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Le destin individuel
 
Introduction

L’hypothèse des six degrés du purgatoire

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À expliquer à tout public avant la lecture des contes

Saint Thomas d’Aquin invite les théologiens catholiques à utiliser leur raison et leur foi. C’est dans cet esprit que la théologie progresse. Ce recueil de contes n’est que l’une des applications des progrès de la recherche catholique sur la vie après la mort. Ces progrès récents se sont appuyés sur :

— La fidélité absolue à toutes les définitions du Magistère de l’Église catholique depuis 2000 ans.

— Une compilation des indices bibliques et des écrits des saints canonisés.

— Des détails philosophiques passionnants et nouveaux venant des témoignages récents des expériences de morts imminentes (EMI).

Ces dernières expériences (EMI) permettent d’intégrer dans la recherche catholique sur la vie après la mort une donnée philosophique (libre au plan dogmatique) que saint Thomas d’Aquin niait, mais que saint Augustin affirme par deux fois dans ses œuvres.

En effet, pour saint Thomas, l’âme qui perd son corps charnel à la mort devient un pur esprit, perdant par la même occasion tous les anciens souvenirs sensibles, les sensations qui sont le domaine du psychisme, car ces facultés et sont pour lui totalement liées à l’organe du cerveau. L’âme n’emporte avec elle, selon lui, que ce qui est purement spirituel (lié à l’intelligence et aux choix de sa volonté libre).

D’après les EMI, selon les recherches de saint Augustin (De l’esprit et de l’âme, Chap. 15 ; Commentaire du livre de Qohelet, Chap. 16), il semble que les âmes emportent avec elles un reste de ce corps, une sorte de « corps psychique » qui leur permet de voir, d’entendre, de se souvenir du visage de leur mère et des parfums de la vie terrestre passée. Les âmes sont donc « localisables » et elles entrent dans un autre monde qui comporte des réalités sensibles, des paysages.

Ainsi, ces contes deviennent possibles, car l’autre monde, depuis ces ressentes découvertes, s’emplit de paysages et de visions sensibles des proches décédés, vivant dans un corps psychique, mais aussi du Christ et de la Vierge ressuscités. Des lieux et des temps peuvent être réintroduits dans l’autre monde, alors que la recherche théologique penchait, depuis ces dernières années, pour un paradis, un purgatoire et un enfer peuplés d’ « esprits purs », du moins avant la résurrection de la chair à la fin du monde.

Bien sûr, tous ces contes restent de pauvres essais de reconstitution à partir de toutes ces sources, et il est plus que certain que bien des secrets nous échappent.

Voici d’abord quelques certitudes absolues pour un chrétien

Le paradis est d’abord Dieu. Il nous y épouse. Il se donne à nous à travers un échange de consentements. C’est aussi le septième ciel où tout en nous est comblé : béatitude au plan physique, psychologique et spirituel : c’est un vrai paradis physique, fait de jardins et de mondes immenses, éternels.

Dans la vie éternelle, si on l’accepte, on est marié avec Dieu. On le voit face à face. On voit l’âme de tous les habitants du ciel. A la fin de ce monde notre corps sera rendu.

Si Dieu ne veut proposer ce mariage dès ici-bas, dès le premier ciel, c’est qu’il est spécial.

Il est humble. Et il est amour. Il l’est tellement que nul ne peut rien comprendre et aimer de lui sans devenir comme lui : tout humble et tout amour. Il faut donc nécessairement une préparation de nos âmes.

C’est ainsi.

Alors, il prépare la robe de sa future épouse, notre âme. Et tel est l’explication de la vie.

Jusqu’à l’entrée dans la salle des noces, la vie est comme une échelle dont les pieds sont sur la terre et dont le sommet (Genèse 28, 12), après six échelons, ouvre à la vision face à face de Dieu. Toutes ces étapes ne sont pas obligatoires, mais elles ont toutes en commun ceci : elles renforcent notre amour et notre humilité, jusqu’à les rendre totaux, sans retour en arrière.

L’étape la plus importante est le troisième ciel : la rencontre avec le Christ. Car il bouleverse notre âme de façon apocalyptique. Et il nous permet de choisir Dieu et son paradis d’amour et d’humilité ou, si on le veut, il nous permet de choisir une liberté totale. Liberté qu’il respecte, pour gens solitaires et dignes.

