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Mc  3  30-35

Théophile. Comme les parents du Sauveur, qui le croyaient atteints de folie, étaient venus pour s’emparer de sa personne, sa mère, conduite par son amour, vint le trouver. " Et sa mère et ses frères, dit l’Evangile, vinrent à lui. " — S. Chrys. Ces paroles prouvent évidemment que sa mère et ses frères n’étaient pas toujours avec lui. Mais comme ils l’aimaient tendrement, ils viennent le trouver, conduits par le respect et l’affection, et ils l’attendent au dehors, " car toute la foule était assise autour de lui. " — Bède. Les frères du Seigneur, dont il est ici question, lie sont pas, comme le prétend Helvidius, les fils de Marie, qui est restée toujours vierge, ni les fils de Joseph, qu’il aurait eus d’une autre épouse, selon l’opinion de quelques autres, mais simplement ses parents. — S. Chrys. Un autre Evangéliste dit (Jn 7) que ses frères ne croyaient pas encore en lui, ce qui se rapporte parfaitement à ce qui est dit ici, qu’ils le cherchaient et l’attendaient au dehors. Aussi, se conformant à leurs dispositions, il semble ne pas se souvenir qu’ils sont ses parents, et il répond : " Quelle est ma mère et qui sont mes frères ? " En parlant de la sorte, il ne renie ni sa mère, ni ses frères, mais il montre qu’il faut placer l’estime qu’on doit faire de son âme bien au-dessus de tous les liens du sang, et il donne cette leçon à ceux qui recherchaient la conversation de leurs proches, comme une chose plus utile que la doctrine du salut.

Bède. Malgré leurs instances, il n’en continue pas moins la prédication de la divine parole, non qu’il oubliât les devoirs de la piété filiale, mais afin de montrer qu’il se devait bien plus aux mystères de son Père qu’aux devoirs de la tendresse filiale envers sa mère. Il ne témoigne aucun mépris pour ses frères, mais il préfère les œuvres spirituelles aux liens de la parenté, et il nous enseigne que le lien qui unit les cœurs est plus sacré que celui qui ne fait qu’unir les corps. " Et regardant ceux qui étaient assis autour de lui : Voici, dit-il, ma mère et mes frères. " — S. Chrys. Notre-Seigneur nous apprend encore ici qu’il faut honorer plus que nos proches ceux qui nous sont unis par la foi. On devient la mère de Jésus par la prédication, car on lui donne une sorte de naissance en l’enfantant dans le cœur de ceux qu’on est chargé d’enseigner. — S. Jérôme. Or, sachons que nous sommes les frères et les sœurs de Jésus, à cette condition que nous accomplirons la volonté de son Père, afin d’être un jour ses cohéritiers, car Jésus discerne ses frères et ses sœurs d’après leurs actes et non d’après la différence des sexes. " Celui qui fait la volonté de mon Père est mon frère, etc. " — Théophile. Il ne refuse pas à sa mère ce titre glorieux, mais il montre qu’elle est digne de le porter, non-seulement parce qu’elle a enfanté le Christ, mais encore parce qu’elle est un modèle accompli de toutes les vertus.

Bède. Dans le sens mystique, la mère et le frère de Jésus sont la synagogue et le peuple juif, qui lui aussi est sorti de la synagogue. Ils ne peuvent entrer dans l’intérieur de la maison pendant que Jésus y enseigne, parce qu’ils ne s’appliquent point à entendre, dans le sens spirituel, ses divins oracles. Mais la foule prévient les Juifs et parvient jusqu’à Jésus, c’est-à-dire que, tandis que la nation juive ne s’empresse nullement de venir à Jésus, les Gentils affluent vers lui de toutes parts. Les parents de Jésus, qui se tiennent dehors, et qui veulent le voir, ce sont les Juifs, qui, se tenant dehors, se constituent gardiens de la lettre, et qui aiment mieux presser Jésus de sortir, pour leur donner un enseignement tout charnel, plutôt que d’entrer, pour recueillir sa doctrine toute spirituelle. Si donc, par cela seul qu’ils se tiennent dehors, Jésus ne voulut point reconnaître ses parents, comment nous reconnaîtra-t-il si nous restons dehors, car c’est au dedans qu’est le Verbe, c’est au dedans qu’est la lumière.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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