Accueil > Bibliothèque > La Chaîne d’or > Évangile selon saint Matthieu > chapitre 1, verset 21
S. Chrys. (hom. 4 sur S. Matth.) Ce que l’ange avait annoncé à Joseph était au-dessus de toute pensée humaine et des lois de la mature ; il en confirme donc la vérité, en ajoutant à la révélation du mystère accompli, la prédiction des grandeurs futures : « Elle enfantera un fils. Or Joseph pouvait penser que, puisqu’il avait été étranger à cette conception, il devait l’être désormais aux devoirs de la vie conjugale ; l’ange de dissuade en lui apprenant que s’il n’a pas été nécessaire à la conception, Il le devient pour les soins de la paternité. Car elle enfantera un fils, et alors il sera indispensable à la mère et au fils : à la mère pour défendre son honneur ; au fils, pour être son père nourricier et le faire circoncire. C’est à cette cérémonie de la circoncision que l’ange fait allusion en disant : « Vous l’appellerez Jésus ; » car c’est au moment de la circoncision que le nom est donné aux enfants. — S. Chrys. (sur S. Matth.) Il ne lui dit pas : « Elle vous enfantera un fils, » comme il avait dit à Zacharie : « Voici qu’Elisabeth votre femme vous enfantera un fils. » La femme, en effet, qui conçoit de son mari lui enfante un fils, car l’enfant vient plus de l’homme que de la femme ; mais celle qui conçoit en dehors de l’homme, n’engendre pas l’enfant à son mari, mais à elle-même. S. Chrys. (sur S. Matth.) Ou bien l’ange s’exprime d’une manière générale pour montrer que cet enfant naissait pour le monde entier. — Raban. Il lui dit : « Vous l’appellerez du nom, » et non pas : « Vous lui imposerez le nom, » car ce nom lui a été donné de toute éternité.
S. Chrys. (sur S. Matth.) L’ange dévoile tout ce qu’il y avait d’admirable dans cette naissance, puisque c’est Dieu lui-même qui envoie le nom du ciel par le ministère d’un ange, et ce n’est pas un nom quelconque, mais un nom qui est un trésor de biens infinis. Ce nom, Il l’interprète en faisant naître les meilleures espérances et en rendant ainsi plus facile la foi aux choses qu’il annonce, car nous avons une propension naturelle à croire aux espérances qu’on nous donne.
S. Jérôme. En hébreu le mot Jésus veut dire Sauveur, et c’est l’étymologie de ce nom que l’ange explique en disant : « Il sauvera son peuple de ses péchés. » — S. Rémi. C’est ainsi qu’il est à la fois le Sauveur de tout l’univers et l’auteur de notre salut. Il sauve non pas les incrédules, mais son peuple, c’est-à-dire ceux qui croient en lui, et il les délivre non pas tant des ennemis visibles que des ennemis invisibles. Il les sauve du péché sans recourir à la force des armes, mais en brisant les liens du péché qui nous retiennent captifs.
Sévérianus. Qu’ils viennent et qu’ils prêtent l’oreille ceux qui demandent quel est celui que Marie a enfanté. C’est celui qui sauvera son peuple, et non le peuple d’un autre. Et de quoi le sauve-t-il ? De ses péchés. Or, qu’il y ait un Dieu qui remette les péchés, si vous ne voulez pas en croire les chrétiens, croyez-en les infidèles ou les Juifs qui disaient : « Personne ne peut remettre les péchés, si ce n’est Dieu. »
Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.