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Mt  3  5-6

S. Chrys. (sur S. Matth.) Après nous avoir fait connaître la vie de Jean, l’Évangéliste ajoute comme conséquence : « Alors Jérusalem venait à lui, » etc. Car la renommée de sa vie dans le désert avait plus de retentissement que le son de sa voix. — S. Chrys. (hom. 10 sur S. Matth.) C’était un spectacle admirable de voir une force aussi grande dans un corps mortel. C’est aussi ce qui attirait le plus les juifs, qui croyaient voir en lui le grand prophète Élie. Ce qui augmentait leur étonnement, c’est que depuis longtemps ils étaient privés de la grâce des prophéties, et que cette grâce paraissait leur être rendue. Le genre de prédication tout différent y contribuait encore, car ils n’entendaient rien de ce que les autres prophètes avaient coutume de leur annoncer, les combats, les victoires des Assyriens et des Perses. Jean-Baptiste ne leur parlait que des cieux, du royaume que Dieu y a fondé, et du supplice de l’enfer.

L’Évangéliste ajoute : « Alors toute la ville de Jérusalem allait vers lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain ». — La glose. (interlin.) C’était un baptême de préparation, qui n’effaçait pas les péchés. — S. Rémi. Le baptême de Jean figurait la conduite que tient l’Église à l’égard des catéchumènes ; on catéchise les enfants pour les rendre dignes du sacrement de baptême ; ainsi Jean donnait le baptême, afin que ceux qui le recevaient méritassent par une vie vraiment pieuse le baptême de Jésus-Christ. Il baptisait dans le Jourdain pour ouvrir la porte du royaume des cieux dans le même endroit qui avait ouvert aux enfants d’Israël l’entrée de la terre promise.

suite. « Confessant leurs péchés. » — S. Chrys. (sur S. Matth.) Devant l’éminente sainteté de Jean-Baptiste, qui pourra se croire juste ? De même qu’un vêtement d’une éclatante blancheur perd tout son éclat et paraît même souillé si on le place près de la neige ; ainsi en comparaison de saint Jean tout homme se trouvait impur et se hâtait de confesser ses péchés. Or la confession des péchés est la marque d’une conscience qui craint Dieu, car la crainte qui est parfaite triomphe de toute honte. On se laisse arrêter par la honte de se confesser, quand on ne croit pas au châtiment qui doit suivre le jugement dernier. Et comme la honte et la confusion sont une peine assez forte, Dieu nous ordonne l’aveu de nos fautes pour nous soumettre à cette peine de la honte, car elle fait aussi partie du jugement.

Raban. C’est avec raison que l’Évangéliste dit que ceux qui devaient être baptisés sortaient pour aller trouver le prophète, car à moins de sortir de ses faiblesses, de renoncer aux pompes du démon et aux attraits séducteurs du monde, on ne peut recevoir le baptême avec fruit. Il était également convenable qu’ils fussent baptisés dans le Jourdain, dont le nom signifie descente, car ils descendaient des hauteurs orgueilleuses de leur vie pour se soumettre aux humiliations d’une confession véritable. Dès lors l’exemple était donné à ceux qui voulaient recevoir le baptême de confesser leurs péchés et de s’engager à mener une vie plus pure.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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