Accueil > Contes > Tome 2 : La fin des générations > Moi, Josias, roi de Juda, j’ai consacré mon pays à Dieu
Les contes du tome 2 décrivent l’histoire d’une génération et de son éducation, selon le deuxième sens des textes eschatologiques de la Révélation. Il est parlé des « générations » de la manière dont le fait Jésus : les membres de cette génération ne forment pas un bloc uniforme. Le conte vise plutôt le courant dominant du temps, tenu le plus souvent par des représentants qui possèdent le pouvoir, au moins au plan médiatique.
Je suis l’Archange de Juda. Je suis l’ange de Dieu chargé de veiller sur le peuple qui vivait autour de Jérusalem à cette époque. Je le préparais au salut. Moi, je vois Dieu face à face et je prépare le cœur des hommes, à travers la joie et l’épreuve, pour le rendre souple et droit. Ainsi est-il disposé à la rencontre avec mon Seigneur Dieu, mon ami et celui qui deviendra leur amour.
En ce temps, le peuple de Juda vivait mollement, dans le culte des idoles. Et sur lui régnait un roi qui lui convenait mais qui ne faisait pas ce qui plaît au Seigneur. Il s’appelait Jéroboam. Et tout le peuple le suivait tandis qu’il vivait dans l’hypocrisie, offrant à prix d’argent des charges de prêtre qu’il créait ici ou là, loin du sanctuaire unique de Jérusalem. Alors, parce qu’il faisait cela, Dieu s’était détourné du peuple. Pourtant, les gens de ce temps vivaient dans l’abondance matérielle. Ils se croyaient donc bénis, ignorant la réalité qu’ils ressentaient confusément : ils allaient mal. Leur âme ne vivait pas en paix. Leur cœur n’était pas préparé au salut à venir et qui devait se révéler à l’heure de la mort de chacun.
Josias n’était pas encore né. Tout a commencé pour lui comme il convient pour un grand serviteur. Je suis apparu en songe à un homme de Dieu et je lui ai dit : « Va trouver le roi Jéroboam et proclame la prophétie que je t’indiquerai. »
Par ordre de Yahvé, le prophète que j’assistais s’approcha donc du roi Jéroboam alors qu’il allait offrir un de ses sacrifices sans valeur. Il lança contre l’autel cette proclamation (1 Rois 13, 2) : « Autel, autel ! Ainsi parle Yahvé : Voici qu’il naîtra à la maison de David un fils nommé Josias, il immolera sur toi les prêtres des idoles, et il brûlera sur toi des ossements humains. »
(2 Rois 22, 1) Je suis Josias. J’avais huit ans lorsque la mort de mon père et de mes frères me fit accéder au trône de Juda. Ma mère s’appelait Yedida. Elle me prit par la main. Elle me conduisit au Temple de Jérusalem. A cette époque, il était vide. Le tabernacle n’était pas dans le Saint des saints. Elle me dit : « Mon fils, avant ta naissance, il y a eu une Parole de Dieu pour toi. Ecoute-la. Et rétablis Yahvé dans le cœur de ton peuple. » Je fus frappé par la force de ma mère. J’ai écouté son récit et je me suis efforcé de faire du mieux que je pouvais ce qui est agréable à Yahvé. Dès que j’ai été assez grand, j’ai imité en tout la conduite de mon ancêtre David, sans en dévier ni à droite ni à gauche.
