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Mt  5  4

S. Ambr. (sur S. Luc, liv. 9, Tit. des béatit.) Lorsque je serai parvenu à me contenter de la médiocrité, à être exempt de toutes sortes de maux, j’aurai encore à établir la règle dans mes mœurs. Que me servirait-il de renoncer aux biens de la terre, si je ne pratique pas la douceur ? Aussi le Sauveur ajoute-t-il : « Bienheureux ceux qui sont doux. » — S. Augustin. (Serm. sur la mont., liv 1, ch. 3.) Les hommes doux sont ceux qui cèdent devant les injustes dont ils sont victimes, qui ne font pas de résistance au mal, mais triomphent du mal par le bien. — S. Ambr. (sur S. Luc, liv. 4.) Modérez donc les mouvements de votre âme, pour ne pas vous mettre en colère, ou du moins pour ne pas vous livrer à une colère coupable. Il est beau de soumettre à la raison les saillies du cœur, et il ne faut pas moins de vertu pour contenir la colère qui est souvent l’indice d’une âme énergique, que pour ne pas la ressentir du tout, ce qui ordinairement est le propre d’un caractère sans vigueur.

S. Augustin. (serm. sur la mont.) Que ceux qui ne connaissent pas la douceur, se querellent et soient en contestation pour les choses de la terre et du temps, mais « bienheureux ceux qui sont doux, parce qu’ils posséderont la terre, » d’où on ne pourra les arracher, cette terre dont il est dît au psaume 141 : « Mon partage est dans la terre des vivants, c’est-à-dire dans un héritage permanent, éternel, où l’âme se repose par une sainte affection, comme dans le lieu qui lui est propre, de même que le corps se repose dans la terre, et où elle s’y nourrit de son aliment comme le corps se nourrit de la terre ; cet héritage est le repos et la vie des saints. — S. Chrys. (sur S. Matth.) Ou bien cette terre, suivant l’opinion de quelques-uns est la terre des morts tant qu’elle reste dans l’état actuel, parce qu’elle est assujettie à la vanité, mais lorsqu’elle sera délivrée de la corruption, elle deviendra la terre des vivants et les mortels la recevront comme un héritage libre des atteintes de la mort. J’ai lu une autre explication, d’après laquelle le ciel que doivent habiter les saints est appelé terre des vivants, en ce sens que c’est le ciel par rapport à la région inférieure, et la terre comparativement au ciel supérieur. D’autres prétendent que cette terre c’est notre corps ; tant qu’il est soumis à la mort, c’est la terre des morts, mais il sera la terre des vivants, lorsqu’il deviendra semblable au corps glorieux de Jésus-Christ.

S. Hil. (Can. 4 sur S. Matth.) Ou bien Notre-Seigneur promet à ceux qui sont doux l’héritage de la terre, c’est-à-dire l’héritage de ce corps qu’il a choisi lui-même pour y habiter ; et puisque c’est à cause de la douceur de notre âme que le Christ habite en nous, il nous revêtira aussi de cet éclat dont son corps glorieux sera environné (Ph 3, 21).

S. Chrys. (hom. 15.) Ou bien encore, le Christ mêle ici les promesses temporelles aux promesses spirituelles. Celui qui fait profession de douceur passe aux yeux du monde pour perdre tout ce qu’il possède. Jésus-Christ lui promet donc ici le contraire en l’assurant que celui qui est doux possède en sûreté ce qui lui appartient, tandis que celui qui est arrogant perd bien souvent et son âme et l’héritage de ses pères. Or, le Sauveur emprunte ici pour les mêler à son discours ces paroles du Roi prophète : « Ceux qui sont doux auront la terre en héritage. »

La glose. Les hommes doux qui ont su se posséder eux-mêmes, posséderont plus tard l’héritage du Père céleste. Or, c’est une plus grande récompense de posséder cette terre que d’avoir simplement le royaume des cieux, car que de choses nous perdons dès que nous les avons.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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