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Mt  12  36-37

S. Chrys. (hom. 43.) A la suite de ces reproches, le Seigneur cherche à inspirer aux Juifs une grande crainte en leur apprenant que ceux qui se seront rendus coupables de crimes semblables seront punis du dernier supplice : « Or, je vous déclare que les hommes rendront compte au jour du jugement de toute parole inutile qu’ils auront dite. » — S. Jérôme. Voici le sens de ces paroles : Si une parole oiseuse qui n’édifie en rien ceux qui l’entendent n’est point sans danger pour celui qui la dit, et si au jour du jugement chacun doit rendre compte de ses discours, à combien plus forte raison vous qui calomniez les oeuvres de l’Esprit saint, et qui dites que je chasse les démons par Beelzéhub, rendrez-vous compte de semblables calomnies. — S. Chrys. (hom. 43.) Il ne dit pas : « La parole inutile que vous aurez dite », car son dessein est d’enseigner tout le genre humain et de rendre son discours moins dur pour les Juifs. Or, la parole oiseuse est celle qui contient un mensonge ou une calomnie ; quelques-uns l’étendent à la parole vaine, à celle par exemple qui excite un rire immodéré ou qui est contraire à la décence et à la pudeur. — S. Grég. (hom. 9, sur les Evang.) Ou bien la parole oiseuse est celle qui n’est motivée ni par une véritable utilité, ni par une juste nécessité.

S. Jérôme. C’est une parole qui est sans utilité pour celui qui parle comme pour celui qui écoute ; par exemple, lorsqu’au lieu d’entretiens sérieux nous nous entretenons de choses frivoles ou que nous racontons les récits fabuleux de l’antiquité. Quant à celui qui se livre aux bouffonneries, rit à gorge déployée et blesse la pudeur dans ses discours, il n’est pas seulement coupable d’une parole oiseuse, mais de discours criminels. — S. Rémi. A cette vérité se rattache la maxime suivante : « C’est d’après vos paroles que vous serez condamnés ; c’est d’après vos paroles que vous serez justifiés. » Nul doute qu’on ne soit condamné pour les mauvaises paroles qu’on aura dites ; mais quant aux bonnes paroles, elles ne pourront justifier que celui qui les aura dites avec une conviction intime et une intention vertueuse. — S. Chrys. (hom. 43.) Remarquez que ce jugement n’a rien de trop sévère : vous serez jugés non point sur ce qu’on aura dit de vous, mais sur ce que vous aurez dit vous-même ; ce ne sont donc pas ceux qui sont accusés qui doivent craindre, mais ceux qui accusent les autres, car personne ne sera forcé de s’accuser du mal qu’il aura entendu et dont il aura été l’objet, il ne sera responsable que du mal qu’il aura dit lui-même.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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