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Mt  4  17

S. Chrys. (sur S. Matth.) Celui-là seul a le droit de prêcher la justice chrétienne qui peut résister à ses appétits sensuels, mépriser les biens de ce monde, étouffer tout désir de vaine gloire. Aussi l’Évangéliste écrit-il avec raison : « Depuis ce temps, » c’est-à-dire après qu’il eût triomphé de la tentation de la faim dans le désert, méprisé les séductions de la cupidité sur la montagne, repoussé la vaine gloire sur le pinacle du temple. Ou bien, « depuis ce temps là, » c’est-à-dire depuis que Jean-Baptiste fut mis en prison, Jésus commença le cours de ses prédications ; car s’il l’eût commencé alors que Jean continuait encore ses prédications, il eût amoindri la réputation de son précurseur et détruit l’utilité de la doctrine de Jean par la comparaison qu’on en aurait fait avec la sienne. C’est ainsi que le soleil éclipse la beauté de l’étoile du matin, lorsqu’il la rencontre sur l’horizon. S. Chrys. (Hom. 14 sur S. Matth.) Jésus n’a point prêché avant que Jean-Baptiste fût mis en prison, pour ne pas diviser la multitude. C’est pour une raison semblable que Jean ne fit pas de miracle (cf. Jn 10, 41), pour laisser au Sauveur le moyen d’attirer tous les hommes à lui. — Raban. Il nous apprend par là à ne jamais mépriser la parole d’un inférieur, ce qui a fait dire à l’apôtre : « Si une révélation est faite à un autre de ceux qui sont assis parmi vous, que celui qui parlait auparavant se taise. »

S. Chrys. (sur S. Matth.) Jésus fait paraître sa sagesse dans la manière dont il commence le cours de ses prédications ; il ne détruit point la doctrine prêchée par Jean-Baptiste, mais il l’appuie et montre la vérité de son témoignage. — S. Jérôme. C’est en cela qu’il prouve qu’il est le Fils de ce même Dieu dont Jean avait été le prophète, et c’est pour cela qu’il dit : « Faites pénitence. » — S. Chrys. (sur S. Matth.) Ce n’est point tout d’abord la justice qui fait le sujet de ses prédications, tous la connaissent ; mais c’est la pénitence dont tous avaient besoin. Quel est donc celui qui a osé dire : « Je veux être bon, et je ne le puis ? » Est-ce que la pénitence ne redresse pas la volonté ? Si la crainte des maux dont on vous menace ne peut vous amener à la pénitence, laissez-vous conduire, du moins, par l’attrait des biens qui vous sont promis, écoutez en effet ce qui suit : « Le royaume des cieux, est proche, » c’est-à-dire le bonheur du royaume des cieux comme s’il disait : Préparez-vous par la pénitence, car le temps de la récompense éternelle est proche. » — S. Rémi. Remarquez qu’il ne dit pas le royaume des Chananéens ou des Jébuséens, mais le royaume des cieux : la loi promettait des biens purement temporels, le Seigneur promet un royaume éternel.

S. Chrys. (homel. 14. sur S. Matth.) Considérez aussi, que dans cette première prédication, il ne dit rien ouvertement de lui-même, ce qui était convenable pour le moment, car le peuple n’avait pas encore de sa personne l’opinion qu’il devait en avoir. Ce premier discours ne renferme non plus aucun reproche, aucune menace, comme ceux de saint Jean lorsqu’il leur parlait de cognée, d’arbre coupé et de choses semblables ; Jésus ne propose en commençant que des vérités douces, il annonce, il promet son royaume.

S. Jérôme. Dans le sens mystique, le Christ ne commence ses prédications qu’après l’emprisonnement de saint Jean, parce que l’Évangile doit commencer à paraître, alors que la loi a cessé d’exister.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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