Ne sachant comment faire ni par où commencer, j’ai d’abord pensé qu’il serait bon de restaurer le Temple de pierre. Ainsi, lorsque j’eus atteint l’âge de dix-huit ans, j’envoyai mon secrétaire Shaphân au Temple de Yahvé, à Jérusalem. Je lui dis : « Va voir le grand prêtre Hilqiyyahu pour qu’il fonde l’argent qui a été apporté par le peuple pour le Temple. Qu’il le remette aux maîtres d’œuvre et que ceux-ci le dépensent pour les réparations qu’il faut. Il faudra commencer par la charpente et acheter tout le bois et les pierres de taille nécessaires. Mais qu’on ne demande pas compte aux ouvriers de l’argent qui leur est remis, car ils agissent avec probité. »
Quand le grand prêtre Hilqiyyahu apprit mon zèle pour Yahvé, il me fit dire : « Monseigneur, j’ai trouvé le livre de la Loi dans le Temple de Yahvé. » Et Hilqiyyahu donna le livre à Shaphân, qui me le lut. Lorsque j’entendis les paroles contenues dans le livre de la Loi, je déchirai mes vêtements. Je me dis que Yahvé avait raison d’être en colère contre nous parce que nos pères n’avaient pas obéi aux paroles de ce livre, en pratiquant tout ce qui y est écrit. J’eus une grande conscience de l’énormité du péché et je me dis : « Dieu nous punira sûrement. Peut-être détournerai-je sa colère ? »
Je me dis qu’il fallait que je convoque tous les anciens de Juda et de Jérusalem. Je me rendis au Temple de Yahvé avec tous les hommes de Juda et tous les habitants de Jérusalem, les prêtres et les prophètes et tout le peuple, du plus petit au plus grand. Et je lus devant eux tout le contenu du livre de l’Alliance trouvé dans le Temple de Yahvé. Je me tenais debout sur l’estrade et je conclus devant Yahvé l’alliance qui m’obligeait à suivre Yahvé et à garder ses commandements, ses instructions et ses lois, de tout mon cœur et de toute mon âme, pour rendre effectives les clauses de l’alliance écrite dans ce livre. Tout le peuple adhéra à l’alliance.
Je fis ôter du sanctuaire de Yahvé tous les objets de culte qui avaient été fabriqués pour Baal, pour Astarté et pour toute l’armée du ciel. Je les fis brûler en dehors de Jérusalem, dans les champs du Cédron, et je fis porter leur cendre à Béthel. Je fis supprimer la charge des faux prêtres que les rois de Juda, mes ancêtres, avaient installés, et qui sacrifiaient dans les hauts lieux, dans les villes de Juda et les environs de Jérusalem, et de ceux qui sacrifiaient à Baal, au soleil, à la lune, aux constellations et à toute l’armée du ciel. Je fis démolir la demeure des prostitués sacrés, qui était dans le Temple de Yahvé, et où les femmes tissaient des voiles pour Astarté. De même pour l’autel qui était à Béthel, le haut lieu bâti par mon père Jéroboam, qui avait entraîné Israël dans le péché. Je fis démolir aussi cet autel et ce haut lieu, j’en fis briser les pierres et les réduisis en poussière. Je brûlai le pieu sacré.
Je fis célébrer une Pâque à Jérusalem. On n’en avait pas célébré de semblable en Israël depuis l’époque de Samuel le prophète ; aucun roi d’Israël n’avait célébré une Pâque comme celle-là. (2 Chroniques 35, 7) Je prélevai alors pour les laïcs du petit bétail, des agneaux et des chevreaux, au nombre de 30.000, toutes victimes pascales pour tous ceux qui se trouvaient là, plus 3.000 bœufs. Ce bétail était pris sur mes biens. Je me disais que tout cet amour déployé manifesterait à Dieu tout l’amour du peuple pour lui. Avec des larmes, je suppliais le Seigneur de nous sauver malgré notre grande infidélité.
Josias n’avait que 18 ans quand il fit tout cela pour Dieu ! Moi, l’ange du Seigneur, j’ai vu la droiture de son intention et j’ai reçu sa prière avec une grande joie. Je l’ai portée devant l’autel de Yahvé. Dieu l’agréa. Dans sa simplicité, Josias fut son prêtre et lui rendit le plus beau des hommages, un hommage que même Salomon n’avait pas osé rendre : c’est lui qui installa l’Arche d’alliance dans le Saint des saints du sanctuaire de David, à Jérusalem (2 Chroniques 35, 3). C’était un beau geste, plein de sens. Mais le péché du peuple était trop grand. Le peuple ne mit pas au cœur de sa vie l’adoration du vrai Dieu. Il n’adora que des lèvres, tandis que son cœur adorait Baal, et Astarté, et l’or, et l’argent, et le confort.
Nous laissâmes à ce peuple pendant encore 20 années son bon berger Josias, afin qu’il le guide. Puis, nous tous anges du ciel, anges gardiens du peuple, nous décidâmes d’envoyer sans attendre les grâces, inédites, qui devaient les conduire à la vie éternelle. Ce sont aussi ces grâces, obtenues par Josias, qui devaient un jour permettre au monde entier de mûrir.