 

La vie terrestre

Le premier purgatoire est celui dans lequel nous sommes. Dieu nous y laisse comme abandonnés de son action. Il est là, mais il se cache. On y souffre en particulier de l’ignorance de ce qu’il y a après la mort. En effet, personne ne peut dire avec certitude à quoi ressemble le paradis et s’il existe. Il est très pénible de ne pas savoir avec certitude, si la mort conduira à la vie éternelle ou au néant. Par sa souffrance, cette vie nous permet de nous mettre sur le chemin de l’amour et l’humilité.

L’humilité en nous manifeste de manière expérimentale, et jusqu’à la mort du corps physique, la petitesse de notre condition humaine.

L’amour nous en révèle l’apparente absence de Dieu à cause de son silence et de son apparente inaction pour la justice.

Ce premier purgatoire est le seul capable de faire grandir dans notre cœur des désirs immenses de salut, de bonheur, de grands amours romantiques, sans que nous sachions encore qu’ils tendent vers Dieu. Or, il se donnera à nous dans l’au-delà, à l’exacte mesure de notre désir.

Nous pouvons croire à la religion chrétienne afin d’adoucir cette vie, mais sans aucune preuve d’où la grâce que constitue une foi profonde : elle libère l’homme de la peur quant à son avenir.

Voici maintenant ce qui semble ressortir des multiples récits de l’Ecriture et des saints recueillis depuis plusieurs millénaires. Ce sont donc des choses probables, l’existence de purgatoires étant seule posée de manière dogmatique par l’Eglise. Le reste (sa nature, ses degrés, étant l’opinion des saints).

A l’heure de la mort, il se produit une séparation dans l’être de l’homme. Sa chair se sépare de son être, car elle est devenue incapable de rester unie par l’âme. Mais l’homme se retrouve bien vivant.

Les expériences proches de la mort (EMI) confirment, que le mourant emmène avec lui toutes ses pensées profondes, ses choix et ses intentions (sa vie spirituelle), mais aussi ses souvenirs sensibles, ses sensations, son imagination (sa vie sensible) qui se trouve surélevée.

Je montrerai que la survie de la vie sensible, à travers une sorte de corps psychique, est apport nouveau pour la théologie catholique. Il vient de certaines approches philosophiques récentes. Il permet de comprendre que les morts, loin de devenir de purs esprits comme les anges, entrent dans un vrai monde sensible. Ils voient des lieux nouveaux constitués de paysages magnifiques. Ils sont accueillis par le Christ accompagné des saints qui peut leur apparaître de manière visible et sensible.

Le temps s’écoule dans ce monde là, non comme ici bas, mais selon une durée intérieure psychologique qui peut transformer une minute de temps terrestre en une expérience semblant durer des heures.

Les limbes des âmes errantes (territoires des ombres, le passage de la mort)

La première étape de la mort est une sortie hors du corps physique puis l’entrée dans l’autre monde, à travers le passage de la mort.

Saint Bernard raconte cette étape dans son livre sur saint Malachie.[1] Tous les hommes transitent par cette sortie du corps qui précède l’entrée dans l’autre monde. Mais tout le monde n’y reste pas. N’y demeurent que les gens qui approchent de l’autre monde en étant vraiment trop attachés à la vie sur terre ou à eux-mêmes. Cet endroit situé sur terre, souvent sur le lieu où ces personnes ont vécu, est un état où l’on erre autour de ses névroses, autour de soi-même. On a tout le temps de réfléchir à ce qui nous a été proposé durant notre vie.

Ces personnes ont parfois été surprises par la mort. Leur attachement à quelque chose d’important pour elles est alors si grand qu’il les empêche de s’approcher de la lumière du Christ venue les accueillir. Elles errent quelques temps avant de se tourner vers Dieu. Beaucoup de suicidés y demeurent plus longtemps, car ils ont raccourci la durée du purgatoire de la terre. Dans cette errance, ils se rendent compte que la mort n’est pas le repos du néant, mais qu’ils ont emporté leurs blocages avec eux. Leur errance dans les limbes est le prolongement miséricordieux de la terre ; c’est une deuxième chance pour approfondir son humilité et sa soif d’amour. Il est souvent vécu sur le lieu même où on a vécu, dans une désolante solitude. C’est donc un véritable purgatoire que l’on quitte dès qu’on a compris la bêtise de cet attachement matérialiste.

