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Mc  14  53-60

La glose. L’Evangéliste vient de nous rapporter comment Jésus fut arrêté par les serviteurs des princes des prêtres, il va maintenant nous raconter sa condamnation à mort dans la maison du grand-prêtre. " Et ils amenèrent Jésus au grand-prêtre. " — Bède. Ce grand-prêtre était Caïphe qui, au témoignage de l’Evangéliste saint Jean, était grand-prêtre pour cette année, fait confirmé par l’historien Josèphe, qui atteste qu’il avait acheté le pontificat à prix d’argent du gouverneur romain.

" Où s’assemblèrent tous les princes des prêtres, les scribes et les anciens. " — S. Jérôme. C’est alors qu’eut vraiment lieu cette assemblée de taureaux au milieu des vaches des peuples. (Ps 68) " Pierre le suivit de loin. " C’est qu’en effet la crainte éloigne, tandis que la charité entraîne. — Bède. L’Evangéliste fait remarquer avec raison que Pierre suivait le Sauveur de loin, lui qui allait bientôt le renier, car jamais il n’en serait venu à cette extrémité, s’il s’était toujours tenu près de son divin Maître.

" S’étant assis auprès du feu avec les serviteurs, il se chauffait. " — S. Jérôme. Il se chauffe avec les gens du grand-prêtre au foyer allumé dans la cour. Cette cour du grand-prêtre, c’est le monde que l’on peut comparer à un cercle ; les serviteurs sont les démons, dans la compagnie desquels il est impossible de pleurer ses péchés ; le feu, ce sont les désirs de la chair. — Bède. Il y a un autre feu, celui de la charité dont Jésus a dit : " Je suis venu apporter le feu sur la terre " (Lc 12), et qui en descendant sur les fidèles, leur a enseigné à louer Dieu dans les langues si variées qu’ils parlaient. Il y a aussi le feu de la cupidité, dont le prophète a dit : "Ils sont tous adultères, leur cœur est semblable à un four où on a porté la flamme. " (Osée, 7) Ce feu que le souffle du malin esprit avait allumé dans la cour de Caïphe, excitait la langue de ces hommes perfides à nier et à blasphémer le Seigneur. Ce feu allumé dans la cour, au milieu du froid de la nuit, était la figure de ce que cette assemblée perverse accomplissait dans l’intérieur de la maison, l’iniquité abondait, la charité d’un grand nombre se refroidissait. (Mt 24) Saisi pour un moment par le froid, Pierre cherchait à se chauffer au foyer des serviteurs du grand-prêtre, c’est-à-dire qu’il cherchait un soulagement purement extérieur dans la société des méchants.

" Cependant les princes des prêtres, et tout le conseil cherchait des dépositions, " etc. — Théophile. La loi ordonnait qu’il n’y eût jamais qu’un seul grand-prêtre, et il y en avait alors plusieurs, et chaque année le proconsul romain en nommait un nouveau pour remplacer le précédent. Ils ont recours à un simulacre de justice qui devient pour eux le titre même de leur condamnation, et ils cherchent des témoignages qui donnent à la condamnation et à la mort de Jésus une apparence de justice. — S. Jérôme. Mais l’iniquité s’est menti à elle-même (Ps 26), comme cette princesse qui accusa Joseph (Gn 20), comme les prêtres qui déposèrent contre Suzanne. (Dn 13) Or le feu, faute d’être alimenté, s’éteint, " Et ils n’en trouvaient point, continue l’Evangéliste, car plusieurs déposaient faussement contre lui, " etc. ; en effet, ce qui manque d’uniformité, manque par la même de certitude, " Quelques-uns se levèrent et portèrent contre lui un faux témoignage en ces termes. " C’est la coutume des hérétiques de tirer l’ombre de la vérité elle-même. Jésus n’a pointait ce qu’ils lui attribuent, mais il a dit quelque chose d’approchant en parlant du temple de son corps qu’il devait ressusciter deux jours après sa mort. — Théophile. En effet, le Seigneur n’avait pas dit : Je le détruirai, mais : " Détruisez-le ; " il n’a point parlé du temple fait de main d’homme, il a dit simplement : " Détruisez ce temple. " — S. Jérôme. En ajoutant : " Je le ressusciterai, " c’était désigner un être vivant, un temple animé. Or, on est faux témoin quand on rapporte les choses dans un sens différent de celui où elles ont été dites.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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