(2 Chroniques 35, 20) En considération de tout ce que fit Josias pour remettre en ordre le Temple, nous envoyâmes Neko, roi d’Egypte, qui montait combattre à Karkémish sur l’Euphrate. Lorsqu’il entendit cette nouvelle, Josias avait 38 ans. Il fut prit d’une grande angoisse. Il se rendit au Temple de Jérusalem et pria longuement : « Que dois-je faire, Seigneur ? Si le pharaon entre sur notre territoire, ses soldats vont piller et dévaster ta terre, et s’en prendre au peuple. De plus, ne dois-je pas être loyal au roi d’Assyrie avec qui j’ai fait une alliance de paix ? »
Nous envoyâmes donc une parole par la voix du grand prêtre, qui dit à Josias : « Va en paix et agis selon la droiture et l’honneur de ta promesse. »
(2 Chroniques 35, 21) Josias se porta donc avec son armée à la rencontre du Pharaon. Mais le Pharaon lui envoya des messagers pour lui dire : « Qu’ai-je à faire avec toi, roi de Juda ? Ce n’est pas toi que je viens attaquer aujourd’hui, mais c’est une autre maison que j’ai à combattre, et Dieu m’a dit de me hâter. Laisse donc faire Dieu qui est avec moi, de peur qu’il ne cause ta perte. »
Mais Josias ne renonça pas à l’affronter, car il était fermement décidé à le combattre, et n’écouta pas ce que lui disait Neko au nom de Dieu. Il livra bataille dans la trouée de Megiddo. Les archers tirèrent sur le roi Josias. C’est moi, Prince, ange d’Israël, qui dirigeai la flèche pour qu’elle blesse le roi au côté, sans cependant le tuer. Josias me vit en un éclair. Puis il tomba sur son char. Il dit à ses serviteurs : « Emportez-moi, car je me sens très mal. » Ses serviteurs le tirèrent hors de son char, le firent monter sur un autre de ses chars et le ramenèrent à Jérusalem.
En chemin, Josias souffrit beaucoup. Personne n’avait osé enlever la flèche de son côté. En passant, il leva les yeux sur le tombeau de l’homme de Dieu qui avait annoncé, alors qu’il n’était pas encore né, toutes ces choses, tout ce qu’il avait accompli contre l’autel de Baal et pour Yahvé.
Dans sa détresse, il disait : « Seigneur ! pourquoi ? » Mais aucun d’entre nous, anges de Dieu, ne voulut l’éclairer avant le temps venu, celui de sa mort.
Josias mourut en appelant le Seigneur. Il se crut abandonné, comme il convient aux plus grands saints. Mais il ne sut pas pourquoi.
(2 Chroniques 35, 25) On enterra Josias dans les sépultures de ses pères. Tout Juda et Jérusalem firent un deuil pour lui. Mais le peuple discutait dans les maisons : « N’a-t-il pas été maudit pour s’en être pris aux idoles ? N’est-ce pas la preuve que Dieu n’était pas avec lui ? N’avions-nous pas la paix et la prospérité du temps de son père ? N’est-ce pas lamentable de mourir ainsi, à la première flèche tirée ? Et la guerre est sur nous. Est-ce là la bénédiction de son Dieu ? » (2 Rois 23, 34) Le Pharaon Neko établit comme roi Joiaqim, fils de Josias, à la place de son père Josias. Joiaqim avait 25 ans à son avènement et il régna onze ans à Jérusalem. Il rétablit pour le peuple le culte des idoles, tout comme avaient fait ses pères. Et le peuple en fut soulagé.
En ce temps-là vivait le prophète Jérémie. Nous, anges, vînmes le trouver en songe et nous lui dîmes : « Compose une lamentation sur Josias, que tous les chanteurs et chanteuses la chantent à jamais ; qu’on en fasse une règle en Israël. » Mais Jérémie répondit : « Seigneur, pourquoi ? »
Nous lui dîmes : « Il n’est pas bon que tu le saches maintenant. Pour toi, sois le prophète qui pleure et appelle un salut ! Un autre viendra plus tard. C’est lui qui vous expliquera tout ».
Et on trouve ces chants consignés dans les Lamentations 2, 6 :
Le Seigneur a forcé comme un jardin son enclos,
abattu son lieu de réunion.
Yahvé a fait oublier dans Sion
fêtes et sabbats ;
il a rejeté, dans l’ardeur de sa colère,
roi et prêtre.
