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Mt  11  12-15

La glose. Les paroles qui précèdent : « Celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que Jean-Baptiste, » pouvaient faire penser que Jean-Baptiste était étranger au royaume des cieux. Notre-Seigneur éloigne donc cette idée en ajoutant : « Depuis les jours, » etc. — S. Grég. (hom. 20 sur S. Matth.) Le royaume des cieux signifie le trône qui nous est préparé dans le ciel, et lorsque des pécheurs souillés de quelques crimes reviennent à Dieu par la pénitence et réforment leur conduite, ils entrent comme pécheurs dans un lieu qui leur est étranger, et ils ravissent avec violence le royaume des cieux.

S. Jérôme. Si Jean-Baptiste a le premier prêché la pénitence au peuple en ces termes : « Faites pénitence, car le royaume des cieux approche, » il est juste que depuis ce temps le royaume des cieux souffre violence, et que les violents seuls le ravissent. Il faut en effet que nous nous fassions une grande violence, nous dont la naissance est toute terrestre, pour chercher à mériter la gloire des cieux et conquérir par notre vertu ce que nous ne pouvons tenir de notre nature. — S. Hil. (can. 11.) Ou bien dans un autre sens, Notre-Seigneur avait ordonné à ses Apôtres d’aller vers les brebis perdues d’Israël (Mt 11), mais leur prédication tournait au profit des publicains et des pécheurs. C’est ainsi que le royaume des cieux souffre violence, et que les violents le ravissent, parce que la gloire qui était due aux patriarches d’Israël, que les prophètes avaient annoncée, et que Jésus-Christ est venu offrir, a été enlevée et ravie par la foi des nations. — S. Chrys. (hom. 38.) Ou bien encore, ceux qui s’empressent de se convertir sont ceux qui ravissent le royaume de Dieu par la foi en Jésus-Christ ; voilà pourquoi il dit : « Depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu’à présent. » C’est ainsi qu’il les excite et les presse de croire en lui ; en même temps il confirme lui-même tout ce que Jean-Baptiste avait dit précédemment. Car si toutes choses ont été accomplies jusqu’à Jean-Baptiste, il est donc celui qui doit venir, et c’est pour cela qu’il ajoute : « Tous les prophètes ont prophétisé jusqu’à Jean. » — S. Jérôme. Ce n’est pas qu’il veuille dire qu’après Jean il n’y a plus eu de prophète, car nous lisons dans les Actes des Apôtres (Ac 11 ; Ac 21), qu’Agabus et les quatre vierges, filles de Philippe, prophétisèrent ; mais ces paroles signifient que toutes les prophéties de la loi et des prophètes ont eu Jésus-Christ pour objet. Ces paroles donc : « Ils ont prophétisé jusqu’à Jean, » indiquent le temps où devait venir le Christ, et où Jean-Baptiste a signalé la présence de Celui dont ils avaient prédit la venue.

S. Chrys. (hom. 38.) Il donne ensuite une autre explication de son avènement : « Et si vous voulez le comprendre, lui-même est cet Élie qui doit venir. » Dieu dit en effet par la bouche du prophète Malachie (Ml 4) : Je vous enverrai Élie de Thesba, et il dit de Jean-Baptiste : « J’enverrai mon ange devant vous. » — S. Jérôme. Jean est donc appelé Élie, non pas dans le sens de quelques philosophes insensés, et de certains hérétiques qui enseignent le retour des âmes dans de nouveaux corps, mais parce qu’au témoignage de l’Évangile lui-même, il est venu dans la vertu et dans l’esprit d’Élie, et qu’il a reçu la même grâce ou la même mesure de l’Esprit saint. Ajoutez que l’austérité de la vie et la sévérité des principes sont les mêmes dans Élie et dans Jean-Baptiste : ils habitaient tous les deux le désert, tous les deux ils portaient une ceinture de poils de chameau ; le premier fut obligé de fuir, parce qu’il avait reproché à Achab et à Jésabel leur impiété, le second eut la tête tranchée parce qu’il avait condamné l’union criminelle d’Hérode et d’Hérodiade. — S. Chrys. (hom. 38.) Le Sauveur dit avec raison : « Et si vous voulez le comprendre, » leur montrant ainsi qu’ils sont libres et qu’il exige une adhésion volontaire : or Jean est Élie, et à son tour Élie est Jean, parce que tous deux sont précurseurs. — S. Jérôme. Ces paroles : « Lui-même est Élie, » sont mystérieuses et ont besoin d’une intelligence particulière, comme le prouve ce qu’il ajoute : « Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. » — S. Rémi. C’est-à-dire : Que celui qui a les oreilles du cœur pour entendre ou pour comprendre, qu’il entende, qu’il comprenne, parce qu’en effet il a dit non pas que Jean-Baptiste ait été Élie en personne, mais seulement par l’esprit.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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