Accueil  >  Bibliothèque  >  La Chaîne d’or  >  Évangile selon saint Luc  >  chapitre 6, versets 6-11

Lc  6  6-11

S. Ambr. Notre-Seigneur passe à des oeuvres différentes ; il venait pour sauver l’homme tout entier, il commence par le guérir partiellement, un membre après l’autre : « Un autre jour de sabbat, Jésus entra dans la synagogue pour y enseigner. » — Bède. Il choisit de préférence le jour du sabbat, pour enseigner et pour guérir, non seulement afin d’annoncer ainsi le sabbat spirituel, mais aussi parce que le peuple se trouvait réuni en plus grand nombre. — S. Cyrille. Il enseignait des vérités qui surpassaient l’intelligence, et il ouvrait à ceux qui l’entendaient la voix du salut, qu’il venait apporter au monde ; et ensuite il donnait pour appui à sa doctrine les oeuvres de sa toute-puissance : « Et il y avait là un homme dont la main droite était desséchée. »

Bède. Le Maître vient de justifier par un exemple des plus louables la conduite de ses disciples, accusés de violer le jour du sabbat ; ses ennemis l’observent maintenant lui-même pour le calomnier : « Or, les scribes et les pharisiens l’observaient pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat, » tout disposés à l’accuser de cruauté et d’impuissance, s’il ne le guérissait point, ou de violer le sabbat s’il le guérissait : « Afin dit l’Évangéliste, d’avoir sujet de l’accuser. » — S. Cyrille. Tel est bien le caractère de l’homme envieux, il nourrit en lui-même sa douleur avec les louanges qu’il entend donner aux autres ; mais le Seigneur connaît toutes choses et pénètre le secret des coeurs : « Or comme il connaissait leurs pensées, il dit à l’homme qui avait la main desséchée : Levez-vous, et tenez-vous là debout au milieu, et se levant, il se tint debout. » Peut-être le Sauveur voulait-il exciter la commisération de ces pharisiens cruels, et amortir le feu de la passion qui les dévorait.

Bède. Cependant Notre-Seigneur, voulant prévenir l’accusation qu’ils préparaient contre lui, leur reproche de mal interpréter les prescriptions de la loi, eux qui croyaient qu’on devait s’interdire même les bonnes oeuvres le jour du sabbat, tandis que la loi ne défend que les oeuvres serviles, c’est-à-dire les oeuvres mauvaises : « Alors Jésus leur dit : Je vous le demande, est-il permis de faire du bien le jour du sabbat ? » — S. Cyrille. Cette question était pleine d’opportunité. En effet, s’il est permis de faire le bien le jour du sabbat, et que rien ne s’oppose à ce que la miséricorde de Dieu vienne au secours de ceux qui souffrent, cessez donc de réunir vos accusations calomnieuses contre Jésus-Christ. Si au contraire, il n’est pas permis de faire du bien le jour du sabbat, et si la loi défend de sauver les âmes, vous devenez l’accusateur de la loi. De plus, si nous voulons examiner les motifs de l’institution du sabbat, nous trouverons qu’il a été établi dans un but de miséricorde. En effet, Dieu commande le repos le jour du sabbat, « afin, dit-il, que votre serviteur, votre servante et vos animaux puissent se reposer. » (Ex 20, 22.) Or, celui qui a compassion du boeuf et des autres animaux, pourrait-il être sans pitié pour un homme qui souffre d’une maladie cruelle ? — S. Ambr. La loi était dans le temps présent la figure de la vie future, où nous nous reposerons en nous abstenant de toute oeuvre corporelle, mais non des bonnes oeuvres, telle que la louange de Dieu. — S. Augustin. (Quest. évang., 2, 7.) Lorsque Notre-Seigneur eut guéri cet homme, il fait cette question aux pharisiens : « Est-il permis de sauver l’âme ou de la laisser périr ? » Il parle de la sorte, parce qu’il opérait ses miracles pour établir la foi qui est le salut de l’âme ; ou encore, parce que la guérison de la main droite était le symbole du salut de l’âme qui, en cessant de faire des bonnes oeuvres, avait pour ainsi dire la main droite desséchée ; ou bien enfin, l’âme ici est prise pour l’homme tout entier, comme lorsqu’on dit : « Il y avait là tant d’âmes (Gn 46, 27). »

S. Augustin. (de l’accord des Evang., 2, 35.) On peut se demander comment, d’après saint Matthieu, ce sont les pharisiens qui demandent à Notre-Seigneur s’il est permis de guérir le jour du sabbat, tandis que, d’après saint Luc, c’est le Sauveur lui-même qui leur fit cette question. Nous répondons que les pharisiens ont pu très-bien demander les premiers à Notre-Seigneur, s’il était permis de guérir le jour du sabbat ; et que lui-même ensuite connaissant leurs pensées, et sachant qu’ils cherchaient une occasion de l’accuser, plaça au milieu d’eux cet homme qu’il voulait guérir, et leur adressa la question que saint Marc et saint Luc mettent dans sa bouche.

« Et les ayant tous regardés, » etc. — Tite de Bostra. Il attire par là les regards de tous ceux qui sont présents, il concentre en même temps toute leur attention sur l’oeuvre qu’il va faire, et il dit à cet homme : « Étendez votre main, » je vous le commande, moi qui ai créé l’homme, cet homme qui avait la main paralysée, obéit, et il est guéri sur le champ : « Il l’étendit, et elle fut guérie, » etc. Ce miracle qui aurait dû les remplir d’admiration, ne fait qu’augmenter leurs mauvaises dispositions : « Mais eux, remplis de fureur, se consultaient sur ce qu’ils feraient de Jésus. » — S. Chrys. (hom. 41.) Et comme le rapporte saint Matthieu, ils s’en vont et tiennent conseil pour le faire mourir. — S. Cyrille. Vous êtes témoin, pharisien, des oeuvres divines de sa toute-puissance, vous le voyez guérir les malades par une vertu toute céleste, et, par un noir sentiment d’envie, vous conspirez pour le faire mourir.

Bède. Cet homme représente le genre humain frappé de stérilité pour le bien, et dont la main a été comme desséchée pour s’être étendue vers le fruit que mangea notre premier père. Nous voyons cette main paralysée jusqu’au milieu de la synagogue ; car plus le don de la science est grand, plus aussi la transgression de la loi est coupable. — S. Ambr. Vous avez entendu les paroles du Sauveur : « Étendez votre main. » C’est le remède général qu’il propose à tous les hommes. Vous donc qui croyez avoir la main saine, craignez que l’avarice ou le sacrilège ne vienne à la fermer ; étendez-la continuellement pour secourir le prochain, pour protéger la veuve, pour délivrer de l’injustice celui que vous voyez sous le poids d’une accusation inique ; étendez-la vers le pauvre qui vous supplie, étendez-la vers Dieu pour vos péchés : c’est ainsi qu’il faut étendre la main, et c’est ainsi qu’elle est guérie.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

Plan du site    |    Contact    |    Liens    |    Chapelle