a créé à ses pères une tente de nuage dans le désert. "Comme Il parlait encore, une nuée lumineuse les couvrit" (Mt 17,5). Vois-tu, Simon, une tente faite sans peine  ? Une tente qui protège de la brûlure, et qui n'a pas d'obscurité  ? Une tente resplendissante et lumineuse. Et les disciples furent ébahis. "Et voici, une voix fit entendre de la nuée ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection : écoutez-le!" (Mt 17,5). À la Voix du Père, Moïse retourna à sa place, Élie rentra dans son pays, les apôtres tombèrent à terre, et Jésus resta seul debout, car ce n'est qu'en Lui que cette Voix trouvait son accomplissement. Les prophètes partirent et les apôtres tombèrent à terre car la voix du Père qui rendait témoignage n'était pas accomplie en eux. "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection : écoutez-le!" Le Père leur a enseigné que l'oeuvre de Moïse a été accomplie pour qu'ils obéissent désormais au Fils. En effet, celui-là , comme un serviteur - de même que tous les prophètes - a parlé de ce qui lui a été ordonné, et a prêché ce qui lui a été dit, jusqu'à ce qu'arrive ce qui était espéré, c'est-à-dire Jésus - qui est Fils et non congénère; Seigneur, et non esclave; Dominant et non dominé - dans la nature divine : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé". Et ce qui leur était caché, le Père le révéla aux apôtres. Celui qui est annonce Celui qui est; le Père révèle le Fils : à cette voix, "les disciples tombèrent à terre". En effet, ce fut comme un coup de tonnerre redoutable, si bien qu'à cause de sa Voix, la terre s'effraya, et ceux-ci tombèrent à terre. Elle leur montra que le Père s'est approché et que le Fils les a appelés de sa propre Voix, et les a relevés. En effet, comme la Voix du Père les a jetés à terre, ainsi la voix du Fils les a relevés dans la Puissance de sa Divinité, qui, demeurant dans sa propre Chair, est unie à elle sans changement, et toutes deux restent sans confusion, indivisiblement en une seule hypostase et une seule personne. Il n'est pas devenu beau extérieurement comme Moïse, mais, comme Dieu, Il resplendit dans sa Gloire. En effet, l'apparence du visage de Moïse fut revêtue de beauté, mais Jésus resplendit de tout son Corps dans la Gloire de sa Divinité, comme le soleil dans ses rayons. Et le Père cria : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection : écoutez-le!", non pas séparé de la Gloire du Fils de la Divinité, car le Père, le Fils, et le saint Esprit sont une nature, une puissance, une substance et un Règne, et par une Voix, il cria une parole parfaite, d'une Gloire redoutable.  Marie aussi l'appelait Fils, non pas séparé, en ce qui concerne le corps humain, de la Gloire de sa Divinité; car un seul est Dieu, apparu aux hommes dans un corps.  Sa Gloire a annoncé la Gloire divine venue du Père; et son Corps a annoncé sa gloire humaine venue de Marie. Les deux natures se réunissent en une seule hypostase. Fils unique du Père et Fils unique de Marie, quiconque se sépare de Lui sera séparé de son royaume, et quiconque confond ses natures perd sa vie; celui qui nie que Marie a enfanté Dieu ne voit pas la Gloire de sa divinité; et celui qui nie qu'Il porta une chair sans péché est rejeté du salut, et de la vie qui est donnée à travers sa chair. Tout cela témoigne - et ses puissances divines l'enseignent - à ceux qui ont le discernement, qu'Il est Dieu vrai; et sa Passion montre qu'Il est homme vrai. Et si les faibles en esprit ne s'informent pas, ils seront jugés au jour redoutable.  