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Mc  1  23-28

Bède. C’est par l’envie du démon que la mort est entrée dans le inonde (Sg 2) ; c’est donc contre cet auteur de la mort, que Jésus dut mettre d’abord en usage le remède du salut : " Il y avait dans leur synagogue un homme possédé de l’esprit impur. " — S. Chrys. Le nom d’esprit s’applique à l’ange, à l’air, à l’âme et aussi à l’Esprit saint. Aussi dans la crainte que cette ressemblance de nom ne donnât lieu à l’erreur, l’Evangéliste ajoute la qualification d’impur : ce nom lui est donné à cause de sou impiété et de son éloignement de Dieu et parce qu’il prend part à toutes les œuvres immondes et perverses.

S. Augustin. (Cité de Dieu, 9, 20.) L’humilité du Dieu qui est apparu sous la forme de l’esclave, est si puissante contre l’orgueil des démons, qu’ils sont forcés de le reconnaître et de le confesser publiquement devant 1e Seigneur revêtu de l’infirmité de notre chair : " Et il s’écria : Qu’y a-t-il de commun entre vous et nous, Jésus de Nazareth ? " Il est évident par ces paroles qu’ils avaient la science sans avoir la charité, car ils redoutaient le châtiment qu’il venait leur infliger et n’aimaient pas en lui la justice qu’il apportait à la terre. — Bède. Car les démons, voyant Notre-Seigneur sur la terre, croyaient qu’il allait les juger immédiatement. — S. Chrys. Ou bien, voici le sens de ces paroles : En purifiant l’âme humaine, et en y faisant naître des pensées divines, vous ne nous laissez plus d’asile dans le cœur des hommes. — Théophile. Car sortir de l’homme, c’était pour le démon une ruine certaine, parce qu’en effet, les démons étant essentiellement cruels, ils regardent comme une sorte de supplice de ne pas tourmenter les hommes.

Il ajoute : " Je sais que vous êtes le saint de Dieu. " — S. Chrys. Comme s’il disait : Je considère attentivement votre avènement ; car il n’avait pas une connaissance claire et certaine de la venue de Dieu en ce monde. Il l’appelle saint, non pas un saint comme beaucoup d’autres parce que chaque prophète aussi était saint, mais il le proclame saint d’une manière spéciale. L’article qui se trouve dans le grec indique qu’il est le saint par excellence, mais la crainte qu’il éprouve fait qu’il le reconnaît pour le souverain Maître de toutes choses. — S. Augustin. (Cité de Dieu, 9) Il ne se fit connaître aux démons que dans la mesure qu’il voulut, et il ne le voulut que dans la mesure qui était nécessaire. Toutefois il ne se manifesta pas à eux comme aux anges qui jouissent de sa vue comme Verbe, et participent à son éternelle félicité, mais il devait se manifester aux démons pour les faire trembler, puisqu’il venait délivrer les hommes de l’empire tyrannique de ces esprits mauvais. Il s’est donc fait connaître aux démons non pas comme étant la vie éternelle, mais par certains effets sensibles de sa toute-puissance qui ne pouvaient échapper aux regards de la nature angélique plus pénétrants même dans les esprits mauvais que les vaux de la faiblesse humaine.

S. Chrys. Mais l’éternelle vérité ne voulait pas des témoignages des esprits impurs : " Et Jésus les menaça en leur disant, " etc. Jésus nous donne ici un enseignement salutaire, c’est de ne jamais ajouter foi aux démons quand bien même ils nous annonceraient la vérité. " Et l’esprit le déchirant, " etc. Comme cet homme venait de dire des paroles sages et sensées, dans la crainte qu’on s’imaginât qu’il parlait, non sous l’inspiration du démon, mais de son propre cœur, Jésus-Christ permit que cet infortuné fût déchiré par le démon afin qu’il fût manifeste que c’était lui aussi qui parlait par sa bouche. — Théophyl. Ce fut aussi pour que les témoins de ce prodige comprissent de quel affreux malheur était délivré cet homme, et qu’ils missent en Jésus par suite de ce miracle. — Bède. Il y a, ce semble, une sorte de contradiction entre ces paroles : " Et le déchirant, " ou comme portent certains exemplaires, le courbant, et ces autres : " Il sortit sans lui avoir fait aucun mal, " selon saint Luc. Mais cet Evangéliste dit aussi que " le démon ayant jeté violemment cet homme au milieu de l’assemblée sortit de son corps, sans lui avoir fait aucun mal. " Il faut donc comprendre que ces paroles de saint Marc : " Et le tourmentant, ou le déchirant, " reviennent à celles-ci de saint Luc : " Et l’ayant jeté violemment au milieu de tout le peuple. " Et alors ce que saint Luc ajoute : " Il ne lui fit aucun mal, " signifie que cette agitation violente, cette secousse imprimée aux membres de cet homme n’épuisa pas ses forces et que le démon sortit sans lui couper ou lui arracher quelque membre, comme il arrive quelquefois en pareille circonstance. Or, les témoins de ce prodige admirent la nouveauté de la doctrine du divin Maître, et ce qu’ils voient les détermine à approfondir ce qu’ils entendent. " Et tous étaient dans l’étonnement, " etc. Car le but des miracles était de faire croire d’une foi plus certaine à l’Evangile du royaume de Dieu. Voilà pourquoi les apôtres qui promettaient des joies célestes aux habitants de ce monde, faisaient éclater à leurs yeux ici-bas, des œuvres célestes et toutes divines. Tout d’abord, d’après le témoignage de l’Evangéliste, Jésus-Christ enseignait les hommes avec autorité ; et maintenant le peuple lui-même lui rend ce témoignage qu’il commande avec autorité aux esprits immondes, et qu’ils lui obéissent. " Et sa renommée se répandit, " etc. — La glose. Car ce que les hommes admirent le plus, ils s’empressent de le divulguer, parce que la bouche parle de l’abondance du cœur.

S. Jérôme. Capharnaüm dans le sens mystique signifie ville de la consolation, le mot sabbat signifie repos. Cet homme possédé de l’esprit immonde, c’est le genre humain en qui l’impureté a régné depuis Adam jusqu’à Moïse. Car les hommes ont péché sans la loi, et ils périront sans la loi (Rm 2). Cet esprit impur qui connaissait le saint de Dieu, reçoit l’ordre de se taire, parce qu’il est des hommes qui, connaissant Dieu, ne l’ont pas glorifié comme Dieu, mais ont mieux aimé servir et adorer la créature plutôt que le Créateur (Rm 1). L’esprit immonde déchirant cet homme sortit de son corps. A l’approche du salut, la tentation se fait sentir. Pharaon abandonné par le peuple d’Israël, le poursuit à outrance (Ex 14) Le démon méprisé, cherche à produire du scandale.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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