Le Seigneur a pris en dégoût son autel,
en horreur son sanctuaire ;
aux mains de l’ennemi il a livré
les remparts de ses palais ;
clameurs dans le Temple de Yahvé
comme en un jour de fête !
« Pourquoi, Seigneur, as-tu fait mourir le roi qui te servait ? N’est-ce pas lui qui a fait disparaître les nécromants et les devins, les dieux domestiques et les idoles, et toutes les horreurs qu’on pouvait voir dans le pays de Juda et à Jérusalem, en exécution des paroles de la Loi inscrites au livre du Temple de Yahvé ?
Jamais il n’y eut avant lui aucun roi qui se fût, comme lui, tourné vers Ton saint Nom de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force, en toute fidélité à la Loi de Moïse. »
(2 Rois 24, 1) Quatorze années après la mort de Josias, Nabuchodonosor, roi de Babylone, fit campagne contre le royaume de Juda. Il envoya sur lui les bandes des Chaldéens, celles des Araméens, celles des Moabites, celles des Ammonites. Il les envoya sur Juda pour le détruire, conformément à la parole que Yahvé avait prononcée par le ministère de ses serviteurs les prophètes. Il fondit tel un aigle sur le peuple, ravagea la terre, tua un tiers du peuple puis déporta les élites à Babylone. Il s’approcha du Temple de Jérusalem mais il n’y trouva pas l’Arche d’alliance car, averti par Dieu, le prophète Jérémie l’avait fait cacher en lieu sûr, dans une sainte grotte du désert de Sinaï. Alors, il fit une chose inouïe : il rasa le temple. Il n’en resta rien, pas pierre sur pierre. Et les nobles du peuple, pleurant et ne comprenant pas, partirent vers leur exil.
Parole de Dieu : « Ne comprenez vous pas ? Quand je dis : « Il sera béni », c’est de l’éternité que je parle. Et vous, vous comprenez une bénédiction temporelle, restreignant mes paroles pour ce que vous voyez de sa vie.
Il en sera toujours ainsi car vous n’arrivez pas à regarder la vie comme il convient. Vous êtes prêts à faire des consécrations solennelles pour que subsiste, sur terre, votre mode de vie court et mortel, quitte à oublier l’éternité. Mais moi, je lis ce qu’il y a de plus profond dans vos cœurs. Alors je vous exauce, mais pas comme vous l’entendez : mieux ! Vous criez car vous ne comprenez pas que l’humiliation de votre génération est le signe de ma bénédiction puisque l’éternité ne s’ouvre qu’aux cœurs humbles.
Faites comme Josias. Consacrez votre pays, votre génération au cœur de Dieu, par la Vierge Marie. Et je vous le promets : si vous le faites avec sincérité, je vous bénirai de la même façon que j’ai béni Josias.
Je briserai votre nation[2], votre génération, vos Temples de pierre et même votre corps. Je vous enlèverai vos biens terrestres et, Parole du Seigneur, je vous donnerai le centuple et pour l’éternité en nation, génération, Temples de lumière, résurrection de vos corps.
Voulez-vous savoir où est saint Josias, maintenant ? Il est dans la vision de Dieu. Et par sa prière, pas un seul de ses agneaux n’a été perdu. Son peuple, un par un, abreuvé de misère, est arrivé à genoux à l’heure de la mort, face à mon ange qui leur a annoncé le salut à venir, le Messie qui viendrait, qui serait Dieu lui-même.
Et ils se sont réjouis ! Ils ont aimé ! »
Arnaud Dumouch, 4 février 2006
1. Cette histoire est aussi celle de saint Louis, qui consacra tout, y compris la France, à l’œuvre de Dieu, et que Dieu sauva en le faisant mourir de misère devant Tunis. Elle est celle du roi Philippe II d’Espagne, dont l’Armada maritime, tout entière consacrée à l’amour de Marie et du catholicisme, fut balayée par un vent venant de Dieu. Elle est l’histoire de chaque génération de la terre. [↩]
2. Le 25 mars 1984, le pape Jean-Paul II consacra l’URSS à Marie, en compagnie de tous les évêques du monde. En 1989, l’URSS chuta. Le peuple russe, politiquement de nouveau humilié, d’est une nouvelle fois tourné vers l’Eglise. [↩]