On peut aider ces personnes en priant pour elles et en leur faisant comprendre que leur place n’est plus sur terre.

Le Christ apparaît accompagné des saints du ciel

La troisième étape est l’apparition du Christ. Sainte Faustine l’a vu. Cette « parousie » se produit avant l’entrée dans l’autre monde, dans ce passage de la mort. Jésus et nos proches sont là, dans une vision de lumière et de gloire, pour nous présenter le choix auquel nous devrons répondre : l’amour des autres, jusqu’au mépris de soi-même (paradis), ou l’amour égoïste de soi-même, jusqu’au mépris des autres (enfer). Ce choix est libre.

— Le Christ nous libère de toutes nos anciennes peurs et faiblesses, devenues inutiles.

— Il permet à Lucifer et aux anges déchus de nous montrer les avantages et les inconvénients du paradis et de l’enfer.

C’est le purgatoire le plus puissant, car il déclenche une apocalypse dans l’âme : on comprend à ce moment là tout l’Evangile.

L’apparition du Christ est la plus bouleversante des expériences qui, en un instant, nous explique trois choses merveilleuses et une chose terrible :

1° Le but de toute cette histoire et le projet de mariage d’amour avec Dieu et les autres âmes.

2° La raison de toutes ces souffrances passées, du silence de Dieu.

3° La nécessité absolue de l’humilité.

4° La misère et le péché de notre cœur, à en mourir. Tout nous est dévoilé de nos péchés. Et si nous n’en étions pas conscients déjà, par une attitude de repentir, nous recevons cette révélation comme un jour de terreur.

En fonction de notre vie passée, balancée entre égoïsme et générosité, notre cœur est à l’image d’une balance. L’apparition de nos proches épanouit notre amour et fait pencher notre désir vers le paradis de Dieu.

L’apparition de Lucifer qui passe en revue notre vie attire tout notre égoïsme vers une liberté totale, mais solitaire, car égoïste.

Cette apparition purifie notre âme et nous ouvre les portes du paradis. Celui qui ce jour là se tourne vers Dieu n’aura plus de progression de l’amour, car il aime de tout son cœur.

L’autre choix nous est présenté par Lucifer : digne, beau, fier. Il explique qu’il vaut mieux être libre et debout plutôt que de s’abaisser à demander pardon. Dans son monde, on sera libre de faire ce qu’on veut. Le choix de l’enfer est fait par des gens profondément égoïstes. L’homme qui fait ce choix sait qu’il va vivre librement de tous les effets d’une solitude totale (le feu de l’enfer est d’abord spirituel). Car les damnés restent faits pour voir Dieu. Leur cœur reste humain et fait pour lui. La liberté étant devenue totale, chose inconnue sur terre, le choix de l’enfer est éternel. Rien ne saurait faire revenir en arrière : tout est su, pesé et choisi. Une seule obsession : ne jamais rencontrer un saint du ciel, dont le bonheur épanoui dans l’humilité provoque colère et jalousie.

Les trois purgatoires mystiques

Les trois purgatoires se passent après la mort, c’est-à-dire après l’entrée dans l’autre monde. L’âme sort du passage de la mort. Elle a vécu la mort. Elle vit le jugement dernier, en fonction de son choix.

La plupart du temps, les personnes qui vont au paradis doivent passer par trois autres purgatoires, ceux des amoureux. Ce sont des purgatoires de la lumière puisque tout a été révélé. Sainte Catherine de Gênes les a vus.[2]

Le purgatoire des fiers : « Je ne suis pas digne de toi. Je le deviendrai. »

A cette étape du chemin, l’âme aime Dieu pour toujours, de tout son cœur, de toute sa force. Elle sait que Dieu l’aime, et qu’il lui a pardonnée les péchés commis sur terre. Elle sait de science sûre qu’un jour, au moment voulu, elle entrera dans la Vision de Dieu. Mais auparavant, elle croit réparer deux choses :

— Elle veut payer pour tous ses péchés passés.

