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Mc  12  13-17

Bède. Les princes des prêtres cherchaient à se saisir de Jésus, mais ils craignaient le peuple ; ce qu’ils n’osent donc faire par eux-mêmes, il essaient de le mettre à exécution par l’intermédiaire du pouvoir séculier, pour se décharger de la responsabilité de sa mort. " Et ils lui envoyèrent quelques-uns des pharisiens et des hérodiens. " — Théophile. Nous avons dit ailleurs que les hérodiens formaient une secte nouvelle qui soutenait qu’Hérode était le Christ, parce qu’il n’y avait plus alors de successeurs naturels au sceptre des rois de Juda (Gn 49, 10). D’autres prétendent que les hérodiens étaient des soldats d’Hérode embauchés par les pharisiens, pour être témoins des paroles de Jésus-Christ, s’emparer de sa personne et le leur amener. Voyez quelle est leur malice, et comme ils cherchent à tromper le Sauveur par leurs flatteries : " Et étant venus, ils lui dirent : Maître, nous savons que vous êtes sincère et véritable. " — S. Jérôme. Ils l’interrogent avec des paroles mielleuses, et l’entourent comme des abeilles qui ont le miel à la bouche et l’aiguillon par derrière. — Bède. Cette question si flatteuse mais pleine de fourberie, tend à provoquer du Sauveur cette réponse, qu’il craint Dieu plus que César, et à lui faire dire qu’il ne faut point payer le tribut, afin que les hérodiens prennent occasion pour l’accuser de vouloir soulever une révolte contre les Romains, ils ajoutent : " Vous n’avez égard à qui que ce soit et vous ne considérez point la qualité des personnes. " — Théophile. C’est-à-dire, que vous seriez prêt à refuser tout honneur à César, si vous ne le pouviez qu’aux dépens de la vérité : " Mais vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité, " etc. Leur question perfide cachait de toute part un précipice, si Jésus répondait qu’il est permis de payer le tribut à César, ils exciteraient contre lui le peuple, en l’accusant de vouloir le réduire en servitude. Si au contraire, il défendait de payer le tribut, ils le présenteraient comme un homme qui soulevait le peuple contre César. Mais celui qui est la source de la sagesse sut échapper à leurs embûches. " Jésus, connaissant leur hypocrisie, leur dit : Pourquoi me tentez-vous ? Apportez-moi un denier. " — Bède. Le denier est une pièce de monnaie qui valait dix as et qui portait l’effigie de César. " Et il leur demanda : De qui est cette image et cette inscription ? De César, leur dirent-ils. " Que ceux qui pensent que la question du Sauveur est l’effet de l’ignorance et non d’un dessein particulier, se détrompent ; ils savaient fort bien de qui était cette effigie ; si donc il interroge, c’est afin de se ménager l’occasion d’une réponse convenable : " Jésus leur répondit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. " — Théophile. C’est-à-dire, rendez l’image à celui dont elle reproduit les traits. En d’autres termes, rendez ce denier à César, car vous pouvez très-bien à la fois payer le tribut à César, et rendre à Dieu ce qui lui appartient. — Bède. C’est-à-dire, les dîmes, les prémices, les oblations, les victimes, à l’exemple de Jésus-Christ, qui a payé le tribut pour Pierre et pour lui, tout en rendant à Dieu ce qui est à Dieu, par l’accomplissement fidèle de la volonté de son l’ère. — S. Jérôme. Ou bien dans un autre sens : Rendez forcément à César la pièce de monnaie qui porte son empreinte, et offrez vous vous-mêmes volontairement à Dieu ; car la lumière de votre visage, Seigneur, et non celle de César, a été gravée sur nous (Ps 4) — Théophile. César peut encore être considéré ici comme l’emblème de toutes les nécessités vie la vie. Le Seigneur nous ordonne donc de donner au corps la nourriture qui lui est propre et le vêtement, et de rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est-à-dire, les veilles, les prières, etc. " Et ils admirèrent sa réponse. " Une si grande sagesse aurait du ouvrir leur cœur à la foi ; ils se contentent d’admirer que leurs desseins artificieux n’aient pas abouti.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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