S'Il n'était pas chair, à quoi bon l'intermédiaire de Marie  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui Gabriel appelait-il "Seigneur"  ? S'Il n'était pas chair, qui était couché dans la crèche  ? Et s'Il n'était pas Dieu, les anges descendus, qui glorifiaient-ils  ? S'Il n'était pas chair, qui était enveloppé dans les langes  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui les bergers adoraient-ils  ? S'Il n'était pas chair, qui Joseph circoncit-il  ? Et s'il n'était pas Dieu, en l'honneur de qui l'étoile courait-elle dans le ciel  ? S'Il n'était pas chair, qui Marie allaitait-elle  ? Et s'Il n'était pas Dieu, à qui les mages offrirent-ils des cadeaux  ? S'Il n'était pas chair, qui Siméon tenait-il dans ses bras  ? Et s'il n'était pas Dieu, à qui disait-il : Tu me laisses m'en aller en paix (Lc 2,29)  ? S'Il n'était pas chair, en prenant qui Joseph s'enfuit-il en Égypte  ? Et s'Il n'était pas Dieu, en qui s'accomplirait le "J'ai appelé mon Fils hors d'Égypte (Os 11,1)  ? S'Il n'était pas chair, qui Jean baptisa t-il  ? Et s'Il n'était pas Dieu à qui le Père disait-Il : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toute mon affection (Mt 3,17)  ? S'Il n'était pas chair, qui jeûnait et eut faim dans le désert  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui les anges descendus servaient-ils  ? S'Il n'était pas chair, qui fut invité aux noces à Cana en Galilée  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui changea l'eau en vin  ? S'Il n'était pas chair, dans les mains de qui les pains se trouvaient-ils  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui rassasia les cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, avec cinq pains et deux poissons  ? S'Il n'était pas chair, qui était assis dans la barque  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui menaça le vent et la mer  ? S'Il n'était pas chair, avec qui Simon le Pharisien mangea t-il  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui pardonna les péchés de la courtisane  ? S'Il n'était pas chair, qui était assis sur le puits, fatigué de marcher  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui donna de l'eau vive à la Samaritaine, et qui décela qu'elle avait eu cinq maris  ? S'Il n'était pas chair, qui portait des vêtements d'homme  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui faisait des prodiges et des miracles  ? S'Il n'était pas chair, qui cracha à terre pour en faire de la boue  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui ouvrit des yeux avec la boue  ? S'Il n'était pas chair, qui pleurait au tombeau de Lazare  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui ordonna au mort de quatre jours de sortir  ? S'Il n'était pas chair, qui s'assit sur l'ânon  ? Et s'Il n'était pas Dieu, à la rencontre de qui la foule sortit avec gloire  ? S'Il n'était pas chair, qui les Juifs saisirent-ils  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui commanda à la terre et les jeta face contre terre  ? S'Il n'était pas chair, qui reçut un soufflet  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui guérit l'oreille coupée par Pierre et la remit à sa place  ? S'Il n'était pas chair, le visage de qui reçut-il des crachats  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui souffla sur les apôtres pour qu'ils reçoivent le saint Esprit  ? S'Il n'était pas chair, qui se présenta devant Pilate dans le prétoire  ? Et s'Il n'était pas Dieu, de qui la femme de Pilate eut-elle peur en songe  ? S'Il n'était pas chair, les vêtements de qui les soldats ont-ils enlevés et partagés  ? Et s'Il n'était pas Dieu, comment le soleil s'obscurcit-il au moment de la crucifixion  ? S'Il n'était pas chair, qui était pendu sur la Croix  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui fit trembler la terre de tous ses fondements  ? S'Il n'était pas chair, les mains et les pieds de qui les clous ont-ils transpercés  ? Et s'Il n'était pas Dieu, comment le voile du temple se déchira t-il  ? Comment les rochers se fendirent-ils et les sépulcres s'ouvrirent-ils  ? S'Il n'était pas chair, qui s'écria : "Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné"  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui dit : "Père, pardonne-leur"  ? S'Il n'était pas chair, qui était pendu sur la Croix avec les larrons  ? Et s'Il n'était pas Dieu, comment dit-Il au larron : "Aujourd'hui tu seras avec moi au paradis  ? S'Il n'était pas chair, à qui offrirent-ils du vinaigre et du fiel  ? Et s'Il n'était pas Dieu, en entendant la voix de qui l'enfer s'effraya-t-il  ? S'Il n'était pas chair le côté de qui la lance a-t-elle piqué, en faisant jaillir du sang et de l'eau  ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui brisa les portes de l'enfer et en rompit les liens, et à l'ordre de qui les morts enfermés en sortirent  ? S'Il n'était pas chair, qui les apôtres virent-ils dans la chambre haute  ? Et s'Il n'était pas Dieu, comment entra-t-Il les portes fermées  ? S'Il n'était pas chair, la marque des clous dans les mains et celle de la lance dans le côté, et que Thomas toucha, à qui étaient-elles  ? Et s'Il n'était pas Dieu, à qui s'écria-t-il : "Mon Seigneur et mon Dieu"  ? S'Il n'était pas chair, qui mangea sur les bords du lac de Tibériade  ? Et s'Il n'était pas Dieu, à l'ordre de qui le filet se remplit-il de poissons  ? S'Il n'était pas chair, qui les anges et les apôtres virent-ils monter au ciel  ? Et s'Il n'était pas Dieu, pour qui le ciel s'ouvrit-il, qui les Puissances adorèrent-elles avec crainte, et pour qui le Père avait-Il dit : "Siège à ma droite, etc..." (Ps 109,1)  ?  S'Il n'était pas Dieu et chair, notre salut est donc un mensonge, mensonge aussi alors la voix des prophètes. Mais ce qu'ont dit les prophètes s'est réalisé, et leurs témoignages sont vrais. Pour tout ce qui a été ordonné, c'est le saint Esprit qui parlait par eux.; c'est pourquoi Jean aussi, le pur et vierge - celui qui se pencha sur la poitrine de feu - en certifiant la voix des prophètes et parlant de Dieu dans l'Évangile, nous a enseigné en disant : "Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle. ( Š) Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous" (Jn 1,1-3 et 14). De Dieu, Verbe Dieu, et du Père Fils unique, consubstantiel au Père, être de l'être, Verbe d'avant les siècles; né du Père sans mère ineffablement avant tous les siècles; lui-même, les derniers temps, enfanté par une fille d'homme, Marie la Vierge, sans père; Dieu incarné portant la chair par elle, et devenu homme, ce qu'Il n'était pas, pour sauver le monde.  Et Il est le Christ, le Fils de Dieu, Fils unique de Père, Fils unique aussi de mère. Je confesse le même Dieu parfait et homme parfait, reconnu en deux natures selon l'hypostase - c'est-à-dire la personne - unies indivisiblement, sans confusion, sans changement, revêtu de la chair animée, avec une âme raisonnable et mentale, devenu en tout notre compagnon de souffrance sauf le péché.  Lui-même, terrestre et éternel, passager et perpétuel, avec commencement et sans commencement, dans le temps et hors du temps, créé et non-créé, passible et impassible, Dieu et homme, parfait selon l'un et l'autre, un dans les deux et un en trois. Une personne du Père, une personne du Fils, et une personne du saint Esprit. Une seule divinité, une seule puissance, un seul Règne en trois personnes - c'est-à-dire hypostases. C'est ainsi que nous glorifions la sainte Unité en Trinité, la sainte Trinité en Unité. De cette manière, le Père cria depuis les cieux : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection : écoutez-le!"  Voilà ce que l'Église universelle de Dieu a reconnu, et c'est en cette sainte Trinité qu'Elle baptise pour la vie éternelle, c'est Elle qu'Elle confesse sans partage, inséparablement, et c'est Elle qu'Elle adore sans faillir, et qu'Elle confesse et glorifie. À cette Unité tri-hypostatique reviennent la gloire, l'action de grâce, l'honneur, le règne, la grandeur, au Père, au fils, et au saint Esprit, maintenant et toujours et aux siècles des siècles. Amen.              

 

 

 


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