— Elle veut devenir digne de Dieu, par ses efforts actifs (humble).

Bien qu’elle aime, elle ne comprend pas exactement l’implication de la notion d’humilité. Elle ne sait pas ce que veut dire, pour aimer Dieu, l’expression mourir à soi-même. Alors, volontairement et par amour elle se met elle-même pour un temps à l’écart des habitants du ciel.

Dans ce premier purgatoire, l’âme dit donc « Je t‘aime et tu verras. Je serai un jour digne de toi. »

On peut aider une âme de ces purgatoires par des indulgences qui leur fait comprendre que les dettes des péchés passés sont remises. Mais on ne peut devenir tout humble à sa place. Elle doit expérimenter la nuit dans son esprit.

La nuit de l’esprit, l’usure du temps intérieur

C’est par amour que l’âme se condamne elle-même à un temps d’attente et de solitude. Ce temps intérieur est parfois tellement long qu’elle croit ne jamais en voir la fin. Elle remplit son cœur de solitude. C’est justement ce temps là qui va agir, jusqu’à ce qu’elle se désespère. En temps terrestre, il est peut-être très court, mais il paraît long à la mesure de la soif brûlante pour la présence de Dieu. Et cette solitude, cette attente infinie de l’amour doit faire son œuvre : il brise tous les restes d’illusion sur soi, sur sa capacité à être digne de Dieu.

Le parvis du Ciel : « Je ne serai jamais digne de te recevoir »

Usée, désespérée d’elle-même, l’âme a compris qu’elle n’était rien. Elle est devenue humble. Elle dit, avec son être même : « Seigneur, viens. Je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Elle ne se regarde plus. Elle est morte à elle-même.

Les Noces, la Vision béatifique

Il n’y a plus d’obstacle. Elle est arrivée à un degré d’humilité tel que Dieu ne « peut » (expression malheureuse, mais comment exprimer un tel amour gratuit ?) que la prendre avec lui. Il est attiré par les humbles. Il fait sortir tout le monde (comme l’exprime la parabole de la rencontre de Joseph avec ses frères, Genèse 45, 3) et, dans un tumulte de larmes, Dieu se révèle enfin à l’âme, son aimée. Et là, dans le paradis, c’est inimaginable. Voir Dieu face à face, devenir roi et reine de son cœur, c’est l’infini, l’inouï. Il n’y a plus de désir, car Dieu jaillit à chaque instant, nouveau et aimant, en grâce, en puissance, en lumière, en amour.

Il vaut mieux faire silence.

 

Voici une série de contes qui, par leur diversité, s’efforcent de mettre en situation une grande partie des destins humains. Leur but est donner une idée concrète de l’Espérance chrétienne.

La Doctrine Chrétienne générale sous-jacente est conforme au contenu de la foi catholique. Il va de soi, que les détails sont purement imaginaires, comme il convient à des contes. Mais ils n’entrent jamais en contradiction avec la foi. Ils sont l’application pour tout public du livre « L’heure de la mort », (Nihil Obstat et Imprimatur, 5 novembre 2002, n° 50-91). Cet ouvrage est disponible sur le site des Éditions Docteur angélique

 
 

L’échelle de Jacob, icône copte.

 

 

1. Vie de saint Malachie : « Saint Malachie vit un jour sa sœur qui avait trépassé depuis quelque temps. Elle faisait son purgatoire au cimetière : à cause de ses vanités, des soins qu’elle avait eus de sa chevelure et de son corps, elle avait été condamnée à habiter la propre fosse où elle avait été ensevelie et à assister à la dissolution de son cadavre. Le saint offrit pour elle le sacrifice de la messe durant trente jours. Ce terme expiré, il revit à nouveau sa sœur. Cette fois elle avait été condamnée à achever son purgatoire à la porte de l’Église, sans doute à cause de ses irrévérences pour le lieu saint, peut être parce qu’elle avait détourné les fidèles de l’attention des Mystères Sacrés ». [↩]

2. Sainte Catherine de Gênes, Traité du purgatoire. [↩]

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