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Mt  10  32-33

S. Chrys. (hom. 35.) Notre-Seigneur, en bannissant la crainte qui troublait l’âme de ses disciples, leur donne une nouvelle force par les paroles qui suivent. Non-seulement il les délivre de toute crainte. mais il leur propose de plus grandes récompenses, et leur inspire ainsi le courage de prêcher hautement et librement la vérité : « Quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai moi-même devant mon Père qui est dans les cieux. » — S. Hil. (can. 40 sur S. Matth.) C’est la conclusion de ce qui précède, car une fois qu’on a puisé la force dans d’aussi sublimes enseignements, on doit confesser librement et avec constance le vrai Dieu. — S. Rémi. C’est cette confession dont l’Apôtre a dit (Rm 10) : « Il faut croire de cœur pour obtenir la justice, et confesser de bouche pour obtenir le salut. » Ainsi, ne pensez pas pouvoir être sauvé sans la confession des lèvres, car Notre-Seigneur ne dit pas seulement : « Celui qui m’aura confessé, » mais il ajoute : « Devant les hommes, » et encore : « Celui qui m’aura renoncé devant les hommes, je le renoncerai moi-même devant mon Père qui est dans les cieux. » — S. Hil. Il nous apprend par là qu’il nous rendra devant son Père le même témoignage que nous lui aurons rendu devant les hommes. — S. Chrys. (hom. 35.) Remarquons ici que le châtiment comme la récompense sont supérieurs, l’un au mal, l’autre au bien. En effet, le Sauveur semble dire : Vous n’avez rien épargné les premiers, soit pour me confesser, soit pour me renoncer. Je n’épargnerai rien moi-même, et je serai magnifique dans la peine comme dans la récompense ; car c’est moi-même qui vous reconnaîtrai ou qui vous renoncerai. Si donc vous avez fait quelque bien sans en recevoir la récompense, ne vous en troublez pas, une récompense surabondante vous attend dans l’avenir. Si, au contraire, vous vous êtes rendu coupable sans en avoir été puni, ne vous laissez pas aller à un mépris insolent, car le châtiment vous est également réservé, à moins que vous ne changiez et que vous ne deveniez meilleurs.

Raban. Nous ferons observer que les païens eux-mêmes ne peuvent nier l’existence d’un Dieu, mais qu’ils peuvent fort bien ne pas reconnaître l’existence d’un Dieu Père et Fils. Or, le Fils reconnaîtra quelqu’un devant son Père, soit en lui donnant accès auprès de lui, et en lui disant : « Venez, les bénis de mon Père. » — S. Rémi. Et il renoncera celui qui l’aura renoncé, en lui refusant tout accès auprès de Dieu le Père, et en le rejetant de la présence de sa divinité et de celle de son Père. — S. Chrys. (hom. 35.) Il exige non-seulement la foi intérieure de l’âme, mais encore la confession extérieure des lèvres, afin de nous inspirer une liberté plus grande pour la prédication et un amour plus fort pour lui, en nous rendant supérieurs à tout. Or, ce n’est pas seulement à ses Apôtres, mais à tous qu’il adresse cette recommandation, car il veut inspirer ce courage non-seulement à ses Apôtres, mais encore à leurs disciples. Celui qui sera fidèle à ce commandement non-seulement enseignera publiquement avec une sainte hardiesse, mais il portera facilement la persuasion dans les cœurs, car l’observation de ce précepte en a converti un grand nombre à la doctrine des Apôtres. — Raban. Ou bien on confesse Jésus par la foi, qui opère par l’amour, en accomplissant fidèlement ses commandements ; et on le renonce lorsqu’on ne craint pas de transgresser ses préceptes.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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