Accueil > Bibliothèque > La Chaîne d’or > Évangile selon saint Marc > chapitre 15, versets 29-32
S. Jérôme. L’ânon de la Judée, étant lié à la vigne, et son manteau rougi dans le sang du raisin, les chevreaux déchirent la vigne, ils blasphèment le Christ et branlent la tête : " Et les passants le blasphémaient en branlant la tête, " etc. — Théophile. Les passants blasphèment Jésus-Christ et l’accablent d’outrages comme un séducteur. C’est le démon qui les poussait à l’engager à descendre de la croix. Il savait que c’est la croix qui devait sauver le monde, il revenait donc tenter de nouveau Jésus-Christ ; s’il descendait de la croix, il serait évident qu’il n’était pas véritablement le Fils de Dieu, et ainsi toute espérance de salut par la croix était anéantie. Mais Jésus, vrai Fils de Dieu, ne descendit pas de la croix. S’il avait dû en descendre il n’y serait pas monté, mais il savait que c’était là le moyen choisi de Dieu pour sauver le monde, il se dévoua donc aux souffrances de la croix et à mille autres outrages pour accomplir son œuvre. " Et les princes des prêtres disaient aussi : Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même, " etc. En parlant ainsi, ils voulaient anéantir la vérité de ses miracles et les faire passer pour imaginaires ; car en effet, Jésus avait sauvé un grand nombre par ses miracles. — Bède. Ils sont forcés d’avouer malgré eux qu’il a sauvé les autres. Vous êtes donc condamnés par vos propres paroles, car celui qui a sauvé les autres, peut également se sauver lui-même.
" Que le Christ, le roi d’Israël descende de la croix, afin que nous voyions et que nous croyions. " — S. Jérôme. Ils virent bientôt sortir du sépulcre celui qu’ils ne croyaient pas pouvoir descendre de la croix. O Juifs ! où ira donc se réfugier votre incrédulité ? Je vous prends à témoins, j’en appelle à votre jugement. N’est-il pas mille fois plus admirable qu’un mort puisse ressusciter, qu’il ne le serait qu’un homme vivant encore voulût descendre de la croix ? Vous avez peu demandé, on vous a donné beaucoup ; mais ces prodiges mille fois plus éclatants que ceux que vous demandez n’ont pu guérir votre incrédulité ; ils se sont tous détournés de la vérité, ils sont devenus inutiles.
" Et ceux qui avaient été crucifiés avec lui l’outrageaient de même. " — S. Augustin. (De l’acc. des Evang., 3, 16.) Mais comment admettre ici la vérité du récit de saint Marc, alors qu’au témoignage de saint Luc, un seul de ces voleurs outragea le Sauveur, tandis que l’autre voulait l’en empêcher et crut en Dieu. La seule réponse à faire, c’est que saint Matthieu et saint Marc, insistant peu sur ce détail, ont employé le pluriel pour le singulier. — Théophile. Ou bien tous deux commencèrent par l’accabler d’outrages, et puis l’un deux reconnaissant son innocence, reprocha à son compagnon les blasphèmes qu’il vomissait contre lui.
Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.