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Mc  12  28-34

La glose. Notre-Seigneur a réduit au silence et les pharisiens et les sadducéens qui étaient venus le tenter, voyons maintenant comment il répond à la question d’un docteur de la loi : " Alors l’un des docteurs de la loi s’approcha de lui et lui demanda : Quel est le premier de tous les commandements ? " etc. — S. Jérôme. Ce doute, commun à tous ceux qui étaient versés dans la connaissance de la loi, venait de ce qu’elle paraissait imposer des commandements différents dans l’Exode (20), le Lévitique (26) et le Deutéronome (4). Notre-Seigneur déclare donc qu’il y a non pas un seul commandement, mais deux commandements distincts qui sont comme les deux mamelles placées sur le sein de l’épouse pour nourrir notre enfance (Ct 4, 5 ; 7, 7) : " Le premier commandement est celui-ci : Ecoutez, Israël, le Seigneur votre Dieu est le seul Dieu. " Il appelle le plus grand des commandements le premier de tous, c’est-à-dire celui que nous devons tous placer dans notre cœur comme le fondement unique de la piété, et qui consiste dans la connaissance, dans la confession de l’unité divine jointe à la pratique des bonnes œuvres, qui sont le fruit de l’amour de Dieu et du prochain : " Et vous aimerez le Seigneur votre Dieu, " etc. — Théophile. Voyez comme Notre-Seigneur énumère ici toutes les forces de l’âme. La première est la force vitale qu’il exprime, lorsqu’il dit : " De toute votre âme, " et à laquelle se rattachent la colère et le désir, passions que nous devons consacrer toutes à l’amour de Dieu. Il y a une autre force qu’on appelle naturelle, à laquelle est jointe la faculté de se nourrir et de se développer, et il faut également la donner toute entière à Dieu, elle est caractérisée par ces paroles " De tout votre cœur. " Il y a enfin la force raisonnable, qu’il désigne sous le nom d’esprit, et il faut encore l’offrir à Dieu dans toute son étendue. — La glose. Il ajoute : " De toutes vos forces, " ce qui peut se rapporter aux forces corporelles.

" Voici le second qui est semblable au premier : Vous aimerez voir, prochain comme vous-même. " Le second commandement est semblable au premier, dans ce sens que ces deux commandements ont entre eux une parfaite corrélation et une liaison des plus étroites. En effet, celui qui aime Dieu étend nécessairement cet amour à ses œuvres. Or, une des œuvres de Dieu les plus importantes, c’est l’homme. Donc celui qui aime Dieu, doit aimer tous les hommes ; et celui qui aime son prochain, cause si fréquente pour lui de scandales, doit aimer à bien plus forte raison celui de qui il ne reçoit que des bienfaits ; ci c’est à cause du lien étroit qui unit ces deux commandements, que le Sauveur ajoute : " Aucun autre commandement n’est plus grand que celui-ci. "

" Le docteur lui répondit : Maître, ce que vous avez dit est très véritable, " etc. — Bède. Ce qu’il dit, que l’amour de Dieu vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices, est une preuve qu’entre les scribes et les pharisiens s’agitait cette grave question : Quel était le premier et le plus grand commandement de la loi divine. Les uns mettaient au premier rang les victimes et les sacrifices ; les autres donnaient la préférence aux œuvres de la foi et de la charité, parce qu’avant la loi, la foi, qui opère par la charité (Ga 5, 6), avait suffi par rendre les patriarches agréables à Dieu, n’était, on le voit, le sentiment de ce docteur de la loi.

" Jésus, voyant qu’il avait répondu avec, sagesse, lui dit : Vous n’êtes pas loin du royaume de Dieu. " — Théophile. Il atteste par là même qu’il n’est pas encore arrivé à la perfection ; car il ne lui dit pas : Vous êtes dans le royaume du Dieu, mais : " Vous n’êtes pas loin du royaume de Dieu. " — Bède. Or, il mérita cet éloge de n’être pas loin du royaume de Dieu, parce qu’il se déclare le partisan d’une vérité qui est propre au Nouveau Testament et à la perfection de l’Evangile. — S. Augustin. (de l’accord des Evang., 2, 75.) Peu importe que saint Matthieu dise qu’il est venu avec l’intention de tenter Jésus. Ne peut-on pas supposer qu’il est venu avec celte intention, il est vrai, mais que la réponse du Sauveur l’a fait changer de dessein ? Ou bien il est venu pour le tenter, non point dans la mauvaise acception du mot, comme un ennemi qui veut absolument tromper, mais avec la circonspection d’un esprit qui veut éprouver un homme qu’il ne connaît pas entièrement. — S. Jérôme. Ou bien il n’était pas loin, parce qu’il venait avec une espèce de calcul ; car l’ignorance est plus éloignée du royaume de Dieu que la science. Aussi Notre-Seigneur fait-il plus haut ce reproche aux sadducéens : " Vous êtes dans l’erreur, parce que vous ne comprenez ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu. " " Et depuis ce temps-là personne n’osait plus lui faire de questions. — Bède. Après avoir été ainsi déjoués et confondus dans leurs questions, ils n’osent plus l’interroger, mais ils cherchent à s’emparer de lui pour le livrer ouvertement à la puissance romaine, preuve que l’envie peut être vaincue, mais qu’elle ne peut que difficilement rester en repos.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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